Mission Tigre – Mick Herron

Masse Critique Babelio

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81PLD-DLSBL._SL1500_ Actes Sud – mars 2024 – 352 pages

traduit de l’anglais par Laure Manceau

Titre original : Real Tigers, 2016

Quatrième de couverture :
“La Maison des tocards” est la branche du mi5 où atterrissent les agents secrets en disgrâce qui ont tellement foiré qu’on ne peut plus leur confier de vraies missions de renseignement. Ces espions ratés, ces rebuts de la profession dénommés “tocards”, sont condamnés à passer le reste de leur “carrière” à végéter dans ce trou sous les ordres toujours aussi saugrenus de Jackson Lamb, enchaînant les missions sans intérêt, bouffant de la paperasse tout en rêvant de pouvoir un jour sortir du placard et retourner au cœur de l’action.

Auteur : Mick Herron est romancier. Il vit à Oxford et travaille à Londres. Il est notamment l’auteur de la série d’espionnage Slough House, dont « La Maison des tocards », « Les Lions sont morts » (qui a reçu le CWA Gold Dagger Award du meilleur roman) et « Mission Tigre» ont paru dans la collection Actes Noirs.

Mon avis : (lu en avril 2024)
Ce roman d’espionnage est le troisième volume, dernier traduit en français, de la série anglaise « Jackson Lamb », qui en compte huit en anglais. Cette série raconte les aventures d’une équipe d’espions du MI5 qui ont été mis à l’écart par les services centraux suite à une mission ratée ou un comportement déviant.
Ils ont été exilés dans un vieil immeuble miteux de Londres, surnommé « le Placard ». Ils espèrent tous un jour réintégrer les bureaux de Regent’s Park. En attendant, ils sont cantonnés à des basses tâches de renseignements et de paperasses au bureau.
Le patron du Placard est Jackson Lamb, un affreux bonhomme, crasseux, pétomane qui tyrannise gentiment son équipe mais est également un professionnel brillant. 
Mission Tigre commence avec l’enlèvement de Catherine Standish, ancienne alcoolique, qui est la caution logistique du Placard. Toute l’équipe se met au travail pour chercher Catherine, puis pour comprendre qui a commandité son enlèvement et pourquoi…
L’intrigue est passionnante et pleine de surprises, cela renouvelle totalement les codes du roman d’espionnage : pas de clichés à la James Bond mais au contraire une lutte interne entre les services de renseignements anglais avec l’intrusion des politiques… Ce n’est pas toujours facile à comprendre. Nos placardisés deviennent des héros malgré eux sans oublier l’humour anglais dans de nombreuses situations périlleuses.
Je n’ai pas lu les deux romans précédents « La Maison des tocards » et « Les Lions sont morts », ce qui est parfois gênant pour tout comprendre puisqu’il est souvent fait allusion aux aventures précédentes de nos tocards. Je n’ai pas été trop gênée car j’avais vu il y a quelques mois la série « Slow Horse » tirée de ces romans…
Cependant, je n’ai pas compris le lien entre le chapitre d’introduction et le reste du roman. Mais ce n’est pas essentiel pour apprécier cette lecture !
Merci Babelio et les éditions Actes Sud pour cette lecture trépidante.

Extrait : (début du livre)
Comme souvent en cas de corruption, l’histoire commença avec des mecs en costume.
Matin de semaine aux abords de la City, humide, sombre, brumeux, pas encore cinq heures. Dans les tours voisines, vingt étages pour les plus hautes, quelques fenêtres allumées créaient des motifs aléatoires dans le quadrillage de verre et d’acier ; certaines de ces lumières signifiaient que les banquiers lève-tôt étaient à leur bureau pour devancer les marchés, mais la plupart indiquaient que les autres travailleurs de la City avaient pris leur poste, ceux qui enfilaient leur combinaison dès le petit matin pour passer l’aspirateur, faire la poussière, vider les poubelles. Paul Lowell était solidaire de ces derniers. Soit on nettoyait derrière les autres, soit on ne le faisait pas – voilà à quoi se résumait purement et simplement la hiérarchie sociale.
Il risqua un œil en contrebas. Dix-huit mètres, ce n’était pas rien, vu à la verticale. Il s’accroupit, sentit ses genoux craquer et ses cuisses tendre le tissu bas de gamme de manière inconfortable. Ce costume était trop petit. Lowell l’avait cru suffisamment extensible, mais en l’occurrence il se sentait tout comprimé et absolument pas investi des pouvoirs qu’il aurait dû lui conférer.
Ou alors il avait pris du poids.
Il se trouvait sur une plateforme, ce qui n’était probablement pas le terme correct en architecture, au-dessus d’un passage voûté à travers lequel passait London Wall, la quatre-voies reliant St. Martin’s Le Grand à Moorgate. Au-dessus de lui se dressait une autre tour, dont la jumelle s’élevait à un angle légèrement décalé, abritant les principales banques d’investissement mondiales ainsi que l’une des plus célèbres franchises de pizza. À une centaine de mètres, sur une butte herbeuse en bordure de la route à laquelle il avait donné son nom, se tenait un morceau du Mur romain qui avait jadis encerclé la ville, toujours debout des siècles après que ses bâtisseurs y avaient abandonné leurs fantômes. Tout un symbole, songea Lowell. Certaines choses perduraient, survivaient au changement, et préserver ce qu’il en restait valait le coup de se battre. Les raisons de sa présence ici, autrement dit.
D’un coup d’épaules, il se débarrassa de son sac à dos, le coinça entre ses genoux et le vida de son contenu. Dans une heure environ, la circulation s’intensifierait, en direction de la City ou de l’est, une part importante passerait sous l’arche sur laquelle il était perché et tous ces gens en voiture, taxi, bus et vélo n’auraient d’autre choix que d’être témoins. Dans leur sillage débarqueraient les inévitables équipes de reportage dont les caméras transmettraient son message à tout le pays.

Heureux qui comme Explore…. 10 contes – Antoane, Cécile Peltier

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71UywwMHc-L._SL1240_ Locus Solus – mars 2024 – 128 pages

Quatrième de couverture :
Heureux qui comme Explore a fait un beau voyage et puis est retourné, plein d’usage et raison, transmettre l’héritage de ses explorations…
Le héros de cette histoire est un bateau vraiment pas comme les autres. Un jour, loin des sirènes de la compétition, il part à la rencontre d’équipages en quête de solutions pour la planète : réduire les déchets plastiques dans l’océan, plonger pour la science, révéler la biodiversité ou encore étudier les “low-tech” sur les côtes du monde entier…
Plongez dans ces 10 contes pédagogiques et divertissants, qui se lisent à tout âge. Ils parlent de femmes et d’hommes bien réels, engagés vers un futur durable, pour que le monde tourne rond.
Le Fonds Explore a été créé par Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum, et Sophie Jourdain Vercelletto en 2013 à Concarneau. Il soutient et diffuse des solutions pour engager notre société dans un nouveau modèle, plus respectueux de la nature, en mer comme sur terre. Ce livre retrace la quête de ces passionnés et leurs épopées.

Mon avis : (lu en mars 2024)
Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum, et Sophie Jourdain Vercelletto créent, en 2013, Le Fonds Explore à Concarneau. Il a pour but de soutenir et de diffuser des solutions pour devenir plus respectueux de la nature en mer et sur la terre. Ce livre de 10 contes est là pour raconter et rendre-compte au grand public les explorations et les expériences vécues depuis dix années.
Le premier conte évoque la surpêche et la disparition de certaines espèces de poissons si on ne laisse pas au poisson le temps de se reproduire…
Dans les deuxième et troisième contes, c’est la naissance du bateau We Explore, un catamaran construit avec des matériaux biodégradables, la fibre de lin et la course de Roland Jourdain qui va le mener sur le podium de la Route du Rhum en 2022.
Le quatrième conte nous invite à expérimenter le low-tech avec le Nomade des mers et ainsi prendre le temps de regarder l’océan autrement.
Avec le conte suivant nous partons explorer sous la mer… à la rencontre de la goélette Why et de sa station sous-marine Under the Pole dans les mers turquoises de la Polynésie.
Puis nous découvrons l’histoire d’un enfant curieux qui devenu adulte organisa la formidable épopée du bateau Captain Darwin : cinq années autour du monde sur les traces de l’illustre Charles Darwin pour retrouver les espèces observées des siècles auparavant et voir comment elles avaient évolué dans leur environnement.
Puis, c’est le plaidoyer de la méduse, la leçon du sac plastique avec le catamaran laboratoire Plastic Odyssey… Sans oublier pour épilogue, un album photos des explorations et des expériences évoquées dans les 10 contes.
Il y a de la poésie, parfois un peu de surnaturel et beaucoup d’informations et de matières à réflexions sur notre monde qui ne tourne pas toujours bien rond, dans chacun de ses contes.
Merci Babelio et les éditions Locus Solus pour cette jolie découverte qui invite à expérimenter et qui donne des pistes d’espoir pour changer notre façon d’appréhender un futur plus durable !

Pour en savoir plus : Site de We Explore

Extrait :

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Trop humain – Anne Delaflotte Mehdevi

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81YMk4GZo1L._SL1500_ Buchet Chastel – janvier 2024 – 320 pages

Quatrième de couverture :
Le village de Tharcy somnole depuis des lustres. Suzie n’a plus d’âge et tient l’unique café, autrefois hôtel restaurant – Le Bal. Ces derniers temps, cependant, de jeunes néo-ruraux viennent s’installer en communautés dans les fermes alentour. Et monsieur Peck, un ingénieur à la retraite, a quitté Paris pour acheter le presbytère. Il est accompagné d’un incroyable Assistant de Vie Électronique, Tchap, qui va semer le trouble dans tous les esprits.

Autrice : Anne Delaflotte Mehdevi est née en 1967 à Auxerre. Elle grandit près de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Elle suit des études en droit international et diplomatique et pratique le piano et le chant lyrique. De 1993 à 2011, elle vit à Prague où elle apprend et exerce le métier de relieur, parallèlement à son travail d’écrivain. Elle vit aujourd’hui à Manosque. Ses romans ont été traduits en allemand, italien, néerlandais, slovaque…

Mon avis : (lu en janvier 2024)
Au centre du village de Tharcy, il y a une institution, le Café du Bal, le café de Suzie, la vieille femme le tient seule depuis toujours… Malgré son âge avancé, elle sert encore au bar et prépare chaque jour douze repas pour midi. C’est chez elle que se côtoient tout le village, les natifs comme les néoruraux venus s’installer dans les fermes des alentours. Parmi eux, il y a Monsieur Peck, un ingénieur à la retraite, qui a acheté l’ancien presbytère, il est accompagné d’un Assistant de Vie Électronique (AVE) connecté, de son invention, nommé Tchap.
L’arrivée de l’AVE au Café du Bal suscite des interrogations, des moqueries ou de la défiance… Perplexe lors des premières rencontres, Suzie apprécie de plus en plus la présence du robot, il est très poli, il sait se mettre en retrait, il lui propose de faire quelques pas de danse. Lors de longues soirées, Suzie va finir par se confier et lui raconter son histoire familiale et celle du village. Tchap va alors corréler le témoignage de Suzie avec les données informatiques auxquelles il a accès.
J’ai beaucoup aimé ce roman pour la description de ce village où les anciens et les nouveaux arrivants se jaugent… L’arrivée de Tchap invite à la réflexion sur l’Intelligence Artificielle dans notre monde.

Malgré son grand âge, Suzie fait preuve d’ouverture en étant prête à apprendre à connaître Tchap et tous ses mystères électroniques. On oublie souvent que Tchap n’est qu’un robot… Malgré tout, il aura réussi à fissurer la carapace que Suzie, si sensible et attachante, s’était construite autour d’elle pour survivre à un drame survenu dans son enfance…

Merci Babelio et les éditions Buchet Chastel pour cette lecture coup de cœur !

Extrait : (début du livre)
Suzie étend sa lessive dans le jardin qui donne sur la ruelle derrière, distraite par le manège que mènent une pie et un geai perchés sur le sapin bleu. Sur leur branche, là-haut, le geai a beau se grossir, la pie avance. Un peu inquiète, Suzie va s’en mêler, quand elle distingue la voix de monsieur Peck qui vient de tourner au coin, il vient vers elle.
C’est l’heure de sa promenade, l’homme est ponctuel.
Mais avec qui cause-t-il ? Il se promène seul d’habitude. Cela ne peut tout de même pas être avec cet AVE, cet assistant de vie électronique dont la livraison était prévue la veille, la conversation est si fluide, si naturelle… Suzie s’approche de l’endroit où, le mur ayant perdu sa pierre faîtière, elle peut voir. Elle voit. Cette perfection n’est pas humaine. C’est donc que c’est bien lui le fameux Tchap.
Au moment où l’ancêtre pose ses yeux sur lui, Tchap capte le regard de la vieille dame et focalisesur elle ses yeux pers. La surprise de découvrir à quoi ressemble l’humanoïde, doublée de celle d’être découverte par lui, comme une gamine, le doigt dans le pot de confiture, la fait reculer du mur. Suzie, assise sur le banc de pierre, la serviette mouillée qu’elle se proposait d’étendre tout à l’heure oubliée sur les genoux, reste là, en mode pause, incapable de donner du sens ni à la conversation qu’elle vient d’entendre – ils parlent « robot » – ni à ce qu’elle éprouve au juste. Une sensation de froid sur les cuisses l’arrache à sa perplexité. C’est malin ! Je vais avoir l’air fin avec ma robe mouillée ! j’ai encore des clients au comptoir. Puis elle hausse les épaules. Oh, et puis, quoi, le temps que ça sèche, j’aurai juste un peu froid, pour le reste, sur le noir de ma robe, l’auréole ne se verra pas.

Le lendemain, monsieur Peck et Tchap font ensemble leur entrée au Café du Bal, le café de Suzie, que la vieille femme tient toujours, sans aide, ni humaine ni robotique, seule. Encore barbouillée de la veille, elle fait un peu la tête, d’autant que Tchap a l’air de la reconnaître. Qu’est-ce que cela peut bien lui faire que ce robot l’ait repérée, cachée derrière son mur ? Eh bien, cela lui fait quelque chose. De perturbant. Être prise en défaut par une de ces créatures dont l’époque vous bassine la tête, dont on voudrait d’instinct qu’elle compte pour rien, est très vexant.

Déjà lu du même auteur :

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Passer à l’ouest – Julien Solé

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81zgWQlgJbL._SL1500_ Locus Solus – octobre 2023 – 48 pages

Quatrième de couverture :
Est-ce le vaudou breton ?
Le climat qui change Brest en Californie ?
Le parler local et les insultes du cru ?
Les clichés à la dent dure
(et au taux d’alcool élevé) ?
On ne sait ce qui a décidé Julien Solé et sa famille à un jour quitter le 9-3 pour le Finistère. Mais ce transfert hautement diplomatique vers l’Ouest leur a ouvert des perspectives insoupçonnées. Sans parler des phénomènes croisés sur place, et du dragon des monts d’Arrée…

Auteur : Né en 1971, Julien Solé s’oriente jeune vers la bande dessinée. Il réalise des illustrations (aussi sous le nom Julien/CDM), des dessins animés, des fresques, des pochettes de disques, des créations visuelles pour une compagnie de théâtre ou de cirque et travaille aussi sur des planches de BD. Il s’approche de la rédaction du mensuel Fluide Glacial, magazine pour lequel il signera l’un de ses succès : les aventures de « Cosmik Roger ». Dessinateur obsessionnel de requins, il en tire un volume pour « La petite bédéthèque des savoirs » (2016). Au rayon documentaire, il illustre L’argent fou de la Françafrique, Benalla et moi (2020). Il poursuit Sœur Marie-Thérèse avec son créateur Maëster (2019) et réunit ses chroniques illustrées Zéropédia avec Fabcaro pour Sciences&Vie Junior (2018, 2022).

Mon avis : (lu en janvier 2024)
En 2016, Julien Solé, sa compagne et ses enfants ont décidé de quitter la région parisienne (Sevran, dans le 9-3), direction l’ouest et Brest. Évidement, ses amis évoquent ce bout du monde avec les clichés habituels, la pluie… Bien décidé à découvrir sa nouvelle terre d’accueil, l’auteur utilise l’humour, l’autodérision et tous les clichés autour de Brest et des Bretons pour nous raconter son expatriation.
Les premières histoires (une vingtaine de pages) ont été initialement publiées la revue brestoise de BD Casier[s].
Avec sa petite famille, Julien Solé se met en scène pour analyser et décrypter les coutumes des lieux. Il est question d’alcool, du climat avec de la grisaille, de la pluie et du vent, du téléphérique de Brest régulièrement en panne, de légendes bretonnes, des expressions locales, de la langue bretonne…
L’auteur nous montre également les bons côtés et les charmes de la Bretagne.

Le dessin est en noir et blanc, mais, pour moi, la densité des détails nuit à la lisibilité de l’ensemble.
J’ai moyennement aimé cette BD, je l’ai lu assez facilement malgré son côté un peu brouillon. On ne visite pas tant que cela la ville de Brest… J’ai trouvé les histoires assez inégales avec souvent un manque de fluidités et je n’ai pas toujours les références pour comprendre le comique de certaine situation.

Merci Babelio et Locus Solus pour cette découverte et cet encouragement à découvrir par moi-même la ville de Brest !

Extrait : (début de la BD)
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Ceci n’est pas l’histoire d’un chaton – Randall de Sève, Carson Ellis

71pSw5yi6CL._SL1191_ Hélium – octobre 2023 – 48 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Aimée Lombard

Titre original :  This Story Is Not About a Kitten, 2022

Quatrième de couverture : (partiel)
Ceci n’est pas l’histoire d’un chaton,
un chaton sale et rabougri,
seul et apeuré,
qui miaulait avec mélancolie
à la recherche d’un foyer. […]

Auteures : Randall de Sève est une autrice américaine de livres jeunesse. Ses albums Toy Boat (Ti’Bateau), The Duchess of Whimsy (La Duchesse des Caprices), Mathilda and the Orange Balloon, Peanut and Fifi Have a Ball, A Fire Truck Named Red et Zola’s Elephant, best-sellers du New York Times, ont été traduits dans de nombreuses langues. « Ceci n’est pas un chaton » est son troisième ouvrage publié en France.
Canadienne, Carson Ellis est l’illustratrice du groupe The Decemberists ; elle a illustré la série de romans Wildwood (les textes sont signés par Colin Meloy, son mari), la série est disponible en France. Elle a également illustré des albums, comme The Composer is dead, de Lemony Snicket ou The Beautiful Stories of Life: Six Greek Myths de Cynthia Rylant, non encore traduits en français. 

Mon avis : (lu en décembre 2023)
Drôle de titre pour un livre où la couverture nous montre un mignon petit chaton apeuré…
Il serait plus juste de dire « Ceci n’est pas SEULEMENT l’histoire d’un chaton »
La quatrième de couverture en dit un peu trop… mais il est vrai que l’histoire est destinée aux enfants à partir de 4 ans, et à cet âge, la quatrième de couverture ne sera pas lue…
En effet, le chaton va être découvert par un chien, puis une maman et sa petite fille… et peu à peu les habitants du quartier vont apparaître et agir… Je n’en raconterai pas plus !

J’ai beaucoup aimé les illustrations très colorées et très expressives, il y a pleins de détails à découvrir sur chacun des dessins.
Le texte ressemble à une comptine : il y a des vers qui riment et certaines phrases se répètent comme un refrain. L’auteure utilise à la fois du vocabulaire simple mais également des mots moins courants comme rabougri, apeuré, mélancolie, foyer dans le « refrain ».
L’histoire évoque la solidarité et l’entraide, un joli message à transmettre à nos petits enfants…

Merci les éditions Hélium et Babelio pour cet album magnifique et attendrissant.

Extrait : (début de l’album)

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Dormez en Peilz – Emmanuelle Robert

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Quatrième de couverture :
Mai 2021. Après un hiver compliqué, la Suisse romande se rue vers les plans d’eau. Plongeuse expérimentée, Fabienne Corboz s’attaque au record de profondeur dans le Léman. Mais rien ne se passe comme prévu. Alors qu’un notable disparaît mystérieusement de son paddle au large de l’île de Peilz, des secrets remontent à la surface. Et si cette disparition cachait une vengeance ? A qui le tour ? Dans son deuxième roman, Emmanuelle Robert quitte les sentiers de montagne pour les profondeurs lacustres et celles, insondables, des âmes humaines. Aidés par la police du lac, Antigona Abimi, Max Kander et leurs collègues enquêtent en eaux troubles. Qui sait quelle part d’eux-mêmes ils y laisseront ?

Auteure : Née en 1975 à La Chaux-de-Fonds, Emmanuelle Robert a grandi à Montreux. Journaliste, elle a travaillé pour diverses organisations non gouvernementales avant de se tourner vers la communication. Passionnée de polars, il lui arrive de plonger en eau douce.

Mon avis : (lu en novembre 2023)
Les deux premières pages de ce livre nous présentent la trentaine de personnages de ce roman policier, chat et enfants compris… C’est bien utile au lecteur pour s’y retrouver !
Le titre évoque un jeu de mot qui fait référence à l’Île de Peilz, « situé à l’extrémité orientale du Léman, face à Villeneuve, dans le canton de Vaud. Cette île, dont l’origine est mystérieuse, est réputée constituer la seule île naturelle du Léman, ainsi que la plus petite et la plus éloignée du rivage. » (d’après Wikipédia)
Nous sommes en mai 2021, la Suisse se réveille après de long mois de semi-confinement…
Fabienne Corboz, dite Ab Fab, plongeuse expérimentée, se prépare avec son équipe à battre le record de profondeur dans le Léman. Patrick Zwerg, avocat féroce et peu aimé, disparaît lors d’une sortie en paddle. L’équipe de la Police Riviera-Chablais dirige l’enquête avec l’aide de la Police Cantonale Vaudoise ainsi que la Brigade du Lac. C’est le début d’une enquête pleine de zones d’ombre autour du Lac et dans ses profondeurs.
Les différents personnages ont quelques secrets, des interactions professionnelles ou personnelles connues ou pas entre eux…
L’intrigue est parfaitement construite, les équipes d’enquêteurs sont attachantes, il y a de nombreux rebondissements et nous découvrons le monde de la plongée, avec bouteille ou en apnée dans un paysage magnifique et envoutant. L’atmosphère devient de plus en plus oppressante avec la découverte de plusieurs cadavres. Le lecteur progresse peu à peu dans ce labyrinthe.
C’est le deuxième livre de l’auteure et on y retrouve un certain nombre de personnages de son premier

« Malatraix ». Pour ma part, je n’ai pas lu ce livre et ce n’est pas gênant pour apprécier celui-ci.

Merci Babelio et les éditions Slatkine pour cette lecture palpitante et dépaysante.

Extrait : (début du livre)
Prologue
Dahab, octobre 2008
Mourir ici à 17 ans, ce serait facile. Expirer, donner quelques coups de palme, jusqu’au point de bascule, où il n’y a plus d’effort à faire. Couler. Du bleu à l’indigo, puis au noir. Descendre si profond qu’il serait impossible de remonter, même en luttant de tout son instinct de survie.
Elle s’était réjouie comme une folle de ces vacances d’automne au bord de la mer Rouge. D’abord, parce qu’elle rêvait de nager avec les dauphins. Ensuite, parce qu’ils partaient avec le meilleur ami de son père. Elle le connaissait depuis toute petite. Il n’était pas si mal, pour son âge. L’attention qu’il lui montrait la flattait. Marrant, prompt à faire la fête, il avait un look un peu trop soigné, avec ses chemises cintrées et ses jeans impeccables. Son père appelait ça « le charme latin ». L’homme savait la faire rougir avec ses compliments. Il riait de ses gags, voulait tout savoir d’elle. Il avait de magnifiques yeux verts, une lueur dans le regard dont elle aurait peut-être dû se méfier. Mais c’était si agréable d’être traitée en femme et pas comme un bébé.
Dans le complexe balnéaire où tout n’était que luxe, plage et tranquillité, son père s’isolait pour travailler. Il avait emporté son ordinateur. C’était, d’ailleurs, toute une histoire pour se connecter. En rentrant des sessions de planche à voile, il s’éloignait pour téléphoner, envoyer des e-mails et se tenir au courant de l’actualité. Difficile de s’imaginer qu’en Europe, sous la grisaille, c’était la crise. Les rares fois où il ouvrait la bouche, il parlait du tremblement de terre qui secouait la finance mondiale.

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Suisse

L’étonnant voyage de Maureen Fry – Rachel Joyce

Masse Critique Babelio

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traduit de l’anglais par Cécile de la Rochère

Titre original : Maureen Fry and the Angel of the North, 2022

Quatrième de couverture :
Il y a dix ans, Harold Fry entreprenait un pèlerinage pour sauver une amie malade. Aujourd’hui, c’est Maureen, sa femme, qui entame son propre voyage. Une carte postale venue du Nord a fait ressurgir les ombres d’un passé douloureux.
Mais Maureen n’est pas Harold. Elle ne traversera pas l’Angleterre à pied. Tour à tour franche et vulnérable, elle peine à tisser des liens avec les gens qu’elle croise. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle trouvera au bout du chemin. Et, pourtant, elle le sait : elle doit y arriver.
L’histoire étonnante d’une femme qui, sur la voie de la consolation, explore l’amour, la perte, le chagrin, et découvre enfin la force du pardon.

Autrice : Rachel Joyce vit en Angleterre, dans une ferme du Gloucestershire, avec sa famille. Ses livres ont été vendus à 5,5 millions d’exemplaires dans le monde et traduits dans 32 pays. « L’Étonnant Voyage de Maureen Fry » clôt une trilogie entamée avec « La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… » (2012), roman adapté aujourd’hui au cinéma.

Mon avis : (lu en octobre 2023)
En acceptant de recevoir ce livre, j’étais persuadée d’avoir lu le premier tome de la trilogie, c’est à dire « La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… ». Mais ce n’était pas le cas.
Dans ce roman, après avoir reçu une carte postale, Maureen décide à son tour de partir vers le Nord. Contrairement à Harold, elle ne part pas sur un coup de tête, elle prévoit de réserver une chambre et elle ne fera pas la route à pieds comme l’a fait son mari, mais en voiture. Évidemment, tout ne se passera pas comme elle l’avait prévu…

Maureen part avec en elle, de la colère, de la douleur et espère que ce voyage lui permettra de s’apaiser.
J’ai eu de la difficulté à m’attacher au personnage de Maureen. Elle est sèche, agressive, aigrie, elle repousse les gens, elle est « mal aimable »…
Le hasard a voulu que parallèlement à mon choix de lire ce livre, j’avais réservé le film « L’Improbable voyage d’Harold Fry » sur Médiathèque Numérique, l’adaptation de « La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… ». Après ma lecture, j’ai donc regardé le film et j’ai trouvé le personnage d’Harold Fry beaucoup plus attachant que le personnage de Maureen dans le livre…

C’est une erreur de ma part d’avoir voulu lire ce tome 3, sans avoir lu les tomes précédents.

Merci Babelio et XO pour ce rendez-vous manqué…

Extrait :

 

Et vous passerez comme des vents fous – Clara Arnaud

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

Lu en partenariat avec Babelio et Actes Sud

B0C545L97L_1b39f2e1_cover Actes Sud – août 2023 – 384 pages

Quatrième de couverture :
Au cours d’une saison d’estive, les attaques répétées d’une ourse ravivent les tensions dans une vallée pyrénéenne. Tentant de s’abstraire des débats, Alma, une éthologue, et Gaspard, un berger, communient avec la montagne, mêlent leur existence à celles des bêtes. Sur ces terres où l’homme et l’animal sont intimement liés, l’histoire d’un jeune montreur d’ours parti faire fortune à New York, un siècle plus tôt, résonne tragiquement avec le présent.

Autrice : Clara Arnaud, née en 1986, est l’autrice d’un premier roman, « L’Orage », publié aux éditions Gaïa en 2015, et de deux récits de voyage. Elle travaille depuis dix ans dans le domaine de la coopération et a vécu en Chine, en République démocratique du Congo et au Honduras.
Après « La Verticale du fleuve » (2021), « Et vous passerez comme des vents fous » (2023) est son deuxième roman.

Mon avis : (lu en septembre 2023)
J’ai d’abord été attirée par la belle couverture de ce livre et son titre si poétique…
C’est une histoire d’ours, de femmes et d’hommes dans les Pyrénées.
Tout commence fin du 19e siècle avec Jules, qui capture une petite oursonne, il veut devenir montreur d’ours et partir faire fortune en Amérique. L’histoire de Jules revient en fil rouge tout au long du roman, mais de nos jours, ce Gaspard et Alma les personnages principaux de ce livre.
Gaspard est berger depuis 5 ans, il travaille pour un groupement d’éleveurs de la vallée en menant leurs troupeaux en estive pour tout l’été. Cela commence par la transhumance vers les cimes et les pâturages des Pyrénées avec les 800 bêtes qui lui sont confiées. Durant quatre mois, il sera seul pour vivre là-haut avec ses chiens pour surveiller brebis, agneaux et béliers. Mais cette année, Gaspard est particulièrement stressé par la présence de l’ours car il a toujours à l’esprit le drame qui s’est passé l’été précédent. Mais il aime tant son métier !
Alma est biologiste et éthologue, elle étudie le comportement des ours pour le Centre national pour la biodiversité (CNB). Passionnée, récemment arrivée dans les Pyrénées, grâce à ses observations sur le terrain, elle veut prouver que l’ours, les troupeaux et les humains peuvent vivre en harmonie dans la montagne. Alma s’intéresse particulièrement à une ourse majestueuse, La Négra, et ses deux oursons dont le territoire est dans le même périmètre que le troupeau de Gaspard.
Le lecteur va suivre, au plus près, tour à tour le quotidien de Gaspard et ses brebis et d’Alma explorant la montagne et découvrir tous les points de vue sur ce sujet complexe de la cohabitation de l’ours avec les troupeaux et les villageois.
J’ai beaucoup aimé ce roman très documenté qui nous plonge dans des univers passionnants. Il est question d’écologie, du réchauffement climatique, de la cohabitation entre les hommes et l’ours, de la montagne, de la vie sauvage… Les descriptions de la nature sont somptueuses et j’ai eu vraiment l’impression d’accompagner Gaspard et Alma et de ressentir avec eux leurs diverses émotions : émerveillement, peur, découragement, rage, plénitude…

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour ce très bel hommage à la nature et à l’ours.

Extrait : (début du livre)
Elle s’éloigne lentement, de ce pas suspendu, quelque peu léthargique de la sortie d’hibernation. Malgré les restrictions alimentaires et la perte de poids qu’impose le demi-sommeil hivernal, elle lui semble toujours aussi grande, aussi puissante que la première fois qu’il l’a vue, un an plus tôt, sa grosse tête balançant au rythme de ses pas, du mouvement de ses épaules ourlées de fourrure. Les premières semaines de printemps, ils sont encore faibles, peu réactifs, lui a expliqué Marcel, c’est le bon moment pour s’en approcher sans risque – et des ours, il en a chassé, il a l’habitude, le vieux. Elle dégage pourtant déjà une impression de grande force.
Et maintenant, Jules retient sa respiration, se concentre pour rester immobile, et il prie avec ardeur pour que son odeur soit suffisamment camouflée par celle de la terre, l’humus dans lequel il baigne, qu’elle ne le sente pas, il prie pour que tout se déroule comme dans ses plans, ses rêves. Il suffirait d’un souffle de vent mal orienté. Elle a disparu de son champ de vision, soudain. Il attend quelques minutes, seuls les oiseaux et une brise dans les feuilles, le craquement des branches sous son torse, à chacune de ses respirations, perturbent le silence.
Il attend, attend encore un peu, imaginant l’ourse s’éloigner nonchalamment, gratter le tronc d’un arbre mort, se plonger dans la dégustation de larves d’insectes avec délectation.
Puis vient le moment, il le sent. Il se redresse doucement, déplie son corps centimètre par centimètre, regarde de droite à gauche, et s’avance vers l’entrée de la tanière, comme si une force extérieure, un instinct l’y guidaient plus qu’une décision raisonnée. Il s’est imaginé tant de fois la scène, il lui semble qu’il l’a déjà vécue dans une existence antérieure et ne fait que la rejouer.
Une peur primitive l’étreint en entendant les feuilles crisser sous ses pas, et le chuintement du reste de neige molle dont les prémices du printemps ne sont pas encore venues à bout. Il a l’impression que chaque son se répercute à travers les bois, y retentit et va gagner l’oreille de l’ourse. Mais il ne faut pas trop réfléchir, agir plutôt, faire ce qu’il a maintes fois répété dans sa tête.
Il se trouve à l’entrée de la tanière, l’ourse en est sortie, c’est le moment, son moment, maintenant, ou jamais.
Allez, un peu de courage. Comme un grand vide dans le ventre soudain, le pouls qui s’emballe, les mains qui tremblent. Il respire à pleins poumons et il glisse d’un coup dans le goulot d’étranglement qui sert de couloir à l’animal, il rampe, le plus vite possible, s’aidant de ses coudes. Le souffle court, la conscience aiguë du danger. Et une excitation qu’il n’a jamais ressentie auparavant. Si elle revient trop vite, il est mort. Si elle revient. Il respire fort, se concentre. Quelques mètres à peine le séparent de la chambre de l’ourse, qui lui paraissent interminables. Sa chemise s’est déchirée, sa veste ouverte frotte, il sent la terre contre son ventre, les racines que l’animal a sectionnées pour ouvrir ce souterrain. Sa peau écorchée, la terre, l’odeur fauve, et lui, rampant comme la bête. Sauf qu’elle connaît l’intimité des lieux, lui a plongé dans l’inconnu. Son souffle s’accélère. Il n’entend plus que la friction de ses vêtements, son corps, contre ce boyau qui l’enserre et dans lequel il ne voit rien.

Le plus beau métier du monde – Dominique Resh, Eric Doxat

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

Masse Critique Babelio

813HK02SEHL._SL1500_ Vuibert – août 2023 – 160 pages

Quatrième de couverture :
Le quotidien d’un prof passionné par son métier : une bouffée d’oxygène en plein cœur de la banlieue !
Un matin, Karim débarque en cours, les bras levés, en hurlant : « Ça y est ! J’suis plus puceau ! » Un autre jour, quelques élèves décident de décorer la salle de classe avec les fleurs du rond-point d’en face. Syrina, elle, demande une lettre de recommandation, en jurant de se mettre enfin à travailler… quinze jours avant les grandes vacances. Voilà le genre de situations qui fait le quotidien de Dominique Resch.
En de multiples saynètes, il nous ouvre les portes de ce lycée pas comme les autres, melting-pot de cultures, de langues et de religions.
Au programme : un cours d’éducation sexuelle, une sortie scolaire dans une galerie d’art, l’accueil des primo-arrivants venus du bout du monde… Et la vie de tous les jours, dans ce bahut de banlieue, racontée sans angélisme, ni misérabilisme.
Des jeunes désarmants, loufoques, qui n’ont pas la langue dans leur poche. Un prof attentif, ferme et bienveillant. Ce roman graphique est un hymne et un hommage à l’enseignement dans les quartiers difficiles.

Auteurs : Dominique RESCH, trente ans d’enseignement dans les quartiers nord de Marseille. Aucune demande de mutation. Quand il ne donne pas des cours de français ou d’histoire-géo, Dominique navigue sur les flots avec son frère ou écrit des livres, plébiscités par la critique.
Éric DOXAT, ancien directeur de studio chez Flammarion, est graphiste et illustrateur. Le plus beau métier du monde est son premier roman graphique.

Mon avis : (lu en septembre 2023)
Pendant trente ans, Dominique Resch a été professeur de français et d’histoire-géographie à Marseille, dans les quartiers nord. Au long de toutes ces belles années d’enseignement, il a noté de nombreuses anecdotes sur les élèves, les professeurs, sur la vie au lycée…   
Il nous raconte son quotidien et son métier au lycée professionnel avec beaucoup d’humour, de bienveillance et d’émotion. Il ne cache pas la réalité de ce quartier « sensible », les dealers, la violence ou encore la détresse des élèves venus d’Afrique. L’auteur arrive à rendre ces élèves terriblement attachants.
Cet enseignant convaincu donne au lecteur une vision sensible et optimiste de son métier.
C’est un hymne à l’enseignement et un hommage aux enseignants qui travaillent inlassablement dans des conditions parfois difficiles. Ce n’est pas toujours facile en classe mais grâce à la cohésion de l’équipe, l’entraide entre les élèves, l’inventivité, l’humour, la persévérance et la bienveillance des liens authentiques se tissent avec les élèves.
Et avec toutes ses notes collectées et conservées précieusement pendant trente ans, Dominique Resch a de quoi nous écrire un volume 2…
Merci à Babelio et les éditions Vuibert pour cet album est à la fois divertissant, instructif et drôle.

Extrait : (début de la BD)

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Jusqu’au dernier Ukrainien – Régis Le Sommier

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

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81pBPTShCML Max Milo – mars 2023 – 172 pages

Quatrième de couverture :
Grand reporter de guerre pendant 27 ans à Paris-Match, plusieurs fois récompensé par la profession, Régis Le Sommier a été le seul reporter de guerre à être allé des deux côtés du front avec l’armée ukrainienne et l’armée russe pendant un an. Kaliningrad, Odessa, Kherson, Zaporijjia, Marioupol, Donetsk, Lougansk, Donbass… ce reportage hors norme donne la vérité du terrain, loin des propagande des deux camps.
C’est un livre cru, un livre à hauteur d’hommes, loin des analyses fumeuses des chaînes d’infos, loin de ces spécialistes qui avant l’Ukraine vous parlaient du Covid avec le même ton péremptoire.  » Sortez de votre bureau ! « , lançait Tom Wolfe, à ses confrères. En nous faisant vivre ces scènes haletantes, Régis Le Sommier rappelle également ce que nous devons aux reporters qui risquent leur vie pour saisir la vérité du terrain.

Auteur : Régis Le Sommier est un journaliste et écrivain français. Il est connu pour ses reportages et analyses sur des événements internationaux, en particulier sur les conflits et les guerres. Il a travaillé pour le magazine Paris Match depuis le début des années 1990 et a couvert de nombreux événements majeurs dans le monde, notamment des guerres en Irak, en Afghanistan et en Syrie, ainsi que des conflits en Libye et en Ukraine. Grand reporter, chef du bureau du magazine aux États-Unis entre 2003 et 2009, basé à New York, il est spécialisé dans les questions américaines et militaires. Au cours de séjours en Irak et en Afghanistan entre 2006 et 2010, il a partagé le quotidien d’unités de l’US Army et des Marines et obtenu de nombreux accès à l’état-major. Il a couvert divers événements internationaux comme les Jeux Olympiques de Sydney en 2000 et des grandes crises comme l’attentat de Bali en 2002, l’épidémie de SARS en Chine en 2003, les attentats de Casablanca la même année et l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005. Il est également auteur de plusieurs enquêtes sur l’immigration vers les États-Unis aux frontières nord et sud du Mexique, ainsi que d’une dizaine de reportages sur les blessés de guerre.

Mon avis : (lu en juillet 2023)
Régis Le Sommier est un grand reporter français qui a travaillé durant 27 ans pour Paris-Match. Après un licenciement en juin 2021, il rejoint en septembre 2021 la rédaction de RT France comme grand reporter, il espère ainsi se faire ouvrir les portes du Nord de la Syrie, du Karabach, de l’Afrique, de la Turquie, de l’Iran, de la Chine, de nouveaux horizons à découvrir… RT France lui offrait un CDI et un salaire correct. C’était pour lui, une nouvelle aventure, une nouvelle expérience qui finalement ne dura que 6 mois !
Et pourtant, depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe, il est souvent reproché à Régis Le Sommier d’être pro-russe et pro-Poutine… On l’accuse d’impartialité.
Avec ce récit d’un reporter de guerre, le journaliste pose les cartes sur la table : non seulement, il revient sur son expérience sur le terrain côté ukrainien comme côté russe mais il raconte sa courte aventure à RT France et analyse à froid les différents évènements de cette guerre.
Le livre est intéressant, bien écrit mais parfois brouillon à lire… En effet, le récit de reporter de guerre est entrecoupé de réflexions, de documentations et d’opinions sur le conflit. Seuls les chapitres 1, 6, 7, 9 et 14 à 21 (dernier chapitre) sont véritablement des témoignages du front ou de l’arrière. Les autres chapitres sont des digressions, qui même si elles sont souvent intéressantes, perdent ou lassent le lecteur.
Malgré tout, son retour sur ce qui se passe sur le terrain au plus près du front est très intéressant. Régis Le Sommier n’hésite pas à s’éloigner des opinions et avis entendus sur les plateaux des télévisions occidentales.
Merci Babelio pour ce partenariat instructif.

Extrait :