Partie italienne – Antoine Choplin

61pHTjZgPNL Buchet Chastel – août 2022 – 176 pages

Quatrième de couverture :
Gaspar est un artiste reconnu et sollicité. Pourtant, en ce début de printemps, il ne rêve que de quitter Paris et s’installer Campo de’Fiori, à Rome. Là, à une terrasse de café, devant un jeu d’échecs, il joue contre des amateurs de passage et savoure la beauté des jours. Un matin, une femme s’installe à sa table pour une partie. Elle s’avère être une adversaire redoutable et gagne très vite. Elle s’appelle Marya, vient de Hongrie. L’histoire entre eux naît sur l’échiquier, avant de se déployer ailleurs, singulière et douce. Partie italienne, nouveau roman d’Antoine Choplin, ne défend aucune cause, ne prend aucun parti, excepté celui de la puissance de la Mémoire.

Auteur : Antoine Choplin est l’auteur de Radeau, du Héron de Guernica, de Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar et de La Nuit tombée (prix France Télévisions 2012).

Mon avis : (lu en octobre 2022)
Gaspar est un artiste parisien reconnu. Sous le prétexte de préparer une conférence, il s’est enfui à Rome avec son échiquier. N’ayant pas cœur à travailler, il flâne dans les rues de la ville puis s’installe avec son jeu d’échecs à la terrasse d’un café-restaurant situé sur la place du Campo dei Fiori. A l’ombre d’une statue de Giordano Bruno, dominicain savant et philosophe, brûlé comme hérétique en 1600 sur cette même place, Gaspar joue des parties avec ceux qui veulent. Un jour, Marya, une jeune hongroise talentueuse, s’installe devant Gaspar et après une partie acharnée, elle est la gagnante, s’ensuive deux autres parties avant qu’elle ne disparaisse… Bien sûr, Gaspar et Marya se reverront et nous en apprendrons un peu plus sur les deux personnages principaux de cette jolie histoire. Marya est œnologue, elle parle avec beaucoup de poésie du vin. Et comme Gaspar, nous découvrons la terrible histoire du grand-père de Marya qui est à l’origine de son talent pour les échecs.
L’écriture d’Antoine Choplin est à simple, juste, sans un mot de trop.
Il est question d’art, d’échecs, de la mémoire et d’amour.

Je ne connais pas Rome, mais à la lecture il m’a semblé accompagner Marya et Gaspar dans leurs promenades dans les ruelles de la ville…

Extrait :
Sur l’échiquier finement marqueté, les pièces projettent leurs ombres élégantes. Avec nonchalance, l’index de l’homme qui s’est assis en face de moi glisse un instant sur le plateau pour épouser les contours de deux ou trois d’entre elles. Et puis, après un regard vers moi, il pousse son pion en e4.

Le soleil vient de se hisser au-dessus des toits vermillon du Campo de’Fiori. En moins de deux, il a jeté sur la place son sortilège printanier, comme une poudre.
Il fait bon.
Alentour, installés sous de vastes parasols, les marchands ambulants ont commencé à élever la voix pour attirer les passants ou seulement plaisanter entre eux.
Je suis attablé sur la terrasse du restaurant Virgilio, avec mon jeu d’échecs et l’aval du patron, un petit gars tout rond aux cheveux noirs et gominés, qui a hésité un instant avant de trouver l’idée plutôt amusante. Je n’aurais qu’à me plier, le cas échéant, aux nécessités du service, voilà tout.
Mon téléphone vibre dans ma poche. C’est Amandine, elle doit vouloir prendre de mes nouvelles, est-ce que j’ai fait bon voyage, est-ce que l’hôtel – celui qu’elle a réservé pour moi depuis Paris – est correct, comment est la météo à Rome. J’ignore son appel.
Ça fait quelques jours que j’aspire à cet instant-là. Libre et tranquille, sous le ciel italien de mai, loin des sollicitations, des figures d’apparat et des tensions de ces derniers temps. Avec, comme seule préoccupation, de belles parties à disputer contre des inconnus de passage. Avec, entre nous, rien d’autre que le langage universel du jeu, son lexique partagé, simple et profond, honnête.
On y est.
Sans pouvoir m’empêcher de sourire, j’engage une défense sicilienne.
Pion en c5, donc.

Quelques badauds ralentissent le pas, s’arrêtent un moment pour regarder la partie. Certains commentent la position en chuchotant, la bouche collée à l’oreille de leur voisin. Parfois, je lève furtivement les yeux vers eux, sans vraiment leur porter attention. À quelques mètres, en nous fixant, un marchand de fruits et légumes ironise à voix haute et avec bienveillance sur ceux qui ont la chance d’avoir un cerveau et ceux, dans son genre à lui, qui sont bien obligés de se débrouiller sans.

Déjà lu du même auteur :

le_h_ron_de_guernica Le héron de Guernica 5600 La nuit tombée

cour_nord Cour Nord choplin_radeau Radeau 98602965 Les gouffres
61tryRi2mhL Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar

51N7jdr-0eL Partiellement nuageux

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Chez nous… Paroles de réfugiés – Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso

91z8NcS03BL Futuropolis – février 2021 – 112 pages

traduit de l’italien par Hélène Dauniol – Remaud

Titre original : Feltrinelli Comics, 2019

Quatrième de couverture :
À la suite d’À bord de l’Aquarius, Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso se sont rendus en Calabre pour témoigner de l’accueil fait aux migrants en Italie. La Calabre est l’une des régions italiennes les plus touchées par le chômage mais également l’une des plus hospitalières pour les réfugiés.Les auteurs ont rencontré les humanitaires, les autochtones et les réfugiés. Ils racontent les tragédies liées à ces situations dramatiques, les cauchemars bureaucratiques et les horreurs quotidiennes.Ils témoignent aussi du succès de certaines politiques privilégiant un accueil digne et une volonté d’intégration de ces migrants. Une situation italienne qui fait écho à celle de la France.

Auteurs : Né en 1983, Marco Rizzo  est un scénariste de bande dessinée et journaliste italien, surtout connu pour ses reportages en bande dessinée.
Lelio Bonaccorso est dessinateur et enseignant de BD sicilien. Après plusieurs collaborations avec DC Comics et Marvel, le dessinateur fétiche de l’écrivain Marco Rizzo sera son binôme sur de nombreuses bandes dessinées politico-sociales italiennes 

Mon avis : (lu en avril 2022)
Après leur BD documentaire A bord de l’Aquarius, les deux auteurs italiens (un journaliste et un dessinateur) ont voulu découvrir le sort des réfugiés en Italie à travers plusieurs témoignages. Ils se sont rendus en Calabre, l’une des régions italiennes les plus touchées par le chômage mais également l’une des plus accueillantes pour les réfugiés. Les auteurs ont rencontrés des associations humanitaires, des réfugiés et des italiens autochtones.
Il existe des expérimentations d’intégration qui sont réussies. Mais la corruption et l’utilisation frauduleuse ou abusive des fonds de l’État donnent des situations difficiles aussi bien pour la population locale que pour les réfugiés… La complexité de la bureaucratie expose également certains réfugiés à des situations dramatiques…
Cette BD très documentée et instructive est une bonne synthèse de l’état des lieux de l’accueil réservé en Italie aux réfugiés, la situation est comparable à celle qui existe en France.

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2022
(5) Ponctuation

Déjà lu des mêmes auteurs :

914E4BPV1wL A bord de l’Aquarius

Un coin de ciel bleu T01 : L’odeur du foin – Jarry, Deplano, Fabris

 Delcourt – janvier 2010 – 48 pages

Quatrième de couverture :
J’en peux plus de cette ville, Eric !
Fais tes valises, prends ta fille sous le bras, on part vivre à la campagne !
– Chiche !…

Auteurs : Nicolas Jarry est né en 1976 à Rosny-sous-bois. Il réside en Dordogne.
Lors de sa participation au Festival du Film Fantastique, Nicolas fait la connaissance de Jean-Luc Istin. Cette rencontre aboutit à son premier scénario de bande dessinée, Les Brumes d’Asceltis. Paraissent ensuite Maxime Murène, Les Contes de Brocéliande et La Rose et la Croix. En 2006, il complète la collection « Soleil Levant » avec Tokyo Ghost , dessiné par Djief, et la collection « Celtic » avec Les Chemins d’Avalon, dessiné par Achile. En 2007, il co-scénarise, avec Jean-Luc Istin, Les Exilés D’Asceltis et scénarise Le Crépuscule des Dieux. Intarissable, en 2010, tout en poursuivant ses précédentes séries, il revient avec trois projets : Les Princes d’Ambre, Nains et Durandal. En 2017, il travaille sur une nouvelle série de la collection « Celtic », Breizh – Histoire de la Bretagne. Dans la même collection, on le retrouve au scénario de Brocéliande 3 et 7. Il participe toujours au développement des Terres d’Arran avec Orcs & Gobelins 3, 4 et 6  ou encore Nains 15. Et, dans un autre registre, au scénario de Conquête 3, avec Stéphane Créty au dessin et 7, avec Zivorad Radivojevic au dessin…
Paolo Deplano, illustrateur italien. A 21 ans, il entre à l’école Internationale de la Bande Dessinée de Firenze où il enseigne désormais. Il termine ses études en 2004 et collabore à la réalisation du tome 0 de My earth.

Mon avis : (lu en août 2021)
Eric, Lou et leur petite Annaëlle ont quitté la ville pour s’installer dans un petit village à la campagne… Évidement, cela fait penser à « Retour à la Terre ». Vivre au plus proche de la nature n’est pas aussi idyllique que prévu. La famille Etxcheveri est attachante et la petite Annaëlle saura se faire adopter par les vieux voisins. Les habitants du village sont hauts en couleurs, sans être trop caricaturaux, comme la voisine d’en face toujours à sa fenêtre, la vieille Lanvieuse, le vieux Gilbert, les chasseurs…
Une BD pleine d’humour, d’une grande sensibilité et très sympathique à lire.

Extrait :

   

Petit Bac 2021
(6) Couleur

Suzette ou le Grand Amour – Fabien Toulmé

 Delcourt – juin 2021 – 336 pages

Quatrième de couverture :
Veuve depuis peu, Suzette repense à Francesco, son premier amour, perdu de vue il y a 60 ans. Sa petite-fille Noémie l’invite alors à partir à sa recherche. Sur la route de l’Italie, les deux femmes vont, du haut de leurs générations et de leurs expériences respectives, échanger sur la vie de couple, l’engagement et les histoires qui durent… Et s’il n’y avait pas d’âge pour vivre le grand amour ?

Auteur : Fabien Toulmé voit le jour en 1980 à Orléans. Passionné de bande dessinée, il décide de suivre de longues et pénibles études d’ingénieur Civil et d’urbanisme afin d’acquérir les bases essentielles de la construction d’une BD. En 2001, il part pour plusieurs mois sous les tropiques (Bénin, Guyane, Brésil, Guadeloupe). Enfin, lassé par l’eau bleue cocotiers, il revient s’installer en France en 2009 à Aix-en-Provence. Depuis il publie castrations et BD dans divers magazines (Lanfeust Mag, Psikopat, Spirou…) ou dans ouvrages collectifs (Alimentation générale, Editions Vide Cocagne, Vivre dessous, Editions Monolosanctis, Les autres gens…). Avec Ce n’est pas toi que j’attendais, il réalise son premier album.

Mon avis : (lu en juin 2021)
Suzette vient de perdre son époux et pourtant elle n’est pas si triste. Noémie, sa petite-fille, s’en étonne et découvre que sa grand-mère n’a pas été si heureuse que ça avec son grand-père… Pourtant, elle a été vraiment amoureuse, il y a très longtemps en Italie. Noémie décide alors de tenter de rechercher le fameux Francesco, puis d’organiser un voyage en Italie avec sa grand-mère.
Une jolie histoire où il est question d’amours naissantes ou anciennes… Une belle relation entre une grand-mère et sa petite-fille.

Extrait : (début de la BD)

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Déjà lu du même auteur :

9782756035505_1_75 Ce n’est pas toi que j’attendais

81qDioikdmL L’Odyssée d’Hakim tome 1 : De la Syrie à la Turquie

71XWBwljfuL L’Odyssée d’Hakim tome 2 : De la Turquie à la Grèce

l'odyssée.d'Hakim L’Odyssée d’Hakim tome 3 : de la Macédoine à la France

Petit Bac 2021
(6) Prénom

Les Nuisibles – Piero Macola

51VnWTrXJ8L Futuropolis – février 2019 – 120 pages

Quatrième de couverture :
Bruno et Anton. Deux hommes en marge de la société. Le premier ne veut surtout pas faire de vagues, le second tente simplement de survivre. Mais vivre à la marge fait-il de vous des nuisibles ? Piero Macola signe un récit intimiste qui parle aussi, de manière diffuse, des malaises de la société d’aujourd’hui…

Auteur : Piero Macola est un scénariste, dessinateur et coloriste italien. Il a étudié la bande dessinée à l’Institut St. Luc de Bruxelles. Auteur de bande dessinée et illustrateur, il a publié en « Aller simple » (2005), « Dérives » (2010)
Il a illustré « L’Ombre amoureuse », un texte de théâtre pour l’enfance d’Olivier Balazuc (2010), « Le tirailleur » (2014) scénarisé par Alain Bujak.
Lauréat 2016 du Prix littéraire des lycéens et apprentis de la région Paca pour Le tirailleur. Il vit actuellement à Paris.

Mon avis : (lu en septembre 2019)
Bruno vit seul. Il travaille comme gardien de péage près d’un pont. Régulièrement, Bruno rend service à Maria, une vieille dame qui vit seule avec son chien depuis la mort de son mari.
Anton, émigré d’un pays de l’Est, est en Italie depuis 9 mois. Il gagne sa vie au noir sur les chantiers. Un jour, en tombant d’un échafaudage, il se casse la jambe. Pour ses patrons, il est hors de question de l’envoyer à d’hôpital, il est soigné discrètement dans une maison. Anton va s’enfuir et croiser Bruno…
Anton et Bruno sont seuls, ils cherchent tout deux à être invisibles aux yeux des autres.
Il est question de solitude, de misère, de solidarité.
Les paysages de cette histoire sont très beaux, souvent nocturnes ou nappés de brouillard. 
J’ai eu un peu de mal à suivre cette histoire pleine de non dits, on passe sans transition entre l’histoire des deux personnages, cela m’a un peu perdu… sans compter que pour Bruno des traumatismes de son enfance lui revienne.

Extrait :

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petit bac 2019(6) Animal

A bord de l’Aquarius – Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso

914E4BPV1wL Futuropolis – janvier 2019 – 128 pages

traduit de l’italien par Hélène Dauniol – Remaud

Titre original : Salvezza, 2018

Quatrième de couverture :
Un récit documentaire à bord de l’Aquarius, un bateau humanitaire qui parcourt la Méditerranée pour secourir des migrants. En juin 2018, l’Italie et la France lui refusaient d’accoster condamnant le navire à une errance de 9 jours, mettant ainsi en lumière les ambigüités des gouvernements européens sur la politique d’accueil des réfugiés.

Auteurs : Né en 1983, Marco Rizzo  est un scénariste de bande dessinée et journaliste italien, surtout connu pour ses reportages en bande dessinée.
Lelio Bonaccorso est dessinateur et enseignant de BD sicilien. Après plusieurs collaborations avec DC Comics et Marvel, le dessinateur fétiche de l’écrivain Marco Rizzo sera son binôme sur de nombreuses bandes dessinées politico-sociales italiennes 

Mon avis : (lu en juillet 2019)
Cette BD documentaire signée par deux Italiens, un journaliste et un dessinateur, est un témoignage très fort et pédagogique sur la réalité de ce qui se passe à bord de l’Aquarius, un bateau affrété par l’ONG SOS Méditerranée pour sauver des migrants en mer. 
En novembre 2017, les auteurs embarquent sur l’Aquarius. Il y a à bord, une trentaine de personnes, marins, membres de l’association et médecins. En 2017, grâce à cette action citoyenne, c’est plus de 15 000 personnes, de 40 nationalités différentes, qui ont pu être sauvées. Les deux auteurs racontent le quotidien de la mission, les sauvetages, ils donnent la parole à l’équipage mais aussi aux migrants recueillis. Les témoignages sont poignants, parfois insoutenables, les migrants fuient leurs pays, la violence, la guerre, la misère… Avant de partir, ils n’imaginent pas les difficultés qu’ils vont rencontrer : la longue route avant la traversée, le viol des femmes, la cupidité des passeurs, les séquestrations arbitraires en Libye contre rançon et la traversée au péril de leurs vies, sur des rafiots en mauvais état et surchargés… Lorsqu’ils ont la chance d’être sauvés par un bateau d’une ONG, ils ne savent pas encore dans quel pays ils vont être débarqués.
Un livre courageux et instructif qui est malheureusement complètement dans l’actualité.
Aux prises avec la justice italiennes, l’Aquarius a arrêté ses missions en décembre 2018.
SOS Méditerranée a repris depuis juillet 2019 une nouvelle campagne de sauvetage au large des côtes libyennes, à l’aide d’un navire norvégien, l’Ocean Viking. Vendredi dernier, après douze jours d’attente en mer, 356 personnes secourues ont été débarqués à Malte.
A découvrir sans tarder !

Extrait : (début de la BD)

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L’extraordinaire voyage du fakir qui etait resté coincé dans une armoire Ikéa – Zidrou, Falzar, KyungEun

d’après le roman de Romain Puertolas

51biYcblr1L Jungle – octobre 2017 – 48 pages

Quatrième de couverture :
Une aventure rocambolesque et hilarante aux quatre coins de l’Europe et dans la Libye post-Kadhafiste.
Une histoire d’amour plus pétillante que le champagne, un éclat de rire à chaque page mais aussi le reflet d’une terrible réalité, le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle, sur le chemin des pays libres.
Les tribulations d’un fakir devenu culte.

Auteurs : Zidrou (Benoît Drousie) est né en 1962 à Bruxelles. D’abord instituteur, il se lance au début des années 1990 dans l’écriture de livres et de chansons pour enfants. En 1991, il rencontre le dessinateur Godi avec qui il crée L’Elève Ducobu. Sa carrière de scénariste de bande dessinée est lancée ! Il signe de nombreuses séries pour enfants et adolescents, des Crannibales à Tamara, de Scott Zombi à Sac à Puces, assure la reprise de La Ribambelle. Il est également l’auteur des plus réalistes, mais non moins sensibles, La Peau de l’ours, Lydie, Folies Bergères, La Mondaine, Les 3 Fruits. En 2015, Zidrou revient en force avec trois nouveaux albums : en août Le Bouffon avec Francis Porcel, en septembre, une nouvelle série familiale, Les Beaux Etés avec Jordi et en octobre, en duo avec P. Berthet, un polar dans les régions reculées de l’Australie, « Crime qui est le tien ». Pour 2016, l’auteur continue d’écrire les souvenirs de vacances de la famille Faldéraut dans « Les Beaux Étés » et proclame la fin de Venise dans « Marina ».
Kyung Eun Park
est un auteur coréen de bandes dessinées. Après des études universitaires d’arts plastiques, il travaille un temps comme animateur dans un studio de dessin animé. Il décide ensuite de venir en France pour suivre la formation d’illustrateur à Lyon, qu’il complète par un cursus aux Arts déco de Strasbourg.
Falzar
est scénariste coloriste. Né 15 avril 1961 à Mons, François d’Hont, pseudonyme Falzar a une double formation d’instituteur et de criminologue, mais il exerce deux professions assez éloignées de cette base. Il est à la fois animateur dans le cadre d’un hôpital psychiatrique et scénariste de bandes dessinées humoristiques. 

Mon avis : (lu en mai 2019)
Je n’ai pas lu le livre original de Romain Puertolas avant d’emprunter cette BD à la Bibliothèque mais je connaissais déjà le début de l’histoire… Le héros Ajatashatru Lavash Patel ou Aja est un fakir un peu escroc et très débrouillard qui vient d’arriver à Paris pour y acheter un lit à clous repéré en soldes sur le catalogue Ikea. Malheureusement, le produit n’est plus en stock et Aja va devoir revenir le lendemain. N’ayant nulle part où dormir, il décide de se cacher dans le magasin pour y passer la nuit. Il s’enferme dans une armoire mais celle-ci fait partie d’un lot à déstocker et Aja se retrouve, malgré lui, en route vers l’Angleterre… C’est le début d’une aventure rocambolesque à travers l’Europe et au-delà… le fakir va découvrir le quotidien des migrants, renvoyés de frontières en frontières. Il sera poursuivi par les polices des frontières mais aussi par le taxi qu’il a entourloupé lors de son arrivée à Paris…
Une lecture sympathique mais l’intrigue pas toujours facile à suivre, cette adaptation ne m’a pas spécialement donnée envie de lire le roman.

Extrait : (début de la BD)

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petit bac 2019(5) Objet

La goûteuse d’Hitler – Rosella Postorino

Lu en partenariat avec Audiolib

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Albin Michel – janvier 2019 – 400 pages

traduit de l’italien par Dominique Vittoz

Titre original : Le assaggiatrici, 2018

Quatrième de couverture :
1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa.
Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire.
Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir.
Couronné en Italie par le prestigieux prix Campiello, ce roman saisissant est inspiré de l’histoire vraie de Margot Wölk. Rosella Postorino signe un texte envoûtant qui, en explorant l’ambiguïté des relations, interroge ce que signifie être et rester humain.

Auteur : Née à Reggio de Calabre en 1978, Rosella Postorino vit à Rome. Elle est éditrice chez Einaudi et journaliste. Ses trois premiers romans, La stanza di sopra, L’estate che perdemmo Dio et Il corpo docile, ont été couronnés par plusieurs prix. Elle écrit également des essais, des pièces de théâtre, et contribue à des anthologies. La goûteuse d’Hitler est son premier roman traduit en français. Il vient d’être récompensé par le prestigieux prix Campiello.

Lecteur : Audrey Sourdive commence le théâtre à 5 ans. Depuis elle interprète de grands rôles classiques comme Elvire ou Lady MacBeth et s’intéresse aussi au théâtre contemporain ainsi qu’au théâtre pour enfants. Également metteur en scène, elle a récemment monté Ninon, une pièce sur le handicap, et le Circuit Ordinaire de Jean-Claude Carrière. Elle est également doubleuse (Millenium, Grey’s Anatomy, Spiderman…).

Mon avis : (écouté en juin 2019)
L’auteur s’est inspirée de l’histoire vraie de Margot Wölk, la dernière goûteuse d’Hitler pour écrire ce roman. C’est seulement en 2012, à l’âge de 95 ans que Margot Wölk a révélé son histoire, elles étaient 15 goûteuses et les 14 autres ont été tuées fin 1944, lors de l’arrivée des troupes soviétiques. Margot Wölk avait pu fuir par un train destination Berlin.
Son mari s’étant engagé dans l’armée, son appartement détruit et sa mère morte dans un bombardement à Berlin, Rosa est venue habiter à  Gross-Partsch, chez ses beaux-parents. Elle est alors réquisitionnée avec neuf autres jeunes femmes pour goûter les repas d’Hitler, ce dernier craignant d’être un jour empoisonné… Elles se retrouvent trois fois par jours pour ces « repas du hasard », puis devant attendre au moins une heure après chaque repas. Petit à petit, des liens vont se nouer entre les différentes goûteuses.
C’est la guerre, et même en Allemagne le ravitaillement pour la population est difficile.  La faim est bien présente et les goûteuses sont partagées entre l’opportunité de pouvoir manger des mets introuvables (fruits, légumes, desserts… Hitler étant végétarien) et la terrible angoisse de risquer d’être malade ou de mourir empoisonnée.
J’ai trouvé ce roman, basé sur des faits historiques, passionnant et captivant. Le rôle des goûteuses est bien décrit, leurs vies quotidiennes pendant la guerre également.
Rosa et ses camarades d’infortune sont très émouvantes et attachantes.
Ce livre qui m’avait été conseillé au Café Lecture de la Bibliothèque est une belle découverte !

Extrait : (début du livre)
Nous sommes entrées une par une. Après plusieurs heures d’attente debout dans le couloir, nous avions besoin de nous asseoir. La pièce était grande avec des murs blancs. Au centre, une longue table en bois déjà dressée pour nous. Ils nous ont fait signe de nous y installer.
Je me suis assise et j’ai croisé les mains sur mon ventre. Devant moi, une assiette en porcelaine blanche. J’avais faim.
Les autres femmes avaient pris place sans bruit. Nous étions dix. Certaines se tenaient droites, l’air compassé, les cheveux tirés en chignon. D’autres regardaient à la ronde. La jeune fille en face de moi mordillait ses peaux mortes et les déchiquetait entre ses incisives. Ses joues tendres étaient marquées de couperose. Elle avait faim.
À onze heures du matin, nous étions déjà affamées. Mais cela ne tenait pas à l’air de la campagne, au voyage en autocar. Ce trou dans l’estomac, c’était de la peur. Depuis des années nous avions faim et peur. Et quand les effluves de nourriture sont montés à nos narines,notre sang s’est mis à cogner à nos tempes, notre bouche à saliver. J’ai regardé la fille couperosée. Il y avait la même envie chez elle et chez moi.
Mes haricots verts étaient agrémentés d’une noix de beurre. Du beurre, je n’en avais pas mangé depuis mon mariage. L’odeur des poivrons grillés me chatouillait le nez, mon assiette débordait, je ne la lâchais pas des yeux. Celle de ma voisine d’en face contenait du riz et des petits pois.
« Mangez », ont-ils dit d’un angle de la salle, c’était à peine plus qu’une invitation et pas tout à fait un ordre. Ils lisaient l’appétit dans nos yeux. Bouches entrouvertes, respirations précipitées. Nous avons hésité. Personne ne nous avait souhaité bon appétit, alors je pouvais peut-être encore me lever et dire merci, les poules ont été généreuses ce matin, un œuf me suffira pour aujourd’hui.
J’ai recompté les convives. On était dix, ce n’était pas la cène.
« Mangez ! » ont-ils répété dans l’angle de la salle, mais j’avais déjà sucé un haricot et senti mon sang affluer à la racine de mes cheveux, à l’extrémité de mes orteils, senti mon cœur ralentir. Devant moi Tu dresses une table face à mes adversaires – ces poivrons sont si onctueux –, Tu dresses une table sur le bois nu, pas même une nappe, de la vaisselle blanche, dix femmes : voilées, nous aurions eu tout de religieuses, un réfectoire de religieuses tenues au vœu de silence.

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petit bac 2019(5) Métier

 

Ada – Barbara Baldi

51PyHJpY-kL Ici Même – février 2019 – 120 pages

Quatrième de couverture :
Début du XXè siècle, quelque part en Europe centrale. La jeune Ada vit seule avec son père, un bûcheron aussi rustre qu’autoritaire. Le talent et la curiosité de la fillette pour la peinture ne font qu’attiser la colère et le mépris du père. Consciente que l’affrontement n’est pas une option, Ada fait mine de se soumettre à l’autorité paternelle, pour mieux, secrètement, s’adonner à sa passion. Pour autant, l’orage se prépare au loin et il sera difficile d’y échapper.

Auteur : Barbara Baldi (Pavie, 1976), coloriste clé du film Winx 2, a à son actif de nombreuses publications pour le marché italien, américain et français, parmi lesquelles « Sky Doll » et « Monster Allergy ». Elle est illustratrice et coloriste pour plusieurs maisons d’édition, dont Pixar, Disney, Marvel et DeA Planeta. Barbara Baldi signe avec La Partition de Flintham son premier roman graphique.

Mon avis : (lu en mai 2019)
Une superbe BD, l’histoire est assez simple et classique, les mots sont rares mais le dessin est d’une beauté graphique exceptionnelle.
1917, Ada vit seule avec son père au milieu de la forêt à proximité de Vienne. Ce père est  un homme tyrannique et cruel aussi sa mère a préféré partir pour le fuir. Ada supporte ce quotidien rude et difficile en se réfugiant dans la peinture. En cachette de son père, inspirée par la nature qui l’entoure, Ada peint des toiles pleines d’émotions, avec des couleurs qui happent le lecteur. Ada n’est pas résignée, un jour, elle quittera ce père violent. L’atmosphère est à la fois envoûtante, sombre et étouffante.
Une BD que l’on ne se lasse pas de contempler.

Extrait : (début de la BD)

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petit bac 2019(4) Animal
(oiseau)

L’Art de la joie – Goliarda Sapienza

logo prix audiolib 2019

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Audiolib – février 2019 – 23h10 – Lu par Valérie Muzzi

Le Tripode – octobre 2016 – 800 pages

traduit Nathalie Castagné

Titre original : L’Arte della gioia, 1998

Quatrième de couverture :
« Comment pouvais-je le savoir si la vie ne me le disait pas ? Comment pouvais-je savoir que le bonheur le plus grand était caché dans les années apparemment les plus sombres de mon existence ? S’abandonner à la vie sans peur, toujours… Et maintenant encore, entre sifflements de trains et portes claquées, la vie m’appelle et je dois y aller. »
L’Art de la joie est le roman d’une vie, celle de Modesta. Née le 1er janvier 1900 dans une famille miséreuse de Sicile, farouche et insoumise, la jeune femme nous entraîne sur le chemin d’une liberté qui gagne irrésistiblement le lecteur.
L’édition définitive de ce texte, devenu un classique de la littérature italienne, a été établie par Angelo Maria Pellegrino, qui fut le dernier compagnon de l’autrice et sauva ce roman culte de l’oubli.

Auteur : Goliarda Sapienza (1924-1996) est née à Catane (Sicile) dans une famille anarcho-socialiste. Elle connaît le succès au théâtre avant de se consacrer à l’écriture. Son œuvre flamboyante laisse les éditeurs italiens perplexes. Elle meurt dans l’anonymat en 1996. Elle sera reconnue grâce notamment, en 2005, à la traduction en France de L’Art de la joie. Les Éditions Le Tripode entreprennent la publication de ses œuvres complètes.

Lecteur : Diplômée de l’Insas et de la section cinéma de l’université de Bruxelles, Valérie Muzzi partage son temps entre les studios, les tournages, l’écriture et la réalisation.

Mon avis : (écouté partiellement en mai 2019)
Je n’ai pas réussi à terminer dans les temps ce dernier livre audio de la sélection du Prix Audiolib 2019. J’ai sous-estimé la durée du livre audio et mes capacités d’écoute… J’écris donc ce billet après seulement 50% de lecture.
La narratrice, Modesta, est née, en Italie, le 1er janvier 1900. Elle nous raconte l’histoire extraordinaire de sa vie, celle d’une femme libre et indépendante. Petite fille pauvre élevée avec une sœur handicapée par une mère seule, après une agression, Modesta est recueillit dans un monastère, où elle a l’occasion d’apprendre à lire, à écrire… Sa curiosité est sans limite, mais pour les sœurs sont avenir est tout tracé, elle sera des leurs. Mais Modesta ambitionne autre chose ! Elle a un caractère hors du commun, qui lui permettre de résister au pire. Grâce à son esprit curieux et son envie de connaissances, elle développe son intelligence et sa réflexion.
Dans cette histoire, il est question de la vie, de la mort, de l’amour, d’être femme, de sensualité, de sexualité féminine, de sentiments, de liberté…
C’est un roman exigeant, dense avec également des longueurs… Pour l’instant, je vais le laisser de côté, mais je compte le terminer lorsque j’aurais plus de temps, sans doute lors de prochaines vacances.

Extrait : (début du livre)
Et voyez, me voici à quatre, cinq ans traînant un bout de bois immense dans un terrain boueux. Il n’y a pas d’arbres ni de maisons autour, il n’y a que la sueur due à l’effort de traîner ce corps dur et la brûlure aiguë des paumes blessées par le bois. Je m’enfonce dans la boue jusqu’aux chevilles, mais je dois tirer, je ne sais pas pourquoi, mais je dois le faire. Laissons ce premier souvenir tel qu’il est : ça ne me convient pas de faire des suppositions ou d’inventer. Je veux vous dire ce qui a été sans rien altérer.
Donc, je traînais ce bout de bois ; et après l’avoir caché ou abandonné, j’entrai dans le grand trou du mur, que ne fermait qu’un voile noir couvert de mouches. Je me trouve à présent dans l’obscurité de la chambre où l’on dormait, où l’on mangeait pain et olives, pain et oignon. On ne cuisinait que le dimanche. Ma mère, les yeux dilatés par le silence, coud dans un coin. Elle ne parle jamais, ma mère. Ou elle hurle, ou elle se tait. Ses cheveux de lourd voile noir sont couverts de mouches. Ma sœur assise par terre la fixe de deux fentes sombres ensevelies dans la graisse. Toute la vie, du moins ce que dura leur vie, elle la suivit toujours en la fixant de cette façon. Et si ma mère – chose rare – sortait, il fallait l’enfermer dans les cabinets, parce qu’elle refusait de se détacher d’elle. Et dans ces cabinets elle hurlait, elle s’arrachait les cheveux, elle se tapait la tête contre les murs jusqu’à ce qu’elle, ma mère, revienne, la prenne dans ses bras et la caresse sans rien dire.
Pendant des années je l’avais entendue hurler ainsi sans y faire attention, jusqu’au jour où, fatiguée de traîner ce bois, m’étant jetée par terre, je ressentis à l’entendre crier comme une douceur dans tout le corps. Douceur qui bientôt se transforma en frissons de plaisir, si bien que peu à peu, tous les jours je commençai à espérer que ma mère sorte pour pouvoir écouter, l’oreille à la porte des cabinets, et jouir de ces hurlements.

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