Agatha Raisin, tome 13 : Chantage au presbytère – M.C. Beaton

814juHnbJ6L Albin Michel – octobre 2018 – 306 pages

traduit de l’anglais par Françoise Du Sorbier

Titre original : Agatha Raisin and the case of the curious curate, 2003

Quatrième de couverture :
Larguée (une fois de plus) par James Lacey, délaissée par son voisin en qui elle mettait ses derniers espoirs, Agatha Raisin déclare la guerre aux hommes en faisant vœu de chasteté… Jusqu’à sa rencontre avec le tout nouveau et très sexy vicaire de Carsely, qui fait l’effet d’une bombe au village : les femmes se bousculent à l’église. Quant à notre Agatha, elle retrouve aussitôt la foi… Mais, damned !, voilà que le corps sans vie du vicaire est découvert dans le bureau de l’église. Qui a pu commettre ce geste sacrilège ? Le clergyman était-il trop beau pour être honnête ? C’est ce que découvrira peut-être Agatha qui, sans le savoir, vient d’ouvrir une véritable boîte de Pandore…

Auteur : Née en 1936 à Glasgow, M.C. Beaton a été successivement libraire, critique de théâtre, journaliste et éditrice, avant de devenir un des auteurs de best-sellers les plus lus de Grande-Bretagne. Sa série Agatha Raisin a été adaptée à la télévision et a été diffusée en France en 2017.

Mon avis : (lu en janvier 2021)
« Chantage au presbytère » est la treizième enquête d’Agatha Raisin.
L’histoire débute avec l’arrivé à Carsely d’un nouveau vicaire, venu suppléer Alf Bloxby, le pasteur. Tristan Delon, le nouvel arrivant est beau et jeune et voilà que toutes les dames du village se bousculent à l’église… y compris Agatha Raisin !

Mais un matin, il est retrouvé assassiné dans le presbytère et Mr Bloxby suspecté.
Évidement, pour aider son amie, Mrs Bloxby, à innocenter son mari, Agatha va s’intéresser à l’enquête. Elle fait donc équipe avec son nouveau voisin, John Armitage, auteur de romans policiers. Ils vont vite découvrir que derrière son visage angélique, ce vicaire à quelques affaires à se faire pardonner et donc plusieurs personnes pourraient bien s’en prendre à lui…
Comme d’habitude, c’est une lecture distrayante et facile dans une ambiance toute britannique !

Extrait : (début du livre)
Agatha Raisin commençait à se dire que jamais plus rien ne l’intéresserait. Elle avait adressé à un monastère en France une lettre à l’intention de son ex-mari, James Lacey, qui devait entrer dans les ordres, croyait-elle. Un mois plus tard, elle avait reçu une réponse : la communauté était sans nouvelles de Mr Lacey. Certes, il était parti en promettant de revenir, mais n’avait plus donné signe de vie depuis.

Et voilà, pensa-t-elle avec amertume. James en avait tout simplement eu assez d’elle et il avait utilisé le monastère pour s’affranchir de son mariage. Plus jamais, au grand jamais, elle ne tomberait sous le charme d’un homme, et cela valait notamment pour son voisin, John Armitage. Il lui avait fait des avances et elle l’avait éconduit, vexée qu’il ne professe ni admiration ni amour pour elle. Ils se parlaient de temps en temps, quand ils se rencontraient au village, mais Agatha avait décliné toutes ses invitations à dîner, si bien qu’il avait fini par renoncer.
Quand on apprit qu’Alf Bloxby, le pasteur, allait être assisté par un vicaire, les commentaires se déchaînèrent au village, mais la nouvelle laissa Agatha de marbre. Elle allait régulièrement à l’église par amitié pour la femme du pasteur, considérant cela plus comme un devoir que comme une source d’élévation morale. Et toujours par amitié pour Mrs Bloxby, elle se sentait obligée d’assister aux réunions de la Société des dames de Carsely, où les femmes du village discutaient des derniers projets de levées de fonds. Par une chaude soirée d’août, Agatha prit le chemin du presbytère avec des pieds de plomb. Une Agatha bien changée : aucun maquillage, de confortables sandales plates et une robe ample en coton.
La réunion se tenait dans le jardin des Bloxby. Miss Simms, la secrétaire de la Société, lut le procès-verbal de la réunion précédente. Agatha écoutait d’une oreille distraite, l’œil rivé sur les talons aiguilles de la secrétaire qui s’enfonçaient dangereusement dans l’herbe.

Petit Bac 2021(1) Prénom

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Écosse

Déjà lu du même auteur :

Série Agatha Raisin

111279972  tome 1 : La quiche fatale  112115556 tome 2 : Remède de cheval

511YgPvGkHL tome 4 : Randonnée mortelle 117060981 tome 3 : Pas de pot pour la jardinière 

Agatha_5 tome 5 : Pour le meilleur et pour le pire

51Pj39OW2mL tome 6 : Vacances tous risques : Bons baisers de Chypre

91fUANd3KcL tome 7 : A la claire fontaine  A1pFloaMoOL tome 8 : Coiffeur pour dames

91rBp5anMML tome 9 : Sale temps pour les sorcières 71noJFQhAiL  tome 10 : Panique au manoir 

51Vi5M8c4FL._SL500_ tome 11 : L’enfer de l’amour 81cUoHp2mUL tome 12 : Crime et déluge

Série Hamish MacBeth 

81OT4JnMMqL tome 1 : Qui prend la mouche 81UeE6xHi-L tome 2 : Qui va à la chasse

81gvCw2nhKL tome 3 : Qui s’y frotte s’y pique

Prix Audiolib 2020 : mon classement

PRIX AUDIOLIB 2020_logo (2)

Après l’écoute des 10 livres audio sélectionnés depuis mi-février,
il est l’heure de donner mon classement :

Miroir de nos peines
(1) Miroir de nos peines – Pierre Lemaitre

Girl
(2) Girl – Edna O’Brien

  L'homme qui savait la langue
(3) L’homme qui savait la langue des serpents – Andrus Kiviräkh

La femme révelée
(4) La femme révélée – Gaëlle Nohant

dans la forêt
(5) Dans la forêt – Jean Hegland

Le bal des folles
(6) Le Bal des folles Victoria Mas 

Beloved(7) Beloved – Toni Morrison

Ici n'est plus ici
(8) Ici n’est plus ici – Tommy Orange 

Né d'aucune femme
(9) Né d’aucune femme – Franck Bouysse
Vie de Gérard Fulmard
(10) Vie de Gérard Fulmard – Jean Echenoz

 

Beloved – Toni Morrison

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Audiolib – mars 2011 – 12h38 – Lu par Anne Alvaro

Christian Bourgois Editeur – 432 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Hortense Chabrier et Sylviane Rué

Titre original : Beloved, 1987

Quatrième de couverture :
« Le 124 était habité de malveillance. Imprégné de la malédiction d’un bébé… »
À Bluestone Road, près de Cincinnati, vers 1870, les meubles volent, la lumière allume au sol des flaques de sang, des gâteaux sortent du four marqués de l’empreinte d’une petite main de bébé. Dix-huit ans après son acte de violence et d’amour maternel, Sethe l’ancienne esclave et les siens sont encore hantés par la petite fille de deux ans qu’elle a égorgée. Jusqu’au jour où une inconnue, Beloved, arrivée mystérieusement au 124, donne enfin à cette mère hors-la-loi la possibilité d’exorciser son passé. Parce que pour ceux qui ont tout perdu, la rédemption ne vient pas du souvenir, mais de l’oubli.
Ce roman aux résonances de tragédie grecque, au style d’une flamboyante beauté lyrique, a reçu en 1988 le prix Pulitzer, et a figuré pendant des mois en tête des listes de best-sellers en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Auteure : Toni Morrison est née en 1931 à Lorain (Ohio) dans une famille ouvrière de quatre enfants. Après des études de lettres et une thèse sur le thème du suicide dans l’œuvre de William Faulkner et de Virginia Woolf, elle fait une carrière de professeur aux universités de Texas Southern, Howard et Princeton à partir de 1989. Après avoir travaillé comme éditrice chez Random House, elle obtient en 1988 le prix Pulitzer avec Beloved. C’est en 1993 que le prix Nobel de littérature lui est décerné.

Lecteur : Anne Alvaro est une actrice française de théâtre et de cinéma. Elle a joué notamment dans Le Goût des autres d’Agnès Jaoui, La chose publique de Mathieu Amalric, Le Scaphandre et le papillon ou encore Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier. Elle remporte à deux reprises, le César de la meilleure actrice dans un second rôle.

Mon avis : (écouté et lu en mai 2020)
États-Unis, près de Cincinnati, dans les années 1870, c’est l’histoire de Sethe, ancienne esclave. Dix-huit ans plus tôt, par amour pour sa fille et pour éviter qu’elle devienne une esclave, Sete a tué son enfant. Depuis Sete vit avec sa culpabilité, et le fantôme de sa fille qui la suit partout… Sete vit maintenant seule avec sa fille Denver, dans la maison grise et blanche de Bluestone Road à côté d’un fleuve qui, autrefois, symbolisait pour les esclaves le début de leur liberté. Un beau jour arrive chez elles, une jeune inconnue Beloved qui va bouleverser Sete…
L’histoire que nous raconte Toni Morrison est inspirée d’une histoire vraie et aborde des sujets chers à l’auteur, la condition des esclaves, de leur affranchissement et de leur après la liberté retrouvée. 
Difficile pour moi, de faire un billet sur ce livre, j’en attendais sans doute trop et j’ai eu du mal d’abord à écouter car je n’ai pas aimé la lectrice, je trouve que assez souvent le son sature et c’est très déplaisant à l’oreille… Je n’ai donc pas écouté le livre en entier, mais pris une version papier pour le terminer. Malgré cela, le rendez-vous est en partie raté car j’ai également eu du mal à suivre la chronologie, les perpétuels flash-back me perdant…

Extrait : (début du livre)
Le 124 était habité de malveillance. Imprégné de la malédiction d’un bébé. Les femmes de la maison le savaient, et les enfants aussi. Pendant des années, chacun s’accommoda à sa manière de cette méchanceté ; puis, à partir de 1873, il n’y eut plus que Sethe et sa fille Denver à en être victimes. La grand-mère, Baby Suggs, était morte, et les fils, Howard et Buglar s’étaient enfuis à l’âge de treize ans, l’un, le jour où un simple regard sur un miroir le fit voler en éclats (ce fut le signal pour Buglar) ; l’autre, le jour où l’empreinte de deux petites mains apparut sur le gâteau (cela décida Howard). Aucun des deux garçons n’attendit d’en voir davantage : plus de chaudronnée de pois chiches renversée toute fumante sur le plancher ; plus de biscuits secs écrasés et émiettés en ligne contre la porte. Non, ils n’attendirent pas non plus l’une des périodes de répit : ces semaines, voire ces mois, où tout était calme. Chacun d’eux s’enfuit dans l’instant, au moment même où la maison commit l’ultime outrage dont il leur sembla impossible d’être les témoins passifs une seconde fois. En l’espace de deux mois, en plein hiver, ils abandonnèrent leur grand-mère Baby Suggs, Sethe, leur mère, et leur petite sœur Denver, les laissant se débrouiller seules dans la maison grise et blanche de Bluestone Road. En ce temps-là, il n’y avait pas de numéro, parce que Cincinnati ne s’étendait pas aussi loin. En fait, l’Ohio n’était devenu un Etat que depuis soixante-dix ans quand un frère, puis l’autre, fourrèrent leur chapeau d’un capiton de coton, ramassèrent leurs chaussures et partirent sur la pointe des pieds pour échapper à la hargne virulente dont la maison les poursuivait.
Baby Suggs ne leva même pas la tête. Elle les entendit s’en aller de son lit de malade, mais son état ne fut pour rien à son absence de réaction. Ce qui l’étonna, c’est que ses petits-fils aient mis si longtemps à se rendre compte que les maisons n’étaient pas toutes comme celle de Bluestone Road. Suspendue entre malignité de l’existence et méchanceté des morts, Baby Suggs ne parvenait plus à s’intéresser de savoir si elle allait laisser sa vie mourir ou mûrir encore un peu, et moins encore aux terreurs de deux gamins fugueurs. Son passé avait été semblable à son présent – intolérable –, et comme elle n’ignorait pas que la mort était tout sauf l’oubli, elle utilisait le peu d’énergie qui lui restait pour méditer sur les couleurs.

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Petit bac 2020a
(5) Amour

Agatha Raisin, tome 12 : Crime et déluge – M.C. Beaton

81cUoHp2mUL Albin Michel – juin 2018 – 324 pages

traduit de l’anglais par Sophie Alibert

Titre original : Agatha Raisin and the day the floods came, 2002

Quatrième de couverture :
Le bonheur conjugal est de courte durée pour Agatha, une fois de plus délaissée par son mari. Punition divine, un véritable déluge s’abat sur la région, plongeant le petit village de Carsley sous les eaux. C’est le moral dans les chaussettes et sous une pluie torrentielle qu’Agatha aperçoit le corps sans vie d’une jeune femme en robe de mariée, un bouquet à la main, flottant dans la rivière. Pour noyer son chagrin, Agatha n’a qu’une solution : se jeter à corps perdu dans une nouvelle enquête…
Avec plus de 450 000 exemplaires vendus, Agatha Raisin, l’héritière très spirituelle de Miss Marple version rock, a imposé sa personnalité loufoque et irrésistible. Vous reprendrez bien un peu de Worcestershire sauce dans votre thé ?

Auteur : Née en 1936 à Glasgow, M.C. Beaton a été successivement libraire, critique de théâtre, journaliste et éditrice, avant de devenir un des auteurs de best-sellers les plus lus de Grande-Bretagne. Sa série Agatha Raisin a été adaptée à la télévision et a été diffusée en France en 2017.

Mon avis : (lu en mai 2020)
Pour tourner la page avec son mariage avec James Lacey, ce dernier parti dans un monastère en France, Agatha part se ressourcer à l’autre bout du monde au Chili, sur l’île Robinson Crusoé.
A son retour, un déluge s’abat sur la région, et le village de Carsley est inondé. Agatha est témoin d’une scène irréelle, celle d’un corps sans vie d’une mariée, un bouquet à la main, flottant dans la rivière… Évidemment, Agatha va se lancer dans une enquête à sa façon… Ni James, ni Charles ne sont là pour la seconder. Elle pourra compter sur l’aide de Roy, son ami londonien, puis celle de son nouveau voisin, John Armitage, auteur de romans policiers à succès, venu chercher le calme dans ce pittoresque village anglais. Les pistes sont nombreuses tout comme les potentiel.le.s coupables…
C’est toujours pour moi, une lecture distrayante dans une ambiance toute britannique !

Extrait : (début du livre)
C’était l’une de ces journées de grisaille où la bruine colle aux pare-brise et où l’eau, comme autant de larmes versées sur l’été enfui, ruisselle tristement sur les branches des arbres dénudés par l’hiver pour finir en flaques sur la route.

Agatha Raisin activa le désembuage de la vitre avant de sa voiture. Cette lugubre journée comptait un allié de poids : le gouffre noir qui emplissait son âme. Tandis qu’elle filait sur la route droit vers l’agence de voyages d’Evesham, une idée fixe tournoyait dans son esprit : ficher le camp… ficher le camp… ficher le camp.
La pauvre Agatha se sentait rejetée par la terre entière. Son époux l’avait laissée tomber, et pas pour une autre femme, mais pour Dieu. Résolu à entrer dans les ordres, James Lacey était en effet parti en France, dans un monastère, pour se préparer à sa nouvelle existence. Sir Charles Fraith, le fidèle ami qui l’avait aidée lorsque James avait disparu, venait tout juste de se marier à Paris, et il ne l’avait même pas conviée. Il avait fallu qu’elle tombe sur une brève dans le magazine Hello pour apprendre la nouvelle. Cerise sur le gâteau : une photo accompagnait l’article, montrant Charles avec sa nouvelle épouse, une Française du nom d’Anne-Marie Duchenne, petite, menue et jeune. L’air sombre, Agatha la quinquagénaire dévala à toute allure Fish Hill en direction d’Evesham, déterminée à laisser derrière elle à la fois l’hiver, les Cotswolds, le village de Carsely où elle vivait, cet insupportable sentiment de rejet et son cœur brisé. Non, pas son cœur. Car c’était aux tripes que la douleur s’attaquait, et non au cœur contrairement au cliché.


Déjà lu du même auteur :

Série Agatha Raisin

111279972  tome 1 : La quiche fatale  112115556 tome 2 : Remède de cheval

511YgPvGkHL tome 4 : Randonnée mortelle 

117060981 tome 3 : Pas de pot pour la jardinière 

Agatha_5 tome 5 : Pour le meilleur et pour le pire

51Pj39OW2mL tome 6 : Vacances tous risques : Bons baisers de Chypre

91fUANd3KcL tome 7 : A la claire fontaine  A1pFloaMoOL tome 8 : Coiffeur pour dames

91rBp5anMML tome 9 : Sale temps pour les sorcières 

71noJFQhAiL  tome 10 : Panique au manoir 

51Vi5M8c4FL._SL500_ tome 11 : L’enfer de l’amour

Série Hamish MacBeth 

81OT4JnMMqL tome 1 : Qui prend la mouche 81UeE6xHi-L tome 2 : Qui va à la chasse

81gvCw2nhKL tome 3 : Qui s’y frotte s’y pique

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Écosse

Petit bac 2020a
(4) Crime et justice

Bed Bug – Katherine Pancol

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib – janvier 2020
– 8h24 – Lu par Audrey Botbol

Albin Michel – octobre 2019 – 352 pages

Quatrième de couverture :
« Rose est une jeune biologiste. Elle fait des recherches à Paris et à New York sur une luciole qui semble très prometteuse pour la recherche médicale. Si elle étudie avec une grande maîtrise l’alchimie sexuelle des insectes et leur reproduction, elle se trouve totalement désemparée face à Léo quand elle en tombe amoureuse. La vie n’est pas comme dans un laboratoire. Et ce n’est pas sa mère (cachée derrière des lunettes noires) ni sa grand-mère (qui parle à Dieu et à ses doigts de pied) qui vont pouvoir l’aider. »
Autour de Rose s’agite une constellation attachante et pancolienne : un amoureux qui a tout l’air d’un goujat sexy, un scientifique vénézuélien qui étudie le sperme des grillons, une chercheuse obèse qui tombe amoureuse toutes les 28 secondes ou une mère reine des abeilles… Mais tout cela est bien moins léger qu’il n’y paraît…

Auteur : Katherine Pancol s’est imposée dès son premier roman Moi d’abord comme l’une des nouvelles voix de la littérature. Depuis sa saga Les Yeux jaunes des crocodiles, La Valse lente des tortues, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, la trilogie des Muchachas et Trois Baisers, elle est devenue l’un des auteurs français les plus lus dans le monde (traduit dans 31 pays dont les États-Unis).

Lecteur : Audrey Botbol a démarré sa carrière dans la chanson. Elle élargit très vite son champ à celui de la voix en général : doublages de films, séries, dessins animés, enregistrement de pubs, voice over… Elle compose, écrit et interprète aussi de nombreux titres pour des bandes originales de longs métrages.

Mon avis : (écouté en avril 2020)
J’ai accepté de recevoir ce livre audio, après avoir entendu une interview de Katherine Pancol très enthousiaste et à fond sur tous les insectes qui peuplent ce livre !
J’ai toujours aimé observer ces petites bêtes donc j’étais curieuse de les découvrir dans ce roman.
L’héroïne de cette histoire, Rose est biologiste. Elle travaille à Paris dans un laboratoire de recherches sur la luciole alsacienne, Lamprohiza splendidula. Ses résultats sont prometteurs et devraient s’appliquer à la recherche médicale.  Leo est un chercheur américain qui travaille également sur une luciole, celle-ci est américaine, Photuris versicolor. Tous deux se sont rapprochés professionnellement et travaillent de concert.
Autant Rose est une pointure dans son travail de chercheuse, autant elle est totalement submergée par ses émotions qu’elles soient amoureuses ou relationnelles…
Dans ce roman, Katerine Pancol met en parallèle le comportement des humains, ici Rose, Leo et celui des insectes et petites bêtes.
L’auteure s’est attachée à ce que tous les passages scientifiques soient véridiques et elle les a donc fait relire par un biologiste.
J’ai surtout été intéressée par la partie biologie et « petites bêtes » qui sont finalement assez peu présentes dans l’ensemble de l’histoire, pour le reste de l’intrigue j’ai trouvé cela distrayant mais sans surprise.

Merci et Audiolib pour cette lecture mitigée.

Extrait : (début du livre)
Rose invita Leo à dîner un mardi soir huit jours avant Noël.
Elle avait hésité, se balançant sur les marches du laboratoire où ils avaient passé la journée à étudier Lamprohiza splendidula, une petite luciole de la famille des Lampyridae, qui vivait en Alsace et produisait une molécule prometteuse pour le traitement du cancer avec, en outre, une action régénérante sur les tissus cutanés. Le directeur du laboratoire se frottait les mains à l’idée d’exploiter cette découverte.
Rose s’était aussitôt demandé si c’était une bonne idée d’inviter Leo à dîner. Elle avait mordillé ses ongles, froissé et défroissé un pan de sa blouse de labo qui dépassait de son manteau, calculé le nombre exact de jours qu’il restait avant Noël. Leo repartait pour New York. Il fallait qu’elle l’invite, c’était une question de courtoisie, une manière de souligner que leur collaboration, ces six derniers mois, s’était bien passée, qu’elle avait été fructueuse, que leurs travaux pourraient déboucher sur une réelle avancée scientifique. Pour les malades atteints du cancer du sein et du poumon, et pour les grands brûlés, par exemple. Rose aimait être « utile ». Elle trouvait que ce mot était le plus beau de la langue française. Et s’il y avait deux choses que Rose aimait par-dessus tout, c’étaient les mots et les insectes.
Le lendemain, le laboratoire fermerait pour quelques jours. C’était donc maintenant ou jamais.

Déjà lu du même auteur :

les_yeux_jaunes_CD  Les yeux jaunes des crocodiles

Petit bac 2020a
(4) Animal

La Femme révélée – Gaëlle Nohant

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Audiolib – 9h45 – Lu par Claudia Poulsen

Grasset – janvier 2020 – 384 pages

Quatrième de couverture :
Paris, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux.
Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, n’emportant que son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie ? Seule dans une ville inconnue, Eliza, devenue Violet, doit se réinventer.
Vingt ans plus tard, au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l’opposition à la guerre du Vietnam et l’assassinat de Martin Luther King. Partie à la recherche de son fils, elle est entraînée au plus près des émeutes qui font rage au cœur de la cité.

Auteure : Née à Paris en 1973, Gaëlle Nohant vit aujourd’hui à Lyon. La Femme révélée est son quatrième roman après Légende d’un dormeur éveillé (prix des Libraires 2018), La Part des flammes (prix France bleu/Page des Libraires, 2015 et prix du Livre de Poche, 2016), et L’Ancre des rêves (prix Encre Marine, 2007). Elle est également l’autrice d’un document sur le rugby et d’un recueil de nouvelles, L’Homme dérouté

Lectrice : Claudia Poulsen donne sa voix pour l’amour des livres, de l’écriture et des auteurs, mais aussi pour la publicité et le doublage. Elle joue au théâtre, travaille pour la télévision et l’opéra. Elle est également autrice, réalisatrice et interprète de ses propres chroniques.

Mon avis : (écouté en avril 2020)
Paris en 1950, Eliza Bergman est devenue Violet Lee. Elle a tout quitté, même Tim, son fils de huit ans, pourtant qu’elle aime plus que tout, il ne lui reste que sa photo. Arrivée à Paris en urgence, avec comme seuls bagages, un appareil-photo qui ne la quitte jamais, quelques bijoux et surtout de la peur…
Beaucoup de secrets et d’interrogations autour de Violet/Eliza, c’est une femme courageuse, intuitive, attachante. Douée pour la photo, elle révèle avec ses clichés sa sensibilité aux autres. Elle fait de belles rencontres en les personnes de Rosa, la prostituée, de Robert Cermack, l’ami photographe, de Sam, le bel américain, de Brigitte, l’étudiante fréquentant les caves de Saint-Germain-des-Prés, d’Horatio, le musicien noir…
Dix-huit plus tard, Violet/Eliza pourra enfin rentrer à Chicago avec l’espoir de revoir enfin son fils. Après tant d’années, comment va-t-il accueillir cette mère qui l’a abandonné ? 1968, Martin Luther King a été assassiné, le mouvement des droits civiques et les opposants à la guerre du Vietnam sont dans les rues. Violet/Eliza participera à ses émeutes qui embrasent la ville.

Dans cette histoire, il est question d’exil, d’amour, d’art, de liberté et peu à peu le lecteur va comprendre la raison de cette fuite et pourquoi une mère peut partir en abandonnant son enfant. L’histoire est captivante et le lecteur découvre deux époques et deux continents. L’auteure s’est bien documentée et moi qui en connaissait peu sur ces sujets, j’ai trouvé très intéressant de découvrir un Paris d’après guerre très bien décrit et j’ai beaucoup appris sur la condition des Afro Américains à Chicago parqués  dans des ghettos, la ségrégation existe toujours même si elle n’est pas nommée…
Un livre très agréable à écouter que j’ai beaucoup aimé.

Extrait : (début du livre)
Au réveil, elle a oublié l’enchaînement des événements qui l’ont conduite dans cet hôtel miteux où elle s’efforce de se rendre invisible. Un bruit incongru la tire du sommeil, ou une odeur inexplicable. Elle se tourne sous le drap rêche, se cogne contre un mur. Que fait-il là, ce mur ? Elle ouvre les paupières, acclimatant sa vue à la pénombre, striée par les tranches de jour qui entrent par les vieilles persiennes. Le papier peint défraîchi la frappe comme une anomalie, réveille sa mémoire. Remontent tous les détails de sa fuite, le temps étiré, suspendu, précipité dans les battements du sang. Les veilles enroulée dans son imperméable, ses pieds brisés par les longues stations dans les escarpins, cette application à fuir les regards, donner le change, paraître savoir où elle allait.
Eliza Bergman, née trente et un ans plus tôt par une nuit de chaos, s’est évanouie dans les brumes du lac Michigan, qui escamotent les cadavres et les charognes. Tout ce qu’il est préférable de cacher.
Elle a longtemps différé sa fuite, tergiversé, dressant des arguments objectifs et des peurs irrationnelles contre son instinct. Elle a attendu de n’avoir plus le choix pour s’armer de courage, descendre dans les soubassements de la ville, affronter ceux qui pouvaient l’aider. Le genre d’amis qu’on préfère ne pas cultiver, qui font payer cher leurs services et ne vous laissent jamais quitte. Elle le savait déjà, à l’instant où le petit voyou italien lui a tendu le passeport au-dessus du comptoir d’un bistrot borgne. Elle l’a ouvert et étudié en silence, frappée par la ressemblance physique.

Petit bac 2020a(x) Amour

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Déjà lu de la même auteure :

l_ancre_des_reves L’ancre des rêves

 

Vie de Gérard Fulmard – Jean Echenoz

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Audiolib – Lu par Dominique Pinon

Minuit – janvier 2020 – 235 pages

Quatrième de couverture :
La carrière de Gérard Fulmard n’a pas assez retenu l’attention du public. Peut-être était-il temps qu’on en dresse les grandes lignes. Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s’est retrouvé enrôlé au titre d’homme de main dans un parti politique mineur où s’aiguisent, comme partout, les complots et les passions. Autant dire qu’il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l’a fait, qu’il est tombé là par hasard, c’est oublier que le hasard est souvent l’ignorance des causes.

Auteur : Jean Echenoz est né à Orange en 1947. Il a obtenu le prix Médicis en 1983 pour Cherokee et le prix Goncourt en 1999 pour Je m’en vais. Toute son œuvre est publiée aux Editions de Minuit. Pour Audiolib, il a déjà lu Courir, Des éclairs, 14 et Ravel. Il a reçu en 2018 le prix SCAM Marguerite Yourcenar pour l’ensemble de son œuvre.

Lecteur : Ancien élève du Cours Simon, Dominique Pinon a débuté au cinéma avec Jean-Jacques Beineix. Il rencontre Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro et c’est Delicatessen, La Cité des enfants perdus, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain… Il poursuit une carrière hors normes, à l’écran comme à la scène, de Shakespeare, Beckett à Labiche. Grand lecteur, Dominique Pinon a enregistré pour Audiolib, entre autres, Le Hobbit, Prix Lire dans le Noir 2013 et L’extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, Prix Audiolib 2014, Héloïse, ouille ! et La Fontaine, une école buissonnière.

Mon avis : (écouté en avril 2020)
Jean Echenoz est un auteur dont j’apprécie les livres que j’ai eu l’occasion de lire. Mais pour celui-ci, j’ai été très déçue. L’auteur s’empare du genre polar, d’une manière très personnelle.
Le livre s’ouvre sur la chute fracassante d’un fragment de satellite soviétique obsolète sur un centre commercial voisin de la rue Erlanger, Paris XVIème où vit seul le narrateur et anti-héros Gérard Fulmard. Ce dernier est un ancien steward, licencié pour faute et qui a l’obligation d’aller chez un psychiatre deux fois par mois.

Bien décidé à prendre sa vie en main, Gérard Fulmard voit l’opportunité de devenir détective privé et accepte comme premier client un parti politique pas très net. Débutant, maladroit, il est souvent manipulé à son insu et ses résultats seront bien maigres…
L’intrigue est des plus farfelues, les différents personnages sont hauts en couleur comme par exemple les frères Apollodore et Ermosthène Nguyen, deux gardes du corps amateurs de jeu de go…
La rue Erlanger est également un véritable personnage, lors de digressions nombreuses, l’auteur évoque plusieurs évènements qui ont eu lieu dans cette rue. Cependant, Jean Echenoz a préféré ne pas faire référence au dernier évènement tragique datant du 5 février 2019 : le terrible incendie volontaire du 17 bis qui fit dix morts.
C’est très bien écrit, riche en vocabulaire mais l’histoire n’a vraiment ni queue, ni tête et je me suis vite ennuyée. Seule chose amusante pour moi, le lieu où se passe l’intrigue est mon quartier d’enfance et que je pouvais visualiser les lieux.
Pour la version audio, la voix posée et expressive de l’acteur Dominique Pinon est toujours très agréable à écouter.

Extrait : (début du livre)
J’en étais là de mes réflexions quand la catastrophe s’est produite.

Je sais bien qu’on en a déjà beaucoup parlé, qu’elle a fait éclore de nombreux témoignages, donné lieu à toute sorte de commentaires et d’analyses, que son ampleur et sa singularité l’ont érigée en classique des faits divers de notre temps. Je sais qu’il est inutile et peut-être lassant de revenir sur cette affaire mais je me dois de mentionner l’un de ses contrecoups car il me touche de près, même s’il n’en est qu’une conséquence mineure.
Propulsé à une vitesse de trente mètres par seconde, un boulon géant – format de sèche-cheveux ou de fer à repasser – est entré en force par la fenêtre d’un appartement, au cinquième étage d’un immeuble de standing, désagrégeant ses vitres en ébréchant son embrasure et, en bout de course, son point d’impact a été le propriétaire de cet appartement, un nommé Robert D’Ortho dont le boulon a ravagé la région sternale et provoqué la mort subite.
D’autres boulons s’en sont tenus à des dommages matériels, l’un défonçant une antenne parabolique, l’autre éventrant le portail d’une résidence située face à l’entrée du centre commercial. Épars, on en trouverait encore pas mal, plus tard, de ces boulons, au fil des investigations menées par des agents porteurs de combinaisons blanches, cagoulés et gantés. Mais ce ne seraient là qu’effets secondaires, épiphénomènes du désastre majeur qui vient de frapper la grande surface elle-même.
L’état de cet hypermarché, de fait, est désespérant. Depuis les débris de sa toiture effondrée s’élève une brume de poussière lourde qu’ajourent les hésitantes flammèches d’un incendie naissant. Dentelé, crénelé, ce qui reste de ses murs porteurs laisse voir à nu leur poutraison métallique griffue, deux d’entre eux se penchent l’un vers l’autre en rupture d’équilibre au-dessus de la zone de choc. La verrerie de ses façades, d’ordinaire constellée d’annonces promotionnelles, offres aguicheuses et slogans arrogants, se retrouve zébrée de pied en cap et disloquée aux angles. Dressés devant l’accueil, trois lampadaires se sont affaissés en s’embrassant, entortillant leurs têtes d’où pendillent les ampoules à vapeur de sodium, disjointes de leur douille. Quelques voitures, sur le parking attenant, ont été renversées sous la puissance du souffle, d’autres bossuées par des heurts de matières et, sous leurs essuie-glaces en parenthèses tordues, l’ensemble des pare-brise fait à présent défaut.

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Déjà lu du même auteur :

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Girl – Edna O’Brien

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Audiolib – mars 2020 – 5h52 – Lu par Claire Cahen

Sabine Wespieser – septembre 2019 – 250 pages

traduit de l’anglais (Irlande) par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat

Titre original : Girl, 2019

Prix Femina spécial 2019 pour l’ensemble de son œuvre

Quatrième de couverture :
Le nouveau roman d’Edna O’Brien laisse pantois. S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.

Auteure : Née dans l’Ouest de l’Irlande en 1930, Edna O’Brien vit à Londres. Publiée dans le monde entier, son oeuvre lui a valu en 2018 le prix PEN America/Nabokov. Puis en 2019, elle reçoit également le Prix Femina spécial et le David Cohen Prize for literature pour l’ensemble de son œuvre.

Lecteur : Claire Cahen est comédienne, pour le théâtre et le cinéma. Après une licence d’études théâtrales, elle intègre l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Elle travaille ensuite avec de nombreux metteurs en scène et joue dans des films de Hassan Ben Jelloun, Selma Bargach, Philippe Sisbane ou encore Emmanuel Bourdieu. Elle co-réalise deux courts-métrages, Frontières et Yasmina. Elle a reçu le prix Plume de Paon 2019 pour sa lecture de Sotah, chez Yodéa éditions.

Mon avis : (écouté en mars 2020)
Dans ce roman, l’auteure irlandaise s’est inspirée de la terrible histoire des lycéennes de Chibok (Nigeria) enlevées par Boko Haram en 2014.
Maryam, lycéenne nigériane, a été emmenée loin de son village, dans un camp djihadiste, elle subit de mauvais traitements, devient une esclave sexuelle puis elle est mariée à un combattant de l’organisation et va tomber enceinte.

Après plusieurs années de captivité, Maryam parvient à s’enfuir et après un long périple avec de nombreuses embûches à rentrez dans son village. Les retrouvailles ne sont pas celles qu’elle imaginait. Avec son retour, Myriam est devenue une suspecte. Ne s’est-elle pas radicalisée ? Parce qu’elle s’est évadée, ne va-t-elle pas attirer des représailles sur le village ? Et sa fille… c’est un enfant de honte.
Maryam est un personnage fictif que l’auteure a su rendre si réelle et si vraie. Avec ce livre, Edna O’Brien donne la parole à cette lycéenne qui raconte son calvaire indicible et éprouvant, sans chercher aucunement à épargner le lecteur…
La version audio est agréable à écouter, le ton posé et lent du lecteur nous aide à être attentif à tous les détails et à nous imprégner du texte.
Une lecture coup de poing, très documentée et magnifiquement écrit.

Extrait : (début du livre)
J’ÉTAIS UNE FILLE AUTREFOIS, c’est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier. Emmenée en trombe à travers cette forêt que j’ai vue, cette première nuit d’effroi, quand mes amies et moi avons été arrachées à l’école.
Le pan pan soudain des coups de feu dans notre dortoir, et les hommes au visage couvert, regard furieux, disant qu’ils sont les soldats venus nous protéger, qu’il y a une insurrection en ville. Nous avons peur, mais nous les croyons. Des filles hébétées sortent du lit, d’autres arrivent de la véranda où elles dormaient parce que c’était une nuit chaude et moite.
Sitôt entendu Allahu akbar, Allahu akbar, nous avons su. Ils avaient volé les uniformes de nos soldats pour passer la sécurité. Ils nous ont bombardées de questions – Où est l’école des garçons, Où garde-t-on le ciment, Où sont les dépôts. Quand on a dit qu’on ne savait pas, ils sont devenus fous. Puis d’autres ont débarqué, ils n’arrivaient à trouver ni pièces détachées ni essence dans les appentis et le ton est monté.
Pas question pour eux de retourner les mains vides, sans quoi leur commandant serait furieux. Puis, au milieu des cris, l’un d’eux a dit dans un large sourire, « les filles, ça le fera », et nous avons entendu l’ordre d’aller chercher d’autres camions. Une fille a sorti son portable pour appeler sa mère, mais on le lui a aussitôt saisi. Elle s’est mise à pleurer, d’autres se sont mises à pleurer, suppliant qu’on les laisse rentrer à la maison. L’une s’est agenouillée : « Monsieur, monsieur », ce qui l’a mis en rage, et il a commencé à nous injurier et à nous narguer, nous traitant de tous les noms, de putes et de traînées, qu’on devrait être mariées et qu’on le serait bientôt.
On nous a séparées par groupes de vingt, et il a fallu attendre, bredouillantes, accrochées les unes aux autres, puis l’ordre a été donné d’évacuer le dortoir, sur-le-champ, de tout laisser derrière.
Le chauffeur du premier camion à franchir le portail de l’école avait une arme braquée sur la tête, et il a traversé la petite ville comme un dingue. Il n’y aurait personne pour dire avoir vu passer un camion, à cette heure indue, avec tout plein de filles.
On s’est bientôt retrouvées dans un village à la frontière, débouchant sur une jungle épaisse. Ils ont dit au chauffeur de descendre et, quelques minutes après qu’ils l’ont emmené, on a entendu des tirs nourris.

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Irlande

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(5) Son
chanson des Beatles présente sur l’album Rubber Soul sorti le

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Ici n’est pas ici – Tommy Orange

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Audiolib – novembre 2019 – 8h44 – Lu par Sylvain Agaësse, Benjamin Jungers, Audrey Sourdive

Albin Michel – 21 août 2019 – 352 pages

traduit de l’américain par Stéphane Roques

Titre original : There there, 2018

Quatrième de couverture :
« Être Indien en Amérique n’a jamais consisté à retrouver notre terre. Notre terre est partout ou nulle part. »
À Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux.
Débordant de rage et de poésie, ce premier roman impose une nouvelle voix saisissante, véritable révélation littéraire aux États-Unis, où il a été consacré « Meilleur roman de l’année » par l’ensemble de la presse américaine. Finaliste du prix Pulitzer et du National Book Award, il a reçu plusieurs récompenses prestigieuses dont le PEN/Hemingway Award.

Auteur : Né en 1982, Tommy Orange a grandi à Oakland, en Californie, mais ses racines sont en Oklahoma. Il appartient à la tribu des Cheyennes du Sud. Diplômé de l’Institute of American Indian Arts, où il a eu comme professeurs Sherman Alexie et Joseph Boyden, il a fait sensation sur la scène littéraire américaine avec ce premier roman.

Lecteurs : Comédien et metteur en scène de théâtre, Sylvain Agaësse double de nombreux comédiens étrangers pour les versions françaises de films et séries. Il écrit également scénarios, pièces de théâtre et chansons qu’il compose et interprète.
Benjamin Jungers, pensionnaire de la Comédie-Française de 2007 à 2015, y rencontre de nombreux metteurs en scène et y monte deux monologues écrits par lui-même, ainsi qu’une courte pièce de Marivaux. Il a notamment tourné avec Claire Devers et Gérard Jourd’hui pour la télévision, et dans Cessez-le-feu avec Emmanuel Courcol pour le cinéma.

Audrey Sourdive commence le théâtre à 5 ans. Depuis elle interprète de grands rôles classiques comme Elvire ou Lady MacBeth et s’intéresse aussi au théâtre contemporain ainsi qu’au théâtre pour enfants. Elle a mis en scène Ninon, une pièce sur le handicap, et le Circuit Ordinaire de Jean-Claude Carrière. Elle est également comédienne de doublage (Millenium, Grey’s Anatomy, Spiderman…).

Mon avis : (lu en mars 2020)
Voilà un roman sur l’identité amérindienne.
« Nous sommes des Indiens et des Indigènes américains, Indiens-Américains et Indiens natifs d’Amérique du Nord, Autochtones Indiens des Premières Nations et Indiens tellement indiens que soit on pense chaque jour à cet état de fait, soit on n’y pense jamais. »
Tommy Orange, descendant Cheyenne, nous raconte à travers le destin de douze personnages résidant à Oakland. Ils sont tous Autochtones, ce sont des femmes, des hommes, des enfants, des jeunes, des plus âgés… Ils ont tous des vies cabossées et ils sont dans l’attente du grand Pow Wow qui se prépare… Sont-ils là par tradition ? Pour le folklore ? ou… Pour la plupart, ils ont toujours vécu en ville.
Dans l’ordre d’apparition comme narrateur, nous avons :

Tony Loneman, 21 ans, il est atteint du syndrome d’alcoolisation fœtale.
Dene Oxendene, membre des tribus cheyenne et arapaho, il a pour projet de collecter des témoignages d’Indiens d’Oakland, le Pow Wow est la bonne occasion.
Opale Victoria s’occupe de la fille et des petits-enfants de sa sœur Jacquie.
Edwin Black est un no life obèse, sa mère est blanche, son père cheyenne, il est embauché comme stagiaire pour préparer le pow-wow
Bill Davis est le beau-père d’Edwin.
Jacquie Red Feather  est la sœur d’Opale.
Orvil Red Feather est le petit-fils aîné de Jacquie.
Calvin Johnson, Octavio Gomez, Daniel Gonzalez préparent un braquage.
Le Pow-Wow est organisé par Blue, abandonnée à la naissance, est en quête de ses racines.
Thomas Frank est un colosse indien, joueur de tambour qui a des problèmes d’alcool.
Cette lecture est très intéressante mais parfois un peu brouillonne, la version audio n’est peut-être la mieux adaptée pour suivre les interactions entre les douze narrateurs et personnages. J’ai été obligée de prendre des notes au fur et à mesure de mon écoute et d’emprunter la version papier à la Bibliothèque pour rédiger ce billet…
La lecture à trois lecteurs différents (une femme et deux hommes) est une aide à l’écoute pour différencier le passage d’un personnage à l’autre.

Extrait : (début du livre)
Il y avait une tête d’Indien, la tête d’un Indien, le dessin de la tête d’un Indien aux longs cheveux parée d’une coiffe de plumes d’aigle, dessinée par un artiste anonyme en 1939 et diffusée jusqu’à la fin des années soixante-dix sur tous les écrans de télé américains une fois les programmes terminés. Cela s’appelait la Mire à tête d’Indien. Si on laissait la télé allumée, on entendait le son d’une fréquence de 440 hertz – celle servant à accorder les instruments – et on voyait cet Indien, entouré de cercles pareils à ceux de la lunette de visée d’un fusil. Il y avait ce qui ressemblait à une cible au centre de l’écran, et des chiffres comme autant de coordonnées. La tête de l’Indien était juste au-dessus de la cible, comme s’il suffisait de hocher le menton en signe d’approbation pour l’avoir dans sa ligne de visée. Ce n’était qu’une mire.

En 1621, peu après une cession de terres, les colons anglais invitèrent Massasoit, chef des Wampanoags, à un banquet. Massasoit arriva avec quatre-vingt-dix de ses guerriers. C’est en mémoire de ce repas que nous partageons toujours le dîner de Thanksgiving en novembre. Pour le célébrer en tant que nation. Mais ce repas-là n’était pas un repas d’action de grâce. C’était un repas scellant une cession de terres. Deux ans plus tard, il y en eut un autre, identique, pour symboliser une amitié éternelle. Deux cents Indiens furent décimés ce soir-là par un poison inconnu.

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