Conte d’automne – Julia Glass

Les Joies éphémères de Perry Darling

(titre de la Première édition française)

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Gallmeister – mars 2023 – 656 pages

Éditions des Deux Terres – mai 2012 – 656 pages

J’ai Lu – avril 2015 – 608 pages

traduit de l’américain par Sabine Porte

Titre original : The Widower’s Tale, 2010

Quatrième de couverture :
Percy Darling coule une retraite paisible dans la campagne de Nouvelle-Angleterre. Veuf depuis longtemps, il n’est vraiment proche que de son petit-fils Robert et vit en reclus. Aussi faut-il vraiment que sa fille récemment divorcée ait besoin de son aide pour qu’il accepte de laisser une école primaire s’installer dans sa grange. Percy n’est pas ravi de voir sa routine changer, mais se laisse aussi aller à une certaine curiosité. Et s’ouvrir à nouveau sur le monde extérieur lui réserve des surprises : Sarah, mère adoptive d’un petit garçon de l’école, Ira, instituteur enthousiaste, ou Celestino, jardinier guatémaltèque au profil étonnant, entrent dans sa vie de manière inattendue, faisant prendre à son existence un cours nouveau.

Auteur : Julia Glass naît le 23 mars 1956 à Boston, dans l’État du Massachusetts. Diplômée en 1978 de l’université de Yale, elle est aujourd’hui, en parallèle de son activité d’écrivain, journaliste indépendante et éditrice.
En 2002, elle obtient le National Book Award avec son premier roman Three Junes (Jours de juin); son ouvrage est publié dans plus de quinze pays. Suivront six autres livres, qui sont tous des best-sellers du New York Times. Elle obtient également trois Chicago Tribune’s Nelson Algren Awards pour ses nouvelles ainsi que le Tobias Wolff Award et la médaille de la Pirate’s Alley Faulkner Society pour la nouvelle Collies, première partie de Jours de juin.
Elle vit à Marblehead, dans l’État du Massachussetts, avec son compagnon, le photographe Dennis Cowley, et leurs deux enfants. Qualifiée d' »alchimiste des mots », elle s’est indéniablement fait une place parmi les grands noms de la littérature américaine.

Mon avis : (lu en mai 2023)
A Matlock, ville résidentielle aisée proche de Boston, Perceval Darling, 70 ans, savoure sa vie tranquille de retraité entre lecture, course à pied et baignade dans l’étang près de sa vieille grange. Il est veuf depuis longtemps et il a élevé seul ses deux filles : Clover et Trudy. Sa fille aînée, Clover, est revenue vivre chez lui, excentrique et fragile, elle est divorcée et ses enfants vivent à New-York avec leur père. Trudy, la cadette, est une cancérologue brillante et respectée, avec Douglas, son mari, ils ont un fils unique, Robert, étudiant en médecine, très proche de son grand-père.
La routine de Percy Darling va être bouleversée, lorsqu’il accepte d’héberger dans sa grange, une école maternelle où Clover va pouvoir travailler. Il va alors faire la connaissance d’Ira, instituteur et homosexuel, c’est un homme blessé par les préjugés, de Sarah et Rico, son fils adoptif, élève de l’école maternelle sans oublier Celestino, clandestin guatémaltèque et jardinier de sa voisine.
Au début, ce roman semble raconter la vie sans histoire d’une famille américaine au sein d’une communauté d’une ville résidentielle de la Nouvelle-Angleterre mais à travers ses nombreux personnages l’auteure aborde des thématiques très actuelles comme la famille, le couple, l’amour à tout âge, l’écologie, le militantisme et ses dérives, l’immigration et l’intégration des étrangers, l’homosexualité, la maladie et le système de santé américain…
Un livre qui décrit avec beaucoup de bienveillance une petite communauté américaine attachante.

Extrait : (début du livre)
« Merci, c’est gentil. Je me mets en condition avant de mourir. »

Tels sont les premiers mots que j’ai prononcés en ce dernier jeudi du mois d’août de l’été dernier : c’était un jeudi, je m’en souviens, car c’est le jour où j’ai découvert dans l’hebdomadaire local la première de ce que je devais, non sans légèreté, baptiser « les croisades » ; le dernier du mois, j’en ai également la certitude, car le soir même, Fées & Follets devait ouvrir ses portes flambant neuves d’un splendide violet – autrefois celles de ma chère grange – pour laisser entrer une nouvelle fournée de petits bambins parfaits accompagnés de leurs parents privilégiés sur leur trente et un.
J’attaquais la dernière ligne droite de mon parcours du jour sous les rayons du soleil qui était enfin parvenu à se hisser au-dessus des arbres, lorsqu’un jeune qui habite à huit cents mètres de chez moi a levé le pouce en me lançant d’une voix traînante : « Faut pas se rouiller, mec ! » J’aurais pu passer outre cette insolence, s’il avait été occupé à tailler une haie ou allait chercher le journal, mais il était simplement là à se prélasser – en fumant une cigarette – sur la pelouse méticuleusement désherbée de ses parents. Il avait un pantalon déchiré dix fois trop long et le sourire d’un barman qui semble insinuer que vous avez un peu forcé sur la bouteille.
Je me suis arrêté en courant sur place pour achever ma remarque. « Voyez-vous, jeune homme, l’ai-je informé en parvenant encore à maîtriser mon souffle pantelant, je tiens de source sûre que mourir est une tâche difficile, qui exige de la diligence, de l’endurance et de la détermination. Qualités dont j’ai bien l’intention de me pourvoir en abondance d’ici à l’instant de vérité. »
Et je ne mentais pas : trois mois auparavant, lors du barbecue que ma fille avait organisé pour le Memorial Day, j’avais surpris une de ses collègues qui confiait à une autre dans des accents dignes d’Hippocrate : « Les infirmières des services de maternité racontent à longueur de temps qu’il est difficile de naître, que c’est loin d’être passif. Elles expliquent à toutes ces mères New Age que les bébés naissent épuisés par le travail qu’ils ont accompli, qu’ils ont dû lutter de toutes leurs forces pour voir le jour. Et si tu veux mon avis, mourir, c’est pareil. C’est tout aussi laborieux. La dernière ligne droite est un véritable marathon. J’ai vu des patients tout faire pour mourir, sans y arriver. Encore autre chose qu’ils n’ont pas pris la peine de nous dire à la fac. » (Ça fait froid dans le dos, cette idée de lutter de toutes ses forces pour voir les ténèbres. Mais je dois dire que j’aimais bien l’image de tous ces bébés peinant sans relâche au péril de leur vie pour réussir à passer, tels des travailleurs perçant des tunnels au temps de la Rome antique.)

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À qui la faute – Ragnar Jónasson

91+hzjEWJpL La Martinière – janvier 2023 – 336 pages

traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Úti, 2021

Quatrième de couverture :
Quatre amis d’enfance.
Une randonnée au cœur de ce que l’Islande a de plus sauvage.
Un huis-clos d’où surgissent trahisons et secrets.
Réussiront-ils tous à survivre à cette nuit ?

Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.

Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavík en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. La Dernière Tempête clôt la trilogie  » La Dame de Reykjavík « , mettant en scène l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir à plusieurs âges de sa vie, en remontant le temps. Ce dernier volet se déroule 25 ans avant La Dame de Reykjavík et 10 ans avant L’Île au secret. Les œuvres de Ragnar sont traduites dans une trentaine de pays.

Mon avis : (lu en février 2023)
Voilà un polar islandais intimiste et oppressant. Daniel, Gunnlaugur, Helena et Armann, 4 amis d’enfance se retrouvent pour un week-end de chasse à la perdrix dans la campagne islandaise. Daniel, comédien, vit à Londres, Gunnlaugur est juriste, Helena ingénieure et Armann a réussi dans le tourisme.
Armann est l’organisateur de ce week-end dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande.
Ils pensaient se retrouver pour quelques jours paisibles, mais le voyage tourne au cauchemar.
Pris dans une tempête aussi soudaine que violente, ne pouvant pas atteindre le refuge prévu, ils font halte dans une petite cabane, plus proche mais difficile à trouver dans les conditions météorologiques. Quand ils y arrivent enfin, il faut casser la serrure pour entrer et une surprise les attend à l’intérieur…
C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir les rancœurs du passé et l’amitié est mise à rude épreuve.
Les quatre amis sont tour à tour les narrateurs de l’histoire, les chapitres sont courts et s’enchaînent très vite, cela donne beaucoup de rythme à l’histoire. Au fil des pages, le lecteur découvre la personnalité de chacun des quatre amis jusqu’à nous dévoiler leurs secrets et leurs côtés les plus sombres.
La nature est également un personnage de l’histoire : tout est blanc, il neige à presque toutes les pages. On ressent le froid glacial. L’ambiance se resserre rapidement. Ragnar Jónasson conduit le lecteur dans un huis clos angoissant, il
brouille tous les repères et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Un thriller nordique glaçant.

Extrait : (début du livre)
Jamais il n’avait eu aussi froid.
Daníel avait beau être recouvert de plusieurs couches de laine sous son épaisse doudoune, rien n’y faisait : l’air glacial parvenait quand même à s’insinuer à travers ses vêtements.
Ses compagnons de voyage ressentaient-ils la même chose ? Il n’osait pas poser la question, de peur de paraître faible. La tête baissée, il avançait péniblement, secoué par le vent et les paquets de neige. Il ne discernait plus le paysage, ni même le sol sur lequel il progressait ; son monde s’était réduit à des tourbillons blancs traversés par de vagues silhouettes en mouvement.
Il avait perdu la notion du temps ; une éternité semblait s’être écoulée depuis que la tempête s’était levée, là où cela ne faisait probablement qu’une heure. Plus personne ne parlait. Concentrés, ils s’efforçaient de rester groupés et de ne pas perdre Ármann de vue. Celui-ci connaissait la région sur le bout des doigts, aussi ses amis devaient-ils le croire lorsqu’il affirmait qu’un vieux refuge se trouvait « pas trop loin ». Une déclaration à vrai dire peu rassurante.
Daníel avait grandi en Islande puis était parti vivre en Angleterre pour étudier l’art dramatique. Resté à Londres pour tenter sa chance en tant qu’acteur, il vivotait de petits rôles. Cela faisait un moment qu’avec ses amis de jeunesse, ils envisageaient de passer quelques jours ensemble au pays. Ármann s’était chargé d’organiser leur week-end de retrouvailles, prévu dans le Sud-Ouest, non loin de Reykjavík, dans un chalet confortable ; mais à la dernière minute, il leur avait proposé de partir de l’autre côté du pays, sur les hauts plateaux, pour chasser la perdrix des neiges. Lui-même pratiquait régulièrement la chasse en montagne et, à l’en croire, il n’y avait rien de tel pour cimenter des liens d’amitié. Trop occupé au moment où les messages lui étaient parvenus, Daníel n’avait pas protesté. Il n’avait pas de permis de chasse, mais Ármann avait promis de lui apprendre comment utiliser un fusil. « Personne ne nous verra, il est hors de question que tu ne tues pas quelques oiseaux ! »
Cependant, dès leur première incursion sur la lande, tout était allé de travers.
Daníel avançait avec difficulté. Il se sentait horriblement lourd. Heureusement, ils n’avaient pas pris toutes leurs affaires, juste des provisions pour la journée. Et bien sûr, leurs fusils, indispensables pour une partie de chasse. Quand la tempête avait commencé à s’intensifier, il avait proposé qu’ils abandonnent leurs armes quelque part pour s’alléger – ils pourraient les récupérer plus tard. Sa suggestion avait reçu un accueil pour le moins glacial.
Il essaya de se redonner du courage. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. Ils avaient tacitement décidé d’accorder leur confiance à Ármann, qui saurait les mener à bon port.

Déjà lu du même auteur :

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Vík 61SOhjLqcBL Sigló 61vr1ntPaLL La dernière tempête 91uYpniw9AL Dix âmes, pas plus

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Islande

Les vallées closes – Mickaël Brun-Arnaud

71oidTa9nfL Robert Laffont – janvier 2023 – 288 pages

Quatrième de couverture :
 » Comment ce monde incolore avait-il eu la cruauté, l’impertinence, la folie, de faire naître en son sein un garçon en couleurs ?  » Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit où Paul-Marie, employé de mairie bien sous tous rapports, a recueilli chez lui Enzo, jeune adulte atteint de déficience intellectuelle ?
Dans ce village reculé de Provence où les préjugés sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité importe peu. Et Paul-Marie est contraint de se cacher dans le grenier de Claude, sa mère, pour échapper à la vindicte populaire.

Auteur : Mickaël Brun-Arnaud est le fondateur de la librairie parisienne Le Renard Doré – librairie de référence pour le manga et la culture japonaise. Paru en mars 2022 à l’École des loisirs, son premier roman jeunesse, Mémoires de la forêt, s’est vendu à près de 10 000 exemplaires en l’espace de quelques mois. Les Vallées closes est son premier roman de littérature générale.

Mon avis : (lu en mars 2023)
J’ai emprunté ce livre à la Bibliothèque, attirée par sa couverture lumineuse… Comme un coucher soleil.

L’ambiance dans  ce roman est celle des campagnes, d’une petit village provençal où tout le monde se connaît, et où les ragots vont bon train.
Le lecteur découvre cette histoire à travers 3 points de vues, ceux de Claude, Enzo et Paul-Marie, avec des aller-retour dans le temps : décembre 2016, avril 2016, mai 2016 avec un retour dans l’enfance de Paul-Marie en 1979.
Claude a 70 ans, elle a son franc parlé. Elle n’a pas eu une vie facile et elle est prête à tout pour protéger son fils. Depuis plusieurs mois, suite à une accusation contre son fils Paul-Marie, Claude subit l’hostilité du village.
Enzo, 20 ans, déficient mental est surprotégé par sa mère Geneviève. Il souhaiterai avoir plus d’autonomie et une vie amoureuse. Il travaille dans un centre se consacrant à l’élevage de chèvres et à la production artisanale de fromages, hanté par l’univers des Pokémon.
Paul-Marie 44 ans, est le fils de Claude. Enfant, il a toujours été craintif et sensible. Incompris par un père plutôt « beauf », heureusement il y avait Danny, son grand frère, pour le protéger.
Que s’est-il passé entre Paul-Marie, fonctionnaire quadragénaire, bien sous tous rapports et Enzo, son stagiaire, jeune adulte handicapé mental ?

Extrait : (début du livre)
L’eau qui ruisselait du toit donnait à Claude, avachie sur son vélo, l’impression que la maison avait du chagrin. Les métaphores, pour elle qui n’en utilisait presque jamais, n’étaient que des mots gorgés d’une pluie dans laquelle on infusait ses sentiments : du pisse-mémé inutile, pestait-elle en massant vigoureusement sa hanche avant de reprendre la route, comme pour en racler l’arthrose. Cette pluie-là, métaphore ou non, elle tombait sans relâche sur les champs misérables depuis la mi-novembre ; et si les nuages se voulaient pour certains des bénitiers célestes, pour Claude rien ne laverait jamais ses terres natales des péchés qui y grouillaient. Engourdie, la septuagénaire soupira en regardant sa vieille ferme étriquée à trois étages. Après ses courses, elle allait encore devoir en gravir les marches, sans rambarde ni ascenseur – et sans la moindre volonté que ça change.
Comme Claude, la maison avait vécu. Les murs de la baraque étaient constellés de cloques prêtes à éclater si on les perçait du doigt ; une peau gorgée des furoncles du temps, boursouflée de cris, abcès de frustrations et de colères passées. Claude avait si souvent surpris Marius, la peinture sous les ongles, arrachant le crépi qui s’émiettait comme la croûte du pain de la veille. « T’sais bien, Claudette, j’ai jamais aimé ce qui dépasse », grognait-il sans arrêt, ses doigts sales dans la bouche, les incisives tachées du sang de ses cuticules et de la crasse de ses chantiers.
Et il a mis un point d’honneur à le prouver tout au long de sa vie, ce con, songea Claude en saisissant le guidon de son vélo rouillé pour rejoindre le centre-ville.
Le pied sur la pédale, elle eut un dernier regard ennuyé pour les combles humides de la bâtisse où machinalement, même après la mort de Marius, elle continuait de cacher tout ce qui dépassait ; à l’endroit exact où jadis, parce qu’il se voyait trop sous sa poitrine, elle avait remisé son cœur.

C’est lundi, que lisez-vous ? [199]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Millina

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Cinq petits indiens – Michelle Good
Mediator, un crime chimiquement pur – Irène Frachon, Eric Giacometti, François Duprat
Le royaume désuni – Jonathan Coe
Le voyage de Monsieur Raminet – Daniel Rocher
Les liens éternels – Anne B. Ragde
Il est où le patron ? : chroniques de paysannes – Maud Bénézit et les Paysannes en Polaire

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Perpendiculaire au soleil – Valentine Cuny Le-Callet (BD)
Conte d’automne – Julia Glass

Que lirai-je les semaines prochaines ?
Le Monde de Sophie, I. La Philo, de Socrate à Galilée – Jostein Gaarder, Nicoby, Vincent Zabus (BD)
[Les cahiers Ukrainiens] Journal d’une invasion – Igort (BD)
Les exportés – Sonia Devillers
Tous comptes faits – Peter Robinson

Bonnes lectures !

 

Il est où le patron ? : chroniques de paysannes – Maud Bénézit et les Paysannes en Polaire

71q0ywtpdaL Marabulles – mai 2021 – 176 pages

Quatrième de couverture :
Au fil d’une saison agricole, dans un petit village de moyenne montagne, trois femmes paysannes, voisines de marché, se rencontrent, s’entraident et se lient d’amitié. En partageant leurs expériences, ces femmes se donnent la force de faire entendre une autre voie que celle du patriarcat.
Ces jeunes paysannes combatives et passionnées gèrent leur propre ferme et se heurtent au machisme du milieu agricole. On leur demande souvent : il est où le patron ?

Auteures : Maud est dessinatrice autodidacte. Elle raconte son quotidien en B.D. depuis 2014 sous le nom de bdzit Par ailleurs, ses études en agronomie ont attisé son intérêt pour les questions paysannes.
Céline Berthier a repris avec une associée une ferme caprine en Ardèche. Marion Boissier est impliquée dans différents projets collectifs, Mie fait notamment du maraîchage et élève des abeilles en Ardèche, Fanny Demarque a été éleveuse de brebis laitières dans L’Ain. Elle est aujourd’hui bergère dans Le Briançonnais. Florie Salanié est apicultrice. Elle s’installe progressivement avec ses 3 567 243 abeilles en Ardèche. Guilaine Trossat a été bergère pendant 7 ans avant de s’installer avec un troupeau de brebis en Ardèche.

Mon avis : (lu en février 2023)
Cinq paysannes d’Ardèche et du Briançonnais ont décidé de raconter leur quotidien à la ferme dans une bande dessinée. Elles y partagent des anecdotes de vie parfois lourdes, humiliantes, drôles, mais toujours justes. L’ouvrage veut briser les clichés machistes et sexistes présents dans le monde agricole.
Jo, Anouk et Coline sont trois femmes paysannes, elles se rencontrent sur le marché pour vendre leur produits et échanger autour d’un petit café. Elles vont se lier d’amitié, discuter, partager leurs expériences et s’entraider. Coline est mariée, mère de deux enfants, elle est originaire du village. Il y a dix ans, avec son mari, elle a repris la ferme et les brebis laitières de ses parents. Il y a cinq ans, Anouk a quitté la ville pour emménager à la campagne et devenir apicultrice. Jo vient de terminer ses études et s’installe tout juste pour reprendre une ferme caprine. Toutes les trois sont confrontées au sexisme ambiant. Au fil des saisons, en les suivant dans leur quotidien, nous découvrons leur questionnement sur le féministe mais également sur la difficulté de la vie agricole.
Une BD très instructive et distrayante aux propos efficaces et justes.
En bonus, un bel hommage à
Anne Sylvestre qui ouvre et ferme cette histoire avec sa chanson Bergère !

Extrait : (début de la BD)

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Les liens éternels – Anne B. Ragde

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Fleuve éditions – juin 2020 – 368 pages
10×18 – juin 2021 – 387 pages

traduit du norvégien par Hélène Hervieu

Titre original : Datteren, 2019

Quatrième de couverture :
Un deuxième regard peut changer notre vision pour toujours.
Après la mort de son oncle Margido, Torun se consacre corps et âme à la modernisation de l’entreprise de pompes funèbres sans pour autant négliger la ferme familiale où elle règne désormais seule. Sa petite routine est cependant interrompue par deux événements : Erlend et Krumme, accompagnées de leurs enfants et de leurs mères porteuses, ont décidé de rendre une visite à l’ancienne demeure familiale ; par ailleurs, depuis peu, le nouveau pasteur de la région semble éprouver un intérêt tout particulier pour la jeune propriétaire de la ferme.
Mais, comme souvent chez les Neshov, ces premiers signes ne sont que les doux annonciateurs des chamboulements à suivre.

Auteur : Anne B. Ragde a tout d’abord été professeur de communication à l’université de Trondheim. Ses débuts en littérature datent de 1986 avec un livre pour enfants intitulé Hallo! Her er Jo (Bonjour, voici Jo !). Depuis lors, elle a écrit plusieurs livres pour enfants et adolescents, et parmi eux une biographie de Sigrid Undset, pour laquelle elle a reçu le Prix Brage. Son premier roman destiné aux adultes, En tiger for en engel (Un tigre pour un ange), a été publié en 1990. Elle a écrit plusieurs romans, des thrillers et des recueils de nouvelles. Son roman La Terre des mensonges a reçu un accueil très chaleureux des lecteurs et des critiques, en Norvège comme en France ; le livre a par ailleurs été traduit en plus de 20 langues. Avec La Ferme des Neshov (prix des libraires de Norvège en 2005) et L’Héritage impossible, cette trilogie a rencontré un vif succès et a fait l’objet d’une adaptation télévisuelle, suivie par plus d’un million de téléspectateurs norvégiens.

Mon avis : (lu en février 2023)
C’est le sixième et dernier roman de la série de la famille Neshov.
Depuis le décès de Margido, son oncle, Torunn dirige la société de pompes funèbres et elle continue à rénover la vaste ferme familiale qui est devenue son bien avec une salle de bain luxueuse, un nouveau mât ainsi que la décoration intérieure des chambres d’invité. La jeune femme rend souvent visite à son grand-père, Tormod, heureux de sa vie en maison de retraite et qui ne tient pas à sortir de son nid douillet.Torunn ne peut s’empêcher de faire le point sur sa vie et se sent de plus en plus seule. Mais sa routine va être chamboulée par l’arrivée d’Erlend et sa tribu (compagnon, trois enfants et les mères de ces derniers) en vacances pendant une petite semaine à la ferme.
Un roman au rythme lent, plein d’humanité et de nostalgie.
Je quitte avec regrets cette famille, aux personnages originaux et attachants, qui a traversé de multiples tragédies, et qui a dû faire face à de nombreux secrets sur plusieurs générations. J’ai trouvé réussie la conclusion de cette saga familiale norvégienne que j’ai aimé suivre durant plus de dix années.

Extrait : (début du livre)
Au moment où la musique commença à résonner dans la pièce, Margido releva la tête et son regard s’échappa vers la fenêtre de son bureau. La mélodie et le texte étaient d’une telle beauté que cela le prit tout à fait au dépourvu. Un long moment, pendant qu’il relisait le programme du déroulement des obsèques et vérifiait une troisième fois les dates au cas où il aurait laissé passer une erreur, il n’avait prêté qu’une oreille distraite à ce que disaient de jeunes hommes dans un studio de radio en parlant tous en même temps de la manière dont ils avaient travaillé pour sortir leur premier album.
En dehors de la nef de l’église ou de la salle de cérémonie, la musique n’occupait pas une grande place dans sa vie, il n’avait même pas de chaîne hifi chez lui. Mais la radio était souvent allumée avec le son assez bas quand il était seul au bureau. Il adorait les beaux psaumes et il était presque toujours ému par la musique que les proches choisissaient pour les funérailles. Il y était question de perte, de chagrin, de la vie telle qu’elle avait été vécue jusqu’à l’instant où la mort avait pris le relais.
Il fut frappé par la pensée qu’il n’y avait pas au fond une énorme distance entre la grande beauté et le chagrin. Car la musique qu’il écoutait maintenant, alors qu’il s’était attendu à de la musique de jeunes qui cassait les oreilles, était d’une beauté indicible, et elle lui procura une grande joie parce qu’il était joyeux au départ. Tandis qu’il y avait peut-être une autre personne quelque part qui écoutait la même musique, une personne plongée dans une si grande douleur que la mélodie et les mots étaient trop difficiles à supporter. Il pouvait rester ici à regarder par la fenêtre et s’adresser un petit sourire de connivence, cependant que l’autre personne voyait sa plaie se rouvrir en grand et était malheureusement obligée d’éteindre la radio pour ne pas en entendre davantage. Étrange, pensa-t-il, à l’image de la vie elle-même, tout aussi imprévisible.

Déjà lu du même auteur :

la_terre_des_mensonges La Terre des mensonges   la_ferme_des_Neshov La Ferme des Neshov
l_h_ritage_impossible L’héritage impossible  zona_frigida  Zona frigida
un_jour_glac_ Un jour glacé en enfer la_Tour_d_arsenic La Tour d’arsenic
117480780 L’Espoir des Neshov

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Norvège

Le voyage de Monsieur Raminet – Daniel Rocher

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Les Éditions du Net – février 2014 – 244 pages

Motifs – juin 2011 – 240 pages

Quatrième de couverture :
Après une existence bien réglée et plutôt solitaire, Félix Raminet, professeur de Droit, tout juste retraité, vient d’obtenir brillamment son permis de conduire. Follement épris de liberté, il saute dans sa voiture neuve et quitte Paris pour Saint-Malo. Le Destin l’attend sur une aire d’autoroute : Jane, une jeune Américaine, généreuse, libre de corps et d’esprit, va changer irrémédiablement le cours de sa vie.

Auteur : Daniel Rocher, avocat parisien, nous offre depuis plusieurs années des œuvres très différentes : romans ou nouvelles, comiques, graves ou mélancoliques. Le voyage de Monsieur Raminet campe un personnage dont le sérieux imperturbable, au milieu de ses rencontres cocasses, nous renvoie une image de notre monde pleine de sagacité, de tendresse et d’éternelles illusions.

Mon avis : (lu en avril 2022)
Ce roman raconte le voyage d’un retraité nommé Monsieur Raminet qui décide de partir à la recherche de ses souvenirs d’enfance dans la ville où il a grandi. Le lecteur découvre avec curiosité les aventures de Félix Raminet partie pour la Bretagne dans sa toute nouvelle voiture. C’est un personnage atypique, un héros ordinaire très attachant, sa vie a toujours été plutôt plan-plan, il a un langage précieux ou empoulé. Ce voyage va devenir inattendu et plein de surprises lorsqu’il accepte de prendre Jane, une jeune Américaine, en auto-stop… Celle-ci est à l’opposée de Félix Raminet, jeune, jolie et blonde, au comportement libéré et avec du franc-parler. Jane parcourt le monde et prépare une thèse avec comme sujet d’étude la timidité masculine ! Au fil de leur voyage, ils vont faire d’improbables rencontres et Monsieur Raminet va s’ouvrir aux autres et à découvrir le sens de l’amitié et de la solidarité.

Extrait :

https://books.google.fr/books?id=x_9TEAAAQBAJ&lpg=PA2&hl=fr&pg=PA2&output=embed

Le royaume désuni – Jonathan Coe

71r4NHhsmFL Gallimard – novembre 2022 – 496 pages

traduit de l’anglais par Marguerite Capelle

Titre original : Bournville, 2022

Quatrième de couverture :
Bienvenue à Bournville, charmante bourgade proche de Birmingham connue pour sa célèbre chocolaterie. C’est à l’occasion de la victoire de mai 1945 que nous y rencontrons la petite Mary Clarke, émerveillée par les festivités organisées autour de sa maison. Elle y croise alors le chemin d’un certain Geoffrey Lamb, fils d’un collègue de son père travaillant aussi dans l’usine de chocolat. Nous retrouvons Mary et Geoffrey en 1953, fiancés et fascinés par le couronnement de la reine Élisabeth II que leurs familles respectives regardent ensemble sur le premier poste de télévision de Bournville. Treize ans plus tard, le couple a trois fils épris de football, qui s’extasient devant le match opposant les Anglais aux Allemands lors de la Coupe du monde de 1966. Nous les verrons à leur tour grandir et tracer leurs routes au fil de l’investiture du prince de Galles, du mariage de Charles et Diana, de la mort de cette dernière, de l’arrivée de Boris Johnson en politique, pour finalement retrouver Mary lors du 75ᵉ anniversaire de la Victoire, en plein confinement.En sept parties scandant les sept temps majeurs de l’histoire de l’Angleterre moderne, Le royaume désuni mêle brillamment les destins d’un pays dysfonctionnel, d’une irrésistible famille anglaise et d’une chocolaterie. Jonathan Coe signe ici un roman de grande ampleur dans la lignée si charming et piquante de Testament à l’anglaise et du Cœur de l’Angleterre.

Auteur : Jonathan Coe est né en 1961 à Birmingham. Après des études à Trinity College (Cambridge) et un doctorat à l’université de Warwick, il devient professeur de littérature. Son roman, « Testament à l’anglaise », le propulse sur la scène internationale. En 1998, il reçoit le prix Médicis étranger pour « La Maison du sommeil ». « Le miroir brisé » est son premier ouvrage pour la jeunesse. C’est confesse-t-il, »l’un de mes livres les plus politiques même si je lui ai donné la forme d’un conte de fées ».

Mon avis : (lu en mars 2023)
Dans ce roman,  Jonathan Coe raconte avec humour et tendresse l’histoire d’une petite famille anglaise durant plus de 75 ans. Le lecteur suit les membres de la famille à l’occasion de sept événements historiques comme la Victoire du 8 mai 1945, le couronnement d’Elisabeth II, la coupe du Monde de football de 66, le couronnement du prince de Galles, le mariage de Charles et Diana, les funérailles de Diana et le 75ème anniversaire de la Victoire de 1945.
Le personnage central de cette histoire, c’est Marie Lamb, lors du prologue, situé à la veille de la pandémie, alors que l’Europe se confine pays après pays, Marie est une octogénaire veuve, mais entourée par ses enfants et petits-enfants.
En 1945, elle avait 11 ans, avec ses parents, ils vivaient à Bournville, petite ville proche de Birmingham, siège de la chocolaterie Cadbury. En 1958, pour le couronnement d’Elisabeth II, Marie et Geoffrey sont de jeunes fiancés, c’est également l’arrivée du premier téléviseur dans le quartier… En 1966, Marie et Goeffrey sont parents de trois garçons, l’aîné est passionné de football. Toute la famille est en vacances dans la campagne galloise lors de l’investiture du prince de Galles…
Il est question de l’ascension de Boris Johnson qui apparaît d’abord comme journaliste écrivant des articles plutôt mordants sur l’Union européenne. Il y a également quelques passages savoureux autour de la Guerre du chocolat qui pendant une trentaine d’années a opposé la Commission européenne aux lobbyistes britanniques. Jusqu’en 2003, l’importation du chocolat en provenance du Royaume-Uni était interdit à cause de son adjonction de matières grasses végétales, le nom « chocolat » était même contesté.
Un roman plein de charme où Jonathan Coe parvient à raconter l’histoire de son pays avec de l’autodérision, de l’humour, un soupçon de férocité. J’ai dévoré ce livre avec beaucoup de plaisir.

Extrait : (début du livre)
Il y avait si peu de monde dans le hall des arrivées de l’aéroport de Vienne que Lorna n’eut aucun mal à la repérer, bien que ce soit la première fois qu’elles se rencontraient. Elle avait des cheveux bruns et courts, une silhouette juvénile et des yeux marron qui s’éclairèrent quand Lorna passa la tête derrière le gigantesque étui de son instrument et dit :
« Susanne, c’est bien ça ?
— Bonjour, répondit cette dernière en étirant le mot avec un accent chantant, et puis, après un instant d’hésitation, elle serra Lorna dans ses bras en guise de bienvenue. On a encore le droit de faire ça, hein ?
— Bien sûr qu’on a le droit.
— Je suis tellement contente que tu sois enfin là.
— Moi aussi », lui retourna Lorna, par automatisme. Mais c’était la vérité.
« Le vol s’est bien passé ?
— Très bien. Pas grand monde.
— J’ai pris ma voiture. » Elle regarda avec une appréhension soudaine l’étui d’un noir luisant qui contenait la contrebasse de Lorna, et ajouta : « J’espère qu’elle sera assez grande. »
Dehors, il faisait presque assez froid pour qu’il neige, et les couronnes orangées des réverbères émaillaient sporadiquement l’air nocturne. Tandis qu’elles marchaient jusqu’au parking, Susanne posa d’autres questions à Lorna sur son vol (ils ont pris votre température, à l’aéroport ?), lui demanda si elle avait faim (non) et lui expliqua quelques détails concernant l’organisation des prochains jours. Lorna et Mark seraient logés au même hôtel, mais lui arrivait d’Édimbourg, et ne serait pas à Vienne avant le lendemain matin. Leur concert devait démarrer vers vingt et une heures, et le jour suivant ils prendraient le train pour Munich.
« Je ne peux pas vous accompagner pour les concerts en Allemagne, regretta-t-elle. Même si j’aimerais beaucoup. Simplement la maison de disques n’a pas le budget pour me payer le voyage. On fait tout avec très peu de moyens. C’est pour ça que tu as droit à ça, plutôt qu’à une limousine. »

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Angleterre

Déjà lu du même auteur :

la_pluie_avant_qu_elle_tombe La pluie, avant qu’elle tombe 81I0Gc0to8L Le cœur de l’Angleterre

Rencontre avec Hélène Dorion et Alexis Jenni

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Mardi 23 soir, j’assistais à la Librairie Millepages (Vincennes) à une rencontre très intéressante et pleine de poésie
avec Hélène Dorion et Alexis Jenni autour d’une exploration scientifique et poétique de nos forêts.

Hélène Dorion est née au Québec en 1958. Elle a publié une vingtaine d’ouvrages de poésie, ainsi que des romans, des récits, des essais, qui l’ont fait connaître de part et d’autre de l’Atlantique, et qui ont été traduits dans plus de dix langues. Lauréate de nombreux prix littéraires, parmi lesquels le prix Athanase-David et le prix du Gouverneur général du Canada, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des voix majeures de la poésie francophone.
Elle est venue nous parler de son recueil Mes forêts, aux éditions Bruno Doucey, qui sera au programme du BAC pour les trois prochaines années.

Alexi Jenni est professeur agrégé de sciences naturelles. Il entame une carrière de romancier de manière tonitruante en publiant en 2011 un premier roman qui rafle le prix Goncourt, L’Art français de la guerre (Gallimard). Depuis, il publie régulièrement des romans et des essais.
Il aime la littérature, les sciences, les arbres et il a su allier ses trois passions dans son livre Parmi les arbres, essai de vie commune, aux éditions Actes Sud (coll. Mondes Sauvages)

Mediator, un crime chimiquement pur – Irène Frachon, Eric Giacometti, François Duprat

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Auteurs : Irène Frachon, née en 1963, est médecin des hôpitaux, spécialiste de pneumologie.
En poste au CHU de Brest, elle a notamment joué un rôle décisif dans l’affaire du benfluorex (ou Mediator), médicament utilisé comme coupe-faim, commercialisé en France par les laboratoires Servier de 1976 à 2009, et ayant provoqué la mort de nombreux patients jusqu’à son retrait en 2009.
Éric Giacometti est un écrivain de thrillers français. Il était auparavant journaliste dans la presse grand public jusqu’en 2013. Il a été chef de service au Parisien-Aujourd’hui en France dans les rubriques société puis économie/finances jusqu’à la fin 2012. Auparavant, toujours dans le même quotidien, il a été spécialisé dans l’investigation dans les milieux médicaux et pharmaceutiques (1997 à 2002).
François Duprat, né en 1976 à Toulouse, est dessinateur, scénariste et coloriste de bande dessinée. Il vit actuellement à Lille.

Mon avis : (lu en février 2023)
Médiator, le nom de ce médicament est connu par tous… Il est à l’origine du plus grand scandale médical de ces dernières années !
Un médicament destiné à lutter contre le diabète et qui a surtout été prescrit comme un coupe-faim alors que les effets secondaires étaient dévastateurs. Celle qui a mis toute son énergie à révéler la vérité c’est Irène Frachon, médecin pneumologue courageuse et tenace. Avec des collègues du CHU de Brest, la Presse et quelques informateurs à l’ARS et à la Sécurité Sociale, Irène Frachon a réussi à faire éclater le scandale puis à soutenir tous les malades qui ont été abusés par le laboratoire Servier.
Cette BD retrace la chronique de ce médicament et du scandale. Il y a le témoignage de victimes, l’histoire des laboratoires Servier, avec en amont l’invention de l’Isoméride, le personnage d’Hippocrate est là pour vulgariser les sujets plus médicaux ou techniques…
En 2007, les symptômes d’une malade du Docteur Irène Frachon atteinte de HTAP  (hypertension artérielle pulmonaire) et prenant du Médiator lui rappelle des malades, vus lors de son internat, traités à l’Isoméride, médicament aux propriétés anorexigènes finalement retiré du marché en 1997 simultanément aux États-Unis et en France. Comme ces deux médicaments viennent du même laboratoire, elle décide de s’intéresser de plus près au sujet et elle enquête à l’aide des publications médicales dont la revue indépendante Prescrire. Elle comprend assez vite qu’il y a un problème mais s’attaquer aux puissants laboratoires Servier ne va pas être facile… Il va lui falloir prouver ce que ses intuitions lui dictent et démontrer toute la responsabilité du laboratoire pour les milliers de victimes qui sont mortes ou devenues gravement handicapés.
Le Mediator a été interdit en 2009, le procès doit se tenir de à . Les débats durent six mois et sont interrompus par la pandémie de coronavirus. Le procès s’achève début juillet 2020. Le jugement est prononcé par le tribunal de Paris en . En janvier 2023 débute le procès en appel de cette affaire
Je connaissais le sujet pour avoir suivi ce scandale dans la presse et les interventions d’Irène Frachon à la télévision et j’avais également vu en 2016 et beaucoup aimé le film d’Emmanuelle Bercot « La fille de Brest » qui racontait le combat d’Irène. Avec cette BD, j’en ai appris encore plus sur le sujet. Cela se lit comme une enquête, c’est passionnant et très instructif.

A la fin de l’album, Irène Frachon nous invite à signer une pétition « Pour retirer à Jacques Servier la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur !« , décoration qui lui a été donné en 2009.

Extrait : (début de la BD)
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Petit bac 2023(1) Maladie