Cinq petits indiens – Michelle Good

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

Lu en partenariat avec Masse Critique et Seuil Voix Autochtones

91EOjUCDJRL Seuil Voix Autochtones – mars 2023 – 345 pages

traduit de l’anglais (Canada) par Isabelle Maillet

Titre original : Five Little Indians, 2020

Quatrième de couverture :
Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones, libérés des pensionnats, essaient de survivre dans le quartier d’East Vancouver, entre prostitution, drogue et petits boulots.
Il y a Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l’American Indian Movement ; Kenny, qui ne sait plus comment s’arrêter de fuir, et, enfin, Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.
D’une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant.

Auteure : Michelle Good est une autrice Crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats autochtones pendant plus de 20 ans et elle a également publié de la poésie, des essais et des nouvelles dans de nombreux magazines et anthologies. Cinq Petits Indiens a reçu, entre autres, le prix du Gouverneur général 2020 et le prix du public Canada Reads de Radio-Canada.

Mon avis : (lu en mars 2023)
Dans ce roman bouleversant, l’autrice nous raconte le destin de cinq «  survivants », Maisie, Lucy, Kenny, Clara et Howie. Cinq jeunes autochtones canadiens qui sont passés par les pensionnats de la honte. Ce sont des enfants qui ont été arrachés à leurs familles et envoyés dans ses écoles pour y être « assimilés » et « civilisés ». Séparés de leur famille dès l’âge de six ans et jusqu’à leurs 16 ans, ils ont été maltraités et abusés.
Le roman évoque un peu ce qui s’est passé dans les pensionnats mais il est surtout question de l’après pensionnat… En effet, dès leurs 16 ans, ils sont renvoyés du pensionnat et se retrouvent livrés à eux-même, sans toit, sans ressource… Lorsqu’ils retournent dans leur famille, ils se sentent souvent en décalage : difficile de comprendre pourquoi ils ont été abandonnés par leurs proches. Lorsqu’ils se retrouvent en ville, à Vancouver dans le roman, ils n’en connaissent pas les dangers…
Lorsque Lucy arrive à Vancouver, elle va pouvoir compter sur son amie Maisie sortie une année plus tôt. Maisie semble si forte et pourtant elle a été détruite par tout ce qu’elle a subit au pensionnat. Après de nombreuses tentatives d’évasion, Kenny va réussir à fuir le pensionnat. Durant son séjour, il avait su aider et soutenir les plus petits comme Lucy et Howie. Lucy va s’épanouir en créant une famille et en élevant sa fille.
Howie fera un long séjour en prison après avoir battu son ancien agresseur qui n’a jamais eu à répondre de ses actes…
Clara est une rebelle, elle va s’investir dans le Centre Communautaire Indien.
Avec sa rencontre avec Mariah, une vieille chamane, Clara pourra renouer avec ses racines et transformer sa colère pour aider les autres survivants.
Un très beau roman fort , bouleversant qui illustre tous les dégâts que cette politique inhumaine a engendré.

Merci Babelio et les éditions Seuil Voix Autochtones pour cette belle découverte.

Extrait : (Prologue)
Immobile derrière la maison de Mariah, Clara sentait la chaleur de cette fin d’été monter du sol. Elle regarda au pied de la colline les assistants de son amie qui préparaient la hutte de sudation. Alors qu’elle se détournait, un reflet argenté à l’est attira son attention. Elle jeta un coup d’œil dans cette direction, vers les nombreux sentiers que Mariah et elle avaient foulés tant d’années auparavant. Il lui sembla alors apercevoir son chien, pourtant mort depuis longtemps – silhouette spectrale courant devant elle comme autrefois. Elle se dirigea vers le chemin qu’elle avait emprunté si souvent avec Mariah pour aller poser des collets. Un léger tintement, porté par la brise, s’élevait du bosquet autour de la hutte. Elle marcha un bon moment, sans se soucier de l’heure. Lorsqu’elle retourna enfin sur ses pas, le soleil était à son zénith et les feuilles de bouleau miroitaient autour d’elle.
Il était un peu plus de midi quand elle revint chez Mariah. Kendra qui, à l’entrée de la maison, observait les environs, sourit
en la voyant approcher.
– Je me demandais où tu étais, dit-elle. Ça va ?
– J’ai tellement de souvenirs ici…, répondit Clara.
Elle s’approcha de la jeune femme pour l’enlacer. Kendra, la fille de sa plus vieille amie, était pour elle comme l’enfant qu’elle n’avait pas eu. Elles pénétrèrent ensemble dans la maison où Mariah avait sorti son bol de fumigation.
– Venez là, toutes les deux.
Docilement, elles allèrent s’asseoir à côté de Mariah, qui faisait maintenant brûler son mélange spécial de plantes médicinales en
récitant une prière dans sa douce langue crie. Clara saisit la main de Kendra. Elles prièrent en silence tandis que leur aînée préparait une offrande pour les anciens. Lorsqu’elles rouvrirent les yeux, détendues, une atmosphère de paix et de beauté baignait l’intérieur tout simple de la maison. Le pick-up serait bientôt là. Clara se pencha vers Mariah.
– Kendra est médecin, tu sais. La première Indienne médecin du Canada.
– Aborigène, rectifia Kendra.
Clara leva les yeux au ciel.
– Autochtone, aborigène… Peu importe. Je resterai une Indienne tant que la Loi sur les Indiens n’utilisera pas un mot plus juste.
Mariah posa une main sur la sienne.
– Ah non, pas de politique ici.
– Mariah aussi est médecin, reprit Clara à l’adresse de Kendra. C’est elle qui m’a remise sur pieds.
Visiblement embarrassée, Kendra haussa les épaules. Clara éclata de rire.
– Oh, la science qu’elle possède est bien différente de la tienne ! Elle l’a apprise ici, sans avoir besoin d’aller dans une école spéciale.
Les trois femmes gardèrent ensuite le silence en attendant l’arrivée du pick-up. Celui-ci se gara peu après devant la maison. Le conducteur descendit puis les salua quand elles sortirent l’accueillir.
D’un geste, Mariah lui indiqua la direction à prendre.
– Les assistants sont près de la hutte. Tu auras besoin d’eux.
Le conducteur s’éloigna. Les femmes rentrèrent et Clara entreprit de préparer du thé pour les nouveaux arrivants.

Rencontre avec Stephen Markley et Michael Christie

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Rencontre entre Stephen Markley et Michael Christie, autour de leurs livres Ohio et Lorsque le dernier arbre, publiés aux éditions Albin Michel. Deux immenses talents de la littérature nord-américaine, le premier ayant été récompensé par le Grand Prix de la Littérature Américaine et le second par le Prix Millepages.
Une double rencontre très sympathique qui m’a donné l’occasion de découvrir deux romans nord-américains, grâce à la traduction de Dominique Chevallier.

Pour visionner la rencontre à la Librairie Millepages de Vincennes du 29 mars 2022

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Nikolski – Nicolas Dickner

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Alto – septembre 2005 – 328 pages

Denoël – février 2007 – 304 pages

Libretto – mai 2015 – 256 pages

Quatrième de couverture :
Canada, printemps 1989. Trois personnages à l’aube de leurs vingt ans ont quitté le lieu de leur enfance pour entamer une longue migration. Né quelque part au Manitoba, Noah Riel a appris à lire avec les cartes routières. Joyce Doucet, elle, a vu le jour à Tête-à-la-Baleine, et caresse des rêves de flibustier moderne. Quant au narrateur, il quitte le bungalow maternel pour voyager dans les livres, qu’il vend dans une bouquinerie de Montréal, et ne se sépare jamais d’un compas-boussole déréglé qui s’obstine à pointer la direction de l’îlot de Nikolski, dans le Pacifique Nord. Au terme d’une migration réelle ou symbolique qui s’achève en décembre 1999, « quelques heures avant la fin du monde », les membres de cette étrange trinité auront tant bien que mal compris ce qui les rassemble. Best-seller au Canada, couronné en 2006 par le prix des Libraires du Québec, Nikolski est l’un des romans les plus originaux et les plus talentueux de sa génération. Une impossible recherche des origines racontée avec bonheur et humour.

Auteur : Nicolas Dickner est né en 1972 au Québec. Il a étudié les arts plastiques et la littérature et, après avoir voyagé partout dans le monde, s’est installé à Montréal où il vit désormais avec sa famille. Nikolski, son premier roman, a connu un énorme succès aussi bien commercial que d’estime. Ont suivi un roman, des nouvelles et un ovni littéraire qui a pris la forme d’un almanach composé à quatre mains avec Dominique Fortier, auteure, entre autres, du roman Du bon usage des étoiles.

Mon avis : (lu en novembre 2021)
Ce roman « cartographique » québécois est une invitation au voyage. Le lecteur découvre trois personnages très différents en quête de leurs origines.
Le narrateur est anonyme, il travaille comme libraire dans une boutique de livres d’occasion à Montréal, il n’a jamais voyagé que par les livres et les guides de voyages. Il porte autour de son cou, un compas-boussole déréglé qui est un cadeau de son père. Ce compas-boussole, sans aucune valeur, s’obstine à pointer en direction de l’îlot de Nikolski, à la pointe sud de l’Alaska, un bout de l’océan Pacifique Nord. Un minuscule village habité par 36 personnes, 5 000 moutons et un nombre indéterminé de chiens.
Originaire du Saskatchewan, Noah a grandi dans une roulotte avec une mère qui a passé sa vie à traverser le pays dans tous les sens. Descendant d’Indien chipeweyan, il est né sur la route, il a appris à lire sur les cartes routières et il possède un livre difforme, sans couverture, le « Livre sans visage » que son père a laissé à sa mère. Noah rêve de quitter la route et il part pour Montréal faire des études. Noah veut devenir archéologue et se spécialise dans l’histoire étrange des poubelles. 
Enfin Joyce, elle a grandie dans le village de pêcheurs de Tête-à-la-Baleine, dans le Golfe du Saint-Laurent, et elle ne rêve que de s’en échapper. Arrière-petite-fille de pirates, elle est décidée à se montrer digne de ses ancêtres. Elle part à Montréal et devient une pirate informatique. Elle construit et bricole des ordinateurs avec des vieilles machines et accessoires récupérés dans les poubelles de la ville.
Nos trois protagonistes ont des points en communs et vont se croiser de près ou de loin…
Un vrai roman d’aventure original, intelligent et plein de fraîcheur…
J’ai beaucoup aimé malgré une conclusion ouverte.

Extrait : (début du livre)
Mon nom n’a pas d’importance.
Tout débute au mois de septembre 1989, vers sept heures du matin.
Je dors encore, recroquevillé dans mon sac de couchage, étendu à même le plancher du salon. Autour de moi s’entassent les boîtes de carton, les tapis enroulés, les meubles à moitié démontés et les coffres à outils. Plus rien sur les murs, que les taches claires laissées par des cadres suspendus là de trop nombreuses années.
Par la fenêtre, on entend le rythme monotone des vagues qui déferlent sur les galets.
Chaque plage possède une signature acoustique particulière, qui varie selon la force et la longueur des vagues, la nature du sol, la morphologie du paysage, les vents dominants et le taux d’humidité dans l’air. Impossible de confondre le murmure feutré de Mallorca, le roulement sonore des cailloux préhistoriques du Groenland, la musique des plages coralliennes du Belize ou le grondement sourd des côtes irlandaises.
Or, le ressac que j’entends ce matin est aisément identifiable. Cette rumeur grave, un peu grossière, le son cristallin des galets volcaniques, le retour de vague légèrement asymétrique, l’eau riche en matières nutritives – il s’agit de l’inimitable ressac des îles Aléoutiennes.
J’entrouvre l’œil gauche en maugréant. D’où provient cet invraisemblable bruit ? L’océan le plus proche se trouve à plus de mille kilomètres d’ici. D’ailleurs, je n’ai jamais mis les pieds sur une plage.
Je m’extirpe du sac de couchage et titube jusqu’à la fenêtre. Accroché aux rideaux, je regarde la benne à ordures s’arrêter devant notre bungalow dans un couinement d’air comprimé. Depuis quand les moteurs diesels imitent-ils le ressac ?
Douteuse poésie de banlieue.

Petit Bac 2021
(9) Lieu
 

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Kukum – Michel Jean

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Libre Expression – septembre 2019 – 224 pages

Éditions Dépaysage – janvier 2020 – 296 pages

Quatrième de couverture :
Au soir de sa vie, grand-mère (kukum, en langue innue) depuis longtemps déjà, Almanda Siméon se retourne sur son passé et nous livre son histoire, celle d’une orpheline québécoise qui tombe amoureuse d’un jeune Amérindien puis partage la vie des Innus de Pekuakami (l’immense lac Saint-Jean), apprenant l’existence nomade et brisant les barrières imposées aux femmes autochtones. Centré sur le destin singulier d’une femme éprise de liberté, ce roman relate, sur un ton intimiste, la fin du mode de vie traditionnel des peuples nomades du nord-est de l’Amérique et les conséquences, encore actuelles, de la sédentarisation forcée. Son auteur Michel Jean, descendant direct d’Almanda Siméon, est un journaliste reconnu au Québec.

Auteur : Écrivain, journaliste à Montréal, Michel Jean est issu de la communauté innue de Mashteuiatsh.

Mon avis : (lu en novembre 2021)
La narratrice de ce roman est l’arrière-grand-mère de l’auteur.
Née en Irlande, Almanda émigre avec ses parents au Canada, orpheline à 3 ans, elle est recueillie par un couple chrétien de paysans pauvres installé à Saint-Prime près du Lac Saint-Jean. A quinze ans, Almanda rencontre Thomas Siméon, un jeune Indien Innu qui chassait près de la ferme. Le coup foudre est réciproque. Almanda rêve depuis toujours de liberté et elle décide d’épouser Thomas et de partir avec lui. Elle va découvrir la vie nomade des Innus, l’été au bord de Pekuakami (le lac Saint-Jean), puis à l’automne la transhumance en canoë sur la Péribonka vers le nord, puis à pieds jusqu’au territoire de chasse du clan Siméon,

les campements dans le bois l’hiver, la chasse, la pêche, les peaux que l’on vend au magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson… Mais un jour les bûcherons s’approprieront la forêt et les draves, puis des barrages hydrauliques rendront les rivières impraticables. Les Innus n’ayant plus accès à leurs territoires de chasse, sont parqués dans la réserve. Ils n’ont plus de travail, ils sont sédentarisés, l’alcool fait des ravages. Le gouvernement force leurs enfants à être scolarisés dans de lointains internats. C’est la fin de la culture innue… Almanda se sent impuissante face à des décisions prises loin de sa terre mais cette femme courageuse ne baissera jamais les bras. Elle a même refusé de faire déplacer sa maison pour laisser passer le chemin de fer…
Ce livre plein de poésie et d’humour dénonce la sédentarisation forcée des Autochtones.
C’est un témoignage indispensable pour comprendre la souffrance de ces hommes, femmes et enfants des Premières Nations. En quelques décennies, les communautés autochtones du Canada ont été impunément dépossédés de leur territoire ancestral !

Extrait : (début du livre)
Une mer au milieu des arbres. De l’eau à perte de vue, grise ou bleue selon les humeurs du ciel, traversée de courants glacés. Ce lac est à la fois beau et effrayant. Démesuré. Et la vie y est aussi fragile qu’ardente.

Le soleil monte dans la brume du matin, mais le sable reste encore imprégné de la fraîcheur de la nuit. Depuis combien de temps suis-je assise face à Pekuakami ?
Mille taches sombres dansent entre les vagues et cancanent avec insolence. La forêt est un univers de dissimulation et de silences. Proies et prédateurs y rivalisent d’habileté pour se fondre dans le décor. Pourtant, le vent porte le vacarme des oiseaux migrateurs bien avant qu’ils se montrent dans le ciel, et rien ne semble pouvoir contenir leurs jacassements.
Ces outardes apparaissent au début de mes souvenirs avec Thomas. Nous étions partis depuis trois jours, ramant vers le nord-est sans nous éloigner de la sécurité des berges. À droite, l’eau. À gauche, une ligne de sable et des rochers se dressant devant la forêt. J’évoluais entre deux mondes, plongée dans une griserie que je n’avais jamais éprouvée.
Quand le soleil déclinait, nous accostions dans une baie abritée du vent. Thomas montait le campement. Je l’aidais du mieux que je le pouvais en le mitraillant de questions, mais lui se contentait de sourire. Avec le temps, j’ai compris que pour apprendre, il fallait regarder et écouter. Rien ne servait de demander.
Ce soir-là, il s’est assis sur les talons et a placé l’oiseau qu’il venait d’abattre sur ses genoux, une bête bien grasse dont il a entrepris d’arracher les plumes en s’attaquant d’abord aux plus grosses. C’est un travail qui exige de la minutie, car si on se dépêche, le bout se casse et reste planté dans la chair. Prendre le temps. C’est souvent comme ça dans le bois.
Une fois l’animal débarrassé de son plumage, il l’a passé dans le feu pour brûler le duvet. Ensuite, avec la lame de son couteau il a gratté la peau, sans l’abîmer, elle et son précieux gras. Puis il a suspendu l’outarde au-dessus des flammes pour la faire cuire.
J’ai préparé du thé et nous avons mangé sur le sable face au lac noir sous un ciel étoilé. Je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait. Mais, à ce moment précis, j’ai eu la conviction que tout irait bien, que j’avais eu raison de me fier à mon instinct.
Il parlait à peine le français et moi, pas encore l’innu-aimun. Mais ce soir-là, sur la plage, enveloppée des arômes de viande grillée, du haut de mes quinze ans, pour la première fois de mon existence je me sentais à ma place.
J’ignore comment l’histoire de notre peuple se terminera. Mais pour moi, elle commence par ce repas, entre la forêt et le lac.

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Après ma lecture, je suis tombée sur la vidéo de Karine…

Ghetto X – Martin Michaud

244587565_10158655591515678_1080343774914858784_nLu en partenariat avec Kennes éditions et Babelio

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Kennes – novembre 2019 – 522 pages

Libre Expression – août 2019 – 522 pages

Quatrième de couverture :
Ayant démissionné des crimes majeurs, Victor Lessard accepte de donner ses impressions à son ancienne partenaire, Jacinthe Taillon, sur la scène du meurtre d’un journaliste d’enquête. En parallèle, son mentor, Ted Rutherford, lui fait une révélation troublante à propos du passé de son père, Henri Lessard. Pris pour cible dans un attentat, Victor doit bientôt disparaître pour assurer sa sécurité et celle de ses proches. Jacinthe le rejoint en catimini et, ensemble, ils remontent une piste jusqu’à un obscur groupe armé d’extrême droite, lequel semble avoir été dans la mire du journaliste assassiné. Au péril de leur vie, ils tenteront de freiner les desseins meurtriers de ces extrémistes et ceux de l’homme mystérieux qu’ils protègent. Mais, pour Victor, un enjeu plus terrifiant se dessine : une descente au coeur de la faille qui a modifié la trajectoire de son existence afin de comprendre ce qui s’est réellement joué le jour du drame qui a causé la mort de sa mère et de ses frères.

Auteur : « Le maitre du polar québecois ». Né en 1970, établi à Montréal depuis plus de vingt ans, Martin Michaud a longuement pratiqué le métier d’avocat d’affaires avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Reconnu par la critique comme le chef de file des écrivains de romans policiers québécois, il a obtenu un succès sans cesse grandissant avec ses sept thrillers, qui lui ont valu la reconnaissance du public et de nombreux prix littéraires. Il scénarise en outre d’après son œuvre une série télé intitulée Victor Lessard qui connaît un succès retentissant au Québec.

Mon avis : (lu en novembre 2021)
Ghetto X est le 5ème tome de la série Victor Lessard et contrairement à ce que je croyais, ce n’est pas une nouveauté puisque le livre date de novembre 2019… Une nouvelle enquête est bien parue au Québec en octobre 2021 sous le nom de « Jusqu’au dernier cri ». Étant partie en congés avant que le livre arrive dans ma boîte aux lettres, j’ai pu me procurer une version numérique québécoise. J’ai donc pu constater que l’édition de Ghetto X, reçue, est une version « française », un peu retouchée par rapport à la version québécoise, les tournures de phrases propre au québécois ont été gommées, cependant quelques expressions fleuries de Jacinthe Taillon, la « partner » de Victor Lessard ont été gardées.
Après l’enquête précédente, Victor Lessard a quitté le SPVM (Service de Police de la Ville de Montréal) et travaille maintenant dans un casino. Mais lorsque Jacinthe appelle son ex-partenaire à venir sur une scène de crime, Victor accepte. Un journaliste a été abattu dans son appartement du 44e étage, depuis l’extérieur, seul un tireur d’élite peut avoir fait cela. En parallèle, Victor a des soucis personnels, son mentor est mourant et celui-ci lui communique des détails sur le drame de son enfance et Victor se décide enfin de mener son enquête sur la mort de toute sa famille, le laissant seul rescapé. Et voilà que Victor échappe à un attentat, il décide de disparaître pour sa sécurité. Ces deux affaires ont-elles un lien ? En marge de la police, Victor et Jacinthe vont suivre la piste de tueurs extrémistes… L’intrigue est rythmée, les pistes multiples et l’histoire dévoile enfin un peu du passé de Victor. Je suis devenue une inconditionnelle de ce duos atypiques qui se mettent dans des situations souvent périlleuses.

Merci à Babelio et aux éditions Kennes pour cette lecture palpitante.

Extrait : (début du livre)
Trente-cinq minutes après l’assaut des Forces spéciales contre Ghetto X

Une pièce rectangulaire sans fenêtre, aux murs lambrissés de bois, avec une table, une chaise droite et un fauteuil sur roulettes. La porte s’ouvre, livrant le passage à une femme dans la quarantaine. Grande, mince, peau foncée, elle est vêtue d’un tailleur marine ajusté, et ses cheveux noirs sont remontés en chignon. L’homme qui la suit s’arrête dans l’encadrement, où des mains retirent, dans son dos, les menottes qui l’entravent.
L’interrogatrice lui désigne la chaise.
— Je vous demanderais de vous asseoir.
L’homme s’exécute et, tandis qu’elle prend place dans le fauteuil, il masse ses poignets endoloris et passe ses paumes sur son visage.
La femme attend un instant avant de reprendre.
— Quelque chose à boire, à manger?
Elle pose ses mains devant elle. Il détaille ses longs doigts entrelacés, ses ongles vernis avec soin. Il examine ensuite ses mains à lui, couvertes de coupures et d’ecchymoses, et note que de la crasse s’est incrustée sous ses ongles.
L’homme relève la tête.
— Je prendrais un café. Et mes cigarettes.
Elle esquisse un sourire crispé.
— On va aussi vous apporter de quoi vous débarbouiller et vous changer.
Il acquiesce. La femme désigne une caméra sur trépied dans un coin, braquée sur eux. Il remarque un point lumineux vert sur l’appareil, comme un cyclope qui l’observe.
— J’attire votre attention sur le fait que notre conversation est enregistrée et filmée.
L’homme hoche la tête et pousse un soupir. La femme le dévisage.
— Pour les fins de l’enregistrement, je suis Claire Sondos, agente du Service canadien du renseignement de sécurité. Maintenant, je vais vous demander de vous identifier.
Il se carre dans sa chaise et la fixe droit dans les yeux.
— Je m’appelle Victor Lessard.

Déjà lu du même auteur :

Il ne faut pas parler dans l'ascenseur Il ne faut pas parler dans l’ascenseur

La-chorale-du-diable La chorale du diable 41XmwAq16zL Je me souviens

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Lac-Mégantic, la dernière nuit – Radio-Canada Estrie

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Radio-Canada – juin 2020

Présentation :
Le 6 juillet 2013, aux petites heures du matin, un train laissé sans surveillance sur une voie ferrée au Québec part à la dérive.
Le lourd convoi de 72 wagons de pétrole brut termine sa course folle en plein centre-ville de Lac-Mégantic, faisant 47 victimes. Récit de cette dernière nuit qui a marqué les gens de Lac-Mégantic à jamais.

Auteurs : Marie-Hélène Rousseau, journaliste
Marie Eve Lacas, journaliste-illustratrice
Myriam Roy, bédéiste

Mon avis : (lu en août 2021)
Cette BD reportage numérique rend hommage aux 47 victimes de la tragédie ferroviaire qui a eu lieu dans la nuit du 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic, ville de la région d’Estrie, au Québec.
Cette tragédie est le pire incident de l’histoire du Canada impliquant des liquides inflammables. La ville de Lac-Mégantic a été construite autour de la voie ferrée et le déraillement du convoi a provoqué des explosions et un incendie qui ont détruit, dans le centre-ville, une quarantaine d’édifices dans une zone de 2 km2, tuant 47 personnes. Deux mille autres personnes ont dû être évacuées de leur domicile.

Cette nuit tragique est racontée du point de vue de Pascal Charest, qui a perdu sa conjointe et ses enfants, de celui d’Isabelle Hallé, qui a perdu de nombreux amis, et de Colette Roy Laroche, l’ancienne mairesse de cette communauté.
Tout commence avec le 5 juillet, une belle journée d’été, Pascal, Talitha et leurs deux filles Alyssa et Bianca passent l’après-midi à la plage. Colette Roy Laroche fait visiter sa ville à sa famille.
Au Musi-Café c’est jour de fête : pour l’anniversaire de Stéphane, ces amis lui ont organisé une soirée surprise. Isabelle Hallé et son amoureux sont les premiers invités arrivés…
En parallèle, le lecteur suit le parcours du convoi de pétrole brut de 72 wagons formant un train de près d’1,5 km et 10290 tonnes et Thomas Harding, son mécanicien de locomotive depuis Farnham vers Nantes. Un voyage de 200 km qu’il fera seul tout en restant en étroite communication avec le contrôleur de Farnham.
Cette BD raconte les dernières heures avant la tragédie et  nous fait comprendre réellement ce qui s’est passé et comment l’enchaînement d’une multitude de facteurs plus ou moins importants a eu un effet affreusement dramatique…
Les auteures sont journalistes, elles se sont appuyées sur des témoignages et sur ce qui s’est dit au procès pour réaliser cette BD reportage bouleversante et pleine d’enseignement.

Extrait : (début de la BD)

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Déjà lu chez Radio-Canada

raifbadawi Raif Badawi, rêver de liberté

La fille dans l’écran – Manon Desveaux et Lou Lubie

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Quatrième de couverture :
Coline vit en France et rêve de devenir illustratrice. Ses recherches d’inspiration la conduisent à contacter Marley, une photographe installée à Montréal.
De son côté, Marley a abandonné sa passion pour la photo pour se laisser porter par une vie sociale trépidante : un job alimentaire, un amoureux québécois…
Les deux jeunes femmes que tout oppose vont tisser sur internet un lien plus fort que la distance et le décalage horaire, qui va grandir de façon troublante jusqu’à la rencontre…

Auteures : Lou Lubie écrit des livres depuis qu’elle a dix-huit ans. Ses cinq premiers ouvrages sont parus à l’île de La Réunion, où elle a grandi. En 2016, elle raconte avec humour sa vie de bipolaire dans Goupil ou face. Passionnée par l’interaction et le numérique, elle a fondé le Forum Dessiné.
Manon Desveaux est diplômée en storyboard de The Animation Workshop et travaille pour le cinéma d’animation. Même loin des écrans, elle garde toujours un carnet en poche pour croquer les petits éblouissements du quotidien !

Mon avis : (lu en août 2021)
Cette BD est née de la collaboration entre Lou Lubie et Manon Desvaux. Lou dessine en couleur l’histoire de Marley, photographe française vivant à Montréal et Manon donne vie en noir et blanc à Coline, illustratrice à Périgueux, en France.
Expatriée au Québec, Marley a mis de côté sa passion pour la photographie pour travailler dans un café. Un jour, elle reçoit un courriel de Coline qui lui donne le droit d’utiliser l’une de ses photos pour en faire une illustration. Et voilà que naît entre les deux jeunes femmes une correspondance amicale puis une complicité qui grandit au fil de leurs échanges virtuels. Elles se confient l’une à l’autre à propos des situations dont elles doivent faire face dans leurs vies personnelles et/ou professionnelles.
Quelques mois plus tard, lorsque Marley a l’occasion de revenir en France pour l’été, Coline et elle décident de se rencontrer, enfin, « en vrai ».
Cet album d’une grande sensibilité adopte un style graphique et narratif original. Page de gauche, la vie de Coline, illustrée en noir et blanc, c’est une jeune fille réservée, angoissée qui sort peu de chez elle. Page de droite, illustrée avec des couleurs vives, Marley est plus spontanée, elle a une vie plus extravertie…
Une jolie histoire pleine de sensibilité.

Extrait : (début de la BD)

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Petit Bac 2021
(8) Être humain ou Objet

Chroniques de jeunesse – Guy Delisle

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Quatrième de couverture :
Vous ne le saviez peut-être pas mais avant d’être un célèbre auteur de bandes dessinées, le jeune étudiant Guy Delisle a travaillé trois étés dans une usine à papier. À partir de cette expérience de jeunesse, il dresse un portrait drôle et tendre du monde du travail et questionne les relations qu’il entretient avec son père, lui-même salarié dans l’usine.

Auteur : Guy Delisle est né en 1966 à Québec. Il suit des études d’arts plastiques et d’animation et embarque pour l’Europe en 1988. Il entame alors une carrière d’animateur, métier qu’il exercera pendant dix ans, avant de réaliser son propre court-métrage, Trois Petits Chats. Il publie ses premiers albums à l’Association : outre Shenzhen, un récit de voyage lié à son métier d’animateur, citons Aline et les autres, remarquable exercice de style, proche de son travail en animation, suivi en 2001 par Albert et les autres. Par ailleurs, Guy Delisle n’hésite pas à s’aventurer dans d’autres univers avec la série humoristique Inspecteur Moroni ou Louis à la plage et Louis au ski, deux récits autobiographiques pleins de charme et sans parole. Par son regard, à la fois acéré et bienveillant, sur une culture étrangère, Chroniques birmanes constitue le prolongement de la démarche initiée avec Shenzhen et Pyongyang et poursuit la série d’ouvrages que Guy Delisle a consacrés à ses voyages en Asie.

Mon avis : (lu en mars 2021)
Cette BD est autobiographique, Guy Delisle revient sur sa jeunesse comme l’indique le titre… Il raconte son expérience de son job d’été à partir de ses 16 ans et durant trois années dans une usine de ‘pâte et papier’ à Québec. Cette usine, il la connaît depuis toujours puisque son père fait parti des cadres.
Il découvre la dureté du travail d’ouvrier, il va apprendre à connaître les machines, à supporter le bruit, la chaleur, la fatigue et le travail de nuit. Il découvre également un monde d’adultes, exclusivement des hommes, aux plaisanteries souvent lourdes…
Guy va devoir s’adapter,il lui faut apprendre à manipuler la grue, à nettoyer l’allée de la machine avec un tuyau à l’air comprimé, à balayer le papier qui se casse dans le recyclage, situé sous la machine… Il découvre de nombreux gestes techniques qu’il va peu à peu acquérir pour couper le papier, le recycler tout en ménageant ses forces.
La semaine, c’est 4 jours de 12 heures de travail. Il ne sait jamais à l’avance s’il va être appelé pour la nuit ou la journée.
Guy se destine à faire des études d’arts plastiques. Lors de ses repos, il dessine déjà et découvre de nombreux auteurs de bande dessinée à la bibliothèque municipale.
Avec son sens de l’observation et l’art de raconter les histoires Guy Delisle nous emmène au pays des « Temps modernes » pour nous décrire l’usine et ses ouvriers aussi bien qu’il a su nous faire voyager en Israël, en Birmanie, en Chine ou en Corée du Nord !

Extrait :

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Déjà lu du même auteur : 

chroniques_de_J_rusalem Chroniques de Jérusalem shenzhen  Shenzhen

pyongyang Pyongyang  le_guide_du_mauvais_p_re Le Guide du Mauvais Père tome 1 71bYqARivUL Chroniques Birmanes 

louis au ski Louis au ski guide du mauvais père_t2 Le Guide du mauvais père tome 2

113165080 S’enfuir, récit d’un otage Comment ne rien faire

La recette québécoise

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Mes autres billets n’étant pas encore finalisés, je commence ce rendez-vous de « Québec en Novembre » avec les papilles…
Cette fois-ci, je m’y suis pris un peu plus en avance pour sélectionner la recette de la fameuse « Tarte au sucre » québécoise

Pour la réalisation, elle a été seulement faite la semaine dernière…

Pour la recette, une petite traduction s’impose pour la température en °F et pour les quantités en tasse et en cuillère à thé…
(un outil de conversions bien utile existe sur ce site !)

Ingrédients :

1 pâte brisée
1 tasse de cassonade   (ou 200 g)
1/4 de tasse de farine  (ou 30 g)
1 pincée de muscade
2 tasses de crème
  (ou 500 ml)
1 cuillère à thé d’essence d’érable (ou de vanille)   (ou 1 cuillère à café)
1/4 tasse de beurre  (ou 60 gr)
1 œuf

Étape 1 : Préchauffer le four à thermostat 7 (350 degrés Farenheit) —-> en France : 180°C (thermostat 6)

Étape 2 : Abaisser la pâte brisée dans un moule

Étape 3 :
Dans un bol, mélanger les ingrédients secs : la farine, la cassonade, la muscade. Verser sur la pâte brisée.

Étape 4 : Dans un bol, mélanger la crème, l’œuf et l’essence d’érable. Verser le mélange sur les ingrédients secs.

Étape 5 : Parsemer la tarte de noisettes de beurre.

Étape 6 : Cuire au four durant 45 à 50 minutes, jusqu’à ce que lorsque vous bouger légèrement la tarte, vous sentiez que le mélange ne bouge pratiquement plus.

Résultat : 

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Plutôt appétissant malgré une caramélisation un peu trop poussée ?
Gustativement, la tarte au sucre a été bien appréciée par mon mari et moi…
Une recette riche en calories et qui pourrait être bretonne !
Moins de beurre, plus de crème mais autant de sucre que pour un kouign-amann !

Mes variantes : Sachant que je ne sais pas suivre une recette à la lettre…
J’ai fait la recette avec l’option vanille, avec un sachet de sucre vanillé car impossible de trouver du sirop d’érable au supermarché de ma station balnéaire bretonne préférée…
Je n’ai mis que 400 ml de crème mais ajouté un œuf à la recette choisie… car d’autres recettes de tarte au sucre en mettait un et cela me semblait cohérent si je voulais que la tarte se tienne…

{ Je chemine avec… } Gilles Clément

Lu en partenariat avec les éditions Seuil et Babelio

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Entretiens menés par Sophie Lhuillier

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Quatrième de couverture :
Qui suis-je ? Si je le savais, cela réglerait un certain nombre de questions que je continue à me poser ! Mais heureusement, j’ai commencé par refuser d’être celui que l’on voulait que je sois. J’ai renoncé très jeune à rentrer dans une catégorie, case, obligation, ou bienséance. Finalement, j’ai exploré deux pistes : l’émerveillement, lorsqu’on observe les insectes on est dans l’étonnement, et le faire, parce que fabriquer de ses mains m’a toujours paru très important. »
Gilles Clément a vécu son enfance entre la Creuse et Oran, où s’est ancré son goût du voyage et de l’observation. Jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, enseignant et écrivain, il n’a qu’une passion : le vivant ! Il est à l’origine de nombreux sites (privés et publics, en France et dans le monde) : le jardin de l’Arche de la Défense (Paris), le parc Matisse (Lille), le Domaine du Rayol (Var). Il en a dégagé certains concepts florissants (le Jardin en Mouvement, le Jardin Planétaire et le Tiers-Paysage) sur un principe de base : « Faire le plus possible avec, le moins possible contre » la nature, les énergies, la vie.

Auteur : Gilles Clément est né en 1943. Il a vécu son enfance entre la Creuse et Oran où s’est ancré son goût du voyage. Jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, enseignant et écrivain, il n’a qu’une passion : le vivant ! Au cours de sa pratique des jardins – il est à l’origine de nombreux sites (privés et publics) : parc André Citoën, avec A. Provost (Paris), parc Matisse (Lille), Domaine du Rayol (Var), etc. –, il a dégagé certains concepts florissants (le Jardin en mouvement, le Jardin planétaire et le Tiers paysage) sur un principe de base :  » Faire le plus possible avec, le moins possible contre [la nature, les énergies, la vie] « .

Mon avis : (lu en septembre 2021)
Fin août, j’ai accepté de recevoir 3 livres de la nouvelle collection { Je chemine avec… }, c’est l’occasion de découvrir des parcours de vie de personnalités très variées afin d’inspirer au plus grand nombre de jeunes ou de moins jeunes l’envie de croire à son avenir.
Voici le deuxième livre, interview de Gilles Clément, jardinier, paysagiste, botaniste, entomologiste, enseignant et écrivain, que je ne connaissais pas du tout… Passionné par le vivant, son parcours et son expérience m’ont beaucoup intéressée. Il a beaucoup voyagé, observé et dessiné le vivant : plantes, animaux, insectes sans oublier l’homme… Très tôt il a compris l’interaction entre tous ses acteurs dans la nature. Il a toujours eu l’envie d’apprendre et de transmettre, d’expérimenter… Il a développé plusieurs concepts de jardins comme le Jardin en mouvement, le Jardin planétaire et le Tiers paysage.
Un livre tout à fait dans l’actualité et plutôt facile à lire, les passages plus scientifiques ne sont pas nombreux et ne m’ont pas dérangée.
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette découverte et me reste à découvrir dans la même collection { Je chemine avec… } Angélique Kidjo.

Extrait : (début du livre)
Cher Gilles, qui estu ?

Si je le savais, cela réglerait un certain nombre de questions que je continue à me poser !
Heureusement, j’ai commencé par refuser d’être celui que l’on voulait que je sois. J’ai renoncé très jeune à rentrer dans une catégorie, case, obligation, ou bienséance. J’ai été élevé dans une famille bourgeoise – à l’époque, je ne savais même pas ce que cela voulait dire. On attendait de moi que je sois médecin ou avocat, ou chirurgien, ou banquier peut-être… Pourtant, chaque fois qu’il m’arrivait de croiser quelqu’un de plus âgé qui faisait l’un de ces métiers, je trouvais qu’il n’avait pas l’air heureux. Je ne voulais pas lui ressembler, ça ne me disait rien !
Mais je n’arrivais pas à savoir ce que je voulais. Un beau jour, je suis tombé sur la phrase de Socrate qui disait : « Connais-toi toi-même. » Ça m’a beaucoup plu. Sauf que « connais-toi toi-même », ce n’est pas si simple ! Si jeune, on ne se connaît pas, on n’a pas l’expérience, enfin surtout les garçons. Les filles, c’est ce que j’ai découvert plus tard en tant que professeur, semblent plus rapides pour accéder à une certaine autonomie, à une possibilité de prendre des décisions. Elles trouvent probablement plus vite que les garçons le métier ou le rôle qu’elles veulent jouer dans la société. Elles accèdent en général plus rapidement à cette « prise de conscience de qui l’on est ».
Donc, j’ai pédalé dans la semoule pendant un bon moment. Je menais mes expériences en solitaire. Je ramassais des bouts de cuir dans les poubelles des rues de Paris pour faire de la reliure. Et je récoltais énormément d’insectes : c’est ce qui m’intéressait le plus. Avec le peu d’argent de poche que me donnaient mes parents chaque semaine, j’ai acheté une boîte de peinture à l’huile et des livres d’entomologie. Les adultes me regardaient comme un ovni, mais ils me laissaient faire.
Finalement, j’ai exploré deux pistes : l’émerveillement, lorsqu’on observe les insectes on est dans l’étonnement, et le faire, parce que fabriquer de ses mains m’a toujours paru très important. Aujourd’hui, je peux dire ce que j’ai réalisé. Mais dire exactement qui je suis, je trouve que ce n’est pas facile.

Petit Bac 2021
(7) Adjectif