Lu en partenariat avec Masse Critique
Fleuve noir – janvier 2021 – 416 pages
traduit du danois par Catherine Renaud
Titre original : Krokodillevogteren, 2016
Quatrième de couverture :
En plein centre-ville de Copenhague, une jeune étudiante est retrouvée dans son appartement sauvagement assassinée, le visage marqué par d’étranges entailles. L’inspecteur Jeppe Korner et son équipière Anette Werner, chargés de l’affaire, découvrent rapidement que le passé de la victime contient de lourds secrets. Quant à la propriétaire de l’immeuble et également voisine, Esther, elle est en train d’écrire un roman qui relate dans les moindres détails le déroulement du meurtre.
Simple coïncidence ou plan machiavélique?
Commence alors pour Jeppe et Annette une plongée au cœur d’une ville dans laquelle les apparences sont mortelles.
Auteur : Katrine Engberg est née en 1975 à Copenhague. Elle travaille pour la télévision et le théâtre. Son premier roman a connu un succès international et l’a installée comme l’une des nouvelles stars du polar scandinave.
Mon avis : (lu en avril 2021)
Voilà une nouvelle auteure de polar scandinave qui est à la hauteur du commentaire de Camilla Läckberg mis en couverture « Quel fantastique premier roman ! »… Le mot « fantastique » est peut-être exagéré mais l’enquête tient ses promesses, l’intrigue est bien construite avec de nombreuses pistes, des retournements… Les personnages sont très intéressants et bien décrits, le lecteur a envie d’en savoir plus…
Cette histoire se déroule à Copenhague, tout commence avec un meurtre et une crise cardiaque… En descendant ses poubelles, Gregers Hermansen, un vieux monsieur, découvre le corps sauvagement assassiné de Julie Stender, la jolie étudiante du deuxième étage, il tombe frappé par une crise cardiaque. Bizarrement, le mode opératoire du criminel est le même que celui décrit dans le roman en court d’écriture d’Esther de Laurenti, la propriétaire et également occupante de l’immeuble…
L’enquête est confiée à l’équipe d’inspecteurs Jeppe Korner et Anette Werner, un duo original et pleins de surprises… Ils ont des personnalités opposées mais dans le travail, ils sont parfaitement complémentaire. Anette est en couple, c’est une fonceuse, Jeppe se remet difficilement de son divorce, il est plus posé, plus silencieux.
Cette enquête est la première pour notre duo de choc… Un deuxième épisode est déjà sortie au Danemark et le troisième est prévu en juin prochain. J’espère avoir l’occasion de retrouver Jeppe et Anette pour de prochaines enquêtes lors d’une traduction française.
Merci Babelio et les éditions Fleuve Noir pour cette découverte haletante
Extrait : (début du livre)
La poussière des lourds rideaux tourbillonnait dans la lumière matinale. Gregers Hermansen s’assit dans son fauteuil inclinable et contempla la danse des particules dans le salon. Il lui fallait désormais tant de temps pour se réveiller que cela ne valait presque pas la peine de se lever. Il posa les mains sur les accoudoirs usés, laissa aller sa tête vers l’arrière et, la mâchoire tombante, ferma les yeux sur le scintillement de la lumière, jusqu’à ce qu’il entende le gargouillis de la cafetière dans la cuisine.
Après un bref compte à rebours, il se hissa hors du fauteuil, enfila ses pantoufles et s’avança à petits pas vers le linoléum de la cuisine. Toujours le même chemin, le long du buffet en acajou, devant le fauteuil vert et enfin vers cette satanée poignée que l’aide à domicile avait fixée au mur l’année précédente. « Je me débrouille très bien sans, merci », avait-il insisté, en vain.
Il enleva le filtre à café usagé et le jeta dans la poubelle sous l’évier. Pleine, une fois de plus. Gregers dégagea le sac-poubelle du bac puis, s’appuyant sur le bord de la table, atteignit la porte de service qu’il ouvrit de sa main libre. Au moins, il pouvait encore descendre ses propres poubelles. Il lorgna en direction de la collection de bouteilles de la voisine, sur le palier du dessus. Esther de Laurenti, la reine des pochtronnes. Elle organisait pour ses amis artistes des dîners hystériques qui se prolongeaient jusqu’au petit matin. Mais c’était son immeuble, il était donc inutile de se plaindre.
Les marches tanguaient sous ses pas. Il s’agrippa encore plus fermement à la rampe. Il serait peut-être plus sage de déménager pour un endroit mieux adapté, mais il avait vécu toute sa vie au centre de Copenhague et préférait prendre des risques avec ces marches tordues que d’aller moisir dans une maison de retraite en périphérie. Une fois arrivé au premier, il posa le sac et s’adossa au cadre de la porte des voisines du dessous. Les deux jeunes étudiantes qui partageaient l’étage étaient pour lui source d’un perpétuel agacement, mais aussi d’un étrange désir secret. Leurs sourires insouciants éveillaient en lui des souvenirs de nuits d’été au bord du canal et de baisers amoureux. L’époque où tout était possible, où la vie n’était pas encore sur le point de se terminer.
(4) Animal