Calmann-Lévy – janvier 2022 – 592 pages
Quatrième de couverture :
La famille Pelletier
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible.
Et quelques meurtres.
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.
Auteur : Né à Paris, Pierre Lemaitre a enseigné aux adultes, notamment les littératures française et américaine, l’analyse littéraire et la culture générale. Il est aujourd’hui écrivain et scénariste. Ses romans ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux.
Après Les Enfants du désastre, sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, Pierre Lemaitre propose avec ce nouveau roman, Le Grand Monde, une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses, poursuivant ainsi l’édification d’une œuvre littéraire consacrée au vingtième siècle.
Mon avis : (lu en janvier 2022)
Après sa trilogie Les Enfants du désastre qui exploraient la période de l’entre-deux-guerres, Pierre Lemaitre poursuit par une tétralogie sur la période des Trente Glorieuses dont le tome 1 est Le Grand Monde se passe de mars à octobre 1948. Cette saga familiale met en scène la famille Pelletier. Les parents Angèle et Louis vivent à Beyrouth, il fait prospérer son entreprise de savonnerie Pelletier et fils qu’ils possèdent depuis les années 20. Leurs quatre enfants sont Jean, François, Étienne et Hélène.
Le rêve du père de transmettre son affaire à l’un de ses enfants s’est soldé par un échec. Jean, son fils aîné, a fait une tentative pendant quelques mois mais il n’y a pas trouvé sa place. Jean, alias « Bouboule », est mal dans sa peau, son mariage avec Geneviève n’est pas une réussite, c’est une vraie peste, pas très intelligente, qui n’arrête pas d’humilier son époux. Tous les deux partiront à Paris rejoindre François, le second fils et élève brillant, parti à Paris pour faire Normale Supérieur, enfin, c’est ce qu’il fait croire à son père… Étienne quittera Beyrouth pour Saïgon, rejoindre son amoureux Raymond, engagé dans la Légion étrangère en Indochine, et dont il n’a plus de nouvelles. Enfin Hélène, la petite dernière, qui a hâte de quitter Beyrouth pour rejoindre ses frères à Paris et tenter sa chance aux Beaux-Arts…
A travers cette saga familiale, le lecteur est plongé dans l’après-guerre, euphorie de la Libération est retombée, tout va mal, le chômage, les restrictions…
A Saïgon, Étienne travaille à l’Agence des monnaies, il découvre le mécanisme de la corruption autour du trafic des piastres dans un système quasi officiel. Il va cependant découvrir un scandale d’État…
Pierre Lemaitre est très doué pour raconter des histoires et pour tenir en haleine ses lecteurs.
C’est tour à tour divertissant, émouvant, jubilatoire et dramatique. C’est vivant, c’est haletant, c’est surprenant, sans oublier quelques clins d’œil à ces lecteurs les plus fidèles !
Un coup de cœur que j’ai dévoré en quelques jours.
Et je me réjouie de savoir que je pourrai retrouver dans un an cette famille qui a encore beaucoup à nous dévoiler…
Extrait : (début du livre)
Au fil des années, la procession familiale qui empruntait l’avenue des Français avait connu bien des variantes, mais jamais encore elle n’avait pris l’allure d’un cortège funèbre. Au détail près qu’elle était bien vivante, il semblait, cette année, qu’on emmenait Mme Pelletier à sa dernière demeure. Son mari, lui, comme à son habitude, marchait en tête d’un pas d’autant plus solennel que son épouse se traînait loin derrière et ne cessait de s’arrêter pour adresser à son fils Étienne le regard d’une agonisante qui supplie qu’on l’achève. Derrière eux, Jean dit Bouboule, en digne aîné, avançait d’un pas raide, sa petite épouse Geneviève trottinant à son bras. François fermait la marche en compagnie d’Hélène.
À l’avant du cortège, M. Pelletier saluait en souriant les marchands ambulants de pastèques et de concombres, adressait un signe de la main aux cireurs de chaussures, on aurait juré un homme marchant vers son couronnement, ce qui n’était pas loin de la réalité.
Le « pèlerinage Pelletier » se déroulait le premier dimanche de mars, quel que soit le temps. Les enfants l’avaient toujours connu. On pouvait échapper au mariage d’un voisin, au réveillon du jour de l’an, à l’agneau pascal, il était impensable de manquer l’anniversaire de la savonnerie. Cette année, M. Pelletier avait même payé les billets aller-retour depuis Paris pour être certain de la présence de François, de Jean et de son épouse.
Le rituel comprenait :
Acte I, la lente déambulation jusqu’à la fabrique, principalement destinée aux voisins et aux connaissances.
Acte II, la visite des locaux que tout le monde connaissait par cœur.
Acte III, le retour avenue des Français avec un arrêt au Café des Colonnes pour prendre l’apéritif.
Acte IV, le repas de famille.
— Comme ça, disait François, on s’emmerde quatre fois au lieu d’une.
Reconnaissons qu’au retour de la fabrique il était assez pénible, au café, d’entendre M. Pelletier rappeler à l’usage de tous ceux qui l’écoutaient parce qu’il payait la tournée les principales étapes de la saga familiale, histoire édifiante qui conduisait du premier Pelletier recensé (dont la présence auprès du maréchal Ney était, paraît-il, attestée) jusqu’à lui-même et à la « Maison Pelletier et Fils » qui, à ses yeux, constituait l’accomplissement de la dynastie.
(2) Lieu
Déjà lu du même auteur :
Robe de marié
Alex
Au revoir là-haut