Quatrième de couverture : Au fil d’une saison agricole, dans un petit village de moyenne montagne, trois femmes paysannes, voisines de marché, se rencontrent, s’entraident et se lient d’amitié. En partageant leurs expériences, ces femmes se donnent la force de faire entendre une autre voie que celle du patriarcat. Ces jeunes paysannes combatives et passionnées gèrent leur propre ferme et se heurtent au machisme du milieu agricole. On leur demande souvent : il est où le patron ?
Auteures : Maud est dessinatrice autodidacte. Elle raconte son quotidien en B.D. depuis 2014 sous le nom de bdzit Par ailleurs, ses études en agronomie ont attisé son intérêt pour les questions paysannes. Céline Berthier a repris avec une associée une ferme caprine en Ardèche. Marion Boissier est impliquée dans différents projets collectifs, Mie fait notamment du maraîchage et élève des abeilles en Ardèche, Fanny Demarque a été éleveuse de brebis laitières dans L’Ain. Elle est aujourd’hui bergère dans Le Briançonnais. Florie Salanié est apicultrice. Elle s’installe progressivement avec ses 3 567 243 abeilles en Ardèche. Guilaine Trossat a été bergère pendant 7 ans avant de s’installer avec un troupeau de brebis en Ardèche.
Mon avis : (lu en février 2023) Cinq paysannes d’Ardèche et du Briançonnais ont décidé de raconter leur quotidien à la ferme dans une bande dessinée. Elles y partagent des anecdotes de vie parfois lourdes, humiliantes, drôles, mais toujours justes. L’ouvrage veut briser les clichés machistes et sexistes présents dans le monde agricole. Jo, Anouk et Coline sont trois femmes paysannes, elles se rencontrent sur le marché pour vendre leur produits et échanger autour d’un petit café. Elles vont se lier d’amitié, discuter, partager leurs expériences et s’entraider. Coline est mariée, mère de deux enfants, elle est originaire du village. Il y a dix ans, avec son mari, elle a repris la ferme et les brebis laitières de ses parents. Il y a cinq ans, Anouk a quitté la ville pour emménager à la campagne et devenir apicultrice. Jo vient de terminer ses études et s’installe tout juste pour reprendre une ferme caprine. Toutes les trois sont confrontées au sexisme ambiant. Au fil des saisons, en les suivant dans leur quotidien, nous découvrons leur questionnement sur le féministe mais également sur la difficulté de la vie agricole. Une BDtrès instructive et distrayante aux propos efficaces et justes. En bonus, un bel hommage àAnne Sylvestrequi ouvre et ferme cette histoireavec sa chanson Bergère !
Quatrième de couverture :
Ils s’appelaient Raymond, Claude, Charles, Emile, Boris, Jan, Catherine, Damira, Sophie ou Osna. C’est l’histoire vraie de ces enfants de l’Occupation devenus trop vite adultes. C’est l’histoire de leur engagement dans la résistance toulousaine.
Auteurs : Né en 1955 à Saint-Gaudens, Alain Grand se passionne pour le cinéma d’animation. Après un bac scientifique, c’est à l’occasion d’un prix bd amateur que Jijé lui remet son trophée, en 1974 (un bon souvenir, forcément). En 1981, il obtient une thèse de doctorat en chirurgie dentaire, tout en publiant diverses couvertures, planches de bande dessinée et illustrations, en particulier pour les éditions Milan et le journal Mikado. En 1991, son premier album, Opération Comics, est publié, et sélectionné pour le prix du public au festival d’Angoulême qui suit. En 2001, c’est avec Gérard Moncomble au scénario qu’il sort cette fois Un ange passe. En 2007, toujours avec le même scénariste, et l’amiénois David François à la couleur, il signe le premier tome de Vilaine, non sans avoir auparavant, en 2006, mis un terme à son activité dans la chirurgie dentaire… Né en 1961 à Boulogne dans les Hauts-de-Seine, Marc Levy quitte la France pour les États-Unis à 23 ans et fonde une société spécialisée dans l’image de synthèse. Il reste en Amérique du Nord, sa seconde patrie, pendant sept ans et revient à Paris avec le projet de créer un cabinet d’architecture avec deux de ses amis. Il en est directeur pendant près de dix ans. Aimant raconter des histoires, Marc Levy se met à l’écriture en amateur. Finalement, il décide d’envoyer son manuscrit à plusieurs éditeurs et ce sont les éditions Robert Laffont qui le contacteront. Son premier roman ‘Et si c’était vrai …’ est très bien accueilli par le public et adapté au cinéma en 2005. Depuis, il se consacre à l’écriture et emmène le lecteur dans son univers où tout est possible. ‘La Prochaine Fois’ paraît en février 2005. En janvier 2006, les ventes de ses cinq livres, toutes éditions et langues confondues, ont dépassé les dix millions d’exemplaires. Ses romans, ‘Mes amis, mes amours’ et ‘Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites’ sont venus confirmer l’engouement pour cet auteur. Marc Levy vit à Londres.
Mon avis : (lu en décembre 2021) Les enfants de la liberté est le septième roman de Marc Levy, il est très différent des histoires habituelles de l’auteur. Il rend hommage aux étrangers qui se sont battus pour la France lors de la Seconde Guerre Mondiale. L’auteur raconte ici l’histoire de son père et de son oncle, deux jeunes Juifs qui rentrent dans la Résistance, ils combattent, ils ont peur, ils tuent, des camarades se font tuer ou se font arrêter, ils passeront quelques temps dans la prison Saint-Michel de Toulouse, puis se feront déporter après un périple long et pénible en train… Malgré les trahisons, les arrestations et la mort, l’espoir, le courage et la liberté sont toujours présents pour les faire avancer et espérer à un avenir meilleur. « Les Enfants de la liberté » est une bande-dessinée touchante, forte et passionnante. Les dessins, sobres mais soignés, dépeignent avec justesse l’atmosphère de l’époque et les actions des résistants, ils donnent encore plus de force et d’humanité aux personnages. En bonus, à la fin de cet album un dossier avec des documents authentiques appartenant au père de Marc Levy. Une belle lecture pour découvrir ou redécouvrir ce roman témoignage.
Quatrième de couverture :
« J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils. » Robert Badinter. Richard Malka et Fred Bernard s’emparent de ce récit poignant et intime pour en livrer une interprétation lumineuse tout en pudeur et à l’émotion intacte.
Auteurs :Richard Malka, né le 6 juin 1968 à Paris, est avocat au barreau de Paris, scénariste de bandes dessinées (L’Ordre de Cicéron, La face kärchée de Sarkozy), et romancier français (Tyrannie et Éloge de l’irrévérence) Il est spécialiste des questions de liberté d’expression et de laïcité, et connu pour être l’avocat du journal satirique Charlie Hebdo depuis sa création en 1992. Né à Paris en 1928, Robert Badinter fut avocat au barreau de Paris et professeur de droit. Nommé ministre de la Justice en juin 1981 par François Mitterrand, il fit voter l’abolition de la peine de mort en France et prit de nombreuses mesures en faveur des libertés individuelles, des droits des victimes et de l’amélioration de la condition des détenus. Robert Badinter a présidé le Conseil constitutionnel de 1986 à 1995 et fut sénateur des Hauts-de-Seine de 1995 à 2011. Il est l’auteur de nombreux ouvrages juridiques et littéraires. Fred Bernard est né en 1969, il illustre de nombreux albums réalisés en tandem avec François Roca, des romans jeunesse et sait être un auteur complet en BD adulte quand il écrit et dessine la série Jeanne Picquigny ou Les Chroniques de la vigne et les Chroniques de la fruitière et plus récemment, Carnet d’un voyageur immobile.
Mon avis : (lu en novembre 2021)
Cette bande dessinée est l’adaptation du livre de Robert Badinter Idiss (2018), hommage à sa grand-mère maternelle. Idiss est née en 1863, quelque part entre la Roumanie et l’Ukraine, dans un village juif de Bessarabie. Son mari est un soldat du tsar toujours au front. Elle doit travailler dur pour subvenir aux besoins de ses enfants et de ses beaux-parents. Bientôt c’est le retour du mari et la naissance du troisième enfant : la petite Chifra et un peu de joie dans le foyer. Mais les premiers pogroms contre la communauté juive et la passion du jeu de l’ancien soldat poussent la famille à émigrer en direction de la France. La famille s’installe à Paris et développe un commerce de confection dans le Marais. Devenue adulte, Chifra se marie avec Simon Badinter, originaire lui aussi de Bessarabie et de cette union naîtront Claude et Robert. Le bonheur est enfin là, malheureusement pour une courte durée car l’antisémitisme gagne la France puis ce sera l’arrivée de la dictature nazie, la Seconde Guerre mondiale, l’Occupation, les lois antijuives et le génocide programmé… A travers l’histoire de sa grand-mère, Robert Badinter raconte le parcours d’une femme simple originaire d’Europe de l’Est qui a fuit l’empire tsariste pour découvrir une république laïque qui sera, elle aussi, bouleversée par la xénophobie et l’antisémitisme.
Présentation : Le 6 juillet 2013, aux petites heures du matin, un train laissé sans surveillance sur une voie ferrée au Québec part à la dérive.
Le lourd convoi de 72 wagons de pétrole brut termine sa course folle en plein centre-ville de Lac-Mégantic, faisant 47 victimes. Récit de cette dernière nuit qui a marqué les gens de Lac-Mégantic à jamais.
Auteurs : Marie-Hélène Rousseau, journaliste Marie Eve Lacas, journaliste-illustratrice Myriam Roy, bédéiste
Mon avis : (lu en août 2021) Cette BD reportage numérique rend hommage aux 47 victimes de la tragédie ferroviaire qui a eu lieu dans la nuit du 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic, ville de la région d’Estrie, au Québec.
Cette tragédie est le pire incident de l’histoire du Canada impliquant des liquides inflammables. La ville de Lac-Mégantic a été construite autour de la voie ferrée et le déraillement du convoi a provoqué des explosions et un incendie qui ont détruit, dans le centre-ville, une quarantaine d’édifices dans une zone de 2 km2, tuant 47 personnes. Deux mille autres personnes ont dû être évacuées de leur domicile. Cette nuit tragique est racontée du point de vue de Pascal Charest, qui a perdu sa conjointe et ses enfants, de celui d’Isabelle Hallé, qui a perdu de nombreux amis, et de Colette Roy Laroche, l’ancienne mairesse de cette communauté. Tout commence avec le 5 juillet, une belle journée d’été, Pascal, Talitha et leurs deux filles Alyssa et Bianca passent l’après-midi à la plage. Colette Roy Laroche fait visiter sa ville à sa famille. Au Musi-Café c’est jour de fête : pour l’anniversaire de Stéphane, ces amis lui ont organisé une soirée surprise. Isabelle Hallé et son amoureux sont les premiers invités arrivés… En parallèle, le lecteur suit le parcours du convoi de pétrole brut de 72 wagons formant un train de près d’1,5 km et 10290 tonnes et Thomas Harding, son mécanicien de locomotive depuis Farnham vers Nantes. Un voyage de 200 km qu’il fera seul tout en restant en étroite communication avec le contrôleur de Farnham.
Cette BD raconte les dernières heures avant la tragédie et nous fait comprendre réellement ce qui s’est passé et comment l’enchaînement d’une multitude de facteurs plus ou moins importants a eu un effet affreusement dramatique…
Les auteures sont journalistes, elles se sont appuyées sur des témoignages et sur ce qui s’est dit au procès pour réaliser cette BD reportage bouleversante et pleine d’enseignement.
Quatrième de couverture :
En 1978, alors qu’il est encore un tout jeune peintre, Vann Nath est arrêté par les Khmers rouges. Accusé de violation du code moral, il est enfermé à la tristement célèbre prison de Tuol Seng à Phnom Penh, plus connue sous le nom de S-21.
Dès lors, sa peinture deviendra sa planche de salut puisqu’il sera contraint, comme bon nombre d’artistes et artisans cambodgiens, de mettre son talent au service de la dictature.
A travers ce récit, on découvre les racines de l’art de Vann Nath, pour qui peindre est devenu, à sa libération, un devoir de mémoire et d’hommage aux victimes du régime de Pol Pot. Au-delà de sa portée biographique, cet ouvrage présente le combat mené par le peintre pour que les crimes de ses bourreaux ne sombrent pas dans l’oubli.
Un album aussi passionnant que percutant…
Auteurs : Né en 1977 à Lecco (Italie), Matteo Mastragostino est diplômé de l’École polytechnique de Milan en design industriel. Depu<is 2004, il est designer, créateur freelance et collabore également avec plusieurs revues italiennes. Il s’est lancé dans la bande dessinée en 2017 avec un album consacré à Primo Levi (édité en France par Steinkis). Paolo Castaldi débute la bande dessinée en 2005 en signant les illustrations de I Will never grow up et L’Anomalie, sur un scénario d’Adriano Barone (non traduits en français). Il réalise les scénario et dessin de La Main de dieu, ouvrage consacré à Diego Maradona en 2014 (éditions Diabolo) puis Etenesh, l’odyssée d’une migrante (Des Ronds dans l’O), prix Valeurs Humaines 2016 du CRIABD.
Mon avis : (lu en août 2021) Vann Nath est peintre, il vit avec sa femme et son fils à Phnom Penh au Cambodge. Lorsque les Khmers Rouges prennent le pouvoir, Vann Nath est arrêté arbitrairement et est enfermé dans la prison tristement célèbre S-21. Pour survivre, il devra peindre des portraits pour le régime en place et seule la qualité de son travail le sauvera… Il survivra dans la peur et la privation ignorant tout sur le sort de sa famille… A la chute des Khmers Rouges, à la sortie du camp, Vann Nath continuera à peindre pour témoigner sur ce qu’il a vécu et sur ce qui s’est passé à S-21.
Cette bande dessinée est un témoignage poignant et fort. Une histoire vraie.
Charlie Hebdo / Les Échappés – janvier 2021 – 216 pages
Quatrième de couverture :
Pour rendre compte de ce procès unique, l’écrivain Yannick Haenel et le dessinateur François Boucq ont été les oreilles et les yeux de Charlie Hebdo.
Le procès des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, une policière municipale de Montrouge et le magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris, s’est ouvert le 2 septembre et aura duré près de deux mois et demi.
Historique par son ampleur, ce procès, qui juge des présumés complices d’attentats islamistes, aura rouvert la question de l’islamisme et de son imprégnation dans la société française.
Auteurs : Né en à Rennes, Yannick Haenel est un écrivain français, cofondateur de la revue Ligne de risque. Professeur de français jusqu’en 2005, il a publié plusieurs romans, dont « Introduction à la mort française » (2001) et « Évoluer parmi les avalanches » (2003), un essai sur les tapisseries de La Dame à la licorne : « À mon seul désir » (2005). En 2007, Yannick Haenel publie « Cercle », roman qui a reçoit le prix Décembre et le prix Roger Nimier. En 2009, il reçoit le prix Interallié et le prix du roman Fnac pour « Jan Karski ». Boucq, de son vrai nom François Boucq, est un auteur de bande dessinée français né à Lille en 1954. Il a reçu en 1998 le grand prix de la ville d’Angoulême, qui récompense l’ensemble de sa carrière.
Mon avis : (lu en août 2021) Entre septembre et novembre 2015, l’écrivain Yannick Haenel et le dessinateur François Boucq ont suivi pour Charlie Hebdo chaque instant du procès des attentats de Janvier 2015. Durant plus de deux mois et demi, soit 54 jours d’audience parfois chaotiques mais nécessaires pour tenter de comprendre et de raconter un traumatisme toujours présent cinq ans après.
Ce récit graphique, qui rassemble mots et dessins, nous parle de justice, d’art et de liberté d’expression. Ce hors série de Charlie Hebdo compile la cinquantaine de chroniques publiées chaque matin sur le site de l’hebdomadaire.
D’un côté ce procès donne la parole aux victimes et à leurs familles, des témoignages bouleversants et plein de dignité. De l’autre côté, des accusés, souvent des petits trafiquants arrogants, bêtes qui ne cherchent qu’à minimiser leurs rôles… Un témoignage très fort pour ne pas oublier.
Quatrième de couverture :
» Vous savez, les genres féminin et masculin sont les deux extrêmes d’un état. Chacun est libre de mettre le curseur où il veut, où il peut. » Les mots de la psychologue du planning familial bousculent Anne. Elle n’a rien vu venir. Sa fille est un garçon… Anne bataille, se déconstruit, apprend, s’ajuste à son enfant, pour se fabriquer un autre regard, un nouveau paradigme.
Auteur : Diplômée en 2003 de l’école des Arts décoratifs de Strasbourg et d’une Licence d’Arts Plastiques à Paris VIII, Élodie travaille son art sous différentes formes : images, bandes dessinées, scénarios, interventions dans les lieux culturels et écoles, réalisations de grandes fresques murales, ses images s’adressent selon les projets aux enfants ou aux adultes. Elle travaille également pour la presse et pour l’édition. Elle aime découvrir, apprendre, dessiner les sentiments, le mouvement, le dessin d’idée, raconter des histoires de vies et illustrer des histoires drôles et fantastiques… le moment où tout se décide… Pour réaliser ses images, elle utilise plusieurs vecteurs : l’informatique mais aussi le papier, les encres, les crayons de couleurs, les feutres, la peinture. Élodie a reçu en 2011 le Fauve d’Angoulême-Prix Révélation pour La Parenthèse.
Mon avis : (lu en août 2021) Ce roman graphique est un récit très touchant entre une mère et son enfant en pleine transition.
Lorsque la fille d’Anne Marbot lui avoue qu’elle se sent garçon, c’est un véritable choc pour cette maman ! Elle ne s’attendait pas à une telle annonce, jamais elle n’avait imaginé cela… Accompagner son enfant pour cette transition est un long chemin à parcourir. Même pour une maman qui se pensait tolérante et ouverte, ce n’est pas simple. Dans ce journal parfaitement illustrée, Anne Marbot partage avec nous, lecteur, tout cela, le choc de l’annonce, ses questionnements, ses inquiétudes face à l’inconnu… Son cheminement est lent et progressif pour découvrir le monde de la pluralité des genres, pour comprendre et accepter qui est son enfant.
Ce sujet difficile est traité avec intelligence et bienveillance, très documentée et informative cette BD est un témoignage à vraiment découvrir par tous.
Quatrième de couverture :
« La scène se joue non loin du lac Baïkal, où je vis, où j’aime, où j’ai la chance d’être aimé, à Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale. Des hommes cagoulés surgissent, c’est le matin. Ma fille crie. Elle a cinq ans. Je suis arrêté sous ses yeux, frappé ensuite avec science, interrogé, mais surtout frappé de ce mot ignominieux qu’il m’est pénible d’écrire : pédophilie. Sous les cagoules et dans l’ombre, des hommes veulent ma peau. Ils ont enclenché une mécanique de destruction, grossière et implacable, elle porte un nom, je le connais, le mot a été inventé par le KGB : Kompromat.
Dans les geôles de Sibérie, je tente de comprendre. Dans l’hôpital psychiatrique où je suis plus tard enfermé, je tente de comprendre. On me promet quinze années de camp à régime sévère. L’histoire de mes évasions peut commencer.
Nommer les personnages et les lieux importe peu. Je n’ai rien inventé. C’est un film, et ce n’en est pas un. C’est un roman, et ce n’en est pas un. Ce qui importe, c’est le moment de beauté où la littérature rend la vie plus intéressante que la littérature, ce qu’il faut, c’est l’attraper comme on attrape un poignard. La meute lancée à mes trousses craignait que tout finisse dans un livre. Le voilà. »
Auteur :Yoann Barbereau est né en 1978. Après des études de philosophie, il enseigne à Paris. Il a travaillé près de dix ans en Russie, où il a notamment dirigé l’Alliance française d’Irkoutsk. Il a publié des textes en revue (artpress, Revue d’esthétique…) et une traduction du Journal de prison du poète russe Igor Gouberman (Joca Seria, 2020).
Mon avis : (lu en janvier 2021) Ce livre n’est pas un roman, mais le témoignage de Yoann Barbereau, directeur de l’Alliance Française à Irkoutsk qui a été piégé et arrêté par le FSB (les services de renseignement russes). C’est une histoire incroyable, un vrai roman d’espionnage : en février 2015, il est brutalement arrêté pour des accusations de pédophilie montées de toutes pièces. Il est d’abord emprisonné pendant 71 jours dans la prison d’Irkoutsk, puis sera interné dans un hôpital psychiatrique 3 semaines pour subir des tests psychologiques. Il est ensuite assigné à résidence avec un bracelet électronique en attendant un hypothétique procès… Voyant que cela s’éternise et que les autorités françaises ne lui viennent pas en aide, Yoann Barbereau prépare lui-même son départ et réussi à tromper la surveillance pour s’évader de Sibérie jusqu’à l’ambassade de France à Moscou. Il pense alors que bientôt il pourra retourner en France et revoir les siens… Mais l’aventure se poursuit, en effet pendant 14 mois, il se retrouve prisonnier de l’Ambassade de France, cloîtré dans une chambre de 15 m². Trop préoccupés par leur plan de carrière les autorités de l’ambassade, ceux ne font rien. Considéré comme un « colis encombrant », il ne faut pas que l’on sache qu’il est réfugié à l’ambassade. Lorsque Yoann apprend sa condamnation par contumace à 15 ans de camp de travail, il décide de nouveau, de s’enfuir pour gagner l’Europe et réussit enfin à rejoindre la France en novembre 2017. Un témoignage palpitant, très bien écrit. Victime d’un kompromat, Yoann n’a rien inventé et puisque ses accusateurs n’avaient qu’une crainte que son histoire se termine dans un livre… Nous devenons également des témoins de ce qui s’est passé en Sibérie…
Extrait : (début du livre) Tiens, des mots bruissent dans ma tête de taulard. Une voix dit : « Il l’ignore, pourtant, celui qui n’a pas senti le gel prendre sur sa peau n’est que l’ébauche d’un homme. » La formule est un peu sèche, un peu raide, sentencieuse. Sortie de la bouche d’Alexandre, ce jour-là, elle était juste. Elle sonnait. Nous étions au bord du lac, dans une cabane qui aurait pu être un décor de cinéma. Température extérieure : – 41 °C. Le poêle réchauffait les corps à l’excès. J’étais en nage. J’étais en forme. Viktor me servit une goutte de vodka dans un gobelet en argent dont il était très fier. Alexandre fit l’impasse. Il y avait la cabane, les bûches sagement empilées près du poêle, quelques flammèches, l’odeur du bois, du poisson, les petits gobelets et la fenêtre qui nous happait. Pris entre les falaises, la forêt et le lac glacés, nous goûtions une forme de félicité au milieu de nulle part – aucune route et pas âme qui vive à moins de dix heures de marche. Le gel est entré dans la conversation, je m’en souviens. Alexandre était cramoisi, mais des phrases limpides sortaient de sa barbe poivre et sel. Je les entends du fond de ma geôle. « L’expérience du gel est une mise en question. C’est la mise à l’épreuve de ce qu’un homme sait du fait d’être. » Nous étions prêts. Nous avons avalé les derniers morceaux de poisson fumé et pris la direction du lac. Trois moujiks déterminés sur la glace du Baïkal. Le ciel était d’un bleu catégorique, la lumière finement ajustée. Tout concourait à rendre notre expédition théâtrale. Les petits gobelets d’argent avaient leur part, sans doute. Il y avait surtout le lac.
Quatrième de couverture : En 2010, lors d’un déménagement au sein du lycée Jean de La Fontaine, dans le 16e arrondissement de Paris, des lettres et des photographies ont été trouvées dans une vieille armoire. Enfouis là depuis des dizaines d’années, ces documents appartenaient à une ancienne élève, Louise Pikovsky. Plusieurs mois durant, cette jeune lycéenne juive a correspondu avec sa professeure de lettres. Son dernier courrier date du 22 janvier 1944, jour où elle est arrêtée avec sa famille.
Auteurs : Stéphanie Trouillard, journaliste de France 24, a réalisé en 2017 un webdocumentaire en partenariat avec la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, sur l’histoire de Louise Pikovsky. À partir des documents de Louise, elle a pu retrouver des témoins, des cousins éloignés et des anciens élèves. Ce travail a rencontré un vif succès et a obtenu de nombreux prix en France et à l’étranger. Il est lauréat 2018 du prix Philippe Chaffanjon. En 2020, elle scénarise et réalise avec Thibaut Lambert aux dessins une adaptation en bande dessinée, « Si je reviens un jour… Les lettres retrouvées de Louise Pikovsky ». Influencé par son pays natal la Belgique, Thibaut Lambert est comme né dans une bulle. Tout l’inspire, l’amour, les voyages, la maladie, les rencontres, … Après un passage à l’atelier BD de l’institut-Saint Luc à Bruxelles, il enchaine les petits boulots et réalise son premièr album BD : Al Zimmeur, un album pour enfant sur la maladie d’Alzheimer. Début 2008, lassé par la vie en ville, il lâche boulot et logement pour partir, avec sa compagne, un an sur les routes d’Amérique du Sud. Après de nombreuses péripéties, ils reviennent en Europe et posent leurs sacs à dos en Poitou-Charentes. Depuis, Thibaut participe à différents fanzines tout en continuant des projets plus personnels comme un carnet de voyage qu’il publie via le site Bibliocratie. Avec « Au coin d’une ride », il revient à la maladie d’Alzheimer dans une histoire pour adulte mettant en avant le rôle de l’aidant, membre de la famille ou proche, accompagnant un malade.
Mon avis : (lu en octobre 2020) J’ai entendu parler de cette BD à la radio lors du printemps dernier, une BD devoir de mémoire qui raconte l’histoire de Louise, lycéenne au lycée Jean de La Fontaine de Paris pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sa photo de classe ne le montre pas, mais elle porte l’étoile jaune sur sa veste. A partir de l’été 1942 et durant plusieurs mois, Louise échange des lettres avec sa professeure de lettres, Mademoiselle Malingrey. Elle parle de son quotidien et la précarité de sa situation, elle se questionne sur la disparition de plusieurs camarades de classe, elle raconte son père détenu à Drancy… Sa dernière lettre date du 22 janvier 1944, le jour de son arrestation avec sa famille. Mademoiselle Malingrey n’oubliera jamais son élève et gardera toute sa vie des photos et quelques lettres que Louise voulait retrouver si elle revenait… Toujours, elle continuera à évoquer la mémoire de la jeune fille auprès de ses élèves. En 2010, c’est un peu par hasard que les lettres et photos de Louise Pikovsky sont retrouvées dans une vieille armoire du lycée. A la fin de l’album, un dossier pédagogique avec les documents d’archives lettres et photos permet au lecteur de voir le vrai visage de Louise, de sa famille disparue et de Mademoiselle Malingrey.
Quatrième de couverture : Le périple bouleversant d’un adolescent migrant à la conquête de sa liberté. » Tu veux savoir ce qui m’a conduit à prendre la route de l’exil à quinze ans ? D’accord, je vais tout te confier et tu vas être renversé. Tu es prévenu ! Mes mots seront durs, car la réalité est brutale. Mais je vais aussi te faire rire, je suis beau gosse et j’ai la tchatche. Je te demande une seule chose : ne me juge pas, ça n’a pas de sens d’appliquer ta morale à ma vie. » Né dans un bidonville de la banlieue de Douala au Cameroun, Petit Wat est un adolescent haut en couleurs qui fait les quatre cents coups avec ses copains. Mais, sans avenir chez lui, il prend la douloureuse décision de partir pour accomplir son rêve : faire un boza, passer en Europe. Avec un sac à dos troué et une immense foi en lui-même, Petit Wat découvre de nombreux dangers. Abandonné par un passeur aux portes du Niger, il doit affronter ghettos et déserts. Arrivé au Maroc, il rejoint des centaines de jeunes déshérités qui s’organisent pour affronter le » Monstre-à-Trois-Têtes » : des barrières massives séparant l’Afrique de l’Europe. Pourront-ils vraiment passer de l’autre côté ? Dans Boza !, Ulrich Cabrel et Étienne Longueville proposent un regard inédit sur les réalités migratoires. La verve des personnages et l’humour du narrateur contrastent avec les enfers qu’ils traversent, offrant à ce roman d’aventures une tonalité et un rythme captivants.
Auteurs : Ulrich Cabrel est un Camerounais de dix-huit ans. Ayant lui-même dû quitter son pays, seul, il a vécu de l’intérieur cette redoutable traversée. Étienne Longueville est bénévole dans une association qui accueille et accompagne les jeunes réfugiés. Il a été l’un des hébergeurs solidaires d’Ulrich Cabrel lors de son arrivée en Bretagne.
Mon avis : (lu en septembre 2020) J’ai découvert ce livre grâce à une vidéo Brut sur facebook . C’est une histoire vraie qui se lit comme un roman d’aventure. A 15 ans, Ulrich alias, Petit Wat, vit avec sa famille dans un bidonville de la banlieue de Douala au Cameroun mais même s’il est le seul de chez à avoir eu le privilège de poursuivre l’école jusqu’au collège, ses parents ne peuvent plus payer ses études. Il décide donc de partir pour l’Europe avec comme rêve de voir la tour Eiffel, reprendre le lycée et passer son baccalauréat ! Poussé par ce rêve et l’envie de s’en sortir, partir semble facile… Mais Petit Wat va vite prendre conscience de la réalité de l’exil, il perd ses repères, se retrouve confronté à la violence et surtout au manque d’argent… Sa progression et sa vie est à la merci des passeurs et des marchands d’esclaves, il doit tout monnayer, sa nourriture, un lit, les véhicules pour avancer, la police pour traverser les frontières… Petit Wat est déterminé et malgré les obstacles, il continuera à avancer… Avec un langage coloré, et son vocabulaire d’argot local, Petit Wat nous raconte les péripéties de son voyage à travers l’Afrique : Niger, Nigeria, Algérie, Maroc, enclave espagnole de Melilla puis l’Europe : Espagne puis la France. Avec toute sa vérité, sa sincérité et son humour pour mieux supporter toutes les épreuves qu’il a traversé durant 15 mois. Ulrich raconte également comment il a été accueilli en France, les premières nuits dehors puis l’accueil dans plusieurs familles bretonnes et sa rencontre avec Étienne Longueville. On ne peut être que touché et admiratif devant le récit de cet adolescent tchatcheur et déterminé. L’écouter et le voir dans les deux vidéos est un plus !
Extrait : (début du livre) Tu veux savoir pourquoi je suis parti ? Comprendre ce qui m’a conduit à quitter mon pays et prendre la route de l’exil à quinze ans ? Mieux connaître le jeune que tu accueilles chez toi, histoire de te rassurer ? D’accord, je te raconte ; mais crois-moi, je ne fais jamais les choses à moitié. Je vais tout te confier et tu vas être renversé. Tu es prévenu ! N’oublie jamais que ce ne sont pas mes mots qui sont durs, c’est la réalité qui est brutale. Promis, je vais aussi te faire rire, je suis beau gosse et j’ai la tchatche. Je te demande une seule chose : ne me juge pas, ça n’a pas de sens d’appliquer ta morale à ma vie. Déjà, arrête de me parler de choix, je n’ai rien décidé, il n’y avait pas d’alternative. Toi-même, peux-tu affirmer avec certitude que tu aurais agi différemment si tu avais été à ma place ? Une fois que je t’aurai tout dit, tu me répondras. D’abord, tu dois comprendre d’où je viens. Je te présente Bonaloka, un des bidonvilles les plus paumés, crades et dangereux d’Afrique, à quelques kilomètres du centre de Douala au Cameroun. Près de dix mille familles sans le sou y vivent, entassées dans des vieilles baraques dont les toits s’arrachent à la première pluie. Les maisons mal emboîtées tombent les unes sur les autres. Tout le monde s’épie et se contrôle. Les gens vivent à dix dans deux pièces. Le son des bars et des soûlards pénètre à travers les planches dans chaque taudis. Les « sanitaires » sont dehors, et on va puiser l’eau tous les matins au puits, à la force des bras. Bienvenue chez moi. Ici, tu trouves de tout : des drogués, des paumés, des accros au jeu, des dealers, des filles de joie, des bandes organisées ou des passeurs. Le quartier est contrôlé par les « Russes », des petites frappes armées de couteaux, qui agressent la population en pleine rue et en plein jour, sans pitié ni scrupule. La police est réfugiée dans son commissariat. Si tu veux porter plainte, tu devras payer pour qu’on prenne ta déposition, et prier pour qu’on ne te livre pas aux Russes. Mon pote, un conseil : ne t’aventure jamais seul dans ce labyrinthe, tu te retrouverais à poil en quelques secondes.