Il est où le patron ? : chroniques de paysannes – Maud Bénézit et les Paysannes en Polaire

71q0ywtpdaL Marabulles – mai 2021 – 176 pages

Quatrième de couverture :
Au fil d’une saison agricole, dans un petit village de moyenne montagne, trois femmes paysannes, voisines de marché, se rencontrent, s’entraident et se lient d’amitié. En partageant leurs expériences, ces femmes se donnent la force de faire entendre une autre voie que celle du patriarcat.
Ces jeunes paysannes combatives et passionnées gèrent leur propre ferme et se heurtent au machisme du milieu agricole. On leur demande souvent : il est où le patron ?

Auteures : Maud est dessinatrice autodidacte. Elle raconte son quotidien en B.D. depuis 2014 sous le nom de bdzit Par ailleurs, ses études en agronomie ont attisé son intérêt pour les questions paysannes.
Céline Berthier a repris avec une associée une ferme caprine en Ardèche. Marion Boissier est impliquée dans différents projets collectifs, Mie fait notamment du maraîchage et élève des abeilles en Ardèche, Fanny Demarque a été éleveuse de brebis laitières dans L’Ain. Elle est aujourd’hui bergère dans Le Briançonnais. Florie Salanié est apicultrice. Elle s’installe progressivement avec ses 3 567 243 abeilles en Ardèche. Guilaine Trossat a été bergère pendant 7 ans avant de s’installer avec un troupeau de brebis en Ardèche.

Mon avis : (lu en février 2023)
Cinq paysannes d’Ardèche et du Briançonnais ont décidé de raconter leur quotidien à la ferme dans une bande dessinée. Elles y partagent des anecdotes de vie parfois lourdes, humiliantes, drôles, mais toujours justes. L’ouvrage veut briser les clichés machistes et sexistes présents dans le monde agricole.
Jo, Anouk et Coline sont trois femmes paysannes, elles se rencontrent sur le marché pour vendre leur produits et échanger autour d’un petit café. Elles vont se lier d’amitié, discuter, partager leurs expériences et s’entraider. Coline est mariée, mère de deux enfants, elle est originaire du village. Il y a dix ans, avec son mari, elle a repris la ferme et les brebis laitières de ses parents. Il y a cinq ans, Anouk a quitté la ville pour emménager à la campagne et devenir apicultrice. Jo vient de terminer ses études et s’installe tout juste pour reprendre une ferme caprine. Toutes les trois sont confrontées au sexisme ambiant. Au fil des saisons, en les suivant dans leur quotidien, nous découvrons leur questionnement sur le féministe mais également sur la difficulté de la vie agricole.
Une BD très instructive et distrayante aux propos efficaces et justes.
En bonus, un bel hommage à
Anne Sylvestre qui ouvre et ferme cette histoire avec sa chanson Bergère !

Extrait : (début de la BD)

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Le voyage de Monsieur Raminet – Daniel Rocher

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Les Éditions du Net – février 2014 – 244 pages

Motifs – juin 2011 – 240 pages

Quatrième de couverture :
Après une existence bien réglée et plutôt solitaire, Félix Raminet, professeur de Droit, tout juste retraité, vient d’obtenir brillamment son permis de conduire. Follement épris de liberté, il saute dans sa voiture neuve et quitte Paris pour Saint-Malo. Le Destin l’attend sur une aire d’autoroute : Jane, une jeune Américaine, généreuse, libre de corps et d’esprit, va changer irrémédiablement le cours de sa vie.

Auteur : Daniel Rocher, avocat parisien, nous offre depuis plusieurs années des œuvres très différentes : romans ou nouvelles, comiques, graves ou mélancoliques. Le voyage de Monsieur Raminet campe un personnage dont le sérieux imperturbable, au milieu de ses rencontres cocasses, nous renvoie une image de notre monde pleine de sagacité, de tendresse et d’éternelles illusions.

Mon avis : (lu en avril 2022)
Ce roman raconte le voyage d’un retraité nommé Monsieur Raminet qui décide de partir à la recherche de ses souvenirs d’enfance dans la ville où il a grandi. Le lecteur découvre avec curiosité les aventures de Félix Raminet partie pour la Bretagne dans sa toute nouvelle voiture. C’est un personnage atypique, un héros ordinaire très attachant, sa vie a toujours été plutôt plan-plan, il a un langage précieux ou empoulé. Ce voyage va devenir inattendu et plein de surprises lorsqu’il accepte de prendre Jane, une jeune Américaine, en auto-stop… Celle-ci est à l’opposée de Félix Raminet, jeune, jolie et blonde, au comportement libéré et avec du franc-parler. Jane parcourt le monde et prépare une thèse avec comme sujet d’étude la timidité masculine ! Au fil de leur voyage, ils vont faire d’improbables rencontres et Monsieur Raminet va s’ouvrir aux autres et à découvrir le sens de l’amitié et de la solidarité.

Extrait :

https://books.google.fr/books?id=x_9TEAAAQBAJ&lpg=PA2&hl=fr&pg=PA2&output=embed

Mediator, un crime chimiquement pur – Irène Frachon, Eric Giacometti, François Duprat

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Auteurs : Irène Frachon, née en 1963, est médecin des hôpitaux, spécialiste de pneumologie.
En poste au CHU de Brest, elle a notamment joué un rôle décisif dans l’affaire du benfluorex (ou Mediator), médicament utilisé comme coupe-faim, commercialisé en France par les laboratoires Servier de 1976 à 2009, et ayant provoqué la mort de nombreux patients jusqu’à son retrait en 2009.
Éric Giacometti est un écrivain de thrillers français. Il était auparavant journaliste dans la presse grand public jusqu’en 2013. Il a été chef de service au Parisien-Aujourd’hui en France dans les rubriques société puis économie/finances jusqu’à la fin 2012. Auparavant, toujours dans le même quotidien, il a été spécialisé dans l’investigation dans les milieux médicaux et pharmaceutiques (1997 à 2002).
François Duprat, né en 1976 à Toulouse, est dessinateur, scénariste et coloriste de bande dessinée. Il vit actuellement à Lille.

Mon avis : (lu en février 2023)
Médiator, le nom de ce médicament est connu par tous… Il est à l’origine du plus grand scandale médical de ces dernières années !
Un médicament destiné à lutter contre le diabète et qui a surtout été prescrit comme un coupe-faim alors que les effets secondaires étaient dévastateurs. Celle qui a mis toute son énergie à révéler la vérité c’est Irène Frachon, médecin pneumologue courageuse et tenace. Avec des collègues du CHU de Brest, la Presse et quelques informateurs à l’ARS et à la Sécurité Sociale, Irène Frachon a réussi à faire éclater le scandale puis à soutenir tous les malades qui ont été abusés par le laboratoire Servier.
Cette BD retrace la chronique de ce médicament et du scandale. Il y a le témoignage de victimes, l’histoire des laboratoires Servier, avec en amont l’invention de l’Isoméride, le personnage d’Hippocrate est là pour vulgariser les sujets plus médicaux ou techniques…
En 2007, les symptômes d’une malade du Docteur Irène Frachon atteinte de HTAP  (hypertension artérielle pulmonaire) et prenant du Médiator lui rappelle des malades, vus lors de son internat, traités à l’Isoméride, médicament aux propriétés anorexigènes finalement retiré du marché en 1997 simultanément aux États-Unis et en France. Comme ces deux médicaments viennent du même laboratoire, elle décide de s’intéresser de plus près au sujet et elle enquête à l’aide des publications médicales dont la revue indépendante Prescrire. Elle comprend assez vite qu’il y a un problème mais s’attaquer aux puissants laboratoires Servier ne va pas être facile… Il va lui falloir prouver ce que ses intuitions lui dictent et démontrer toute la responsabilité du laboratoire pour les milliers de victimes qui sont mortes ou devenues gravement handicapés.
Le Mediator a été interdit en 2009, le procès doit se tenir de à . Les débats durent six mois et sont interrompus par la pandémie de coronavirus. Le procès s’achève début juillet 2020. Le jugement est prononcé par le tribunal de Paris en . En janvier 2023 débute le procès en appel de cette affaire
Je connaissais le sujet pour avoir suivi ce scandale dans la presse et les interventions d’Irène Frachon à la télévision et j’avais également vu en 2016 et beaucoup aimé le film d’Emmanuelle Bercot « La fille de Brest » qui racontait le combat d’Irène. Avec cette BD, j’en ai appris encore plus sur le sujet. Cela se lit comme une enquête, c’est passionnant et très instructif.

A la fin de l’album, Irène Frachon nous invite à signer une pétition « Pour retirer à Jacques Servier la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur !« , décoration qui lui a été donné en 2009.

Extrait : (début de la BD)
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Petit bac 2023(1) Maladie

Un petit goût de noisette 3 – Vanyda

81kccRq9CNL Dargaud – août 2022 – 224 pages

Quatrième de couverture :
L’amour a parfois le goût de la noisette. Ou du chocolat amer, c’est selon. Tout dépend des circonstances et des hasards de l’existence. Il existe autant d’histoires d’amour que de couples, autant de rencontres que d’individus et de tempéraments. Mais il paraît qu’elles finissent mal, en général. Il est vrai que les occasions manquées, les espoirs déçus et les rêves inaboutis font partie de la vie amoureuse. Le bonheur n’est pas toujours simple à attraper. Certains ont même une fâcheuse tendance à le fuir de peur qu’il ne se sauve, comme dirait la chanson de Jane Birkin. Avec ce troisième volet d’Un petit goût de noisette, Vanyda entremêle les destins de ses personnages – qu’on les connaisse déjà ou non – si différents et pourtant si proches, de Corentin à Éléonore de Tristan à Fée, de Samir à Léon et à mademoiselle Fourmi, la jeune fille qui fuyait les belles rencontres. Même si l’amour ne suffit pas toujours à bâtir une relation durable, il faut pourtant continuer à y croire. Parce que tout est possible et parce qu’il faut prendre nos rêves au sérieux. Et parce que les histoires d’amour, parfois, finissent plutôt bien…

Auteur : Vanyda Savatier (plus connue sous son seul prénom) est une auteur d’origine franco-laotienne de bande dessinée apparentée à La Nouvelle Manga. Élève des Beaux Arts de Tournai (Belgique). Elle forge son style grâce à l’influence des dessins animés japonais. Elle fusionne ainsi le style mangas – BD franco-belge. Elle vit actuellement à Lille.
Son blog: http://vanyda.fr/

Mon avis : (lu en août 2022)
Comme pour les tomes 1 et 2, le lecteur découvre des histoires d’amour entre personnages variés, certains ont déjà été croisé dans les précédents tomes et d’autres sont  nouveaux… Ces histoires courtes, parfois sans parole, se mêlent et se croisent, elles racontent la fragilité de l’amour, les rencontres, les occasions manquées…
C’est léger, tendre parfois drôle ou plus douloureux… C’est plein d’humanité, de poésie et de délicatesse…
C’est toujours aussi savoureux…

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2023(2) Végétal

Déjà lu du même auteur :

un-petit-gout-de-noisette-tome-1-sans-titre Un petit goût de noisette 1

un-petit-gout-de-noisette-tome-2-sans-titre Un petit goût de noisette 2

91qgXNmpNsL Valentine, tome 1   Valentine, tome 2

81GAYCfhIzL Valentine, tome 3  Valentine, tome 4

Valentine, tome 5 Valentine, tome 6

Simone, tome 1 : Obéir c’est trahir, désobéir c’est servir – Jean-David Morvan, David Evrard

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Quatrième de couverture :
Simone Lagrange est arrêtée par la Gestapo le 6 juin 1944. Elle a 13 ans. Lors de ses interrogatoires par Klaus Barbie, elle refuse catégoriquement de répondre à ses questions. Exaspéré par sa résistance, le chef de la Gestapo lyonnaise la fait déporter à Auschwitch-Birkenau.
Lors du procès du Boucher de Lyon, 43 ans plus tard, Simone Lagrange se dressera de nouveau contre Klaus Barbie, pour témoigner sur les atrocités qu’il a commises. La petite Simy est revenue des camps et a tenu promesse faite à ses camarades, qui lui demandaient avant de tomber : « Si tu rentres, n’oublie pas d’en parler. » Simone raconte l’histoire d’une femme dont la volonté n’a d’égale que la résilience, d’une petite fille qui a toujours refusé d’accepter que ses origines l’aient fait naître coupable.

Auteurs : Né en 1969, Jean-David Morvan est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrira en 2001 la série Zorn et Dirna. En 1994, il publie Nomad avec Sylvain Savoia. La série Sillage, commencée en 1998 avec Buchet au dessin, remporte un succès immédiat. Il est également l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya.
En 2013, il donne une suite à la série Nomad avec un second cycle qu’il intitule Nomad 2.0 avec, cette fois-ci, Julien Carette au dessin. L’année suivante, il scénarise : Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin de Jung-Gi Kim) et l’album de la collection « Ils ont fait l’Histoire » consacré à Jaurès.
E411 (David Evrard) est né à Cologne en Allemagne, le 6 juillet 1971. Ses premiers dessins sont édités par l’O.N.E. (Office de la Naissance et de l’Enfance, en Belgique). Ils sont suivis par d’autres pour la revue Bonjour pour lesquelles il créera la BD jeunesse Max et Bouzouki avec Falzar au scénario. Max et Bouzouki ont leur propre mensuel éponyme depuis 2004. À partir de 1995, sur des scénarii de Fauche et Adam, E411 a réalisé de nombreuses BD de communication pour, entre autres le groupe Accor (Alph-art de la communication à Angoulême en 1996), Hewlett Packard, Laroche-Posay, etc. Parallèlement, il participe activement à l’animation du journal Spirou avec « Les Couvertures que vous ne deviez pas voir ». En 2009, les éditions Vents d’Ouest éditent sa série Edwin et les Twins (2 tomes parus, scénario de Falzar). En octobre 2009, Edwin et les Twins reçoit le Grand Prix des Lecteurs du Journal de Mickey. En 2011, les éditions Sandawe éditent Maître Corbaque (scénario de Zidrou), qui a la particularité d´être la première BD mondiale financée par des internautes. Également avec Zidrou, il crée la série Schumi (Prix Escapade 2013), bientôt adaptée en dessin animé sous le nom Will sur France TV (2016). Avec Morvan et Tréfouël, il publie en 2017 le poignant Irena ayant pour toile de fond le ghetto de Varsovie qui s’achève après 5 tomes. Réside en Belgique.

Mon avis : (lu en juillet 2022)
Après la série « Irina », les même auteurs nous raconte ici l’histoire de Simone Lagrange qui en 1972, a reconnu à la télévision  Klaus Barbie, le tortionnaire nazi. Elle avait été arrêtée à Lyon par la Gestapo en 1944, alors qu’elle avait à peine 13 ans et cet homme est celui qui l’a torturée. En 1939, Simone s’appelle alors Simy Kadosche, elle fait partie d’une famille juive française. Elle s’engage dans la Résistance, à Lyon, comme agent de liaison.
Dans ce premier tome, l’histoire se déroule entre 1972 avec les hésitations de Simone à témoigner, et la période de l’Occupation, où Simone et ses amis entrent dans la Résistance, alors que le danger devient plus pressant pour les Juifs. Malgré sa jeunesse, Simone distribue des tracts, fait passer des messages… elle fait preuve d’un grand courage et résistera face à Barbie malgré la torture.
Le dessin « enfantin » aux couleurs pastels contraste avec l’horreur de la guerre. La grande Histoire fait écho avec le quotidien de Simone et sa famille.
Il est prévu 3 tomes pour raconter l’histoire de cette résistante française, déportée à Birkenau qui témoignera lors du procès Barbie
. Et bien sûr, je les attends avec impatience.

Extrait :

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Petit bac 2023(1) Prénom

Déjà lu des mêmes auteurs :

91sYNAhtwWL Irena – tome 1 : Le ghetto  91dLnOPDZ-L Irena – tome 2 : Les justes

51RBT9XNMpL  Irena – tome 3 : Varso-Vie

81zW7nPj1WL Irena – tome 4 : Je suis fier de toi 81mxFi0ucQL Irena, tome 5 : La vie, après

L’or d’El Ouafi – Paul Carcenac, Pierre-Roland Saint-Dizier, Christophe Girard

71U5H8n4AYL  Michel Lafon – février 2022 – 128 pages

Petit bac 2023(1) Couleur

Ce pays qu’on appelle vivre – Ariane Bois

615X8H+K72L Plon – janvier 2023 – 281 pages

Quatrième de couverture :
Jeune caricaturiste de presse juif allemand, Leonard Stein est réfugié sur la Côte d’Azur, lorsque la guerre le rattrape à l’été 40. Arrêté par les gendarmes français, il est envoyé aux Milles, près d’Aix en Provence. Cette ancienne usine de tuiles peuplée d’un millier d’étrangers « indésirables » transformée en un effroyable camp d’internement est aussi paradoxalement un centre de culture et de création, rassemblant intellectuels et artistes de Max Ernst à Hans Bellmer.
En cherchant à s’échapper des Milles par tous les moyens, Leo fait la rencontre de Margot Keller, volontaire d’un réseau de sauvetage marseillais, dont il tombe éperdument amoureux. Alors que leurs efforts conjugués présagent la liberté, l’été 42 s’annonce, meurtrier et cruel. Le jeune couple décide de tenter l’impossible : sauver les enfants juifs de la déportation et rejoindre la résistance…
Dans la lignée du Gardien de nos frères, prix Wizo 2016, Ariane Bois signe un grand roman d’amour et de résistance et dresse le portrait de deux héros au courage prodigieux, pris dans l’enfer du plus grand camp d’internement et de déportation français de la zone sud, encore intact aujourd’hui et longtemps méconnu.

Auteure : Ariane Bois est romancière, grand reporter et critique littéraire. Elle est notamment l’auteure, récompensée par de nombreux prix littéraires, du Gardien de nos frères (2015), Dakota Song (2017), L’Île aux enfants (2019), finaliste du prix Maison de la presse, et L’Amour au temps des éléphants (2021), Éteindre le soleil (2022).

Mon avis : (lu en janvier 2023)
Ce roman a pour cadre historique le camp d’internement et de déportations des Milles situé à proximité d’Aix-en-Provence, il met en scène des personnages de fictions et des personnages réels.
Leonard Stein est un jeune caricaturiste de presse,  juif allemand, il a dû quitter sa famille et son pays après avoir été interné à Dachau. Il a pu se réfugier sur la Côte d’Azur. Mais la Guerre va le rattraper et comme beaucoup d’étrangers réfugiés dans le sud de la France, il est envoyé au camp des Milles. Là-bas, il ne sait pas ce qu’il va se passer pour eux tous. Il cherche donc tous les moyens possible pour sortir. Il va alors rencontrer Margot Keller, une jeune juive française qui vit à Marseille et qui aide les réfugiés. Elle sera pour lui l’espoir de la liberté. Depuis l’extérieur du camp, elle tente de l’aider à d’obtenir un visa pour un pays étranger accueillant. C’est à la fois une course contre la montre et un parcours du combattant… Dans le camp, Leo rencontrera Max Ernst et Franz Hessel parmi les intellectuels et des artistes qui ont fui le nazisme.
Dans ce roman historique pour se souvenir du camp français des Milles, il est question de l’horreur de la guerre mais surtout de solidarité, de courage, d’engagement, de liberté, d’art et de culture. L’usine de tuiles des Milles verra passer 10 000 étrangers, en majorité juifs. Après les avoir accueilli sur le sol français, l’État français n’hésitera pas à les trahir en les livrant aux Allemands avant même que la zone libre soit abolie…  Il y aura heureusement des hommes et des femmes courageux, des Justes, qui feront tout ce qu’ils pourrons pour sauver le maximum d’internés et notamment des enfants en les exfiltrant du camp. Ce roman leurs rend hommage.

Merci Babelio et les éditions Plon pour m’avoir permis de découvrir le nouveau livre d’Ariane Bois avant une rencontre prévue mercredi 18 janvier à laquelle je n’ai malheureusement pas pu assister en raison de la grève du lendemain…

Pour en savoir plus : Site-Mémorial du Camp des Milles

Extrait : (début du livre)
Il reconnaît l’air, toujours le même.
Un refrain patriotique entonné par des centaines de jeunes poitrines masculines, des garçons au garde-à-vous martelant les paroles d’un air martial. Puis arrivent les ordres lancés par la masse d’hommes galvanisés, nettoyez la terre allemande, honte aux ennemis du peuple, ou encore pas de place pour les auteurs dégénérés. Ensuite, dans la foule qui s’ouvre, dansent les drapeaux agités frénétiquement. La manifestation est passée par la porte de Brandebourg, puis a défilé avenue Unter den Linden avant de se grouper là, place de l’Opéra. La cérémonie peut commencer, sous une pluie battante. Les étudiants et les Jeunesses hitlériennes sont pressés d’en découdre, de se battre, même si leurs ennemis pour l’instant sont composés d’encre et de papier, et non de chair et d’os.
Aujourd’hui, à Berlin, comme dans vingt et une villes de la nouvelle Allemagne, on brûle des œuvres jugées antiallemandes. Un bûcher identique à ceux de l’Inquisition, pense le jeune homme, et cela dans son propre pays !
Contre la lutte des classes et le matérialisme, pour la communauté nationale. Je jette dans les flammes les écrits de Marx, récite un officiant.
Et juste après, l’odeur des pages qui s’embrasent, la couverture de l’ouvrage se tordant et, à la lueur des torches, les rictus virils des étudiants qui, un à un, s’avancent et précipitent avec solennité les textes de Freud, de Heine, de Mann, de Kautsky dans le feu.
Tous ces livres que son père, Jakob Stein, aime à la passion et dont il peut réciter des paragraphes ou des pages entiers. Il les vendait, ces auteurs favoris.
Avant, quand l’Allemagne n’avait pas été capturée par un fou qui entendait purger le pays de ses éléments indésirables, et établir un ordre nouveau, celui de la république nationale-socialiste. Lorsque le brasier atteint son paroxysme et que les cris deviennent
clameur, Leo entend des sales Juifs et des dehors hurlés à son endroit. Ils l’ont repéré, se lancent à sa poursuite. Alors, dans ce Berlin qu’il connaît mal, le jeune homme se met à courir, à courir, à perdre le souffle.

Déjà lu du même auteur : 

Petit bac 2023(2) Lieu

Entre les lignes – Dominique Mermoux, Baptiste Beaulieu

71--1auU0LS Rue de Sèvres – mai 2021 – 169 pages

Quatrième de couverture :
Lorsqu’il découvre dans une vieille malle trois carnets renfermant des lettres d’amour, le père de Baptiste sombre dans une profonde mélancolie. Baptiste, lui, tombe des nues : Moïse, son grand-père, y raconte toute l’histoire de sa vie. Plus incroyable encore, Moïse adresse son récit à une inconnue : Anne-Lise Schmidt. Naviguant entre les grands drames du XXe siècle et des témoignages d’aujourd’hui glanés dans une tentative éperdue de faire passer un message à son père, Baptiste devra percer le lourd secret d’un homme et lever le voile sur un mystère qui va chambouler toute une famille…

Auteurs : Ancien interne à l’hôpital d’Auch, Baptiste Beaulieu est aujourd’hui médecin généraliste et romancier. En novembre 2012, il lance son blog « Alors voilà », qui décrit avec humour, ironie et humanité, mais aussi parfois avec dépit, le quotidien des internes aux urgences. Devant le succès de son blog (6 millions de visiteurs), la plupart des anecdotes des urgences d’Auch paraissent en 2013 dans le récit Alors voilà, les 1001 vies des urgences, adapté en bande dessinée.
Né en 1980 en Haute-Savoie, Dominique Mermoux se lance dans la bande dessinée après des études aux arts décoratifs de Strasbourg, un BTS en communication visuelle et un diplôme en illustration aux Arts décoratifs de Strasbourg. Récompensé à plusieurs reprises par des prix « Jeunes talents » (Angoulême, Lausanne, Sierre), il débute sa carrière dans la presse, puis décide de travailler sur des albums en collaboration avec des scénaristes. Il travaille principalement en tant que dessinateur BD, et continue d’affuter son stylo-bille dans les carnets de croquis qu’il réalise. Les Mille et une vies des Urgences est son premier titre chez Rue de Sèvres.

Mon avis : (lu en août 2022)
Ce roman graphique est l’adaptation en bande dessinée du roman « Toutes les histoires d’amour du monde » de Baptiste Beaulieu, un roman que je n’ai pas lu.
Moïse, le grand-père de Baptiste, le narrateur, était un taiseux, un père froid et distant. Dix ans après son décès, Denis, le fils de Moïse et le père de Baptiste, découvre dans les affaires de son père trois carnets écrits par Moïse et c’est un bouleversement pour lui. Ce sont des centaines de lettres touchantes adressées à une certaine Anne-Lise Schmidt qui racontent la vie de Moïse depuis son enfance… Il est question de la Seconde Guerre Mondiale et de la vie d’après. Ce qui bouleverse Denis, c’est la différence entre la froideur du père qu’il a connu et la tendresse et la sensibilité qui se dégage de ces lettres.
Affaibli par des soucis cardiaques, Denis vient demander de l’aide à Baptiste pour tenter de retrouver la mystérieuse Anne-Lise.
Baptiste part donc sur les traces de son grand-père…
Le lecteur va découvrir en alternance le récit de la vie de Moïse à travers ses lettres et la quête de Baptiste.
Une histoire de famille tendre et palpitante qui permettra à Baptiste de renouer des liens plus étroit avec son père.

Extrait :

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Déjà lu des mêmes auteurs :

914YFGC7khL Les mille et une vies des urgences

Petit bac 2023(1) Bâtiment

Les dames de Kimoto – Cyril Bonin

61o3sg-fBuL Sarbacane – mars 2022 – 112 pages

Quatrième de couverture :
D’après le roman de Sawako Ariyoshi.
« Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. L’étreinte de la main autour de la sienne lui rappelait que, maintenant qu’elle allait être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait d’appartenir à celle où elle avait vécu les vingt années de son existence. »
À travers le récit des amours, des passions et des drames vécus par trois femmes de générations différentes, Les dames de Kimoto dresse un tableau subtil et saisissant de la condition féminine au Japon depuis la fin du XIXᵉ siècle.

Auteur : Cyril Bonin est diplômé des Beaux-Arts de Macon, puis des Arts décoratifs de Strasbourg. Il se lance dans la bande dessinée chez Casterman en dessinant, de 1999 à 2007, les huit volumes de Fog sur un scénario de Roger Seiter, puis Quintett, série écrite par Frank Giroud. Après le one shot Quand souffle le vent réalisé avec Laurent Galandon, Cyril Bonin se lance en tant qu’auteur complet : La Belle image, La Délicatesse, Amorastasia… The Time Before, Presque maintenant (2018), Stella (2020).

Mon avis : (lu en novembre 2022)
Cette bande dessinée est l’adaptation du roman de Sawako Ariyoshi, auteur japonais que je ne connaissais pas. C’est l’histoire de quatre générations de femmes au Japon de l’ère Meiji (c’est à dire, entre 1868 et 1912). L’auteur s’intéresse essentiellement à Hana et sa fille Fumio, mais on n’oubliera pas Toyono, la grand-mère d’Hana qui représente le passé et Hanako, la petite-fille d’Hana qui sera le futur…  Hana est une épouse et une mère de famille dévouée qui respecte toutes les traditions japonaises contrairement à Fumio plus rebelle, elle a envie d’indépendance, de liberté, de la modernité !
La tradition c’est apprendre l’art de faire des bouquets, le rituel de la cérémonie du thé ou la calligraphie, mais Fumio souhaite autre chose : faire des études à l’université, choisir elle-même son futur mari…
Cette bande dessinée est l’occasion de découvrir la condition de la femme à cette époque, avec ses codes, ses traditions, ses superstitions… Ces femmes sont touchantes, fortes et courageuses.
Le dessin de Cyril Bonin est magnifique, le trait est délicat, précis et les couleurs pastel donne une ambiance pleine de douceur et de nostalgie totalement en adéquation avec le Japon.

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2023(1) Lieu

La nuit des pères – Gaëlle Josse

61ihYKxvGbL Les Éditions Noir Sur Blanc – août 2022 – 192 pages

Quatrième de couverture :
« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m’as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m’as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j’ai voulu faire mentir ta malédiction. »
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l’oubli.
Après de longues années d’absence, elle appréhende ce retour. C’est l’ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer.
Entre eux trois, pendant quelques jours, l’histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l’ombre de la grande Histoire, du poison qu’elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence.
Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu’à son crépuscule.
Avec ce texte à vif, Gaëlle Josse nous livre un roman d’une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.

Auteure : Venue a l’écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie son premier roman, Les heures silencieuses, en 2011, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013. Ces trois titres ont remporté plusieurs récompenses, dont le prix Alain-Fournier et le prix national de l’Audio lecture en 2013 pour Nos vies désaccordées. Le dernier gardien d’Ellis Island a été un grand succès et a obtenu, entre autres récompenses, le prix de Littérature de l’Union européenne. Une longue impatience a reçu le Prix du public du Salon de Genève, le prix Simenon et le prix Exbrayat. Une femme en contre-jour a remporté le prix Terres de Paroles 2020 et le prix Place ronde du livre photographique. Ce matin-là, paru en 2021, a également rencontré une très large audience. Elle signe son retour à la poésie avec son recueil Et recoudre le soleil, paru en 2022. La nuit des pères, son nouveau roman, est paru fin août 2022. La plupart de ses romans sont traduits dans de nombreuses langues et étudiés dans les lycées. Gaëlle Josse est diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique. Après quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille a Paris et vit entre Paris et la région parisienne. Elle est chevalier des Arts et Lettres et Chevalier de la Légion d’Honneur.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Après plus de vingt ans d’absence et à l’appel de son frère Olivier, Isabelle retourne dans la maison familiale où vit toujours son père. Ce dernier, ancien guide de montagne, a bien vieilli et c’est surtout sa mémoire qui devient défaillante.
Dix ans plus tôt, après la mort de leur mère, Olivier est revenu au village pour se rapprocher
Ce retour est l’occasion pour Isabelle d’affronter ses souvenirs et ce père dont la relation a toujours été difficile. Il était souvent absent, parti pour des courses en montagne, muré dans le silence ou alors il piquait des colères incompréhensibles pour l’enfant qu’Isabelle était. Devenue adulte, il est temps pour Isabelle de comprendre le comportement de ce père dont elle attendait tant…
Une histoire de famille bouleversante, parfaitement servie par une écriture poétique, précise, humaine, sensible.
Un très beau roman qui se lit presque d’une traite tellement le lecteur est emporté par les mots et les sentiments.

Extrait : (début du livre)
À l’ombre de ta colère, mon père, je suis née, j’ai vécu et j’ai fui.

Aujourd’hui, me voici de retour. J’arrive et je suis nue. Seule et les mains vides.
Il y a longtemps que je ne suis pas venue. Une éternité. C’est ce qu’on dit lorsqu’on ne sait plus. Répondre avec précision m’obligerait à ouvrir des agendas et des calendriers, à sonder ma mémoire, à laisser surgir trop d’images et me faire bousculer par leur incontrôlable irruption.
Je résiste de toutes mes forces à ce travail d’excavation, à la tentation de feuilleter d’imaginaires éphémérides pour une information qui au fond m’importe peu. Disons de nombreuses années, des Noëls et des étés pour lesquels j’ai dit peut-être, j’ai dit on va voir, et je ne suis pas venue.
Pour l’heure, tu vois, collée à la porte de ce wagon de TGV, j’attends que la décélération prenne fin, que le wagon s’immobilise et que je puisse enfin sortir.
De l’air, je veux de l’air. J’ai l’impression d’avoir passé mille ans dans ce train, chemise collée à ma peau comme un buvard, gorge brûlante et mains gonflées. Ce n’est pas que je sois pressée de te retrouver ni de retrouver tout ce qui m’attend, mais comme toi, j’aime être libre de mes mouvements. Nous avons cela en commun, à défaut d’autre chose, cette envie de liberté, brutale et non négociable. Là, tout de suite, je veux marcher, avancer, ne plus piétiner sur les talons des voyageurs encombrés, agglutinés dans cet espace malcommode, devant les portes, en équilibre instable dans les oscillations de la rame.

J’arrive et déjà le souvenir de ta voix cogne dans ma tête. Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m’as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m’as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j’ai voulu faire mentir ta malédiction.

Alors, non, je ne suis pas pressée. Olivier sera là, dans le hall, à l’heure et même en avance, avec sa voiture garée comme il faut, où il faut. Égal à lui-même. Au téléphone, il ne m’a pas beaucoup laissé le choix. Ça serait bien que tu viennes, depuis le temps. Il faut qu’on parle de papa. Et puis, ça lui fera plaisir.
Voilà ce qu’il m’a dit.

Il avait hésité sur les derniers mots.

Petit bac 2023(1) Moment de la journée

 

Déjà lu du même auteure :

Nos_vies_d_saccord_es Nos vies désaccordées

71+Yjs+mwGL Une femme en contre-jour