Ma journée à Angoulême…

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Dans la nuit et le brouillard, je suis partie très tôt de chez moi, pour être au rendez-vous Gare Montparnasse à 8h…

Voyage en TGV très agréable, en 1ère, avec petit-déjeuner, c’est l’occasion de discuter avec les participants de la journée, blogueurs, journalistes de webmagazine, animateurs du Prix Polar SNCF, catégorie Court-Métrage et catégorie BD…
Les 2 heures de trajet sont passées très vite, nous voilà déjà à Angoulême !

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Nous prenons alors une navette pour découvrir à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image l’exposition Alix – L’art de Jacques Martin

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Je connais de nom, le personnage d’Alix et son auteur Jacques Martin, mais je n’ai jamais lu d’album. Grâce à Dominique, notre guide passionné par le sujet, j’ai pu découvrir le personnage d’Alix, son univers, les inspirations de l’auteur, et apprécier les nombreuses planches originales révélant tout son travail de documentation et la précision de son trait.

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Nous découvrons l’Espace Polar SNCF, où nous nous restaurons dans un cadre convivial. Nous y croisons, l’un des auteurs en lice pour le Fauve Polar SNCF :

P1040078_20 P1040080_20Marco Martín (The Private Eye, avec Brian K. Vaughan (Urban Comics))
Et les auteurs gagnants de l’année dernière, Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen (L’été Diabolik, Dargaud)

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En début d’après-midi, nous rendons à l’Espace Franklin voir
l’exposition L’art de Naoki Urasawa

Notre guide, Marwan, a su nous faire partager ses connaissances et sa passion pour les mangas et en particulier pour Naoki Urasawa, le maître incontestable du manga de genre pour adultes.

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Les séries 20th Century Boys, Monster, Pluto, Master Keaton ou plus récemment Billy Bat sont régulièrement saluées pour le souffle épique de leur mise en scène, leur sens aiguisé du suspense et leur vaste galerie de personnages aux physiques très singuliers et aux visages extrêmement expressifs. Dans ses mangas, Naoki Urasawa installe en effet des atmosphères étouffantes et fascinantes, quelque part entre Alfred Hitchcock et Brian De Palma, entraînant les lecteurs dans des polars labyrinthiques, teintés de SF et habités d’une douce mélancolie…

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L’exposition présentera de nombreux originaux, et reviendra sur les motifs de son œuvre : l’obsession d’un mal sans visage et sans nom, l’Art comme forme supérieure d’aspiration humaine, le dialogue entre l’Orient et l’Occident ou encore la crainte des résurgences de dictatures sanguinaires…

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L’exposition L’art de Naoki Urasawa sera également visible à Paris,
à l’Hôtel de Ville du 23 février au 31 mars.

Puis, nous avons « quartier libre », je flâne donc en ville, c’est l’occasion de voir qu’Angoulême et la BD sont vraiment liées.

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Un petit tour au Monde des Bulles, puis au Nouveau Monde.

Retour à l’Espace Polar SNCF, avant de prendre notre TGV pour Paris, nous recevons un sac  avec l’une des BD en compétition pour le Fauve Polar SNCF 2018, un badge et une figurine du Fauve.

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Pour ma part, le hasard à bien fait les choses, puisque j’ai reçu la BD gagnante :
Jean Doux et le mystère de la disquette molle, Philippe Valette (Delcourt)

C’était ma première visite au Festival International de la BD d’Angoulême.
Merci Anne et le Prix Polar SNCF pour cette journée inoubliable !

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(c) Photo SNCF

Mais nous avons raté la venue de Naoki Urasawa,
à l’Espace Polar SNCF, dans le décor de l’Orient d’Express…

C’est lundi, que lisez-vous ? [10]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu’est-ce que j’ai lu la semaine dernière ?

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Quand sort la recluse – Fred Vargas
Dans la brume du Darjeeling – Mikael Bergstrand
Police lunaire – Tom Gauld

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Un fond de vérité – Zygmunt Miloszewski (partenariat Prix SNCF Polar 2018)
Ma dernière chance s’appelle Billy D. – Erin Lange

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Underground Railroad – Colson Whitehead (Prix Audiolib 2018)
La Vie secrète des arbres – Peter Wohlleben (Prix Audiolib 2018)
Quelque part entre le bien et le mal – Christophe Molmy (partenariat Éditions de La Martinière)
Noyé vif – Johann Guillaud-Bachet (Masse Critique Babelio)

Bonnes lectures et bonne semaine

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Ayant changé de blog, j’ai remis le compteur à [1] pour ce rendez-vous…
Les précédents articles sont toujours disponibles en suivant le lien suivant,
Archives : C’est lundi, que lisez-vous ? [1] à [315]

Police lunaire – Tom Gauld

Lu en partenariat avec le Prix SNCF du Polar

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Édition 2024 – octobre 2016 – 96 pages

traduit de l’anglais par Catherine Leroux

Titre original : Mooncop, 2016

Quatrième de couverture :
Le policier de la Lune arpente sans relâche la vaste étendue rocailleuse. À bord de sa navette à la pointe de la technologie, il patrouille pour protéger les braves citoyens de la colonie lunaire. Mais les tours à la machine à donuts et les conversations techniques avec son robot-compagnon sont les deux seules occupations qu’un insolent taux de criminalité de 0 % lui impose. Le dernier flic de la lune s’ennuie.
Sa solitude témoigne de l’échec de la plus ancienne colonie humaine dans l’espace. Partie à la conquête d’une nouvelle Terre Promise, la société pleine d’espoirs s’est pris les pieds dans le tapis gris à poils ras de la modernité…
Avec Police Lunaire, Tom Gauld propose un drame à rebours d’un film d’action qui montre que la conquête spatiale mène successivement à la désillusion, à la solitude et aux donuts. Après son truculent recueil Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack et l’excellent Vers la ville, road-movie à la Beckett, Tom Gauld livre un nouveau récit drôle et mélancolique sur l’absurdité de nos civilisations technologiques.

Auteur : Tom Gauld est un illustrateur et un dessinateur de comix anglais. Il habite et travaille à Londres. Il a étudié l’illustration au College of Art d’Edinburgh ainsi qu’au Royal College of Art. Il édite des comix avec Cabanon Press qu’il dirige avec Simone Lia. Il a produit des comix pour le Guardian Newspaper et divers magazines.

Mon avis : (lu en janvier 2018)
Contrairement au premier album que j’ai lu de Tom Gauld, Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack, cette BD est une histoire complète.
La lune a été colonisée par les hommes depuis un certain temps, un policier patrouille seul sur la Lune. Ses statistiques sont très bonnes : le taux de résolutions des crimes est à 100%, en effet pour les crimes signalés = 0, enquêtes en cours = 0, enquêtes résolus = 0.
Le travail de notre policier se résume plutôt à raccompagner un enfant égaré, chercher un chien perdu, ramener un robot au musée…
En effet, depuis peu les habitants quitte la colonie lunaire et le policier souhaite lui aussi être muté et revenir sur Terre…
Dans un paysage bleu cobalt, gris et blanc, Tom Gauld imagine des étendues lunaires avec ses robots et les êtres vivants sous globe… Le récit est à la fois drôle, touchant, absurde et poétique, il dénonce avec une certaine mélancolie les dérives de notre civilisation technologique.
J’ai beaucoup aimé cet album très original !

Merci le Prix SNCF du Polar pour cet album lu en ligne

Extrait :

Déjà lu du même auteur :

71aRvm5YjsL Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack

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Festival International de BD d’Angoulême

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Invitée par la SNCF, je passe la journée à Angoulême !

LE PROGRAMME :

Départ de Paris par un TGV à 8h30, arrivée prévue à Angoulême à 10h30
Visite de l’exposition « Alix : L’Art de Jacques Martin », au Musée de la BD
Déjeuner sur l’Espace Polar SNCF
Visite de l’exposition « L’Art de Naoki Urasawa »
Visite du Monde des Bulles
Retour par le TGV de 17h30, arrivée prévue à Paris à 19h30

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Fauve Polar SNCF 2018

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Les 5 albums en compétitions :

Bâtard, Max de Radiguès (Casterman)
La Cité des trois saints, Lorenzo Bizzarri & Stefano Nardella (Sarbacane)
Jean Doux et le mystère de la disquette molle, Philippe Valette (Delcourt)
The Private Eye, Marcos Martin & Brian K. Vaughan (Urban Comics)
Le profil de Jean Melville, Robin Cousin (FLBLB)
(Edit du 27/01/2018 – 22:10)

Le gagnant du Fauve Polar SNCF

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Jean Doux et le mystère de la disquette molle, Philippe Valette (Delcourt)
et dans quelques jours, le compte-rendu de ma journée…

Prix Audiolib : les premiers livres audio sont arrivés !

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Dix jours après après avoir découvert la liste de présélection, je viens de recevoir
les six premiers livres audio sélectionnés pour le Prix Audiolib 2018

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J’ai déjà lu audio :
Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson
La Tresse de Laetitia Colombani
Quand sort la recluse – Fred Vargas

Je pense commencer par :
Underground Railroad – Colson Whitehead
lu par Aïssa Maïga (10h45)

 C’est parti !

Dans la brume du Darjeeling – Mikael Bergstrand

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Gaïa – mai 2015 – 448 pages

Babel – juin 2017 – 440 pages

traduit du suédois par Emmanuel Curtil

Titre original : Dimma över Darjeeling, 2013

Quatrième de couverture :
Neuf mois après un voyage en Inde dont il avait cru revenir transformé à jamais, le Suédois Gorän Borg a déjà repris ses mauvaises habitudes : il s’empiffre à nouveau de glace Ben & Jerry’s en pestant contre ses collègues et en s’apitoyant sur son sort. Seule bouée de sauvetage psychologique : le mariage imminent de son ami indien Yogi, prétexte qui le mènera bientôt, au gré d’une série d’aventures plus rocambolesques les unes que les autres, jusqu’aux plantations brumeuses du Darjeeling et dans l’État du Sikkim. Dépaysement et bonne humeur garantis.

Auteur : Mikael Bergstrand est né à Malmö. Journaliste et écrivain, il a vécu et travaillé à New Delhi entre 2007 et 2011. Depuis, il vit en Suède. Après Les plus belles mains de Delhi, Dans la brume du Darjeeling est son second roman.

Mon avis : (lu en janvier 2018)
J’ai découvert ce lire grâce au Café Lecture de la Bibliothèque.
Ce livre est la suite du premier roman de Mikael Bergstrand, « Les plus belles mains de Delhi », que je n’ai pas lu.
Cela fait neuf mois que Gorän Borg est rentré de son voyage en Inde. C’est un suédois quinquagénaire, divorcé, père de deux enfants, un peu dépressif. Il voit régulièrement une psychologue qui lui conseille de se faire des amis. Après une rencontre qu’il pensait intéressante et sympathique, Gorän décide d’anticiper son voyage en Inde, prévu pour assister au mariage de son ami Yogi.
Arrivé à New Delhi, Gôran découvre que le mariage a dû être repoussé… Le lecteur va alors, suivre les aventures épiques et rocambolesques de Gôran et Yogi, de la Capitale jusqu’au cœur de plantations de thé au Darjeeling. Gôran a vite fait d’oublier sa dépression, son ami étant toujours positif, même dans les difficultés, il garde toujours le sourire. C’est l’occasion de découvrir la société indienne, ses us et coutumes et l’ambiance du pays. Les deux amis sont très attachants et leurs péripéties pleines d’humour et d’amitié, les descriptions des paysages sont magnifiques. Une très belle découverte !

 

Extrait : (début du livre)
« Imaginez que vous êtes un petit lac de montagne. Que vos pensées sont des nuages qui passent au-dessus de vous. Laissez leur reflet glisser sur vous, ils ne laisseront aucune trace. »
J’adorais l’écouter parler. Elle avait une voix posée, apaisante quoique légèrement nasale.
« Puis arrêtez-vous et regardez les personnes qui vous entourent, sans aucun jugement de valeur. »
S’était-elle entraînée ou était-ce tout à fait naturel ?
« Imprégnez-vous des sons et des odeurs. »
Ah, les sons et les odeurs. Oui, les sons et les odeurs me manquaient terriblement. Les chants et leur musique entraînante, les effluves de nourriture et de cuisine. Parfois, il m’arrivait même de regretter la cacophonie assourdissante des klaxons et ces relents si caractéristiques d’égout et d’œuf pourri.
« C’est une question de présence, Göran. Vous devez être présent à la situation et aux gens qui vous entourent, votre esprit cessera alors de se perdre dans de lointaines errances. Entraînez-vous à cet exercice, et vous verrez que votre relation aux autres n’en sera que meilleure, plus profonde. Je ne vous demande pas de tout contrôler, bien sûr. Mais plutôt de… Göran ?
– Euh… Oui ?
– Est-ce que vous m’écoutez ?
– Euh, oui…
– Vous êtes où, là ?
– Euh… ici.
– Oui, je le vois bien. Mais votre esprit ?
– Euh… »
Lorsque l’on répète « euh » un certain nombre de fois, le borborygme finit par se transformer en un mot porteur de sens. Et dans la situation présente, tandis que j’étais mentalement absent de cette séance de méditation en pleine conscience menée par ma thérapeute cognitivo-comportementale au sourire désolé, je me rendis compte à quel point ce « euh » résumait remarquablement bien mon état d’esprit du moment : vague et froid. Comme un plat surgelé Findus.
« Vous êtes en Inde, c’est ça ? »

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Rencontre avec Christian Guay-Poliquin

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Comme prévu, vendredi 19/01, matin, j’ai eu l’occasion d’assister à une rencontre avec Christian Guay-Poliquin, un jeune auteur québécois. Nous étions accueillis dans la jeune maison d’éditions de l’Observatoire avec jus de fruit, thé ou café et viennoiserie.
Christian Guay-Poliquin est arrivé juste à 9h30, décontracté et très souriant. Il était surpris et touché que nous soyons si nombreux (une trentaine de personnes).

Pour profiter du moment et ne pas être trop dans mes notes durant la rencontre, je l’ai enregistré et voilà quelques extraits transcrits avec les mots de l’auteur, il n’y aura pas le délicieux accent québécois de Christian Guay-Poliquin, mais le vocabulaire et certaines tournures… (c’est un peu long, mais j’avais envie d’en garder une trace… )

Question  : Avant de parler de votre nouveau roman « Le poids de la neige » pouvez-vous nous parler de votre premier roman « Le fil des kilomètres »
C’est l’histoire d’un protagoniste qui décide de revoir son père après plus de dix ans, il désire renouer, avant qu’il ne soit trop tard parce que son père est malade. Mais pour se faire, il doit traverser le continent soit à peu près 4000 kilomètres, cela dit en terme de géographie aucun lieu n’est nommé, on pourrait être aussi bien dans le nord de la Russie que quelque part en Amérique du Nord. Cela n’a pas d’importance, comprenez que sa quête est une traversée. Je me suis permis de planter un décor un peu inquiétant à partir d’un détail anodin, c’est à dire en enlevant l’électricité de la vie quotidienne. Or, on se situe dans un futur imprécis et dans lequel on retrouve certains codes, certes, du genre post-apocalyptique mais, soyons avertis, il n’y a pas de zombie qui vont sortir des placards, il n’y a pas de tsunami qui vont renverser les villes. C’est simplement le fait que, par une cause qui reste mystérieuse, l’électricité manque et ne revient pas, que la vie sociale est restructurée ou du moins, tous et toutes sont forcés de revoir leur mode de socialisation, d’organisation du quotidien etc… Donc la panne d’électricité, vous comprendrez bien, force le personnage, qui veut retrouver son père, à faire certains détours et ainsi il doit contourner plusieurs écueils et cela complexifie passablement sa quête.

Cela dit, dans mon second roman « Le poids de la neige », ce n’était pas une volonté au départ de créer un univers en filiation. Mais finalement, ça s’est imposé et donc, j’ai repris mon personnage qui, sans trop dévoiler la fin du premier roman, se retrouve au deuxième roman avec les deux jambes cassés, suite à un étrange accident de voiture et se retrouve dans son village, toujours sans électricité. Dans un contexte de survie, s’occuper d’un homme gravement blessé, fiévreux, c’est une tâche complexe, une tâche qui prend du temps, donc on refile le jeune blessé à un vieillard du village qui vit en périphérie et ainsi se fonde le nœud du récit qui est la relation entre ses deux personnages qui sont contraints de passer l’hiver ensemble.
Donc « Le poids de la neige » c’est premièrement, une histoire de rémission et en second lieu, ou du moins parallèlement, c’est l’histoire aussi d’une relation intergénérationnelle et d’une complicité, certes naissante, entre deux personnages qui se retrouvent, malgré leurs volontés, à devoir faire l’un avec l’autre et à passer l’hiver ensemble.

Question : J’adore vous écouter parler. Vous devez écrire très vite ?
Oui, mais, je dois en enlever beaucoup. Écrire, c’est réécrire. C’est très différent, quand on parle comme ça, et puis, on fait une envolée et puis, on revient : « je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce que je viens de dire, reprenons ça un peu… »
C’est un peu le même processus dans l’écriture, sauf, qu’on se permet de noircir beaucoup de papier, pour après ça, garder une page sur deux, une demi page, des fois, donc, pour vraiment arriver à tout ce travail d’épuration du récit. Apprendre à écrire, c’est apprendre à ne pas dire certaine chose et, contrairement à la discussion, où l’on essaye de tout nommer, ou du moins d’être là, de bien nommer les choses. Ce sont des processus très différents. Donc en écriture, même si j’ai tendance à être volubile sur papier aussi, c’est un processus qui est très laborieux.

Question : Il s’agit d’un huis clos. Il y a aussi des contraintes d’écriture, dans ce rapport là entre deux personnages un peu isolé, un peu loin de la vie.
Une contrainte dans un contexte de fiction, il n’est pas sans savoir, qu’une contrainte est une ruse. Plus on contraint notre univers, plus on doit forcer la mise en scène qu’on crée à repousser un peu les limites imposées par le genre ou par la situation initiale.
Le huis clos en ce sens est un exemple parfait d’une contrainte très forte et que l’on essaye de repousser. Au huis clos s’ajoute les gens du village qui viennent cogner à la porte, qui viennent apporter des vivres, qui viennent donner des nouvelles, qui viennent voir s’il n’y a pas quelqu’un caché dans les placards (qui n’est pas un zombi, soyons clair). Ce rapport là à l’autre, donne une certaine ouverture au huis clos. Ce huis clos là, n’est pas entièrement refermé sur lui-même. Mais certes aussi, ces deux personnages là sont en attente et ne sont pas sans rappeler « En attendant Godot » puisque leur attente est très longue et, on se demande, plus le temps qui passe, s’ils attendent quelque chose de réelle ou s’ils ne sont pas simplement en situation d’attente abstraite, parce que l’attente permet simplement de combler le vide existentiel dans lequel ils se retrouvent.

Le huis clos permet les échanges entre les deux personnages. Si le narrateur est muet, du moins aphasique, pendant le premier tiers du roman, c’est que parallèlement, son silence permet de mettre en relief, la parole, ou certes le monologue repris ou poursuivie quotidiennement par le vieillard. Il y a un jeu aussi, entre le silence et la parole que le huis clos permet de souligner.
J’ai un grand plaisir a écrire des histoires où il ne se passe rien, spécialement, parce que c’est précisément lorsque rien ne se passe que tout peut arriver. Alors, c’est pas vrai qu’il se passe rien dans « Le poids de la neige », il n’y a pas de grandes actions qui vont nous surprendre à chaque deux pages, cela dit je crois que ce sont de petits gestes ou du moins de petits détails significatifs, qui vont nous surprendre et d’ailleurs, ce qui m’intéresse dans le fond, c’est de donner du sens à certains gestes du quotidien dans un huis clos ou lorsqu’on est confronté au silence. Tout peut avoir une importance considérable. Il se passe beaucoup de choses derrière une immobilité apparente.

Question : Voilà une question purement littéraire, est-ce que vous écrivez franco-français ou vous utilisez vos délicieux termes québécois.
Ah, je dirai que j’écris plutôt à partir d’un français international, que contrairement à un grand courant ici au Québec où l’argot québécois fait vraiment partie du langage littéraire et même donc, dans la version québécoise « Du poids de la neige » comparée à la version française, on a simplement changé quelques termes, c’est encore très minime. Mais comme l’enjeu du roman n’est pas, contrairement à certains autres romans, dans la langue elle-même, mais bien dans le récit, qu’on dise une tuque ou un bonnet n’a aucune importance et mon soucis était surtout de ne pas créer un univers où le lecteur accroche ou plutôt décroche de l’histoire parce que l’emploi d’une langue québécoise le fait sourire. Le pari était vraiment pas là, c’était vraiment de plonger à l’intérieur du récit, l’aspect typiquement québécois, ou du moins nord américain, se retrouve dans mon histoire et non pas dans la langue. Tout ce passe dans la mise en scène, davantage que dans le jeu de la langue.
De ne pas situer géographiquement comme dans le premier roman, ca permet plusieurs choses, à mon sens, une décentralisation du récit, donc ce n’est un récit géographiquement situé mais qui ouvre l’imaginaire.
On est clairement dans un imaginaire des grands espaces, forestiers, montagneux qu’on retrouve un peu partout ici et donc, c’est dans cet aspect là, universel de la montagne, de la forêt, du village que je campe mon histoire et aussi, ce qui est une ruse, lorsqu’on joue le pari du réalisme et lorsqu’on nomme réellement les lieux, il faut faire attention de ne pas se piéger à ce jeu.
Je dis pas qu’il faut être absolument réaliste dans la fiction, au contraire, mais la vraisemblance, lorsqu’il est question de rapport au réel, aux détails, pour moi est importante et la fiction, en ce sens, vient nourrir la complexité du réel. Et à mon sens, on doit s’y soumettre, parce que la profondeur de la vie et même
la dimension poétique de l’existence se joue dans les détails du réel et donc, la puissance de l’imaginaire c’est d’investir ce réel, qui est le notre, pour y camper notre fiction. Donc, c’est dans ce rapport là, entre la fiction et la réalité que ce situe un peu mon univers.

Question : As-tu des influences littéraires ?
On est traversé par ce qu’on lit, récemment on entend des débats, on entend pleins de choses, certains auteurs préfèrent ne pas lire pour ne pas être contaminé par le style des autres, ah, ah, ah… je me passe de commentaires. Là dessus, moi, ce n’est pas du tout ma position.
Une référence littéraire m’habite beaucoup, et qui est très différent de ce que j’écris sur un certain point, c’est certainement, Antoine Volodine, avec tout son univers post exotique et j’étais assez content en 2015, je crois, quand il a rapporté le prix Médicis, c’est un écrivain qui a une œuvre monumentale, Antoine Volodine fait la comédie humaine à sa façon, c’est une référence très importante.
Sinon, du côté français, un écrivain peu connu et que j’adore, parce que c’est aussi un écrivain qui maîtrise l’art de dire très peu de chose de manière haletante : Hubert Mingarelli, qui a publié une quinzaine de roman dont un de ces plus beaux est « Quatre soldats. Je découvre son œuvre tranquillement, pour ne pas l’avoir, tout lu trop vite et cela en terme de concision et justement de réalité extrêmement simple, on raconte, la vie en province, des petits détails. D
ans La beauté des loutres, c’est un fermier avec son jeune employé qui font un trajet en montagne, pour aller livrer du foin au village voisin, c’est juste ça l’histoire, et c’est fantastique et d’une grande modernité.
Et dans les influences littéraires, il y a beaucoup aussi, de textes québécois et je suis aussi quelqu’un qui aime beaucoup la poésie. Au Québec aussi la poésie est très vivante,
les lectures de poésies sont tout sauf ennuyantes, la poésie nourrit donc une grande partie de mon imaginaire en fiction.

Question : C’est justement un poème qui introduit votre roman, pouvez-vous nous en parlez ?
L’auteur de ce poème c’est mon père, qui n’était pas poète, qui était sculpteur. Le contexte, comme toute découverte, c’est un hasard absolu. Mon père est décédé il y a déjà plusieurs années. J’ai, quelques de ses cartons avec ses notes, quelques souvenirs et comme il était dans le milieu des arts, il notait, il écrivait un peu comme ça et il y a quelques années, j’étais dans l’écriture « Du poids de la neige » et je tombe sur ce poème, complètement par hasard, qu’il a écrit sur un bout de papier et qu’il a rangé après, dans ses choses et voilà. Et on sent bien en même temps, que par ce seul poème, qui est certes contemplatif, il plante le décor même de ma fiction que j’étais en train d’écrire. Parfois certaines rencontres fortuites, comme ça, ont plus de sens et, je me suis permis, en faisant un clin d’œil à mon père, de reprendre son poème, pour le mettre en exergue de mon livre.

Question : Comment écrivez-vous vos romans, est-ce construit à l’avance ou pas ?
En ce qui me concerne, je suis le maître absolu. Je choisis à l’avance, mes personnages, je sais exactement, qu’est-ce qui se passe et qu’est-ce qui va arriver, et puis, si en terme de cohérence, il me manque certains éléments, je vais réfléchir, je vais en parler à des amis pour qu’on trouve une solution, pour dénouer un certain passage, pour que la cohérence globale de mon idée soit respectée, en ce sens, c’est la même chose avec mes personnages que dans le monde réel. C’est moi qui mène.

Question : vous avez beaucoup de personnalité, vous êtes très drôle, est-ce qu’il y a de l’humour dans votre livre ?
De l’humour ? A c’est drôle. Enfin, on me dit parfois, comment fais-tu pour sourire autant et écrire des romans aussi sombres. Peut-être que l’un permet l’autre…
A chaque fois je suis surpris… mes romans, je ne les veux pas sombres, au contraire, à mon sens, il y a une volonté lumineuse qui anime mon écriture, ou du moins, les histoires que je mets en scène, certes, faut la chercher un peu…

Il y aura encore deux questions : une, sur comment il a trouvé son éditeur québécois, La Peuplade, et la dernière à propos de son sujet de thèse : les enjeux du récit de chasse dans les arts narratifs au XXe siècle. En effet, Christian Guay-Poliquin est toujours étudiant doctorant.
La discussion a durée plus d’une heure et nous étions tous captivés et très intéressés… Ensuite, Christian Guay-Poliquin nous a très gentiment dédicacé son roman « Le poids de la neige » et maintenant, reste plus qu’à le lire !

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Merci à Babelio, aux éditions de l’Observatoire et à Christian Guay-Poliquin pour cette très belle rencontre !

Pour avoir une idée du délicieux accent québécois de Christian Guay-Poliquin, voici une interview faite lors du Festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo en juin 2017.

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Quand sort la recluse – Fred Vargas

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Audiolib – novembre 2017 – 11h54 – Lu par Thierry Jansen

Quatrième de couverture :
– Trois morts, c’est exact, dit Danglard. Mais cela regarde les médecins, les épidémiologistes, les zoologues. Nous, en aucun cas. Ce n’est pas de notre compétence.
– Ce qu’il serait bon de vérifier, dit Adamsberg. J’ai donc rendez-vous demain au Muséum d’Histoire naturelle.
– Je ne veux pas y croire, je ne veux pas y croire. Revenez-nous, commissaire. Bon sang mais dans quelles brumes avez-vous perdu la vue?
– Je vois très bien dans les brumes, dit Adamsberg un peu sèchement, en posant ses deux mains à plat sur la table. Je vais donc être net. Je crois que ces trois hommes ont été assassinés.
– Assassinés, répéta le commandant Danglard. Par l’araignée recluse ?

Auteur : Fred Vargas est née en 1957. Médiéviste et titulaire d’un doctorat d’Histoire, elle est chercheur en Histoire et Archéologie au CNRS. La quasi-totalité de son œuvre – les « rompols » comme elle appelle ses textes policiers – est publiée aux Éditions Viviane Hamy. Primés à plusieurs reprises, adaptés au cinéma – Pars vite et reviens tard – et à la télévision, traduits dans plus de 40 langues, ses livres sont des best-sellers en France comme en Allemagne et en Italie.
Lecteur : Comédien, auteur et metteur en scène formé au clown et à la commedia dell’arte, Thierry Janssen a travaillé entre autres avec Carlo Boso et Franco Dragone. Il a déjà enregistré pour Audiolib, notamment, Pars vite et reviens tard, Dans les bois éternels, Temps glaciaires de Fred Vargas, pour lequel il a obtenu prix du livre audio France Culture / Lire dans le noir.

Mon avis : (relu en audio en janvier 2018)
J’ai beaucoup aimé cette nouvelle enquête du commissaire Adamsberg où j’ai retrouvé l’esprit et le rythme de ses premières enquêtes !
J’ai découvert l’existence de cette araignée : la Loxosceles reclusa, « recluse brune » ou « araignée violoniste » dont la morsure peut provoquer la nécrose des tissus touchés et des infections. Une arme vraiment originale !
Adamsberg est intrigué par la mort de plusieurs hommes, dans le sud-est de la France, mordus par cette petite araignée. Dès le  début, il a l’intuition que ces morts sont suspects, car cette araignée n’est pas de nature agressive et un spécialiste du Muséum National d’Histoire Naturelle confirmera que pour injecter une dose de poison suffisant pour tuer, il faudrait vingt-deux recluses, très énervées et qui déchargent en même temps leur venin sur leur proie, c’est donc hautement improbable !
Danglard, le fidèle second du commissaire, a dans cette enquête un comportement bizarre, il fait tout pour dissuader Adamsberg de se lancer dans l’enquête, il cherche même à diviser l’équipe… C’est donc Veyrenc, le Béarnais, qui jouera le rôle de second et sans oublier l’aide de la fidèle Retancourt, de Froissy, de Voisenet que le commissaire mènera cette enquête jusqu’au bout…
L’intrigue est vraiment bien construite, on ne lâche pas son livre et c’est également un vrai plaisir de retrouver tous les personnages emblématiques de l’équipe d’Adamsberg ! J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à écouter ce roman policier et le coup de cœur s’est confirmé !
Je regrette une seule chose sur ce livre audio, c’est l’absence d’un entretien avec l’auteure, sa parole est si rare ! Dommage.
Merci Pauline et les éditions Audiolib pour ce partenariat.

Extrait : (début du livre)
Adamsberg, assis sur un rocher de la jetée du port, regardait les marins de Grimsey rentrer de la pêche quotidienne, amarrer, soulever les filets. Ici, sur cette petite île islandaise, on l’appelait « Berg ». Vent du large, onze degrés, soleil brouillé et puanteur des déchets de poisson. Il avait oublié qu’il y a un temps, il était commissaire, à la tête des vingt-sept agents de la Brigade criminelle de Paris, 13e arrondissement. Son téléphone était tombé dans les excréments d’une brebis et la bête l’y avait enfoncé d’un coup de sabot précis, sans agressivité. Ce qui était une manière inédite de perdre son portable, et Adamsberg l’avait appréciée à sa juste valeur.
Gunnlaugur, le propriétaire de la petite auberge, arrivait lui aussi au port, prêt à choisir les meilleures pièces pour le repas du soir. Souriant, Adamsberg lui adressa un signe. Mais Gunnlaugur n’avait pas sa tête des bons jours. Il vint droit vers lui, négligeant le début de la criée, sourcils blonds froncés, et lui tendit un message.
— Fyrir þig, dit-il en le montrant du doigt. [Pour toi.]
— Ég ? [Moi ?]
Adamsberg, incapable de mémoriser les rudiments les plus enfantins d’une langue étrangère, avait acquis ici, inexplicablement, un bagage d’environ soixante-dix mots, le tout en dix-sept jours. On s’exprimait avec lui le plus simplement possible, avec force gestes.
De Paris, ce papier venait de Paris, forcément. On le rappelait là-bas, forcément. Il ressentit une triste rage et secoua la tête en signe de refus, tournant son visage vers la mer. Gunnlaugur insista en dépliant le feuillet puis en le lui glissant entre les doigts.

Femme écrasée. Un mari, un amant. Pas si simple. Présence souhaitée. Informations suivent.

Adamsberg baissa la tête, sa main s’ouvrit et laissa filer la feuille au vent. Paris ? Comment cela, Paris ? Où était-ce, Paris ?
— Dauður maður ? demanda Gunnlaugur. [Un mort ?]
— . [Oui.]
— Ertu að fara, Berg ? Ertu að fara ? [Tu pars, Berg ? Tu pars ?]
Adamsberg se redressa pesamment, leva le regard vers le soleil blanc.
— Nei, dit-il. [Non.]
— , Berg, soupira Gunnlaugur. [Si, Berg.]
— , admit Adamsberg. [Oui.]
Gunnlaugur lui secoua l’épaule, l’entraînant avec lui.
— Drekka, borða, dit-il. [Boire, manger.]
— Já. [Oui.]

Le choc des roues de l’avion sur le tarmac de Roissy-Charles de Gaulle lui déclencha une migraine subite, telle qu’il n’en avait pas connu depuis des années, en même temps qu’il lui semblait qu’on le rouait de coups. C’était le retour, l’attaque de Paris, la grande ville de pierre. À moins que ce ne fussent les verres avalés la veille pour honorer son départ, là-bas, à l’auberge. Ils étaient pourtant bien petits, ces verres. Mais nombreux. Et c’était le dernier soir. Et c’était du brennívin.
Un regard furtif par le hublot. Ne pas descendre, ne pas y aller.
Il y était déjà. Présence souhaitée.

Déjà lu du même auteur :

Ceux_qui_vont_mourir_te_saluent Ceux qui vont mourir te saluent l_homme_aux_cercles_bleus L’Homme aux cercles bleus

Debout_les_mort Debout les morts Un_peu_plus_loin_sur_la_droite Un peu plus loin sur la droite

sans_feu_ni_lieu Sans feu ni lieu l_homme___l_envers L’Homme à l’envers

Pars_vite_et_reviens_tard Pars vite et reviens tard sous_les_vents_de_neptune  Sous les vents de Neptune

Dans_les_bois__ternels Dans les bois éternels un_lieu_incertain Un lieu incertain

les_quatre_fleuves Les Quatre fleuves (BD) vargas L’Armée furieuse 

temps glacières Temps glaciaires 116246279 Quand sort la recluse (papier)

Petit bac 2018Animal (1)

C’est lundi, que lisez-vous ? [9]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane

Qu’est-ce que j’ai lu la semaine dernière ?

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Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Un fond de vérité – Zygmunt Miloszewski (partenariat)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Ma dernière chance s’appelle Billy D. – Erin Lange

 

Bonnes lectures et bonne semaine

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Ayant changé de blog, j’ai remis le compteur à [1] pour ce rendez-vous…
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