Mission Tigre – Mick Herron

Masse Critique Babelio

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81PLD-DLSBL._SL1500_ Actes Sud – mars 2024 – 352 pages

traduit de l’anglais par Laure Manceau

Titre original : Real Tigers, 2016

Quatrième de couverture :
“La Maison des tocards” est la branche du mi5 où atterrissent les agents secrets en disgrâce qui ont tellement foiré qu’on ne peut plus leur confier de vraies missions de renseignement. Ces espions ratés, ces rebuts de la profession dénommés “tocards”, sont condamnés à passer le reste de leur “carrière” à végéter dans ce trou sous les ordres toujours aussi saugrenus de Jackson Lamb, enchaînant les missions sans intérêt, bouffant de la paperasse tout en rêvant de pouvoir un jour sortir du placard et retourner au cœur de l’action.

Auteur : Mick Herron est romancier. Il vit à Oxford et travaille à Londres. Il est notamment l’auteur de la série d’espionnage Slough House, dont « La Maison des tocards », « Les Lions sont morts » (qui a reçu le CWA Gold Dagger Award du meilleur roman) et « Mission Tigre» ont paru dans la collection Actes Noirs.

Mon avis : (lu en avril 2024)
Ce roman d’espionnage est le troisième volume, dernier traduit en français, de la série anglaise « Jackson Lamb », qui en compte huit en anglais. Cette série raconte les aventures d’une équipe d’espions du MI5 qui ont été mis à l’écart par les services centraux suite à une mission ratée ou un comportement déviant.
Ils ont été exilés dans un vieil immeuble miteux de Londres, surnommé « le Placard ». Ils espèrent tous un jour réintégrer les bureaux de Regent’s Park. En attendant, ils sont cantonnés à des basses tâches de renseignements et de paperasses au bureau.
Le patron du Placard est Jackson Lamb, un affreux bonhomme, crasseux, pétomane qui tyrannise gentiment son équipe mais est également un professionnel brillant. 
Mission Tigre commence avec l’enlèvement de Catherine Standish, ancienne alcoolique, qui est la caution logistique du Placard. Toute l’équipe se met au travail pour chercher Catherine, puis pour comprendre qui a commandité son enlèvement et pourquoi…
L’intrigue est passionnante et pleine de surprises, cela renouvelle totalement les codes du roman d’espionnage : pas de clichés à la James Bond mais au contraire une lutte interne entre les services de renseignements anglais avec l’intrusion des politiques… Ce n’est pas toujours facile à comprendre. Nos placardisés deviennent des héros malgré eux sans oublier l’humour anglais dans de nombreuses situations périlleuses.
Je n’ai pas lu les deux romans précédents « La Maison des tocards » et « Les Lions sont morts », ce qui est parfois gênant pour tout comprendre puisqu’il est souvent fait allusion aux aventures précédentes de nos tocards. Je n’ai pas été trop gênée car j’avais vu il y a quelques mois la série « Slow Horse » tirée de ces romans…
Cependant, je n’ai pas compris le lien entre le chapitre d’introduction et le reste du roman. Mais ce n’est pas essentiel pour apprécier cette lecture !
Merci Babelio et les éditions Actes Sud pour cette lecture trépidante.

Extrait : (début du livre)
Comme souvent en cas de corruption, l’histoire commença avec des mecs en costume.
Matin de semaine aux abords de la City, humide, sombre, brumeux, pas encore cinq heures. Dans les tours voisines, vingt étages pour les plus hautes, quelques fenêtres allumées créaient des motifs aléatoires dans le quadrillage de verre et d’acier ; certaines de ces lumières signifiaient que les banquiers lève-tôt étaient à leur bureau pour devancer les marchés, mais la plupart indiquaient que les autres travailleurs de la City avaient pris leur poste, ceux qui enfilaient leur combinaison dès le petit matin pour passer l’aspirateur, faire la poussière, vider les poubelles. Paul Lowell était solidaire de ces derniers. Soit on nettoyait derrière les autres, soit on ne le faisait pas – voilà à quoi se résumait purement et simplement la hiérarchie sociale.
Il risqua un œil en contrebas. Dix-huit mètres, ce n’était pas rien, vu à la verticale. Il s’accroupit, sentit ses genoux craquer et ses cuisses tendre le tissu bas de gamme de manière inconfortable. Ce costume était trop petit. Lowell l’avait cru suffisamment extensible, mais en l’occurrence il se sentait tout comprimé et absolument pas investi des pouvoirs qu’il aurait dû lui conférer.
Ou alors il avait pris du poids.
Il se trouvait sur une plateforme, ce qui n’était probablement pas le terme correct en architecture, au-dessus d’un passage voûté à travers lequel passait London Wall, la quatre-voies reliant St. Martin’s Le Grand à Moorgate. Au-dessus de lui se dressait une autre tour, dont la jumelle s’élevait à un angle légèrement décalé, abritant les principales banques d’investissement mondiales ainsi que l’une des plus célèbres franchises de pizza. À une centaine de mètres, sur une butte herbeuse en bordure de la route à laquelle il avait donné son nom, se tenait un morceau du Mur romain qui avait jadis encerclé la ville, toujours debout des siècles après que ses bâtisseurs y avaient abandonné leurs fantômes. Tout un symbole, songea Lowell. Certaines choses perduraient, survivaient au changement, et préserver ce qu’il en restait valait le coup de se battre. Les raisons de sa présence ici, autrement dit.
D’un coup d’épaules, il se débarrassa de son sac à dos, le coinça entre ses genoux et le vida de son contenu. Dans une heure environ, la circulation s’intensifierait, en direction de la City ou de l’est, une part importante passerait sous l’arche sur laquelle il était perché et tous ces gens en voiture, taxi, bus et vélo n’auraient d’autre choix que d’être témoins. Dans leur sillage débarqueraient les inévitables équipes de reportage dont les caméras transmettraient son message à tout le pays.

Millenium, tome 7 : La Fille dans les serres de l’aigle – Karin Smirnoff

61bqZOPH-9L._SL1021_ Actes Sud – novembre 2023 – 432 pages

traduit du suédois par Hege Roel-Rousson

Titre original :Havsörnens skrik, 2022

Quatrième de couverture :
Le Nord de la Suède est devenu le nouvel eldorado vert, attirant des grandes entreprises avides qui ne reculent devant rien pour s’enrichir, tandis que des bandes criminelles agissent dans l’ombre, prêtes à tout pour se tailler la meilleure part du gâteau. Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander se retrouvent malgré eux au milieu d’une bataille sans merci, où les forces du mal sont prêtes à tout pour faire fortune. Et où les hommes n’aiment toujours pas les femmes.
Karin Smirnoff reprend les rênes de la saga Millénium et signe avec “La Fille dans les griffes de l’aigle” un thriller palpitant et d’une actualité brûlante avec, en toile de fond, les conflits mal assumés des pays nordiques à l’heure de la transition écologique.

Auteure : Née à Umeå en 1964, Karin Smirnoff vient, à l’instar de Stieg Larsson, le créateur de la saga« Millénium», des forêts infinies du Nord de la Suède. 

Mon avis : (lu en décembre 2023)
Lorsque j’avais appris que David Lagercrantz arrêtait la série, je n’avais pas imaginé que quelqu’un d’autre prendrait la suite, et pour moi, c’était un dernier adieu à Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander…
Quelle plaisir de retrouver Mikael et Lisbeth pour de nouvelles aventures !
L’intrigue se situe dans le grand Nord de la Suède, à Gasskas où le maire, Henry Salo, rêve d’un grand développement économique pour sa région et tous les moyens sont permis… Il a comme projet l’aménagement du plus grand parc éolien d’Europe et pour cela il lui faut racheter de nombreux terrains que les locaux n’ont aucune envie de céder…
Mikael Blomkvist arrive à Gasskas pour assister au mariage de sa fille avec Henry Salo, qu’il ne connait pas encore mais dont la première impression ne le rassure pas… Mikael est heureux de retrouver sa fille et son petit-fils Lukas mais n’est pas convaincu par ce mariage… Il décide donc d’enquêter sur son futur gendre.
En parallèle,
Lisbeth Salander est également dans le coin. Elle se retrouve responsable de Svala, sa nièce âgée de 13 ans dont elle ne connaissait pas l’existence. La mère de Svala Sandberg a disparu et sa fille est prête à tous les dangers pour la retrouver. Svala est un genre de Lisbeth en miniature… Elle est Sami par sa mère, elle est très intelligente et a une mémoire prodigieuse. Ce nouveau personnage est vraiment très attachant. Évidemment, pour notre plus grand plaisir, Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander se retrouvent à enquêter ensemble…
Ce roman policier est le premier d’une nouvelle trilogie et j’ai vraiment hâte de découvrir les prochains épisodes…

Extrait : (début du livre)
LE NETTOYEUR REGARDE L’HEURE. Quarante et une secondes se sont écoulées entre le moment où il a rempli l’appât de charogne et l’arrivée du premier aigle, une femelle.

Il ne sait jamais précisément d’où ils vont surgir. Ils peuvent nicher dans un arbre tout près. Ou planer à des hauteurs incroyables. Leur acuité visuelle deux cents fois supérieure à celle de l’homme leur permet de détecter une proie à des kilomètres. Caché à cinquante mètres de là, le Nettoyeur observe le festin à travers ses jumelles.
Appât rempli de charogne en six lettres. Festin. Il serait faux de qualifier d’amour paternel la tendresse qu’il ressent pour les oiseaux – il n’y connaît rien. Pourtant, il ne peut s’empêcher de les considérer comme ses enfants. Il pense à eux avant de s’endormir le soir. Et dès son réveil. Qu’il coupe du bois, prépare à manger ou allume le feu : ils occupent son esprit durant toutes les tâches du quotidien. Se sont-ils accouplés ? Les oisillons vont-ils survivre ? Trouvent-ils assez de nourriture ? Parviendront-ils à passer l’hiver ? Oui. Avec son aide et grâce à une saison riche en campagnols, ils passeront l’hiver.
Il passe la main sur ses yeux. Le soleil, plus haut dans le ciel désormais, lui chauffe le dos, peut-être pour la dernière fois de l’automne. Aucune importance. C’est dans un coin du monde oublié des hommes que se trouve sa maison. “Maison” est peut-être exagéré. Une cabane en rondins, abandonnée après la disparition des derniers forestiers, au début des années 1960. Depuis, ces terres ont été classées réserve naturelle.
Le terrain, accidenté, est composé d’un magma de forêt primaire, d’étangs, de tourbières et de rochers. Aucun véritable chemin ne permet d’y accéder. Hormis les pistes animales, les vestiges d’une route forestière disparaissent peu à peu, effacés par la nature qui reprend ses droits. Impossible d’y accéder autrement qu’à pied ou en quad. Encore faut-il trouver.
Le premier sentier est à plus d’une dizaine de kilomètres de la cabane. Lui ne se déplace que dans un faible périmètre. Au début, il utilisait des branches pour marquer les directions afin de ne pas se perdre. Il dispose d’un ruisseau pour pêcher, des chablis comme réserve de bois et de jolies clairières pour observer les oiseaux et le petit gibier.
La cabane est un refuge, modernisé sommairement au moyen d’un groupe électrogène qui lui sert à charger son portable. Il n’est personne. Un homme sans nom, sans passé et sans avenir. Il ne fait qu’exister. Au jour le jour. Se couche tôt. Se réveille à l’aube. Il fait ce qu’il a à faire sans se préoccuper de savoir si c’est bien ou mal.
Des dates sont gravées dans le bois des murs. Des noms. Des messages adressés à l’avenir de la part d’autres hommes solitaires : Olof Persson 1881. Lars Persson 1890. Sven-Erik Eskola 1910. Et ainsi de suite. Mais la solitude est relative. Des mois peuvent s’écouler sans qu’il ne s’adresse à personne d’autre qu’à lui-même, aux oiseaux, aux arbres ou encore aux pierres. Pourtant, il se sent moins seul que jamais. C’est comme si son enfance l’avait rattrapé. Au fil des jours, il se rapproche du garçon qu’il fut autrefois et qui trouvait refuge dans la forêt. Il apprend comment marche le monde en observant, immobile, la parade du coq de bruyère au printemps, en étudiant la façon dont la renarde s’occupe de ses petits à mesure qu’ils grandissent, en regardant s’affairer des fourmis dans leur nid ou en suivant le parcours des scolytes dans les sapins.
Le garçon a un père. Un grand enfoiré avec des bras dont on ne peut s’échapper. Le garçon a une mère. Personne ne compte sur elle. Le garçon a un frère. Cours, dit celui-ci quand le père rentre, et le garçon s’enfonce dans la forêt.

voisinsvoisines2023
Suède

Déjà lu de la même série :

Les trois tomes de David Lagercrantz

millenium4_ac Millenium 4 – Ce qui ne me tue pas

Millenium 5 – La fille qui rendait coup pour coup

719d8UMYGkL Millenium, tome 6 : La fille qui devait mourir

Les trois premiers tomes par Stieg Larsson :

Millenium_1 Millénium 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

mill_nium2 Millénium 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette
mill_nium3 Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d’air

Déjà écouté :

CD_LARSSON_MILLENIUM_1 Millénium 1 millenium2_audio Millénium 2  millenium3_audio Millenium 3

Dormez en Peilz – Emmanuelle Robert

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614lD7Lq+KL._SL1500_ Éditions Slatkine – août 2023 – 512 pages

Quatrième de couverture :
Mai 2021. Après un hiver compliqué, la Suisse romande se rue vers les plans d’eau. Plongeuse expérimentée, Fabienne Corboz s’attaque au record de profondeur dans le Léman. Mais rien ne se passe comme prévu. Alors qu’un notable disparaît mystérieusement de son paddle au large de l’île de Peilz, des secrets remontent à la surface. Et si cette disparition cachait une vengeance ? A qui le tour ? Dans son deuxième roman, Emmanuelle Robert quitte les sentiers de montagne pour les profondeurs lacustres et celles, insondables, des âmes humaines. Aidés par la police du lac, Antigona Abimi, Max Kander et leurs collègues enquêtent en eaux troubles. Qui sait quelle part d’eux-mêmes ils y laisseront ?

Auteure : Née en 1975 à La Chaux-de-Fonds, Emmanuelle Robert a grandi à Montreux. Journaliste, elle a travaillé pour diverses organisations non gouvernementales avant de se tourner vers la communication. Passionnée de polars, il lui arrive de plonger en eau douce.

Mon avis : (lu en novembre 2023)
Les deux premières pages de ce livre nous présentent la trentaine de personnages de ce roman policier, chat et enfants compris… C’est bien utile au lecteur pour s’y retrouver !
Le titre évoque un jeu de mot qui fait référence à l’Île de Peilz, « situé à l’extrémité orientale du Léman, face à Villeneuve, dans le canton de Vaud. Cette île, dont l’origine est mystérieuse, est réputée constituer la seule île naturelle du Léman, ainsi que la plus petite et la plus éloignée du rivage. » (d’après Wikipédia)
Nous sommes en mai 2021, la Suisse se réveille après de long mois de semi-confinement…
Fabienne Corboz, dite Ab Fab, plongeuse expérimentée, se prépare avec son équipe à battre le record de profondeur dans le Léman. Patrick Zwerg, avocat féroce et peu aimé, disparaît lors d’une sortie en paddle. L’équipe de la Police Riviera-Chablais dirige l’enquête avec l’aide de la Police Cantonale Vaudoise ainsi que la Brigade du Lac. C’est le début d’une enquête pleine de zones d’ombre autour du Lac et dans ses profondeurs.
Les différents personnages ont quelques secrets, des interactions professionnelles ou personnelles connues ou pas entre eux…
L’intrigue est parfaitement construite, les équipes d’enquêteurs sont attachantes, il y a de nombreux rebondissements et nous découvrons le monde de la plongée, avec bouteille ou en apnée dans un paysage magnifique et envoutant. L’atmosphère devient de plus en plus oppressante avec la découverte de plusieurs cadavres. Le lecteur progresse peu à peu dans ce labyrinthe.
C’est le deuxième livre de l’auteure et on y retrouve un certain nombre de personnages de son premier

« Malatraix ». Pour ma part, je n’ai pas lu ce livre et ce n’est pas gênant pour apprécier celui-ci.

Merci Babelio et les éditions Slatkine pour cette lecture palpitante et dépaysante.

Extrait : (début du livre)
Prologue
Dahab, octobre 2008
Mourir ici à 17 ans, ce serait facile. Expirer, donner quelques coups de palme, jusqu’au point de bascule, où il n’y a plus d’effort à faire. Couler. Du bleu à l’indigo, puis au noir. Descendre si profond qu’il serait impossible de remonter, même en luttant de tout son instinct de survie.
Elle s’était réjouie comme une folle de ces vacances d’automne au bord de la mer Rouge. D’abord, parce qu’elle rêvait de nager avec les dauphins. Ensuite, parce qu’ils partaient avec le meilleur ami de son père. Elle le connaissait depuis toute petite. Il n’était pas si mal, pour son âge. L’attention qu’il lui montrait la flattait. Marrant, prompt à faire la fête, il avait un look un peu trop soigné, avec ses chemises cintrées et ses jeans impeccables. Son père appelait ça « le charme latin ». L’homme savait la faire rougir avec ses compliments. Il riait de ses gags, voulait tout savoir d’elle. Il avait de magnifiques yeux verts, une lueur dans le regard dont elle aurait peut-être dû se méfier. Mais c’était si agréable d’être traitée en femme et pas comme un bébé.
Dans le complexe balnéaire où tout n’était que luxe, plage et tranquillité, son père s’isolait pour travailler. Il avait emporté son ordinateur. C’était, d’ailleurs, toute une histoire pour se connecter. En rentrant des sessions de planche à voile, il s’éloignait pour téléphoner, envoyer des e-mails et se tenir au courant de l’actualité. Difficile de s’imaginer qu’en Europe, sous la grisaille, c’était la crise. Les rares fois où il ouvrait la bouche, il parlait du tremblement de terre qui secouait la finance mondiale.

voisinsvoisines2023
Suisse

Rencontre Café Noir à la Bibliothèque

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Fin octobre 2023, j’assistais à la rencontre Rencontre Café Noir à la Bibliothèque pour une présentation du festival NOIR SUR LA VILLE qui aura lieu ce week-end à Lamballe (Côtes-d’Armor)
Deux personnes de l’association du festival sont venues nous présenter leurs coups de cœur.

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Une rencontre très sympathique et intéressante qui m’a donné de découvrir de nouveaux auteurs et de nouvelles idées de lectures noires !

La fille renard – Maria Grund

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

71emKgQV7eL Robert Laffont – février 2023 – 448 pages

traduit du suédois par Cécilia Klintebäck

Titre original : Dödssynden, 2020

Prix Bête noire des Libraires 2023

Quatrième de couverture :
Un dimanche matin, sur une île au large de la Suède. Le corps d’une adolescente s’échoue sur le rivage. À côté de son cadavre, un masque de renard. Malgré les troublantes circonstances de sa mort, la police conclut à un suicide. Mais l’enquêtrice Sanna a l’intuition que quelque chose leur échappe. Dès le lendemain : une riche collectionneuse de livres anciens est retrouvée sauvagement assassinée. À son domicile, Sanna et sa nouvelle équipière Eir découvrent un effrayant tableau représentant une petite fille. Cette dernière n’est autre que la victime au masque de renard…

Auteure : Maria Grund est une écrivaine et scénariste suédoise. Diplômée des Beaux-arts de l’université de New York, elle travaille principalement dans l’industrie cinématographique, en fondant la société indépendante de production de courts métrages The Smalls. Après plusieurs années passées à Londres et à New York, elle vit désormais sur l’île suédoise de Gotland où elle puise son inspiration. La Fille renard a reçu le prix de la Swedish Academy of Crime Fiction dans la catégorie premier roman.

Mon avis : (lu en juin 2023)
Maria Grund s’est inspirée de l’île de Gotland où elle vit pour créer l’île de son roman. Une île perdue au nord de l’Europe, pluvieuse et sombre. Le cadavre d’une jeune fille est retrouvé sur le rivage avec à son côté un masque de renard… tout semble faire penser à un suicide mais l’intuition de l’enquêtrice Sanna la pousse à prolonger son enquête. Le lendemain, un assassinat est découvert ainsi qu’un portrait de la jeune fille au masque de renard chez la nouvelle victime… Ce thriller passionnant, très sombre sait tenir en haleine le lecteur. L’intrigue est assez complexe, il y a des aller-retour entre passé et présent, de nouveaux meurtres… L’atmosphère devient de plus en plus lourde, sombre et violente. Il y a de nombreux personnages dans cette île qui est elle-même au centre de cette histoire… Les deux enquêtrices sont très différentes mais complémentaires, Sanna est dans l’île depuis son enfance, Eir est nouvelle, elle vient du continent. Son arrivée à ce poste était ce une punition ? C’est leur première collaboration et elles vont devoir se faire confiance. Elles ont chacune des secrets, un passé… que le lecteur va commencer à découvrir.
Grâce à Babelio, j’ai eu la chance d’assister à une rencontre très instructive avec l’auteure et j’y ai appris qu’il existe une suite à ce thriller et j’aurai donc prochainement le plaisir de retrouver le duo d’enquêtrices Sanna et Eir.

Extrait : (début du livre)
La brume l’a englouti. La mousse épaisse du sous-bois facilite son avancée, lui permettant d’oublier les ronces qui lui déchirent la peau et les branches qui cherchent à atteindre ses yeux et à s’entremêler dans ses cheveux. Ses jambes et ses pieds nus sont engourdis par le froid. Sans l’épaisseur de son caleçon, les jeunes rameaux qui le fouettent au passage l’auraient déjà fait tomber depuis longtemps.
Il accélère encore la cadence entre les chablis et la jungle des pins et des frênes en décomposition. Il se précipite vers l’avant aussi vite qu’il le peut, son cœur battant la chamade, si fort qu’il en occulte la douleur et les voix qui le poursuivent dans l’obscurité.
Sans le trou qui s’ouvre brusquement sous ses pieds et lui attrape la jambe, le projetant au sol, il aurait peut-être réussi à s’échapper. Mais quand il s’étale par terre les bras en croix, que sa tête heurte la mousse d’un rocher et que ses yeux se révulsent, il les entend approcher :
« Mort au loup, mort au loup, mort au loup… »

Sanna Berling scrute la pièce vide, ravagée par le feu. La lumière qui entre par les fenêtres poussiéreuses, recouvertes d’une fine couche de sel, est sale et brunâtre. L’odeur de fumée, mélangée à celle de la moisissure, lui assaille la gorge. La pièce lui semble de plus en plus obscure à chaque visite, peut-être à cause des arbres touffus laissés à l’abandon au-dehors ; ou alors, c’est une illusion due à l’épuisement.
Elle passe ses doigts sur un des murs noircis ; sous la suie, on aperçoit encore le papier peint élimé d’une chambre d’enfant. Elle ferme les yeux et laisse sa main courir le long du mur en direction de la porte. Comme à chaque fois, elle s’arrête devant l’inscription gravée dans le bois. Ses doigts tracent le contour d’une écriture enfantine : FUIS.
Lorsqu’elle franchit la porte d’entrée à double battant, une nuée d’oiseaux s’élève du vieil arbre de la cour. Ils secouent l’air de leurs battements d’ailes, comme pour esquiver un orage.
Devant elle s’étend un paysage désolé. Toute cette partie de l’île – les champs aux alentours et les prairies qui descendent jusqu’à la route, l’église et la côte – est déserte. Son portable sonne. Elle décroche.
— J’y suis, là, répond-elle. Dis non. Je ne vends pas. Pas encore.
Son interlocuteur proteste avec véhémence, mais elle reste de marbre. Elle regagne sa voiture, une Saab noire. En s’éloignant, elle voit les fenêtres aveugles et ravagées de la propriété la suivre dans son rétroviseur.

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Suède

 

 

 

Sur la dalle – Fred Vargas

61i+beqAXuL Flammarion – mai 2023 – 512 pages

Quatrième de couverture :
– Le dolmen dont tu m’as parlé, Johan, il est bien sur la route du petit pont ?
– À deux kilomètres après le petit pont, ne te trompe pas. Sur ta gauche, tu ne peux pas le manquer. Il est splendide, toutes ses pierres sont encore debout.
– Ça date de quand, un dolmen ?
– Environ quatre mille ans.
– Donc des pierres pénétrées par les siècles. C’est parfait pour moi.
– Mais parfait pour quoi ?
– Et cela servait à quoi, ces dolmens ? demanda Adamsberg sans répondre.
– Ce sont des monuments funéraires. Des tombes, si tu préfères, faites de pierres dressées recouvertes par de grandes dalles. J’espère que cela ne te gêne pas.
– En rien. C’est là que je vais aller m’allonger, en hauteur sur la dalle, sous le soleil.
– Et qu’est-ce que tu vas foutre là-dessus ?
– Je ne sais pas, Johan.

Auteure : Fred Vargas est née en 1957. Médiéviste et titulaire d’un doctorat d’Histoire, elle est chercheur en Histoire et Archéologie au CNRS. La quasi-totalité de son œuvre – les « rompols » comme elle appelle ses textes policiers – est publiée aux Éditions Viviane Hamy. Primés à plusieurs reprises, adaptés au cinéma – Pars vite et reviens tard – et à la télévision, traduits dans plus de 40 langues, ses livres sont des best-sellers en France comme en Allemagne et en Italie.

Mon avis : (lu en mai 2023)
Quelle plaisir de retrouver le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg et son équipe pour une nouvelle enquête, la douzième ! L’attention d’Adamsberg est attirée par un meurtre survenu dans un village breton, Louviec (nom fictif), juste à côté de Combourg et de son château, en Ille-et-Vilaine. Lors d’une récente enquête, il s’était bien entendu avec le commissaire Matthieu, un homme d’action rationnel. Tout semble désigner 
Josselin, descendant de François-René de Chateaubriand, comme le principal suspect : l’arme du crime est son couteau, les derniers mots de la victime… Mais Jean-Baptiste Adamsberg n’y croit pas et comme d’habitude il va s’attacher à de petits détails comme des piqûres de puces…
Le titre « Sous la dalle » fait référence au dolmen sur laquelle Jean Baptiste Adamsberg vient s’allonger pour se ressourcer afin de mettre de l’ordre dans ses idées et faire remonter toutes les petites bulles qui circulent dans la vase de son cerveau.
L’intrigue sinueuse nous réserve de multiples fausses pistes, quelques personnages hauts en couleurs comme Josselin de Chateaubriand, qui cultive sa ressemblance avec son illustre ancêtre à la demande du maire afin d’appâter les touristes, Jonathan le propriétaire de L’Auberge des Deux Écus, le fantôme boiteux qui hante le château de Combourg et vient tourmenter les villageois, la nuit, en cognant sa jambe de bois sur les pavés… Et parmi l’équipe d’Adamsberg venu prêter main forte au commissaire Matthieu, Violette Retancourt nous réserve quelques moments de bravoures. A cette sombre histoire de vengeance, Fred Vargas y ajoute quelques éléments folkloriques et de vieilles croyances bretonnes.
J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture palpitante.

Extrait : (début du livre)
Le gardien du commissariat du 13e arrondissement de Paris, Gardon, pointilleux jusqu’à la maniaquerie, était à son poste à sept heures trente pile, la tête penchée vers le ventilateur de son bureau pour sécher ses cheveux, selon son habitude, ce qui lui permit d’apercevoir de loin le commissaire Adamsberg approcher à pas très lents, portant sur ses avant-bras un objet non identifié, les paumes tournées vers le ciel, avec autant de précautions que s’il tenait un vase de cristal. Gardon – nom tant approprié à sa fonction qu’il lui avait valu force blagues avant qu’on ne s’en lasse –, n’était pas réputé pour sa vivacité d’esprit mais accomplissait sa mission avec un zèle presque excessif. Mission qui consistait à repérer toute étrangeté en approche, si minime fût-elle, et à en protéger le commissariat. Et pour cette tâche, il excellait, tant par son coup d’œil exercé par des années de service que par la vitesse inattendue de ses réflexes. N’entrait pas qui voulait dans ce saint des saints qu’était la Brigade criminelle, et il fallait que la patte fût plus blanche que neige pour que ce cerbère des lieux – qui était tout sauf impressionnant – acceptât de lever la grille de protection qui fermait l’entrée. Mais nul n’aurait critiqué l’obsession soupçonneuse de Gardon qui avait plus d’une fois décelé les renflements à peine visibles d’armes enfouies sous des vêtements ou douté d’allures trop onctueuses pour lui paraître naturelles et stoppé net les velléités des agresseurs. Le plus souvent, il s’était agi de libérer un prisonnier en détention provisoire, mais parfois de crever la peau d’Adamsberg, ni plus ni moins, et ces alertes devenaient plus nombreuses. Deux tentatives en vingt-cinq mois. Au fil des années et des réussites du commissaire dans les enquêtes les plus tortueuses, sa réputation s’était affermie en même temps que les menaces contre sa vie.

Danger dont Adamsberg ne se souciait en rien, persistant de sorte à venir à pied depuis chez lui jusqu’à la Brigade, tant il était habité par sa nonchalance innée, semblant souvent toucher à de la négligence, voire de l’indifférence, particularité de sa nature qui, si blindés que fussent ses équipiers, les désorientait ou parfois les exaspérait, tout en laissant nombre de ses succès inexpliqués. Succès fréquemment obtenus via des méthodes opaques, si tant est qu’on puisse parler de « méthode » dans le cas d’Adamsberg, et par des chemins détournés où peu parvenaient à le suivre. Au long de ces ramifications inintelligibles de ses enquêtes, qui semblaient parfois tourner le dos à l’objectif, force était pourtant de l’accompagner sans toujours comprendre. Quand ses adjoints – et particulièrement le premier d’entre eux, le commandant Danglard – lui reprochaient cette brume dans laquelle il les laissait se débattre, il écartait les bras en un geste d’impuissance, car il n’était pas rare qu’il ne puisse s’expliquer sa propre démarche à lui-même. Adamsberg suivait son propre vent.

Déjà lu du même auteur :

Ceux_qui_vont_mourir_te_saluent Ceux qui vont mourir te saluent l_homme_aux_cercles_bleus L’Homme aux cercles bleus

Debout_les_mort Debout les morts Un_peu_plus_loin_sur_la_droite Un peu plus loin sur la droite

sans_feu_ni_lieu Sans feu ni lieu l_homme___l_envers L’Homme à l’envers

Pars_vite_et_reviens_tard Pars vite et reviens tard sous_les_vents_de_neptune  Sous les vents de Neptune

Dans_les_bois__ternels Dans les bois éternels un_lieu_incertain Un lieu incertain

les_quatre_fleuves Les Quatre fleuves (BD) vargas L’Armée furieuse 

temps glacières Temps glaciaires 116246279 Quand sort la recluse (papier)

9782367625454-001-T Quand sort la recluse (audio)

Petit bac 2023(2) Bâtiment

Le Déluge – Michelle Prak

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

Lu en partenariat avec Masse Critique Babelio

 Harper Collins – juin 2023 – 272 pages

traduit de l’anglais (Australie) par Isabelle D. Philippe

Titre original : The Rush, 2023

Quatrième de couverture :
Des pluies torrentielles. Une route désertique. Un psychopathe en liberté.
Dans l’outback australien, une tempête diluvienne est annoncée. Jamais on n’en a vu de pareille à cette période. A mille kilomètres à la ronde, un seul et unique pub emblématique où se réfugier.
Or c’est le moment qu’on choisi quatre routards pour se lancer dans un road-trip en plein désert. Avec des inconnus, histoire de se marrer.

Autrice : Michelle Prak travaille dans la communication depuis trente ans. L’écriture est l’épine dorsale de son travail, et elle a écrit plusieurs nouvelles et des romans féminins auto-publiés. Elle vit à Adélaïde et enseigne les relations publiques et l’usage des réseaux sociaux à l’Université d’Australie du Sud. Le Déluge est son premier thriller.

Mon avis : (lu en juin 2023)
Pour leurs vacances, Hailey et Scott, un jeune couple d’étudiants australiens ont préparé un road-trip dans l’arrière pays australien depuis Adelaïde jusqu’à Darwin au nord du pays. Et pour minimiser le coût du voyage, ils vont partager la voiture avec deux autres passagers. Il y a Joost, un jeune homme venu des Pays-Bas et Livia, une militante écologique provenant du Brésil, elle est venue pour un congrès et doit prendre un bateau à Darwin pour rejoindre son pays natale.
Dans un décor désertique, sec et sous un soleil de plomb, nos quatre protagonistes font la route tout en commençant à se découvrir. Très vite, Joost apparaît comme un garçon sans gêne, Livia reste distante et méfiante, enfin de la tension commence à se faire sentir entre notre jeune couple… 
En parallèle, nous découvrons le Pindarry, un motel de l’outback australien, isolé loin de tout. Il est tenu par Matt et Andrea, parents d’Ethan, un petit garçon âgé de 3 ans. Vivant avec eux, il y a Quinn, leur employée et sa chienne Bronte. Une tempête est annoncée et l’ambiance est lourde. Andrea a hâte que ces derniers clients partent pour pouvoir mettre à l’abri sa famille. C’est alors qu’arrive une bande de motards qui veulent se rafraîchir…
Puis c’est un déluge de pluie qui s’abat sur la route comme au Pindarry.
S’étant engagés sur une route secondaire, nos quatre voyageurs sont stoppés dans leur progression par une voie partiellement inondée et un équipement pas vraiment prévu pour une météo comme celle-ci…
Au Motel, dès le début de la tempête Matt est appelé par un voisin en difficulté et Andrea se retrouve seule avec Ethan. Elle surveille l’avancée de l’eau et voilà qu’elle est victime d’une panne d’électricité, donc d’internet et de téléphone. Elle attend avec impatience le retour de Matt et l’arrivée de Quinn qui devrait être là mais qui n’a toujours pas donné signe de vie…
Je ne vais pas en raconter plus car au fil des pages l’ambiance devient de plus en plus lourde et lorsque le lecteur pense avoir découvert le « méchant » de l’histoire, il n’est pas au bout des surprises que nous dévoile l’auteure dans les toutes dernières pages !
Voilà un thriller australien efficace et dépaysant avec de nombreux rebondissements.
Merci Babelio et les éditions Harper Collins pour ce road-trip plutôt flippant !

Extrait : (Prologue)
— Le ciel est menaçant, on ferait bien de se dépêcher.
Après être montée dans son quatre-quatre, où Bronte, haletante, la rejoint d’un bond, Quinn Durand consulte son téléphone. Elle a perdu trop de temps à la ferme et jure tout bas. Pas de message, le réseau est déjà peu fiable. Elle a pourtant vérifié les bulletins météo régulièrement les premières heures. Quand a-t-elle arrêté ?
Elle met le contact, puis prend la direction des barreaux noirs de la grille au loin. L’horizon est d’un violet surnaturel et des nuages de pluie, étroitement enchevêtrés, amènent une nuit précoce. Le soleil devrait normalement flamboyer encore quelques heures, mais il ne fait pas le poids aujourd’hui.
Arrivée à la clôture, Quinn tourne à gauche pour revenir au Pindarry, tenant fermement le volant comme sa mère le lui a appris. « Les deux mains sur le volant, chérie. Si tu as un accident, les secours mettront des heures à arriver. » La terre de chaque côté de la route est orange. Au-delà, aussi loin que la vue peut porter, s’étendent des rangées de petits buissons d’arroches rêches. La lumière du soleil devient plus dure chaque année. Il viendra un temps où même les arbustes les plus coriaces ne pourront plus lutter. Mais ce champ d’épines survivra aujourd’hui encore. Ce soir, la pluie rebondira sur la terre dure comme des cailloux.
L’eau est la bienvenue, même si cette région semble ne jamais trouver le bon équilibre. Plus tôt, la radio a annoncé que les routes seraient inondées et les agglomérations isolées. Le cœur de Quinn bat plus vite. Elle avait onze ans lors des dernières inondations, son père était encore vivant. Elle se revoit courir sous l’averse en gloussant et en criant, talonnée par les chiens de la maison, qui se montraient mutuellement les crocs dans une excitation contagieuse. Sa mère riait en tournant sur place, les bras tendus comme une star de cinéma. Quinn n’avait jamais vu un aussi beau sourire sur sa figure. « Pensez aux citernes d’eau ! » criait sa mère.
Les pluies torrentielles avaient duré encore un jour, et puis un autre, et les danses et les sourires n’avaient pas tardé à disparaître. Son père et les membres de son équipe crapahutaient à la ronde avec des visages fermés et des chapeaux ruisselants. « Rien que de l’eau et des bêtes mortes ! » avait-il dit au téléphone. Ils avaient perdu plus de la moitié de leur bétail par noyade et quelque chose que Quinn avait du mal à prononcer à l’époque – hypothermie. Voisins et bénévoles s’étaient regroupés avec des bulldozers et des pelleteuses pour s’atteler à la terrible corvée d’enterrer les carcasses.
Une décennie plus tard, et après des années de sécheresse consécutives, cette crue reste de sinistre mémoire. Les propriétaires locaux ont de nouveau grand besoin de pluie, essentielle à leur existence, pourtant cette perspective déstabilise toujours Quinn.
L’habitacle de la voiture s’assombrit et de grosses gouttes s’écrasent sur le pare-brise, signes avant-coureurs de ce qui est à venir. Les essuie-glaces étalent la poussière sur la vitre, barbouillant celle-ci comme des doigts d’enfant. Bronte tourne vers elle ses yeux bruns inquiets. La chienne, qui n’a pas quitté Quinn depuis qu’elle était un chiot blond-roux, voyage partout avec elle.
— Tout va bien, ma belle.
Il reste encore du temps pour atteindre le Pindarry avant la disparition du soleil.

À qui la faute – Ragnar Jónasson

91+hzjEWJpL La Martinière – janvier 2023 – 336 pages

traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Úti, 2021

Quatrième de couverture :
Quatre amis d’enfance.
Une randonnée au cœur de ce que l’Islande a de plus sauvage.
Un huis-clos d’où surgissent trahisons et secrets.
Réussiront-ils tous à survivre à cette nuit ?

Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.

Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavík en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. La Dernière Tempête clôt la trilogie  » La Dame de Reykjavík « , mettant en scène l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir à plusieurs âges de sa vie, en remontant le temps. Ce dernier volet se déroule 25 ans avant La Dame de Reykjavík et 10 ans avant L’Île au secret. Les œuvres de Ragnar sont traduites dans une trentaine de pays.

Mon avis : (lu en février 2023)
Voilà un polar islandais intimiste et oppressant. Daniel, Gunnlaugur, Helena et Armann, 4 amis d’enfance se retrouvent pour un week-end de chasse à la perdrix dans la campagne islandaise. Daniel, comédien, vit à Londres, Gunnlaugur est juriste, Helena ingénieure et Armann a réussi dans le tourisme.
Armann est l’organisateur de ce week-end dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande.
Ils pensaient se retrouver pour quelques jours paisibles, mais le voyage tourne au cauchemar.
Pris dans une tempête aussi soudaine que violente, ne pouvant pas atteindre le refuge prévu, ils font halte dans une petite cabane, plus proche mais difficile à trouver dans les conditions météorologiques. Quand ils y arrivent enfin, il faut casser la serrure pour entrer et une surprise les attend à l’intérieur…
C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir les rancœurs du passé et l’amitié est mise à rude épreuve.
Les quatre amis sont tour à tour les narrateurs de l’histoire, les chapitres sont courts et s’enchaînent très vite, cela donne beaucoup de rythme à l’histoire. Au fil des pages, le lecteur découvre la personnalité de chacun des quatre amis jusqu’à nous dévoiler leurs secrets et leurs côtés les plus sombres.
La nature est également un personnage de l’histoire : tout est blanc, il neige à presque toutes les pages. On ressent le froid glacial. L’ambiance se resserre rapidement. Ragnar Jónasson conduit le lecteur dans un huis clos angoissant, il
brouille tous les repères et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Un thriller nordique glaçant.

Extrait : (début du livre)
Jamais il n’avait eu aussi froid.
Daníel avait beau être recouvert de plusieurs couches de laine sous son épaisse doudoune, rien n’y faisait : l’air glacial parvenait quand même à s’insinuer à travers ses vêtements.
Ses compagnons de voyage ressentaient-ils la même chose ? Il n’osait pas poser la question, de peur de paraître faible. La tête baissée, il avançait péniblement, secoué par le vent et les paquets de neige. Il ne discernait plus le paysage, ni même le sol sur lequel il progressait ; son monde s’était réduit à des tourbillons blancs traversés par de vagues silhouettes en mouvement.
Il avait perdu la notion du temps ; une éternité semblait s’être écoulée depuis que la tempête s’était levée, là où cela ne faisait probablement qu’une heure. Plus personne ne parlait. Concentrés, ils s’efforçaient de rester groupés et de ne pas perdre Ármann de vue. Celui-ci connaissait la région sur le bout des doigts, aussi ses amis devaient-ils le croire lorsqu’il affirmait qu’un vieux refuge se trouvait « pas trop loin ». Une déclaration à vrai dire peu rassurante.
Daníel avait grandi en Islande puis était parti vivre en Angleterre pour étudier l’art dramatique. Resté à Londres pour tenter sa chance en tant qu’acteur, il vivotait de petits rôles. Cela faisait un moment qu’avec ses amis de jeunesse, ils envisageaient de passer quelques jours ensemble au pays. Ármann s’était chargé d’organiser leur week-end de retrouvailles, prévu dans le Sud-Ouest, non loin de Reykjavík, dans un chalet confortable ; mais à la dernière minute, il leur avait proposé de partir de l’autre côté du pays, sur les hauts plateaux, pour chasser la perdrix des neiges. Lui-même pratiquait régulièrement la chasse en montagne et, à l’en croire, il n’y avait rien de tel pour cimenter des liens d’amitié. Trop occupé au moment où les messages lui étaient parvenus, Daníel n’avait pas protesté. Il n’avait pas de permis de chasse, mais Ármann avait promis de lui apprendre comment utiliser un fusil. « Personne ne nous verra, il est hors de question que tu ne tues pas quelques oiseaux ! »
Cependant, dès leur première incursion sur la lande, tout était allé de travers.
Daníel avançait avec difficulté. Il se sentait horriblement lourd. Heureusement, ils n’avaient pas pris toutes leurs affaires, juste des provisions pour la journée. Et bien sûr, leurs fusils, indispensables pour une partie de chasse. Quand la tempête avait commencé à s’intensifier, il avait proposé qu’ils abandonnent leurs armes quelque part pour s’alléger – ils pourraient les récupérer plus tard. Sa suggestion avait reçu un accueil pour le moins glacial.
Il essaya de se redonner du courage. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. Ils avaient tacitement décidé d’accorder leur confiance à Ármann, qui saurait les mener à bon port.

Déjà lu du même auteur :

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Islande

Les Crimes de nos pères – Åsa Larsson

9782226469922-j Albin Michel – novembre 2022 – 608 pages

traduit du suédois par Anne Karila

Titre original : Fädernas missgärningar, 2021

Quatrième de couverture :
Une écriture puissante, des paysages impressionnants et un sens du suspense glaçant ont fait d’Asa Larsson une figure incontournable du polar scandinave. Trois fois récompensée par le Prix du meilleur roman policier suédois, traduite dans trente pays, elle poursuit sa série-culte dans les pas de son héroïne Rebecka Martinsson. Sur une petite île du nord de la Suède, on découvre coup sur coup deux cadavres. Si le premier décès est récent, l’autre remonte à… il y a plus de cinquante ans. Quel est leur lien ? Et où s’arrêtera ce sinistre décompte ? Criminalité organisée, escroquerie immobilière, prostitution… Rebecka remonte une piste aux ramifications inattendues et multiples, loin d’imaginer qu’elle va lui révéler de terribles secrets sur l’histoire de sa propre famille.

Auteure : Åsa Larsson a grandi à Kiruna, au-dessus du cercle polaire arctique, où se déroulent tous ses romans. Avocate comme son héroïne Rebecka Martinsson, elle se consacre désormais à l’écriture. Devenue l’auteur de romans policiers la plus aimée des Scandinaves, elle compte désormais des millions de lecteurs à travers le monde.

Mon avis : (lu en janvier 2023)
C’est toujours un plaisir de retrouver les personnages d’une série. Pour cette fois-ci, c’est avec un petit serrement au cœur puisque Åsa Larsson a décidé de mettre fin à sa série. Cela fait déjà presque 5 ans que j’avais quitté son héroïne Rebecka Martinsson dans la ville minière de Kiruna, en Laponie dans le grand nord suédois.
Rebecka est toujours Procureure adjointe et les relations sont toujours difficiles avec son collègue von Post devenu pour quelques semaines Procureur remplaçant. A cause de leur charge de travail respective, Rebecka s’est également un peu éloignée de l’inspectrice Anna-Maria Mella et l’inspecteur Sven-Erik Stålnacke est maintenant à la retraite.
C’est avec la découverte de deux cadavres, l’un récent et le second remontant à plus de cinquante ans, que commence cette enquête. L’affaire va devenir personnelle pour Rebecka car la victime récente fait partie de la famille adoptive de sa mère. Une famille avec laquelle elle n’a pas de relation, mais légalement, elle ne devrait pas s’occuper de cette enquête…
Il est plaisant de retrouver tous les personnages de cette série et de continuer à découvrir cette région suédoise. Dans cet épisode, Kiruna est en pleine mutation. En effet, cette ville a été créée en 1898 pour accompagner le développement de la plus grande mine de minerai de fer au monde. Mais victime de son succès, l’extension permanente des galeries a fini par menacer Kiruna. Ainsi dès 2013, un plan global a été mis au point pour déplacer la ville vers l’est, à près de 4 kilomètres, dans un secteur préservé de toute activité minière. Un déménagement qui doit s’étaler sur 20 ans pour s’achever en 2035.
L’intrigue est comme toujours bien  menée, et nous en apprenons un peu plus sur le personnage attachant de Rebecka.
C’était la dernière enquête de Rebecka Martinsson mais pour ma part, j’ai la chance d’avoir encore à découvrir sa première enquête que je n’ai toujours pas lu… et pourquoi pas relire toute la série !

Extrait : (début du livre)
QUAND RAGNHILD PEKKARI décida d’en finir, la vie lui sembla plus légère.
Elle avait un plan. Partir à skis sur la croûte de neige qui s’était formée dans la nuit. Elle en aurait pour deux heures, au pire des cas. Arrivée à l’endroit choisi, une rivière de montagne au-dessus de laquelle apparaissait toujours un pont de neige, elle allumerait un feu et boirait sa dernière tasse de café. Puis elle remplirait son sac à dos de neige fondue, de sorte que mouillé et presque vide d’air, il pèse plus lourd. Ensuite elle s’avancerait sur le pont de neige enjambant le torrent. Si tout se passait comme prévu, il céderait. Sinon, elle atteindrait le vide d’une poussée sur ses bâtons.
Cela irait très vite. Lestée d’un sac à dos qui ne flotterait pas et chaussée de ses skis, elle ne pourrait pas faire machine arrière.
Tout serait enfin terminé.

Elle avait pris rendez-vous avec la mort. Et elle la trouverait bien sur son chemin, le jour qu’elle s’était fixé en secret, mais pas de la manière prévue.
Une fois sa décision arrêtée, elle se sentit plus légère. Tout en elle se redressa, comme les bouleaux dans la forêt. La neige hivernale les avait fait ployer tels des arcs couverts de givre. À présent, dans la douceur de cette saison entre hiver et printemps, ils se relevaient, libérés, abandonnaient le gris pour une teinte violette, couleur liturgique de la pénitence.
Elle était partie en retraite au mois de juin de l’année précédente. Le chef de service à l’hôpital avait manifestement improvisé son discours, il s’était trompé sur l’année de son entrée en fonctions, ça ne lui aurait pourtant rien coûté de vérifier. Ce petit con. C’était le genre de médecin que la grande taille de Ragnhild angoissait. Élisabeth, son bras droit au sein de la direction, avait acheté un cadeau : un décapsuleur en forme de dauphin argenté. Après toutes ces années, recevoir ça. Élisabeth, qui occupait un poste administratif depuis plus de vingt ans, n’avait absolument aucune idée de la réalité du travail des infirmières. Elle était du côté de la direction et leur imposait des plannings impossibles et des tâches supplémentaires. Ce dauphin argenté, c’était le pompon. Ragnhild avait exprimé du bout des lèvres d’hypocrites remerciements, après quoi elle n’avait plus songé qu’à rentrer chez elle et se laver à l’eau de Javel.
Le pot d’adieu avec les serviettes en papier premier prix et le gâteau de supermarché lui était resté en travers de la gorge. Quelques médecins avaient fait une apparition dans la salle de repos. Ragnhild et les autres infirmières avaient échangé des regards ; curieusement, les médecins ne répondaient jamais quand un patient allait mal, mais ils étaient toujours au rendez-vous pour grignoter. Un des internes avait demandé, la bouche pleine : « Qu’est-ce qu’on fête ? »

 

Déjà lu du même auteur :

9782226256096g Le sang versé 9782226318176m La piste noire

tant que dure ta colère Tant que dure ta colère 9782367626598-001-T En sacrifice à Moloch

 

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Suède

Une écharpe dans la neige – Viveca Sten

91T9IQOoY4L Albin Michel – septembre 2022 – 480 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : Offermakaren, 2020

Quatrième de couverture :
Sur un télésiège de la station suédoise d’Åre, dans les montagnes du Jämtland, on découvre un corps gelé. Dans la neige, une écharpe en laine…
Hanna Ahlander, récemment virée de la police de Stockholm (et accessoirement larguée par son petit ami), mène l’enquête avec l’inspecteur Daniel Lindskog. Entre la rebelle hantée par ses échecs et le jeune père débordé par son boulot, le courant passe. Mais parviendront-ils à résoudre cette affaire plus sombre et complexe qu’il n’y paraît ? Que cache ce décor de luxe ?
Un nouveau duo cabossé et attachant, un rythme encore plus effréné, et des paysages à couper le souffle : addictif !

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture.
Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans plus de 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les 5 premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Après les neuf enquêtes sur l’île Sandhamn avec l’inspecteur Thomas Andreasson et la juriste Nora Linde, cette nouvelle série de Viveca Sten nous envoie dans le froid polaire de la station de ski d’Åre, dans le comté de Jämtland, qui est d’après Wikipédia, la plus ancienne et la plus importante station de sports d’hiver de Suède. Et nous découvrons de nouveaux enquêteurs : l’inspecteur Daniel Jindskog, jeune papa qui a du mal à concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale, et l’enquêtrice Hanna Ahlender, en pleine dépression après avoir été renvoyée de la police de Stockholm et quittée par son compagnon…
Tout commence avec la disparition d’une jeune fille après une veillée de Sainte Lucie, un cadavre est découvert sur un télésiège, il est également question de l’exploitation de femmes étrangères… 
Une intrigue rythmée, des chapitres courts, alternant les points de vue, des indices, des fausses pistes, des rebondissements…
Une lecture plaisante qui donne très envie de retrouver ce nouveau duo pour de prochaines aventures !

Extrait : (début du livre)
Une couche de neige compacte recouvre le parking du personnel. Sebbe Granlund se gare devant le VM6, l’un des plus anciens télésièges de la station où il est saisonnier.
Il fait moins vingt, mais la température ressentie est encore plus basse. Les cimes des arbres sont drapées de givre, le sommet de l’Åreskutan disparaît presque dans la brume glacée. Le violent éclairage électrique dessine un paysage en noir et blanc avec de longues ombres sur la neige.
La saison hivernale vient tout juste de commencer dans la station d’Åre.
Il n’y a que quelques pas jusqu’au VM6 mais la chaleur de la voiture s’évanouit en un clin d’œil. Les narines piquées par l’air glacé, Sebbe ouvre le local technique. Il est neuf heures tout juste passées, les remontées ouvrent à la demie, il faut que tout soit prêt d’ici là. Comme d’habitude, elles fonctionnent depuis début décembre, mais il n’y a pas encore grand monde sur les pistes.
Il presse le bouton rouge pour démarrer la machinerie. Un signal strident déchire le silence, puis le télésiège se met en branle. Ses banquettes de six places se mettent à défiler devant les yeux de Sebbe.
Il sort son téléphone pour jeter un œil à Snapchat pendant que le télésiège tourne. Les banquettes sont recouvertes par la neige tombée pendant la nuit, il aurait dû sortir les brosser, mais le froid le retient à l’intérieur.
Ce n’est pas bien grave pour la première demi-heure : le soleil ne se lève qu’à dix heures moins le quart, d’ici là il n’y aura pas foule.
Tout à coup, Sebbe lâche son portable des yeux. Une ombre a attiré son attention, une forme étrangère sur une des banquettes. Quelqu’un est-il descendu depuis le sommet ?
Il essaie d’y voir plus clair, mais il fait encore nuit noire.
Le siège approche de la plateforme d’embarquement. On dirait en effet qu’une personne est à demi couchée au coin de la banquette, mais sa posture est bizarre, de guingois, affaissée sur elle-même.
La silhouette sombre reste immobile alors qu’elle est presque arrivée.
Sebbe agit d’instinct. Il presse le bouton d’arrêt d’urgence et se précipite dehors. Le siège reste suspendu quelques mètres plus haut. La secousse a fait glisser la personne un peu plus bas.
Sebbe s’immobilise tandis que son cerveau assimile ce qu’il voit.
On dirait un mannequin. Sauf que non. Les traits humains sont là, mais tout signe de vie a disparu. Les cils et sourcils sont couverts de cristaux, le visage est figé dans une grimace gelée. La peau est bleutée, les lèvres rétrécies par le froid.
Le siège se balance, ce qui suffit à faire glisser le corps dans la neige, aux pieds de Sebbe.
Il fixe bouche bée le cadavre gelé.
« Putain, murmure-t-il. Pas toi. »

Petit bac 2023(1) Objet

voisinsvoisines2023
Suède

Déjà lu du même auteur :

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