Fleurus – avril 2017 – 368 pages
traduit de l’anglais par Charlotte Grossetête
Titre original : A library of lemons, 2016
Quatrième de couverture :
Calypso est une jeune fille solitaire. Depuis la mort de sa mère, son père est absorbé par l’écriture de l’œuvre de sa vie, une grande histoire des citrons, et elle se réfugie dans la lecture des nombreux livres de sa bibliothèque.
Mais quand Calypso rencontre Mae, une nouvelle de sa classe, sa vie bascule dans l’inconnu ! L’orpheline fait l’expérience de l’amitié, des délices de l’écriture, et aussi d’une famille joyeusement chaotique où l’on aime bien se disputer. Plus heureuse qu’elle ne l’a été depuis longtemps, Calypso découvre alors un étonnant secret sur son père, et les événements se précipitent.
Auteur : Jo Cotterill est une auteure britannique de livres pour enfants et adolescents. Elle vit dans le Oxfordshire avec son mari et ses deux filles.
Elle n’a pas eu une vocation précoce d’écrivain. Elle s’est d’abord passionnée pour la musique, jouant de cinq instruments et composant. Elle a même fait partie d’un groupe, pour lequel elle écrit encore des chansons.
Elle est maintenant écrivain, mais avant elle a été actrice, et aussi enseignante.
Elle écrit ses histoires sans plan précis, en laissant aller son imagination.
Mon avis : (lu en décembre 2017)
A dix ans, Calypso est seule et sans ami. Son papa est veuf depuis cinq ans et il a appris à sa fille à ne dépendre de personne, à trouver les réponses à ses questions dans les livres, à ne pas laisser voir aux autres ses émotions… Calypso trouve donc refuge dans les livres de sa bibliothèque personnelle, installée dans l’ancien atelier de sa maman. Mais voilà qu’une nouvelle, Mae, arrive un jour dans la classe et qu’elle cherche à se rapprocher de Calypso. Cette dernière va découvrir ce qu’est l’amitié et surtout ce que c’est qu’une vraie vie de famille ! En effet, la maison de Mae est très différente de celle de Calypso…
Voilà une très jolie histoire d’amitié qui va permettre à Calypso et son père de se retrouver et de pouvoir aller de l’avant.
Extrait : (début du livre)
La nouvelle, Mae, m’a demandé de jouer avec elle aujourd’hui. Je n’ai pas su quoi dire. Elle a de longs cheveux noirs qu’elle porte en deux nattes fixées au sommet de sa tête, comme Heidi. Elle a un visage rond de poupée avec des yeux bleu vif, et elle est arrivée à l’école ce trimestre.
J’étais assise dans mon coin préféré de la cour avec un livre. C’est mon habitude pendant les récréations. Mae m’a adressé un sourire plein d’espoir, mais j’ai fait non de la tête et je suis retournée à mon livre.
– OK, a-t-elle dit, et elle s’en est allée.
J’ai essayé de me concentrer sur mon livre, mais mon regard n’arrêtait pas de s’échapper des pages pour la regarder. Elle dit souvent OK ; ça a l’air de bien lui aller. Ça rime même avec son nom. OK, Mae. Quand elle s’est présentée en classe, elle nous a expliqué qu’elle avait changé d’école parce que sa famille avait déménagé. Mais elle ne paraissait pas en souffrir. Elle a toujours l’air joyeux.
Je me disais qu’elle allait proposer son amitié à quelqu’un d’autre, mais elle est partie toute seule vers la grille et elle s’est mise à ramasser des brindilles par terre. Elle en a fait un petit tas. Puis elle s’est assise et a tiré quelque chose de sa poche. Le soleil s’est reflété dessus – c’était une loupe.
Elle essayait de mettre le feu aux brindilles. J’ai regardé, fascinée. Est-ce que ça allait marcher ? Elle avait visiblement du mal à trouver le bon angle. Ses yeux faisaient des va-et-vient entre le ciel et la loupe, qu’elle inclinait d’un côté puis de l’autre.
« Mauvais procédé, ai-je pensé. Il faudrait qu’elle maintienne la loupe dans la même position pendant longtemps, pour que le rayon de lumière central chauffe la brindille au même endroit. » J’ai lu ça dans un livre. Allumer un feu de cette façon, ce n’est pas très pratique, mais ça peut fonctionner si on est assez patient et que le soleil brille assez fort. Mais on est en automne, là. Le soleil ne brille pas très fort.
Je la regardais avec une telle intensité que quand elle a levé les yeux et qu’elle m’a aperçue, le choc a failli me faire lâcher mon livre. Vite, mon regard est revenu à ma page, mais je n’ai pas résisté au besoin de jeter un autre coup d’œil à Mae. Elle continuait à me fixer des yeux, et souriait comme si j’étais son amie.
L’embarras me mettait le visage en feu. Je n’ai plus levé les yeux de mon livre.
Mae n’a pas réussi à mettre le feu à ses brindilles. Je le sais parce que, dans le cas contraire, une maîtresse serait arrivée en courant. Au lieu de ça, quand la cloche a sonné, tout le monde s’est mis en rang comme d’habitude. Je me suis attardée derrière les autres, j’ai attendu que presque tout le monde soit rentré, et je me suis précipitée à la grille pour examiner le petit tas de brindilles de Mae.
Il n’y avait plus de tas. Mae avait disposé les brindilles sur le sol de manière à tracer des lettres. Celles-ci formaient un mot.
CALYPSO
Je suis rentrée en classe au pas de course, le cœur battant. Pourquoi avait-elle écrit mon nom avec ces brindilles ?