La Martinière – janvier 2023 – 336 pages
traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün
Titre original : Úti, 2021
Quatrième de couverture :
Quatre amis d’enfance.
Une randonnée au cœur de ce que l’Islande a de plus sauvage.
Un huis-clos d’où surgissent trahisons et secrets.
Réussiront-ils tous à survivre à cette nuit ?
Ils pensaient se retrouver le temps de quelques jours paisibles. Une simple chasse à la perdrix dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande… Mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente et inattendue s’abat sur eux et les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. À l’intérieur, une découverte macabre changera à jamais le cours de leur existence – et de leur amitié. C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.
Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavík en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. La Dernière Tempête clôt la trilogie » La Dame de Reykjavík « , mettant en scène l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir à plusieurs âges de sa vie, en remontant le temps. Ce dernier volet se déroule 25 ans avant La Dame de Reykjavík et 10 ans avant L’Île au secret. Les œuvres de Ragnar sont traduites dans une trentaine de pays.
Mon avis : (lu en février 2023)
Voilà un polar islandais intimiste et oppressant. Daniel, Gunnlaugur, Helena et Armann, 4 amis d’enfance se retrouvent pour un week-end de chasse à la perdrix dans la campagne islandaise. Daniel, comédien, vit à Londres, Gunnlaugur est juriste, Helena ingénieure et Armann a réussi dans le tourisme.
Armann est l’organisateur de ce week-end dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande.
Ils pensaient se retrouver pour quelques jours paisibles, mais le voyage tourne au cauchemar.
Pris dans une tempête aussi soudaine que violente, ne pouvant pas atteindre le refuge prévu, ils font halte dans une petite cabane, plus proche mais difficile à trouver dans les conditions météorologiques. Quand ils y arrivent enfin, il faut casser la serrure pour entrer et une surprise les attend à l’intérieur…
C’est le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir les rancœurs du passé et l’amitié est mise à rude épreuve.
Les quatre amis sont tour à tour les narrateurs de l’histoire, les chapitres sont courts et brouille tous les repères et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Un thriller nordique glaçant.
Extrait : (début du livre)
Jamais il n’avait eu aussi froid.
Daníel avait beau être recouvert de plusieurs couches de laine sous son épaisse doudoune, rien n’y faisait : l’air glacial parvenait quand même à s’insinuer à travers ses vêtements.
Ses compagnons de voyage ressentaient-ils la même chose ? Il n’osait pas poser la question, de peur de paraître faible. La tête baissée, il avançait péniblement, secoué par le vent et les paquets de neige. Il ne discernait plus le paysage, ni même le sol sur lequel il progressait ; son monde s’était réduit à des tourbillons blancs traversés par de vagues silhouettes en mouvement.
Il avait perdu la notion du temps ; une éternité semblait s’être écoulée depuis que la tempête s’était levée, là où cela ne faisait probablement qu’une heure. Plus personne ne parlait. Concentrés, ils s’efforçaient de rester groupés et de ne pas perdre Ármann de vue. Celui-ci connaissait la région sur le bout des doigts, aussi ses amis devaient-ils le croire lorsqu’il affirmait qu’un vieux refuge se trouvait « pas trop loin ». Une déclaration à vrai dire peu rassurante.
Daníel avait grandi en Islande puis était parti vivre en Angleterre pour étudier l’art dramatique. Resté à Londres pour tenter sa chance en tant qu’acteur, il vivotait de petits rôles. Cela faisait un moment qu’avec ses amis de jeunesse, ils envisageaient de passer quelques jours ensemble au pays. Ármann s’était chargé d’organiser leur week-end de retrouvailles, prévu dans le Sud-Ouest, non loin de Reykjavík, dans un chalet confortable ; mais à la dernière minute, il leur avait proposé de partir de l’autre côté du pays, sur les hauts plateaux, pour chasser la perdrix des neiges. Lui-même pratiquait régulièrement la chasse en montagne et, à l’en croire, il n’y avait rien de tel pour cimenter des liens d’amitié. Trop occupé au moment où les messages lui étaient parvenus, Daníel n’avait pas protesté. Il n’avait pas de permis de chasse, mais Ármann avait promis de lui apprendre comment utiliser un fusil. « Personne ne nous verra, il est hors de question que tu ne tues pas quelques oiseaux ! »
Cependant, dès leur première incursion sur la lande, tout était allé de travers.
Daníel avançait avec difficulté. Il se sentait horriblement lourd. Heureusement, ils n’avaient pas pris toutes leurs affaires, juste des provisions pour la journée. Et bien sûr, leurs fusils, indispensables pour une partie de chasse. Quand la tempête avait commencé à s’intensifier, il avait proposé qu’ils abandonnent leurs armes quelque part pour s’alléger – ils pourraient les récupérer plus tard. Sa suggestion avait reçu un accueil pour le moins glacial.
Il essaya de se redonner du courage. Ce n’était pas le moment de baisser les bras. Ils avaient tacitement décidé d’accorder leur confiance à Ármann, qui saurait les mener à bon port.
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