À qui la faute – Ragnar Jónasson

91+hzjEWJpL La Martinière – janvier 2023 – 336 pages

traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Úti, 2021

Quatrième de couverture :
Quatre amis d’enfance.
Une randonnée au cœur de ce que l’Islande a de plus sauvage.
Un huis-clos d’où surgissent trahisons et secrets.
Réussiront-ils tous à survivre à cette nuit ?

Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.

Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavík en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. La Dernière Tempête clôt la trilogie  » La Dame de Reykjavík « , mettant en scène l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir à plusieurs âges de sa vie, en remontant le temps. Ce dernier volet se déroule 25 ans avant La Dame de Reykjavík et 10 ans avant L’Île au secret. Les œuvres de Ragnar sont traduites dans une trentaine de pays.

Mon avis : (lu en février 2023)
Voilà un polar islandais intimiste et oppressant. Daniel, Gunnlaugur, Helena et Armann, 4 amis d’enfance se retrouvent pour un week-end de chasse à la perdrix dans la campagne islandaise. Daniel, comédien, vit à Londres, Gunnlaugur est juriste, Helena ingénieure et Armann a réussi dans le tourisme.
Armann est l’organisateur de ce week-end dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande.
Ils pensaient se retrouver pour quelques jours paisibles, mais le voyage tourne au cauchemar.
Pris dans une tempête aussi soudaine que violente, ne pouvant pas atteindre le refuge prévu, ils font halte dans une petite cabane, plus proche mais difficile à trouver dans les conditions météorologiques. Quand ils y arrivent enfin, il faut casser la serrure pour entrer et une surprise les attend à l’intérieur…
C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir les rancœurs du passé et l’amitié est mise à rude épreuve.
Les quatre amis sont tour à tour les narrateurs de l’histoire, les chapitres sont courts et s’enchaînent très vite, cela donne beaucoup de rythme à l’histoire. Au fil des pages, le lecteur découvre la personnalité de chacun des quatre amis jusqu’à nous dévoiler leurs secrets et leurs côtés les plus sombres.
La nature est également un personnage de l’histoire : tout est blanc, il neige à presque toutes les pages. On ressent le froid glacial. L’ambiance se resserre rapidement. Ragnar Jónasson conduit le lecteur dans un huis clos angoissant, il
brouille tous les repères et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Un thriller nordique glaçant.

Extrait : (début du livre)
Jamais il n’avait eu aussi froid.
Daníel avait beau être recouvert de plusieurs couches de laine sous son épaisse doudoune, rien n’y faisait : l’air glacial parvenait quand même à s’insinuer à travers ses vêtements.
Ses compagnons de voyage ressentaient-ils la même chose ? Il n’osait pas poser la question, de peur de paraître faible. La tête baissée, il avançait péniblement, secoué par le vent et les paquets de neige. Il ne discernait plus le paysage, ni même le sol sur lequel il progressait ; son monde s’était réduit à des tourbillons blancs traversés par de vagues silhouettes en mouvement.
Il avait perdu la notion du temps ; une éternité semblait s’être écoulée depuis que la tempête s’était levée, là où cela ne faisait probablement qu’une heure. Plus personne ne parlait. Concentrés, ils s’efforçaient de rester groupés et de ne pas perdre Ármann de vue. Celui-ci connaissait la région sur le bout des doigts, aussi ses amis devaient-ils le croire lorsqu’il affirmait qu’un vieux refuge se trouvait « pas trop loin ». Une déclaration à vrai dire peu rassurante.
Daníel avait grandi en Islande puis était parti vivre en Angleterre pour étudier l’art dramatique. Resté à Londres pour tenter sa chance en tant qu’acteur, il vivotait de petits rôles. Cela faisait un moment qu’avec ses amis de jeunesse, ils envisageaient de passer quelques jours ensemble au pays. Ármann s’était chargé d’organiser leur week-end de retrouvailles, prévu dans le Sud-Ouest, non loin de Reykjavík, dans un chalet confortable ; mais à la dernière minute, il leur avait proposé de partir de l’autre côté du pays, sur les hauts plateaux, pour chasser la perdrix des neiges. Lui-même pratiquait régulièrement la chasse en montagne et, à l’en croire, il n’y avait rien de tel pour cimenter des liens d’amitié. Trop occupé au moment où les messages lui étaient parvenus, Daníel n’avait pas protesté. Il n’avait pas de permis de chasse, mais Ármann avait promis de lui apprendre comment utiliser un fusil. « Personne ne nous verra, il est hors de question que tu ne tues pas quelques oiseaux ! »
Cependant, dès leur première incursion sur la lande, tout était allé de travers.
Daníel avançait avec difficulté. Il se sentait horriblement lourd. Heureusement, ils n’avaient pas pris toutes leurs affaires, juste des provisions pour la journée. Et bien sûr, leurs fusils, indispensables pour une partie de chasse. Quand la tempête avait commencé à s’intensifier, il avait proposé qu’ils abandonnent leurs armes quelque part pour s’alléger – ils pourraient les récupérer plus tard. Sa suggestion avait reçu un accueil pour le moins glacial.
Il essaya de se redonner du courage. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. Ils avaient tacitement décidé d’accorder leur confiance à Ármann, qui saurait les mener à bon port.

Déjà lu du même auteur :

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Vík 61SOhjLqcBL Sigló 61vr1ntPaLL La dernière tempête 91uYpniw9AL Dix âmes, pas plus

voisinsvoisines2023
Islande

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Les Crimes de nos pères – Åsa Larsson

9782226469922-j Albin Michel – novembre 2022 – 608 pages

traduit du suédois par Anne Karila

Titre original : Fädernas missgärningar, 2021

Quatrième de couverture :
Une écriture puissante, des paysages impressionnants et un sens du suspense glaçant ont fait d’Asa Larsson une figure incontournable du polar scandinave. Trois fois récompensée par le Prix du meilleur roman policier suédois, traduite dans trente pays, elle poursuit sa série-culte dans les pas de son héroïne Rebecka Martinsson. Sur une petite île du nord de la Suède, on découvre coup sur coup deux cadavres. Si le premier décès est récent, l’autre remonte à… il y a plus de cinquante ans. Quel est leur lien ? Et où s’arrêtera ce sinistre décompte ? Criminalité organisée, escroquerie immobilière, prostitution… Rebecka remonte une piste aux ramifications inattendues et multiples, loin d’imaginer qu’elle va lui révéler de terribles secrets sur l’histoire de sa propre famille.

Auteure : Åsa Larsson a grandi à Kiruna, au-dessus du cercle polaire arctique, où se déroulent tous ses romans. Avocate comme son héroïne Rebecka Martinsson, elle se consacre désormais à l’écriture. Devenue l’auteur de romans policiers la plus aimée des Scandinaves, elle compte désormais des millions de lecteurs à travers le monde.

Mon avis : (lu en janvier 2023)
C’est toujours un plaisir de retrouver les personnages d’une série. Pour cette fois-ci, c’est avec un petit serrement au cœur puisque Åsa Larsson a décidé de mettre fin à sa série. Cela fait déjà presque 5 ans que j’avais quitté son héroïne Rebecka Martinsson dans la ville minière de Kiruna, en Laponie dans le grand nord suédois.
Rebecka est toujours Procureure adjointe et les relations sont toujours difficiles avec son collègue von Post devenu pour quelques semaines Procureur remplaçant. A cause de leur charge de travail respective, Rebecka s’est également un peu éloignée de l’inspectrice Anna-Maria Mella et l’inspecteur Sven-Erik Stålnacke est maintenant à la retraite.
C’est avec la découverte de deux cadavres, l’un récent et le second remontant à plus de cinquante ans, que commence cette enquête. L’affaire va devenir personnelle pour Rebecka car la victime récente fait partie de la famille adoptive de sa mère. Une famille avec laquelle elle n’a pas de relation, mais légalement, elle ne devrait pas s’occuper de cette enquête…
Il est plaisant de retrouver tous les personnages de cette série et de continuer à découvrir cette région suédoise. Dans cet épisode, Kiruna est en pleine mutation. En effet, cette ville a été créée en 1898 pour accompagner le développement de la plus grande mine de minerai de fer au monde. Mais victime de son succès, l’extension permanente des galeries a fini par menacer Kiruna. Ainsi dès 2013, un plan global a été mis au point pour déplacer la ville vers l’est, à près de 4 kilomètres, dans un secteur préservé de toute activité minière. Un déménagement qui doit s’étaler sur 20 ans pour s’achever en 2035.
L’intrigue est comme toujours bien  menée, et nous en apprenons un peu plus sur le personnage attachant de Rebecka.
C’était la dernière enquête de Rebecka Martinsson mais pour ma part, j’ai la chance d’avoir encore à découvrir sa première enquête que je n’ai toujours pas lu… et pourquoi pas relire toute la série !

Extrait : (début du livre)
QUAND RAGNHILD PEKKARI décida d’en finir, la vie lui sembla plus légère.
Elle avait un plan. Partir à skis sur la croûte de neige qui s’était formée dans la nuit. Elle en aurait pour deux heures, au pire des cas. Arrivée à l’endroit choisi, une rivière de montagne au-dessus de laquelle apparaissait toujours un pont de neige, elle allumerait un feu et boirait sa dernière tasse de café. Puis elle remplirait son sac à dos de neige fondue, de sorte que mouillé et presque vide d’air, il pèse plus lourd. Ensuite elle s’avancerait sur le pont de neige enjambant le torrent. Si tout se passait comme prévu, il céderait. Sinon, elle atteindrait le vide d’une poussée sur ses bâtons.
Cela irait très vite. Lestée d’un sac à dos qui ne flotterait pas et chaussée de ses skis, elle ne pourrait pas faire machine arrière.
Tout serait enfin terminé.

Elle avait pris rendez-vous avec la mort. Et elle la trouverait bien sur son chemin, le jour qu’elle s’était fixé en secret, mais pas de la manière prévue.
Une fois sa décision arrêtée, elle se sentit plus légère. Tout en elle se redressa, comme les bouleaux dans la forêt. La neige hivernale les avait fait ployer tels des arcs couverts de givre. À présent, dans la douceur de cette saison entre hiver et printemps, ils se relevaient, libérés, abandonnaient le gris pour une teinte violette, couleur liturgique de la pénitence.
Elle était partie en retraite au mois de juin de l’année précédente. Le chef de service à l’hôpital avait manifestement improvisé son discours, il s’était trompé sur l’année de son entrée en fonctions, ça ne lui aurait pourtant rien coûté de vérifier. Ce petit con. C’était le genre de médecin que la grande taille de Ragnhild angoissait. Élisabeth, son bras droit au sein de la direction, avait acheté un cadeau : un décapsuleur en forme de dauphin argenté. Après toutes ces années, recevoir ça. Élisabeth, qui occupait un poste administratif depuis plus de vingt ans, n’avait absolument aucune idée de la réalité du travail des infirmières. Elle était du côté de la direction et leur imposait des plannings impossibles et des tâches supplémentaires. Ce dauphin argenté, c’était le pompon. Ragnhild avait exprimé du bout des lèvres d’hypocrites remerciements, après quoi elle n’avait plus songé qu’à rentrer chez elle et se laver à l’eau de Javel.
Le pot d’adieu avec les serviettes en papier premier prix et le gâteau de supermarché lui était resté en travers de la gorge. Quelques médecins avaient fait une apparition dans la salle de repos. Ragnhild et les autres infirmières avaient échangé des regards ; curieusement, les médecins ne répondaient jamais quand un patient allait mal, mais ils étaient toujours au rendez-vous pour grignoter. Un des internes avait demandé, la bouche pleine : « Qu’est-ce qu’on fête ? »

 

Déjà lu du même auteur :

9782226256096g Le sang versé 9782226318176m La piste noire

tant que dure ta colère Tant que dure ta colère 9782367626598-001-T En sacrifice à Moloch

 

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Suède

Une écharpe dans la neige – Viveca Sten

91T9IQOoY4L Albin Michel – septembre 2022 – 480 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : Offermakaren, 2020

Quatrième de couverture :
Sur un télésiège de la station suédoise d’Åre, dans les montagnes du Jämtland, on découvre un corps gelé. Dans la neige, une écharpe en laine…
Hanna Ahlander, récemment virée de la police de Stockholm (et accessoirement larguée par son petit ami), mène l’enquête avec l’inspecteur Daniel Lindskog. Entre la rebelle hantée par ses échecs et le jeune père débordé par son boulot, le courant passe. Mais parviendront-ils à résoudre cette affaire plus sombre et complexe qu’il n’y paraît ? Que cache ce décor de luxe ?
Un nouveau duo cabossé et attachant, un rythme encore plus effréné, et des paysages à couper le souffle : addictif !

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture.
Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans plus de 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les 5 premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Après les neuf enquêtes sur l’île Sandhamn avec l’inspecteur Thomas Andreasson et la juriste Nora Linde, cette nouvelle série de Viveca Sten nous envoie dans le froid polaire de la station de ski d’Åre, dans le comté de Jämtland, qui est d’après Wikipédia, la plus ancienne et la plus importante station de sports d’hiver de Suède. Et nous découvrons de nouveaux enquêteurs : l’inspecteur Daniel Jindskog, jeune papa qui a du mal à concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale, et l’enquêtrice Hanna Ahlender, en pleine dépression après avoir été renvoyée de la police de Stockholm et quittée par son compagnon…
Tout commence avec la disparition d’une jeune fille après une veillée de Sainte Lucie, un cadavre est découvert sur un télésiège, il est également question de l’exploitation de femmes étrangères… 
Une intrigue rythmée, des chapitres courts, alternant les points de vue, des indices, des fausses pistes, des rebondissements…
Une lecture plaisante qui donne très envie de retrouver ce nouveau duo pour de prochaines aventures !

Extrait : (début du livre)
Une couche de neige compacte recouvre le parking du personnel. Sebbe Granlund se gare devant le VM6, l’un des plus anciens télésièges de la station où il est saisonnier.
Il fait moins vingt, mais la température ressentie est encore plus basse. Les cimes des arbres sont drapées de givre, le sommet de l’Åreskutan disparaît presque dans la brume glacée. Le violent éclairage électrique dessine un paysage en noir et blanc avec de longues ombres sur la neige.
La saison hivernale vient tout juste de commencer dans la station d’Åre.
Il n’y a que quelques pas jusqu’au VM6 mais la chaleur de la voiture s’évanouit en un clin d’œil. Les narines piquées par l’air glacé, Sebbe ouvre le local technique. Il est neuf heures tout juste passées, les remontées ouvrent à la demie, il faut que tout soit prêt d’ici là. Comme d’habitude, elles fonctionnent depuis début décembre, mais il n’y a pas encore grand monde sur les pistes.
Il presse le bouton rouge pour démarrer la machinerie. Un signal strident déchire le silence, puis le télésiège se met en branle. Ses banquettes de six places se mettent à défiler devant les yeux de Sebbe.
Il sort son téléphone pour jeter un œil à Snapchat pendant que le télésiège tourne. Les banquettes sont recouvertes par la neige tombée pendant la nuit, il aurait dû sortir les brosser, mais le froid le retient à l’intérieur.
Ce n’est pas bien grave pour la première demi-heure : le soleil ne se lève qu’à dix heures moins le quart, d’ici là il n’y aura pas foule.
Tout à coup, Sebbe lâche son portable des yeux. Une ombre a attiré son attention, une forme étrangère sur une des banquettes. Quelqu’un est-il descendu depuis le sommet ?
Il essaie d’y voir plus clair, mais il fait encore nuit noire.
Le siège approche de la plateforme d’embarquement. On dirait en effet qu’une personne est à demi couchée au coin de la banquette, mais sa posture est bizarre, de guingois, affaissée sur elle-même.
La silhouette sombre reste immobile alors qu’elle est presque arrivée.
Sebbe agit d’instinct. Il presse le bouton d’arrêt d’urgence et se précipite dehors. Le siège reste suspendu quelques mètres plus haut. La secousse a fait glisser la personne un peu plus bas.
Sebbe s’immobilise tandis que son cerveau assimile ce qu’il voit.
On dirait un mannequin. Sauf que non. Les traits humains sont là, mais tout signe de vie a disparu. Les cils et sourcils sont couverts de cristaux, le visage est figé dans une grimace gelée. La peau est bleutée, les lèvres rétrécies par le froid.
Le siège se balance, ce qui suffit à faire glisser le corps dans la neige, aux pieds de Sebbe.
Il fixe bouche bée le cadavre gelé.
« Putain, murmure-t-il. Pas toi. »

Petit bac 2023(1) Objet

voisinsvoisines2023
Suède

Déjà lu du même auteur :

la_reine_de_la_baltique La Reine de la Baltique 9782226259776g Du sang sur la Baltique

9782226317148g Les nuits de la Saint-Jean 110752618 Les secrets de l’île
116631134 Au cœur de l’été 51zvmU31TnL Retour sur l’île 

81ff9zlGX-L Dans l’ombre du Paradis  Au nom de la vérité

71CdOHXBb5S Sous protection 

Donbass – Benoît Viktine

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Les Arènes – février 2020 – 282 pages

Livre de Poche – mars 2022 – 320 pages

Prix Senghor 2020 du Premier Roman Francophone et Francophile.

Quatrième de couverture :
Sur la ligne de front du Donbass, la guerre s’est installée depuis quatre ans et plus grand monde ne se souvient comment elle a commencé. L’héroïsme et les grands principes ont depuis longtemps cédé la place à la routine du conflit.
Mais quand des enfants sont assassinés sauvagement, même le colonel Henrik Kavadze, l’impassible chef de la police locale, perd son flegme.

Auteur : Benoît Vitkine est un journaliste français, spécialiste des pays de l’ex-URSS et de l’Europe orientale au Monde. Correspondant du journal à Moscou, il a reçu le prestigieux prix Albert-Londres en 2019 pour une série de reportages réalisés en Ukraine. Donbass, son premier roman, a pour décor l’est de ce pays, en guerre depuis mars 2014. 

Mon avis : (lu en avril 2022)
Sur fond de reportage de guerre, Benoît Vitkine a écrit un thriller noir, avec le meurtre d’un enfant. Le colonel Henrik Kavadze, le chef de la police locale, a choisi de rester du côté ukrainien du Donbass, il va enquêter dans un environnement de corruption et de violence.
L’intrigue se déroule durant l’hiver et le printemps 2018, la ligne du front ne bouge presque plus, les deux camps échangent parfois quelques coups de feu et la communauté internationale ne s’intéresse plus à cette guerre fratricide qui s’éternise.
L’atmosphère est lourde, terriblement réaliste, les personnages sont hantés par les traumatismes de la guerre d’Afghanistan, les souvenirs de la vie en l’URSS et de la Seconde guerre mondiale.
Ce livre très documenté est passionnant pour sa description sans concession  et très humaine de la situation dans le Donbass.

Extrait : (début du livre)
La première fois que les camions sans phares s’étaient garés dans la cour de l’immeuble, quelques semaines plus tôt, Sacha Zourabov avait été effrayé. Le garçon avait instinctivement senti que les hommes affairés autour des véhicules, dans le terrain vague, n’auraient pas voulu le voir à sa fenêtre, occupé à les observer. Des hommes comme ceux-là, capables de travailler dans l’obscurité la plus complète, pouvaient sans doute le voir dans la nuit. Malgré sa petite taille. Malgré les efforts qu’il faisait pour respirer le plus discrètement possible. Il s’était blotti sous les couvertures, restant éveillé jusqu’à ce que le bruit des moteurs cesse. Longtemps après leur départ, il n’avait pu s’endormir, tenaillé par la curiosité.
Alors quand ils étaient revenus, ce soir-là, le garçonnet avait enfilé ses chaussons et s’était approché sans bruit de la fenêtre, calant son ventre contre le radiateur froid, ne laissant apparaître que ses yeux et le sommet de son crâne. Les camions sans phares étaient plus nombreux, cette fois. Sacha en compta au moins six. À la lueur de la lune, il voyait distinctement leurs silhouettes massives. De gros engins de production soviétique, sûrement des Kamaz. Sacha les adorait : ils ne tombaient jamais en panne et pouvaient passer partout, dans la neige, la boue, et même traverser des rivières. Les hommes aussi étaient plus nombreux et ils semblaient à Sacha à peine moins massifs que les camions. Leurs carrures renforçaient l’enfant dans sa certitude que ces hommes-là étaient « sérieux », comme disait son oncle. Ils n’avaient pas la stature voûtée des petits vieillards que l’on voyait d’habitude dans le quartier.
Les ombres se passaient de main en main de gros sacs qu’elles entassaient dans des wagonnets semblables à ceux qu’on utilisait à la mine. Cela aussi, son oncle le lui avait raconté. Il était un homme « sérieux », lui aussi, un mineur aux épaules larges qui aurait pu se mesurer sans rougir aux hommes de la cour. Le garçon s’enhardit et entrouvrit la fenêtre. Une bourrasque lui claqua au visage. Il entendait distinctement les jurons étouffés par lesquels les hommes accompagnaient leurs efforts. Sacha les écoutait avec une joie mauvaise. « Putain. » Que des mots interdits à la maison. « Chatte. » Il n’en avait jamais entendu autant. « Salope »…
Sacha écoutait et observait, hypnotisé. Pourquoi n’attendaient-ils pas le matin pour finir leur labeur ?

Petit bac 2022(6) Lieu

La boîte à magie – Camilla Läckberg, Henrik Fexeus

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traduit du suédois par Susanne Juul

Titre original : Box, 2021

Quatrième de couverture :
Gröna Lund, parc d’attraction incontournable de Stockholm. Entre manèges à l’arrêt et obscurité angoissante, une boîte transpercée d’épées contenant un corps de femme est retrouvée. Pour la nouvelle enquêtrice Mina Dahbiri, l’affaire dépasse les compétences de la police. Vincent Walder, expert en mentalisme et en communication non verbale, accepte de lui prêter main-forte.
S’agit-il d’un tour de magie qui a mal tourné ou d’un tueur machiavélique ? En complément de leurs talents, une visite dans les archives policières devrait aider le duo à trouver des réponses…

Auteurs : Née en 1974 à Fjällbacka, Camilla Läckberg est la reine incontestée du polar scandinave. Elle a rencontré un grand succès international grâce à son héroïne Erica Falck ; ses livres se sont vendus à plus de vingt-six millions d’exemplaires dans le monde. Elle est également l’une des fondatrices d’Invest in Her, une société d’investissement qui s’engage auprès de femmes entrepreneuses.
Henrik Fexeus est un mentaliste, auteur et présentateur suédois. Né en 1971, Henrik a étudié la philosophie pour finalement se spécialiser dans la psychologie. Louant ses livres et interventions publiques, plusieurs prix lui sont décernés et il est reconnu dans le monde entier pour ses recherches sur la communication non verbale. Il se lance dans la fiction en 2017 avec «Le Perdu», premier tome d’une trilogie pour jeunes adultes salué par la critique.

Mon avis : (lu en juillet 2022)
Voici le premier tome d’une nouvelle trilogie de Camilla Läckberg associée avec le mentaliste suédois à succès Henrik Fexeus. Les deux héros de cette série sont la détective Mina Dahbiri et l’expert en magie Vincent Walder.
Tout commence avec une scène de crime assez spectaculaire : le corps nu d’une femme transpercé d’épées dans une boîte à magie… Cela semble être un tour de magie qui aurait raté… L’enquêtrice Mina Dahbiri, nouvellement arrivée dans la brigade criminelle de Stockholm, décide de faire appel à Vincent Walder, grand mentaliste médiatiquement connu, pour l’assister sur cette étrange enquête.
Le duo Mina et Vincent est très sympathique, le mentaliste est claustrophobe et il a aussi des TOC et la policière est phobique et hypocondriaque. L’un et l’autre arrivent à surmonter leurs failles pour mener à bien leur travail respectif.
La construction du livre qui alterne des événements passés et présents tient en haleine le lecteur du début à la fin du roman policier.
L’intrigue est originale, bien menée et les personnages sont attachants, je me réjouis de les retrouver dans de futurs enquêtes.

Extrait : (début du livre)
Tuva tambourine nerveusement des doigts sur le comptoir. Elle aurait dû débaucher depuis un bon moment déjà, mais elle est toujours là, sur son lieu de travail, un café dans le quartier de Hornstull. Un client vient de s’installer à la table du coin. Il la fixe, irrité. Elle lui retourne un regard assassin. Elle mémorise son visage et se dit que ce client-là n’aura pas droit à un cœur sur la mousse de son cappuccino. Un doigt dressé, plutôt.

Être en retard la met de mauvais poil. Elle ramène machinalement une mèche blonde derrière son oreille. Elle aurait dû récupérer Linus depuis une demi-heure déjà. Elle est immunisée contre les remarques acerbes du personnel de la crèche, elle y a eu droit si souvent que ça ne lui fait plus ni chaud ni froid. Mais son petit garçon de deux ans doit être triste. Et Tuva n’est pas du genre à vouloir chagriner un enfant. Surtout pas Linus. Elle n’arrête pas de dire qu’elle serait prête à mourir pour lui. Mais ce n’est pas si simple. Dieu seul sait tous les efforts qu’elle fait. Elle ouvre la penderie, retire son tablier et le balance sur la montagne de linge sale. Elle ne peut pas partir avant l’arrivée de son remplaçant. Qu’est-ce qu’il fabrique, bon sang ?
Martin, le père de Linus, avait brillé par son absence le jour de la naissance de son fils, deux semaines avant terme. Tuva ne lui en avait pas voulu, elle était partie à la maternité en ambulance. Elle avait en revanche trouvé bizarre qu’il ne vienne pas la voir pendant les quelques jours qu’elle avait passés là-bas. L’accouchement avait été difficile. Elle ne se souvenait que vaguement des médecins qui les examinaient sans arrêt, elle et son bébé, en lui disant que tout irait bien. Exactement comme Martin dans les brefs SMS qu’il lui envoyait. Il allait venir, disait-il, il avait juste un ou deux trucs à régler. Si son séjour à la maternité se perdait dans le brouillard, le souvenir de son arrivée avec Linus dans l’appartement vide était autrement vif. Pendant qu’elle en bavait pour mettre au monde leur fils, Martin avait rassemblé ses affaires et s’était tiré. C’était ça qu’il avait à “régler”. Elle n’avait plus jamais eu la moindre nouvelle de cet enfoiré. Tant mieux, probablement. Elle l’aurait tué s’il s’était remanifesté.

Déjà lu du même auteur :

la_princesse_des_glaces La Princesse des glaces  le_pr_dicateur Le Prédicateur

le_tailleur_de_pierre Le Tailleur de pierre l_oiseau_de_mauvais_augure L’Oiseau de mauvais augure

l_enfant_allemand L’Enfant allemand cyanure Cyanure la_sir_ne La Sirène

9782330018962  Le gardien de phare  la faiseuse d'ange La faiseuse d’anges

le dompteur des lions Le dompteur de lions  La_sorciere La sorcière

81I8cUUwywL La cage dorée

Petit bac 2022(5) Objet

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Suède

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Challenge Pavé de l’été

Noir comme neige – Peter Robinson

71CAVRYo2aL Livre de Poche – février 2008 – 480 pages

traduit de l’anglais par Jean Esch

Titre original : Past Reason Hated,1991

Quatrième de couverture :
La petite ville d’Eastvale, dans le Yorkshire, s’apprête à fêter Noël dans une ambiance et un décor de carte postale. D’autant que la neige est au rendez-vous. Hélas, cette atmosphère idyllique est endeuillée par le meurtre sauvage d’une jeune femme, Caroline Hartley, retrouvée nue au pied de son sapin, poignardée. Les soupçons sont nombreux – et se portent d’abord sur la compagne homosexuelle de Caroline – , mais les indices sont rares et ils mènent tous à des impasses car Caroline Hartley avait fait du secret son mode de vie… jusque dans sa mort. C’est le début d’une nouvelle enquête pour l’inspecteur divisionnaire Banks, secondé par le sergent Richmond et la détective Susan Gray, nouvellement promue, et, comme souvent chez Peter Robinson, sous le vernis des apparences, tout le monde a quelque chose à cacher…

Auteur : Auteur canadien d’origine anglaise, Peter Robinson est né en 1950 dans le Yorkshire. Il commence une carrière d’enseignant puis écrit, à partir de 1987, les premières enquêtes de l’inspecteur Alan Banks. En 2000, Saison sèche obtient le prestigieux Anthony Award et, en France, le Grand Prix de littérature policière. Peter Robinson a également reçu à six reprises le Arthur Ellis Award, prix du meilleur roman policier canadien. 

Mon avis : (lu en juillet 2022)
C’est la cinquième enquête de l’inspecteur Banks. Quelques jours avant Noël, Caroline Hartley est retrouvée poignardée à son domicile. Une jeune femme magnifique dont la vie personnelle était plutôt mystérieuse. Elle vivait avec une femme et jouait dans la troupe de théâtre amateur d’Eastvale dans le Yorkshire. L’inspecteur divisionnaire Banks et son équipe constituée par le sergent Richmond et la nouvelle détective Susan Gray vont mener cette enquête en explorant de nombreuses pistes, il est question de musique, de théâtre, de relations sexuelles… Une intrigue bien construite, des personnages intéressants ou attachants et une écriture agréable. Je passe toujours un moment de lecture plaisant avec cette série au rythme lent et au charme anglais…

Extrait : (début du livre)
La neige tomba sur Swainsdale pour la première fois de l’année quelques jours avant Noël. Là-bas dans la vallée, dans les fermes et les hameaux les plus éloignés, les gens du coin allaient pester. Une abondante chute de neige pouvait être synonyme de moutons égarés et de routes bloquées. Par le passé, certains endroits étaient restés isolés pendant cinq semaines. Mais à Eastvale, la plupart des personnes qui traversaient la place du marché en ce soir du 22 décembre se réjouissaient de voir ces gros flocons scintiller dans la lueur des lampadaires et former un tapis blanc grumeleux sur les pavés.

L’inspectrice Susan Gay, qui revenait du kiosque à journaux, s’arrêta sur le chemin du poste de police. Devant l’église romane se dressait un immense sapin, cadeau de la ville norvégienne avec laquelle Eastvale était jumelée. Les guirlandes clignotaient et ses branches effilées ployaient sous le poids d’un centimètre de neige. Au pied du sapin, un groupe d’enfants en tuniques rouges de choristes chantait : « Once in Royal David’s City ». Leurs voix d’alto, fragiles, mais claires, semblaient particulièrement adaptées à cette belle soirée d’hiver.
Susan renversa la tête en arrière et laissa les flocons fondre sur ses paupières. Quinze jours plus tôt, jamais elle ne se serait permis un geste aussi spontané et frivole. Mais maintenant qu’elle était l’inspectrice Gay, elle pouvait se permettre de se détendre un peu. Elle en avait terminé avec les cours et les examens, du moins jusqu’à ce qu’elle postule au grade de sergent. Finies les disputes avec David Craig pour savoir qui ferait le café. Finies également les patrouilles et la régulation de la circulation les jours de marché.
La musique l’accompagna, tandis qu’elle repartait vers le poste de police :
Et Il conduit Ses enfants
Là où Il s’en est allé.

Droit devant elle, la nouvelle lampe bleue était suspendue telle une enseigne de magasin au-dessus de l’entrée du poste de police à la façade de style Tudor. Pour tenter d’améliorer l’image de la police aux yeux de la population, ternie par des émeutes raciales, des scandales sexuels et des accusations de corruption à haut niveau, le gouvernement s’était tourné vers le passé ; plus précisément vers les années 1950. Ainsi, cette lampe sortait tout droit d’un vieux feuilleton télé en noir et blanc. L’image du vieux flic débonnaire qui patrouille dans son quartier avait fait beaucoup rire au siège de la police régionale d’Eastvale. Ah, si la vie était aussi simple que ça, avaient-ils soupiré.

Déjà lu du même auteur :

81-pkeXoGWL Le Voyeur du Yorkshire PeterRobinson2 Le Rocher aux corbeaux

Matricule 1139  La Vallée des ténèbres

Petit bac 2022
(6) Couleur

voisinsvoisines2021_new50
Angleterre

 

Le mur des silences – Arnaldur Indridason

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Anne-Marie Métailié – février 2022 – 336 pages

traduit de l’islandais par Eric Boury

Titre original : Þagnarmúr, 2020

Quatrième de couverture :
Dans une vieille maison, dans laquelle toutes les femmes qui y ont vécu se sont senties oppressées sans raison, un mur de la cave s’effondre et on trouve un corps.
Konrad, très intrigué par ce cadavre inconnu, enquête et fait resurgir des affaires traitées dans ses trois romans précédents. Par ailleurs, il presse la police d’élucider le meurtre de son père mais il a oublié qu’à l’époque il avait menti et se retrouve inculpé. Toujours dans une ambiance à la Simenon et avec un Konrad très ambigu, moyennement sympathique et noyé dans l’alcool.
Le Mur des silences est un beau roman noir sur la violence familiale, la vulnérabilité, les sacrifices et l’impunité, dans lequel les coldcases ressurgissent toujours.

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavík en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l’auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, traduits dans 40 langues et vendus à plus de 13 millions d’exemplaires.

Mon avis : (lu en juillet 2022)
C’est la quatrième enquête de Konrad, le nouveau personnage d’Arnaldur Indridason. En écrivant ce billet, je m’aperçois que je n’ai pas lu la troisième enquête… Je me rattraperai ultérieurement.
Tout commence avec la découverte macabre d’un corps emmuré depuis longtemps dans une maison. Certains anciens occupants de cette maison ne s’y étaient jamais sentis à l’aise sans en comprendre la raison.
Nous retrouvons Konrad, policier à la retraite et veuf. Il se questionne toujours sur les circonstances de l’assassinat de son père et plus de trente ans après, il enquête toujours pour résoudre cet affaire.
En parallèle, le lecteur suit l’histoire d’Elisa, une femme battue par un mari qui exerce également une grande emprise sur elle. Au fil des pages, le lecteur va découvrir que cette histoire se déroule dans le passé et qu’indirectement, elle a un lien avec le père de Konrad…
Je n’en dirai pas plus pour ne rien divulgâcher.
J’ai toujours autant de plaisir à lire du Arnaldur Indridason pour découvrir l’Islande à travers des sujets malheureusement toujours actuels.

Extrait : (début du livre)
Peu après être entrée dans la maison, Eyglo avait vite ressenti le malaise évoqué par la femme.
Il arrivait régulièrement que des gens l’appellent en lui demandant de venir chez eux parce qu’ils souffraient d’angoisses inexplicables. Certains cherchaient à entrer en contact avec leurs proches défunts et parlaient de bruits inquiétants. Eyglo refusait de participer à ces chasses aux fantômes, à quelques rares exceptions près, et elle avait réussi à se débarrasser de cette femme au téléphone quelques jours plus tôt en lui notifiant une fin de non recevoir assez ferme. Son répit avait été de courte durée.
Deux jours plus tard, par une soirée d’automne, une quinquagénaire qu’elle n’avait jamais vue était venue sonner à sa porte. Juchée en haut des marches, sous une pluie diluvienne et souriant d’un air embarrassé, elle avait avoué être la personne qui l’avait appelée récemment pour lui parler de sa maison. Elle s’était empressée d’ajouter qu’elle ne venait pas lui demander d’organiser une séance de spiritisme ou quoi que ce soit de ce genre, mais souhaitait uniquement qu’elle l’accompagne chez elle pour faire le tour de la maison et lui dire si, elle aussi, elle percevait quelque chose susceptible d’expliquer l’anxiété et le trouble qu’elle ressentait depuis qu’elle avait emménagé, une peur et une appréhension lancinantes qu’elle n’avait jusque-là jamais éprouvées.
Ne voulant pas laisser l’inconnue sous la pluie battante, Eyglo l’avait invitée à rentrer s’abriter à l’intérieur.
– Je sais que les fantômes n’existent pas, avait repris la femme en refusant de s’aventurer au-delà du vestibule, mais il y a dans cette maison quelque chose qui ne va pas. Oui… il y a quelque chose. J’en suis persuadée et j’aimerais savoir si vous le percevez aussi. Pardonnez-moi… mon Dieu, j’ai l’impression de devenir folle.
Eyglo l’avait invitée à s’asseoir sur la chaise dans l’entrée. Son interlocutrice s’était adressée à la Société islandaise de spiritisme et Malfridur, une amie d’Eyglo, lui avait suggéré de la contacter car personne n’était mieux placé qu’elle pour l’aider même si elle se montrait souvent assez réticente. Ce n’était pas la première fois que Malfridur lui envoyait des gens sans son accord alors qu’elle lui avait maintes fois répété vouloir cesser toute activité liée à la voyance, mais Malfridur ne l’écoutait pas.

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert

la_voix La Voix l_homme_du_lac L’Homme du lac hiver_arctique Hiver Arctique

hypothermie Hypothermie la_rivi_re_noire La rivière noire betty Bettý

la_muraille_de_lave La muraille de lave etranges_rivages Étranges rivages

91768788 La cité des jarres 95359847 Le Duel

105501958 Les nuits de Reykjavik 110108840 Le lagon noir

9782367623085-001-X Opération Napoléon 9782367627595-001-T Passage des ombres

71UbDwTos8L Ce que savait la nuit 61YQz30gvAL Les roses de la nuit 

 Les fantômes de Reykjavik

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Islande

Où es-tu Mari ? – Kristel Peterson

619pdkVMIFL Les Éditions du 38 – février 2022 – 228 pages

Quatrième de couverture :
Maja vit à Forsøl, petit village norvégien à quelques kilomètres de la ville de Hammerfest, au nord du cercle polaire. Elle raconte dans son journal sa lutte quotidienne pour vivre malgré le chagrin qu’elle éprouve depuis la mystérieuse disparition de sa fille Mari. Elle essaie d’endormir sa douleur avec l’aquavit du placard de la cuisine et s’accroche à l’idée que Mari est encore vivante quelque part. Maja est prête à tout pour la retrouver, même à boire les tisanes hallucinogènes d’un vieux shaman sami. En s’isolant régulièrement dans sa cuisine avec des brioches et du thé pour écrire son journal et pour réfléchir, elle avance lentement dans la recherche de la vérité, mais plus elle progresse sur ce chemin, plus le danger, irrémédiablement, resserre son étau…

Auteur : Kristel Petersen, franco-norvégienne née en 1969, a grandi entre le sud-ouest de la France et la Norvège. Enfant curieuse et précoce, elle recopie frénétiquement des hiéroglyphes et devient ensuite une lectrice avide et forcenée qui cherche dans les livres des réponses impossibles à trouver. Géographe, elle poursuit sa quête à travers de nombreux voyages sur plusieurs continents et en explorant des cultures très différentes. Dans son premier roman policier, Où es-tu Mari ? , elle évoque la nature hostile du Finnmark, au nord de la Norvège, où elle a passé une partie de son enfance.

Mon avis : (lu en avril 2022)
C’est l’histoire de la disparition d’une enfant de six ans, Mari, dans le nord de la Norvège. Le prologue, nous raconte les circonstances de la disparition : Mari jouait dans le jardin avec le chien en lui lançant une balle et petit à petit ils se sont éloignés, un vieux renne habitué à venir à proximité s’est approché de la clôture, la fillette a ouvert la barrière pour le faire entrer dans la jardin. Mais le chien, jaloux, a détalé vers le plateau et Mari est partie à sa suite, marchant difficilement dans la neige…
Le roman commence près de trois ans après la disparition de Mari. Sa mère, Maja est toujours dévastée par la disparition de sa fille et n’arriva pas à croire qu’elle soit morte contrairement à son entourage ou presque. Maja vit à Forsøl, petit village de pêcheurs au nord du cercle polaire avec Bjarne son mari et Kristian, leur fils de 8 ans. Elle est institutrice.
Maja est norvégienne, mais son père était russe et sa mère est Sami. Maja est tombé follement amoureux d’un Sami, mais ce dernier l’a abandonnée alors qu’elle était enceinte de Mari. Maja a donc épousé Bjarne un norvégien avec une bonne situation.
Pour tenir le coup après le drame de la disparition de Mari, Maja boit en cachette et se confie dans un journal intime. Le lecteur va donc petit à petit découvrir la vie passée et actuelle de Maja et pouvoir répondre à la question « Où es-tu Mari ? »
J’ai aimé en apprendre un peu plus sur la culture et les croyances des Samis.
L’intrigue est plutôt bien construite avec quelques rebondissements… j’ai pourtant eu assez vite une idée sur l’identité d’un coupable…
Merci à Masse Critique Babelio pour cette lecture dépaysante

Extrait : (début du livre)
Prologue :
Mari jouait avec le chien dans le jardin. Elle lançait la balle dans la neige et Thor partait à toute vitesse pour la rattraper. Le rire innocent et cristallin de la petite fille se mêlait aux jappements du chien qui secouait joyeusement ses longs poils noirs pour se débarrasser de la neige. Dans son petit manteau de laine rouge, Mari s’élançait à la rencontre de Thor qui lui rapportait fièrement la balle, à bout de souffle. Elle lui caressait le dos en le regardant tendrement, puis reprenait la balle pour la lancer à nouveau très loin. Ravi, l’animal redressait les oreilles et aboyait avant de partir comme une flèche pour aller la chercher. Mari le poursuivait en riant aux éclats, dévoilant ses petites dents blanches et fines qui tranchaient avec ses lèvres rouges et sa peau dorée. Des dents de petite fille coquine, aux joues rondes et douces, aux cheveux noirs dont les mèches rebelles dépassaient toujours du bonnet.
Débordant d’énergie, Thor fit volte-face pour revenir une nouvelle fois avec la balle alors que Mari courait vers lui. Ils se télescopèrent et tombèrent l’un sur l’autre, Mari roulant dans la neige avec le chien. Ses éclats de rire se mêlaient aux aboiements de l’animal qui s’était remis sur ses pattes et lui donnait de grands coups de langue affectueux.
Soudain, Mari leva la tête et aperçut le vieux renne qui venait d’arriver derrière la clôture en planches contre laquelle il avait l’habitude de frotter ses bois. Il les avait sans doute entendus jouer et espérait recevoir lui aussi sa part de caresses, et peut-être une friandise à grignoter. Mari abandonna Thor pour se précipiter vers le renne en poussant des cris de ravissement. Elle lui ouvrit la petite barrière blanche et attendit qu’il entre dans le jardin. Il se gratta une dernière fois contre la clôture, puis s’avança lentement dans l’allée. La petite fille s’approcha doucement, elle savait qu’il ne fallait plus s’agiter ni faire de bruit si elle voulait pouvoir le caresser. Le gros animal se pencha vers un jeune arbuste d’ornement qui avait encore quelques feuilles tendres. Mari en profita pour frotter son dos couvert de poils blancs. L’animal délaissa un instant la plante pour relever la tête et poser sur elle ses grands yeux noirs. Mari lui chatouilla le museau. Son haleine fumait dans l’air froid de l’après-midi et dégageait des relents de mousse moisie et de lichen.
Thor se dressa sur ses pattes et détala en direction du plateau. Mari eut peur qu’il soit jaloux du renne et franchit la limite du jardin pour partir à sa poursuite en l’appelant et en avançant difficilement dans la neige épaisse où s’enfonçaient ses petites jambes. Le renne la suivit en trottant dans le petit bois de bouleaux nains. Il s’arrêta un instant pour humer l’air de la toundra avant de reprendre sa course. Il était sans doute le seul à percevoir les signes annonçant la tempête de neige toute proche. Une tempête d’automne violente et soudaine, comme elles l’étaient souvent ici, dans ces solitudes gelées de bout du monde : des vents glacés qui se déchaînaient en apportant une grande quantité de neige humide et lourde.

Petit bac 2022
(4) Ponctuation

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Norvège

Seul le silence – Fabrice Colin, Richard Guérineau, RJ Ellory

7144HFgv3YL Philéas – octobre 2021 – 104 pages

Quatrième de couverture :
Joseph Vaughan, devenu écrivain à succès, revient sur des événements qui ont bouleversé son enfance et qui vont le hanter, le poursuivre toute sa vie d’adulte : des meurtres de jeunes filles perpétrés sur plusieurs décennies, dont il a été le témoin involontaire.
Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable…
Joseph Vaughan, devenu écrivain à succès, tient en joue le tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans.
Plus encore qu’un récit de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence a marqué une date dans l’histoire du thriller. Avec ce roman crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J. Ellory révèle la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.

Auteurs : R.J. Ellory est né en 1965. Après avoir connu l’orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de rock, avant de se tourner vers la photographie. Seul le silence est son premier roman publié en France.
Fabrice Colin : Quatre fois lauréat du Grand prix de l’Imaginaire, Fabrice Colin s’est d’abord fait connaître par ses textes relevant des littératures de l’imaginaire, fantasy et science-fiction, avant de se tourner vers le polar et la littérature générale.
Il est l’auteur de nombreux romans pour adultes, pour la jeunesse, nouvelles et scénarios de BD, ainsi que de dramatiques radiophoniques pour Radio France.
Il collabore au Canard enchaîné et au Nouveau Magazine littéraire.
Richard Guérineau rencontre Eric Corbeyran en 1991 : le duo crée, en 1994, L’As de Pique, puis, en 1997, Le Chant des Stryges. Pour cette série, il adapte son style graphique : son trait nerveux et ses cadrages serrés servent brillamment ce récit mené tambour battant. En 2008, il s’associe avec Henri Meunier pour le western Après la nuit, puis en 2010 sur le deuxième tome de la série Le Casse, Le Troisième jour. En 2012, il réalise un opus de la série XIII Mystery  avec Fabien Nury. Il enchaine l’adaptation du roman de Jean Teulé, Charly 9, où il est à la fois scénariste, dessinateur et coloriste, suivi de Henriquet, l’homme reine, puis Croke Park qui aborde la lutte sans merci que se livrent espions anglais et révolutionnaires irlandais à Dublin, dans les années de guerre civile irlandaise.

Mon avis : (lu en janvier 2022)
Cette BD est une adaptation très réussie du thriller « Seul le silence de RJ Ellory ».
C’est l’histoire de la vie de Joseph Vaughan, il perd son père à l’âge de 12 ans, il est donc élevé seul par sa mère à Augusta Falls, une petite ville de Géorgie. Son institutrice, Alexandra Webber, décèle chez lui le potentiel d’un futur écrivain. Tout bascule le jour où une petite fille est sauvagement assassinée. C’est la première victime d’une série de meurtres de petites filles. Avec ses copains, Joseph crée le groupe des Anges gardiens, ils se promettent de toujours veiller sur leurs petites voisines. Mais les meurtres continuent à se perpétuer.

Des années plus tard, Joseph est devenu écrivain et il vit à New York, il va malheureusement croiser à nouveau la route de l’assassin. Il va vouloir alors venger les petites filles qu’il n’a pas su protéger et retrouver cet assassin insaisissable depuis trente ans…
Tout est dans l’ambiance et l’atmosphère de cette histoire, et le dessin met en valeur l’Amérique rurale, mais également New York.
L’intrigue efficace nous incite à garder le livre en mains et l’on découvre seulement à la fin qui est ce terrible meurtrier. L’essentiel n’est pas l’intrigue policière, mais l’histoire de Joseph, ce jeune héros, écrivain en devenir, meurtri par la vie et bouleversé par les morts de ces petites filles. Aussi bien enfant qu’adulte, Joseph est terriblement attachant.
Avec cette bande dessinée, j’ai aimé me souvenir de la très belle découverte de ce grand roman.

Extrait : (début de la BD)

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Sur l’autre rive – Emmanuel Grand

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Albin Michel – mars 2021 – 528 pages

Livre de Poche – avril 2022 – 512 pages (à paraître)

Quatrième de couverture :
Saint-Nazaire, ses chantiers navals, une forêt de silos et de grues, les marais et l’océan à perte de vue, un pont entre deux rives.
Pour Franck Rivière, 21 ans, jeune espoir du football local, des rêves plein la tête, c’est aussi la fin du voyage : une chute de 68 mètres et son corps glacé repêché au petit matin.
Tandis que le capitaine Marc Ferré doute de ce suicide, Julia, la sœur de Franck, brillante avocate « montée » à Paris, se heurte aux vérités d’une ville qui cache mal sa misère, ses magouilles et son pouvoir secret : que le bizness paie peut-être plus que le ballon rond, que Saint-Nazaire ne l’a jamais quittée, et qu’on n’enterre pas aussi facilement un amour d’adolescence.
Roman d’atmosphère, peinture sociale saisissante d’une région déchirée, Sur l’autre rive est un récit aussi noir que sensible où se déploient la puissance romanesque et le style percutant d’Emmanuel Grand, l’auteur de Terminus Belz et des Salauds devront payer.

Auteur : Emmanuel Grand, a passé son enfance en Vendée et vit aujourd’hui en région parisienne. Il est l’auteur de trois polars très remarqués : Terminus Belz (prix PolarLens, Tenebris et prix du polar SNCF), Les salauds devront payer (prix Interpol’Art 2016) et Kisanga qui a reçu le Prix Landerneau Polar 2018. 

Mon avis : (lu en mars 2022)
Ce roman policier se déroule dans la région de Saint-Nazaire. Franck Rivière, 21 ans, est un espoir du football local. Il est retrouvé au petit matin, sur la rive de la Loire après une chute de 68 mètres depuis le pont de Saint-Nazaire. Un suicide ? Tout l’indique, mais le capitaine Marc Ferré a comme une intuition que ce n’est pas un suicide… Sa sœur, Julia, brillante avocate partie faire carrière à Paris, revient au pays avertie de la mort de son frère. Elle est également convaincue que Franck n’a pas mis fin à ses jours et va également chercher à comprendre.
La construction du livre est assez spéciale puisque l’on commence par le drame et le début de l’enquête, puis l’auteur renvoie le lecteur un an avant, puis retour au présent, puis nouveau flashback un mois auparavant avant la conclusion.
L’intrigue est bien construite, les personnages sont attachants et les deux rives du pont sont parfaitement décrites. Il est question d’appât du gain, de petites magouilles et d’amours contrariés…
J’y ai trouvé quelques longueurs, en particulier le fait que Marc et Julia étaient camarades de lycée, n’apporte rien de plus à ce roman noir.

J’ai beaucoup aimé la description de la traversée du pont en voiture du point de vue du capitaine Marc Ferré, étant sujet au vertige. Les sensations y sont !

Extrait : (début du livre)
Agrippé à la rambarde, Franck embrassait la ville entière d’un seul coup d’œil. En contrebas, il apercevait les alvéoles des chantiers tandis qu’au loin, de longues traînées phosphorescentes couraient jusqu’au bout de la rade. Un peu plus à droite, au milieu d’une forêt d’étincelles dans la nuit noire, il devinait la soucoupe et la route bleue qui filait vers la côte. Qu’elle était belle, cette cité laborieuse, hérissée de silos, d’entrepôts, de grues, de quatre-voies éclairées comme en plein jour. Tous ces points lumineux, ces maisons éclairées, ces voitures, ces lampadaires de rue, réduits comme des têtes d’épingle, agglutinés en grappes ou disséminés au hasard, abritant chacun un échantillon de vie nocturne, une famille, un quartier, quelques cœurs battants ou endormis. Telle une sentinelle dans les ténèbres, sa ville ne dormait jamais que d’un œil, toujours vigilante dans sa lutte contre l’océan, toujours alerte dans ce combat au corps à corps qui la recouvrait en permanence d’une mince pellicule de bave grasse et salée, un combat qui semblait encore plus terrible de nuit quand les lumières de la ville étaient prises entre les mâchoires sombres de l’immensité.
D’où il se trouvait, toute la baie semblait à portée de main, depuis les darses jusqu’au bout de la plage et au marais de Brière qu’on devinait à l’ouest perdu dans l’ombre. Il lui aurait presque suffi d’allonger le bras pour ramasser une pleine poignée de lucioles. Il y aurait trouvé des gamins recroquevillés comme des bigorneaux, des vieillards aux yeux ouverts, des travailleurs exténués, des poivrots hagards, des amoureux emmêlés… Toute cette vie sommeillante, si proche et si lointaine, insaisissable du fait de cette obscurité qui s’interposait. Le gouffre sous ses pieds. Le vent glacé sifflant entre les lames d’acier.
Franck était au bout de ses forces, frappé de convulsions qui refluaient depuis ses jambes jusqu’à la racine de ses cheveux. Il grelottait des épaules et avait des fourmis dans les bras. Le peu d’énergie qui lui restait était concentré dans ses deux mains, livides tant elles étaient serrées. Son souffle était court et son pouls battait à toute allure. La brise mouillait le coin de ses yeux. Il ne réalisait pas ce qui était en train d’arriver. Trop d’images défilaient dans sa tête.

Déjà lu du même auteur :

9782367622897-001-X Les salauds devront payer

Petit bac 2022
(3) Lieu