Millenium, tome 7 : La Fille dans les serres de l’aigle – Karin Smirnoff

61bqZOPH-9L._SL1021_ Actes Sud – novembre 2023 – 432 pages

traduit du suédois par Hege Roel-Rousson

Titre original :Havsörnens skrik, 2022

Quatrième de couverture :
Le Nord de la Suède est devenu le nouvel eldorado vert, attirant des grandes entreprises avides qui ne reculent devant rien pour s’enrichir, tandis que des bandes criminelles agissent dans l’ombre, prêtes à tout pour se tailler la meilleure part du gâteau. Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander se retrouvent malgré eux au milieu d’une bataille sans merci, où les forces du mal sont prêtes à tout pour faire fortune. Et où les hommes n’aiment toujours pas les femmes.
Karin Smirnoff reprend les rênes de la saga Millénium et signe avec “La Fille dans les griffes de l’aigle” un thriller palpitant et d’une actualité brûlante avec, en toile de fond, les conflits mal assumés des pays nordiques à l’heure de la transition écologique.

Auteure : Née à Umeå en 1964, Karin Smirnoff vient, à l’instar de Stieg Larsson, le créateur de la saga« Millénium», des forêts infinies du Nord de la Suède. 

Mon avis : (lu en décembre 2023)
Lorsque j’avais appris que David Lagercrantz arrêtait la série, je n’avais pas imaginé que quelqu’un d’autre prendrait la suite, et pour moi, c’était un dernier adieu à Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander…
Quelle plaisir de retrouver Mikael et Lisbeth pour de nouvelles aventures !
L’intrigue se situe dans le grand Nord de la Suède, à Gasskas où le maire, Henry Salo, rêve d’un grand développement économique pour sa région et tous les moyens sont permis… Il a comme projet l’aménagement du plus grand parc éolien d’Europe et pour cela il lui faut racheter de nombreux terrains que les locaux n’ont aucune envie de céder…
Mikael Blomkvist arrive à Gasskas pour assister au mariage de sa fille avec Henry Salo, qu’il ne connait pas encore mais dont la première impression ne le rassure pas… Mikael est heureux de retrouver sa fille et son petit-fils Lukas mais n’est pas convaincu par ce mariage… Il décide donc d’enquêter sur son futur gendre.
En parallèle,
Lisbeth Salander est également dans le coin. Elle se retrouve responsable de Svala, sa nièce âgée de 13 ans dont elle ne connaissait pas l’existence. La mère de Svala Sandberg a disparu et sa fille est prête à tous les dangers pour la retrouver. Svala est un genre de Lisbeth en miniature… Elle est Sami par sa mère, elle est très intelligente et a une mémoire prodigieuse. Ce nouveau personnage est vraiment très attachant. Évidemment, pour notre plus grand plaisir, Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander se retrouvent à enquêter ensemble…
Ce roman policier est le premier d’une nouvelle trilogie et j’ai vraiment hâte de découvrir les prochains épisodes…

Extrait : (début du livre)
LE NETTOYEUR REGARDE L’HEURE. Quarante et une secondes se sont écoulées entre le moment où il a rempli l’appât de charogne et l’arrivée du premier aigle, une femelle.

Il ne sait jamais précisément d’où ils vont surgir. Ils peuvent nicher dans un arbre tout près. Ou planer à des hauteurs incroyables. Leur acuité visuelle deux cents fois supérieure à celle de l’homme leur permet de détecter une proie à des kilomètres. Caché à cinquante mètres de là, le Nettoyeur observe le festin à travers ses jumelles.
Appât rempli de charogne en six lettres. Festin. Il serait faux de qualifier d’amour paternel la tendresse qu’il ressent pour les oiseaux – il n’y connaît rien. Pourtant, il ne peut s’empêcher de les considérer comme ses enfants. Il pense à eux avant de s’endormir le soir. Et dès son réveil. Qu’il coupe du bois, prépare à manger ou allume le feu : ils occupent son esprit durant toutes les tâches du quotidien. Se sont-ils accouplés ? Les oisillons vont-ils survivre ? Trouvent-ils assez de nourriture ? Parviendront-ils à passer l’hiver ? Oui. Avec son aide et grâce à une saison riche en campagnols, ils passeront l’hiver.
Il passe la main sur ses yeux. Le soleil, plus haut dans le ciel désormais, lui chauffe le dos, peut-être pour la dernière fois de l’automne. Aucune importance. C’est dans un coin du monde oublié des hommes que se trouve sa maison. “Maison” est peut-être exagéré. Une cabane en rondins, abandonnée après la disparition des derniers forestiers, au début des années 1960. Depuis, ces terres ont été classées réserve naturelle.
Le terrain, accidenté, est composé d’un magma de forêt primaire, d’étangs, de tourbières et de rochers. Aucun véritable chemin ne permet d’y accéder. Hormis les pistes animales, les vestiges d’une route forestière disparaissent peu à peu, effacés par la nature qui reprend ses droits. Impossible d’y accéder autrement qu’à pied ou en quad. Encore faut-il trouver.
Le premier sentier est à plus d’une dizaine de kilomètres de la cabane. Lui ne se déplace que dans un faible périmètre. Au début, il utilisait des branches pour marquer les directions afin de ne pas se perdre. Il dispose d’un ruisseau pour pêcher, des chablis comme réserve de bois et de jolies clairières pour observer les oiseaux et le petit gibier.
La cabane est un refuge, modernisé sommairement au moyen d’un groupe électrogène qui lui sert à charger son portable. Il n’est personne. Un homme sans nom, sans passé et sans avenir. Il ne fait qu’exister. Au jour le jour. Se couche tôt. Se réveille à l’aube. Il fait ce qu’il a à faire sans se préoccuper de savoir si c’est bien ou mal.
Des dates sont gravées dans le bois des murs. Des noms. Des messages adressés à l’avenir de la part d’autres hommes solitaires : Olof Persson 1881. Lars Persson 1890. Sven-Erik Eskola 1910. Et ainsi de suite. Mais la solitude est relative. Des mois peuvent s’écouler sans qu’il ne s’adresse à personne d’autre qu’à lui-même, aux oiseaux, aux arbres ou encore aux pierres. Pourtant, il se sent moins seul que jamais. C’est comme si son enfance l’avait rattrapé. Au fil des jours, il se rapproche du garçon qu’il fut autrefois et qui trouvait refuge dans la forêt. Il apprend comment marche le monde en observant, immobile, la parade du coq de bruyère au printemps, en étudiant la façon dont la renarde s’occupe de ses petits à mesure qu’ils grandissent, en regardant s’affairer des fourmis dans leur nid ou en suivant le parcours des scolytes dans les sapins.
Le garçon a un père. Un grand enfoiré avec des bras dont on ne peut s’échapper. Le garçon a une mère. Personne ne compte sur elle. Le garçon a un frère. Cours, dit celui-ci quand le père rentre, et le garçon s’enfonce dans la forêt.

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Suède

Déjà lu de la même série :

Les trois tomes de David Lagercrantz

millenium4_ac Millenium 4 – Ce qui ne me tue pas

Millenium 5 – La fille qui rendait coup pour coup

719d8UMYGkL Millenium, tome 6 : La fille qui devait mourir

Les trois premiers tomes par Stieg Larsson :

Millenium_1 Millénium 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

mill_nium2 Millénium 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette
mill_nium3 Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d’air

Déjà écouté :

CD_LARSSON_MILLENIUM_1 Millénium 1 millenium2_audio Millénium 2  millenium3_audio Millenium 3

La fille renard – Maria Grund

Collaboration commerciale : livre offert gratuitement,
je ne suis pas rémunérée pour en parler.

71emKgQV7eL Robert Laffont – février 2023 – 448 pages

traduit du suédois par Cécilia Klintebäck

Titre original : Dödssynden, 2020

Prix Bête noire des Libraires 2023

Quatrième de couverture :
Un dimanche matin, sur une île au large de la Suède. Le corps d’une adolescente s’échoue sur le rivage. À côté de son cadavre, un masque de renard. Malgré les troublantes circonstances de sa mort, la police conclut à un suicide. Mais l’enquêtrice Sanna a l’intuition que quelque chose leur échappe. Dès le lendemain : une riche collectionneuse de livres anciens est retrouvée sauvagement assassinée. À son domicile, Sanna et sa nouvelle équipière Eir découvrent un effrayant tableau représentant une petite fille. Cette dernière n’est autre que la victime au masque de renard…

Auteure : Maria Grund est une écrivaine et scénariste suédoise. Diplômée des Beaux-arts de l’université de New York, elle travaille principalement dans l’industrie cinématographique, en fondant la société indépendante de production de courts métrages The Smalls. Après plusieurs années passées à Londres et à New York, elle vit désormais sur l’île suédoise de Gotland où elle puise son inspiration. La Fille renard a reçu le prix de la Swedish Academy of Crime Fiction dans la catégorie premier roman.

Mon avis : (lu en juin 2023)
Maria Grund s’est inspirée de l’île de Gotland où elle vit pour créer l’île de son roman. Une île perdue au nord de l’Europe, pluvieuse et sombre. Le cadavre d’une jeune fille est retrouvé sur le rivage avec à son côté un masque de renard… tout semble faire penser à un suicide mais l’intuition de l’enquêtrice Sanna la pousse à prolonger son enquête. Le lendemain, un assassinat est découvert ainsi qu’un portrait de la jeune fille au masque de renard chez la nouvelle victime… Ce thriller passionnant, très sombre sait tenir en haleine le lecteur. L’intrigue est assez complexe, il y a des aller-retour entre passé et présent, de nouveaux meurtres… L’atmosphère devient de plus en plus lourde, sombre et violente. Il y a de nombreux personnages dans cette île qui est elle-même au centre de cette histoire… Les deux enquêtrices sont très différentes mais complémentaires, Sanna est dans l’île depuis son enfance, Eir est nouvelle, elle vient du continent. Son arrivée à ce poste était ce une punition ? C’est leur première collaboration et elles vont devoir se faire confiance. Elles ont chacune des secrets, un passé… que le lecteur va commencer à découvrir.
Grâce à Babelio, j’ai eu la chance d’assister à une rencontre très instructive avec l’auteure et j’y ai appris qu’il existe une suite à ce thriller et j’aurai donc prochainement le plaisir de retrouver le duo d’enquêtrices Sanna et Eir.

Extrait : (début du livre)
La brume l’a englouti. La mousse épaisse du sous-bois facilite son avancée, lui permettant d’oublier les ronces qui lui déchirent la peau et les branches qui cherchent à atteindre ses yeux et à s’entremêler dans ses cheveux. Ses jambes et ses pieds nus sont engourdis par le froid. Sans l’épaisseur de son caleçon, les jeunes rameaux qui le fouettent au passage l’auraient déjà fait tomber depuis longtemps.
Il accélère encore la cadence entre les chablis et la jungle des pins et des frênes en décomposition. Il se précipite vers l’avant aussi vite qu’il le peut, son cœur battant la chamade, si fort qu’il en occulte la douleur et les voix qui le poursuivent dans l’obscurité.
Sans le trou qui s’ouvre brusquement sous ses pieds et lui attrape la jambe, le projetant au sol, il aurait peut-être réussi à s’échapper. Mais quand il s’étale par terre les bras en croix, que sa tête heurte la mousse d’un rocher et que ses yeux se révulsent, il les entend approcher :
« Mort au loup, mort au loup, mort au loup… »

Sanna Berling scrute la pièce vide, ravagée par le feu. La lumière qui entre par les fenêtres poussiéreuses, recouvertes d’une fine couche de sel, est sale et brunâtre. L’odeur de fumée, mélangée à celle de la moisissure, lui assaille la gorge. La pièce lui semble de plus en plus obscure à chaque visite, peut-être à cause des arbres touffus laissés à l’abandon au-dehors ; ou alors, c’est une illusion due à l’épuisement.
Elle passe ses doigts sur un des murs noircis ; sous la suie, on aperçoit encore le papier peint élimé d’une chambre d’enfant. Elle ferme les yeux et laisse sa main courir le long du mur en direction de la porte. Comme à chaque fois, elle s’arrête devant l’inscription gravée dans le bois. Ses doigts tracent le contour d’une écriture enfantine : FUIS.
Lorsqu’elle franchit la porte d’entrée à double battant, une nuée d’oiseaux s’élève du vieil arbre de la cour. Ils secouent l’air de leurs battements d’ailes, comme pour esquiver un orage.
Devant elle s’étend un paysage désolé. Toute cette partie de l’île – les champs aux alentours et les prairies qui descendent jusqu’à la route, l’église et la côte – est déserte. Son portable sonne. Elle décroche.
— J’y suis, là, répond-elle. Dis non. Je ne vends pas. Pas encore.
Son interlocuteur proteste avec véhémence, mais elle reste de marbre. Elle regagne sa voiture, une Saab noire. En s’éloignant, elle voit les fenêtres aveugles et ravagées de la propriété la suivre dans son rétroviseur.

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Les Crimes de nos pères – Åsa Larsson

9782226469922-j Albin Michel – novembre 2022 – 608 pages

traduit du suédois par Anne Karila

Titre original : Fädernas missgärningar, 2021

Quatrième de couverture :
Une écriture puissante, des paysages impressionnants et un sens du suspense glaçant ont fait d’Asa Larsson une figure incontournable du polar scandinave. Trois fois récompensée par le Prix du meilleur roman policier suédois, traduite dans trente pays, elle poursuit sa série-culte dans les pas de son héroïne Rebecka Martinsson. Sur une petite île du nord de la Suède, on découvre coup sur coup deux cadavres. Si le premier décès est récent, l’autre remonte à… il y a plus de cinquante ans. Quel est leur lien ? Et où s’arrêtera ce sinistre décompte ? Criminalité organisée, escroquerie immobilière, prostitution… Rebecka remonte une piste aux ramifications inattendues et multiples, loin d’imaginer qu’elle va lui révéler de terribles secrets sur l’histoire de sa propre famille.

Auteure : Åsa Larsson a grandi à Kiruna, au-dessus du cercle polaire arctique, où se déroulent tous ses romans. Avocate comme son héroïne Rebecka Martinsson, elle se consacre désormais à l’écriture. Devenue l’auteur de romans policiers la plus aimée des Scandinaves, elle compte désormais des millions de lecteurs à travers le monde.

Mon avis : (lu en janvier 2023)
C’est toujours un plaisir de retrouver les personnages d’une série. Pour cette fois-ci, c’est avec un petit serrement au cœur puisque Åsa Larsson a décidé de mettre fin à sa série. Cela fait déjà presque 5 ans que j’avais quitté son héroïne Rebecka Martinsson dans la ville minière de Kiruna, en Laponie dans le grand nord suédois.
Rebecka est toujours Procureure adjointe et les relations sont toujours difficiles avec son collègue von Post devenu pour quelques semaines Procureur remplaçant. A cause de leur charge de travail respective, Rebecka s’est également un peu éloignée de l’inspectrice Anna-Maria Mella et l’inspecteur Sven-Erik Stålnacke est maintenant à la retraite.
C’est avec la découverte de deux cadavres, l’un récent et le second remontant à plus de cinquante ans, que commence cette enquête. L’affaire va devenir personnelle pour Rebecka car la victime récente fait partie de la famille adoptive de sa mère. Une famille avec laquelle elle n’a pas de relation, mais légalement, elle ne devrait pas s’occuper de cette enquête…
Il est plaisant de retrouver tous les personnages de cette série et de continuer à découvrir cette région suédoise. Dans cet épisode, Kiruna est en pleine mutation. En effet, cette ville a été créée en 1898 pour accompagner le développement de la plus grande mine de minerai de fer au monde. Mais victime de son succès, l’extension permanente des galeries a fini par menacer Kiruna. Ainsi dès 2013, un plan global a été mis au point pour déplacer la ville vers l’est, à près de 4 kilomètres, dans un secteur préservé de toute activité minière. Un déménagement qui doit s’étaler sur 20 ans pour s’achever en 2035.
L’intrigue est comme toujours bien  menée, et nous en apprenons un peu plus sur le personnage attachant de Rebecka.
C’était la dernière enquête de Rebecka Martinsson mais pour ma part, j’ai la chance d’avoir encore à découvrir sa première enquête que je n’ai toujours pas lu… et pourquoi pas relire toute la série !

Extrait : (début du livre)
QUAND RAGNHILD PEKKARI décida d’en finir, la vie lui sembla plus légère.
Elle avait un plan. Partir à skis sur la croûte de neige qui s’était formée dans la nuit. Elle en aurait pour deux heures, au pire des cas. Arrivée à l’endroit choisi, une rivière de montagne au-dessus de laquelle apparaissait toujours un pont de neige, elle allumerait un feu et boirait sa dernière tasse de café. Puis elle remplirait son sac à dos de neige fondue, de sorte que mouillé et presque vide d’air, il pèse plus lourd. Ensuite elle s’avancerait sur le pont de neige enjambant le torrent. Si tout se passait comme prévu, il céderait. Sinon, elle atteindrait le vide d’une poussée sur ses bâtons.
Cela irait très vite. Lestée d’un sac à dos qui ne flotterait pas et chaussée de ses skis, elle ne pourrait pas faire machine arrière.
Tout serait enfin terminé.

Elle avait pris rendez-vous avec la mort. Et elle la trouverait bien sur son chemin, le jour qu’elle s’était fixé en secret, mais pas de la manière prévue.
Une fois sa décision arrêtée, elle se sentit plus légère. Tout en elle se redressa, comme les bouleaux dans la forêt. La neige hivernale les avait fait ployer tels des arcs couverts de givre. À présent, dans la douceur de cette saison entre hiver et printemps, ils se relevaient, libérés, abandonnaient le gris pour une teinte violette, couleur liturgique de la pénitence.
Elle était partie en retraite au mois de juin de l’année précédente. Le chef de service à l’hôpital avait manifestement improvisé son discours, il s’était trompé sur l’année de son entrée en fonctions, ça ne lui aurait pourtant rien coûté de vérifier. Ce petit con. C’était le genre de médecin que la grande taille de Ragnhild angoissait. Élisabeth, son bras droit au sein de la direction, avait acheté un cadeau : un décapsuleur en forme de dauphin argenté. Après toutes ces années, recevoir ça. Élisabeth, qui occupait un poste administratif depuis plus de vingt ans, n’avait absolument aucune idée de la réalité du travail des infirmières. Elle était du côté de la direction et leur imposait des plannings impossibles et des tâches supplémentaires. Ce dauphin argenté, c’était le pompon. Ragnhild avait exprimé du bout des lèvres d’hypocrites remerciements, après quoi elle n’avait plus songé qu’à rentrer chez elle et se laver à l’eau de Javel.
Le pot d’adieu avec les serviettes en papier premier prix et le gâteau de supermarché lui était resté en travers de la gorge. Quelques médecins avaient fait une apparition dans la salle de repos. Ragnhild et les autres infirmières avaient échangé des regards ; curieusement, les médecins ne répondaient jamais quand un patient allait mal, mais ils étaient toujours au rendez-vous pour grignoter. Un des internes avait demandé, la bouche pleine : « Qu’est-ce qu’on fête ? »

 

Déjà lu du même auteur :

9782226256096g Le sang versé 9782226318176m La piste noire

tant que dure ta colère Tant que dure ta colère 9782367626598-001-T En sacrifice à Moloch

 

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Une écharpe dans la neige – Viveca Sten

91T9IQOoY4L Albin Michel – septembre 2022 – 480 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : Offermakaren, 2020

Quatrième de couverture :
Sur un télésiège de la station suédoise d’Åre, dans les montagnes du Jämtland, on découvre un corps gelé. Dans la neige, une écharpe en laine…
Hanna Ahlander, récemment virée de la police de Stockholm (et accessoirement larguée par son petit ami), mène l’enquête avec l’inspecteur Daniel Lindskog. Entre la rebelle hantée par ses échecs et le jeune père débordé par son boulot, le courant passe. Mais parviendront-ils à résoudre cette affaire plus sombre et complexe qu’il n’y paraît ? Que cache ce décor de luxe ?
Un nouveau duo cabossé et attachant, un rythme encore plus effréné, et des paysages à couper le souffle : addictif !

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture.
Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans plus de 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les 5 premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Après les neuf enquêtes sur l’île Sandhamn avec l’inspecteur Thomas Andreasson et la juriste Nora Linde, cette nouvelle série de Viveca Sten nous envoie dans le froid polaire de la station de ski d’Åre, dans le comté de Jämtland, qui est d’après Wikipédia, la plus ancienne et la plus importante station de sports d’hiver de Suède. Et nous découvrons de nouveaux enquêteurs : l’inspecteur Daniel Jindskog, jeune papa qui a du mal à concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale, et l’enquêtrice Hanna Ahlender, en pleine dépression après avoir été renvoyée de la police de Stockholm et quittée par son compagnon…
Tout commence avec la disparition d’une jeune fille après une veillée de Sainte Lucie, un cadavre est découvert sur un télésiège, il est également question de l’exploitation de femmes étrangères… 
Une intrigue rythmée, des chapitres courts, alternant les points de vue, des indices, des fausses pistes, des rebondissements…
Une lecture plaisante qui donne très envie de retrouver ce nouveau duo pour de prochaines aventures !

Extrait : (début du livre)
Une couche de neige compacte recouvre le parking du personnel. Sebbe Granlund se gare devant le VM6, l’un des plus anciens télésièges de la station où il est saisonnier.
Il fait moins vingt, mais la température ressentie est encore plus basse. Les cimes des arbres sont drapées de givre, le sommet de l’Åreskutan disparaît presque dans la brume glacée. Le violent éclairage électrique dessine un paysage en noir et blanc avec de longues ombres sur la neige.
La saison hivernale vient tout juste de commencer dans la station d’Åre.
Il n’y a que quelques pas jusqu’au VM6 mais la chaleur de la voiture s’évanouit en un clin d’œil. Les narines piquées par l’air glacé, Sebbe ouvre le local technique. Il est neuf heures tout juste passées, les remontées ouvrent à la demie, il faut que tout soit prêt d’ici là. Comme d’habitude, elles fonctionnent depuis début décembre, mais il n’y a pas encore grand monde sur les pistes.
Il presse le bouton rouge pour démarrer la machinerie. Un signal strident déchire le silence, puis le télésiège se met en branle. Ses banquettes de six places se mettent à défiler devant les yeux de Sebbe.
Il sort son téléphone pour jeter un œil à Snapchat pendant que le télésiège tourne. Les banquettes sont recouvertes par la neige tombée pendant la nuit, il aurait dû sortir les brosser, mais le froid le retient à l’intérieur.
Ce n’est pas bien grave pour la première demi-heure : le soleil ne se lève qu’à dix heures moins le quart, d’ici là il n’y aura pas foule.
Tout à coup, Sebbe lâche son portable des yeux. Une ombre a attiré son attention, une forme étrangère sur une des banquettes. Quelqu’un est-il descendu depuis le sommet ?
Il essaie d’y voir plus clair, mais il fait encore nuit noire.
Le siège approche de la plateforme d’embarquement. On dirait en effet qu’une personne est à demi couchée au coin de la banquette, mais sa posture est bizarre, de guingois, affaissée sur elle-même.
La silhouette sombre reste immobile alors qu’elle est presque arrivée.
Sebbe agit d’instinct. Il presse le bouton d’arrêt d’urgence et se précipite dehors. Le siège reste suspendu quelques mètres plus haut. La secousse a fait glisser la personne un peu plus bas.
Sebbe s’immobilise tandis que son cerveau assimile ce qu’il voit.
On dirait un mannequin. Sauf que non. Les traits humains sont là, mais tout signe de vie a disparu. Les cils et sourcils sont couverts de cristaux, le visage est figé dans une grimace gelée. La peau est bleutée, les lèvres rétrécies par le froid.
Le siège se balance, ce qui suffit à faire glisser le corps dans la neige, aux pieds de Sebbe.
Il fixe bouche bée le cadavre gelé.
« Putain, murmure-t-il. Pas toi. »

Petit bac 2023(1) Objet

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Déjà lu du même auteur :

la_reine_de_la_baltique La Reine de la Baltique 9782226259776g Du sang sur la Baltique

9782226317148g Les nuits de la Saint-Jean 110752618 Les secrets de l’île
116631134 Au cœur de l’été 51zvmU31TnL Retour sur l’île 

81ff9zlGX-L Dans l’ombre du Paradis  Au nom de la vérité

71CdOHXBb5S Sous protection 

La boîte à magie – Camilla Läckberg, Henrik Fexeus

51vlZj8gPQL Actes Sud – juin 2022 – 672 pages

traduit du suédois par Susanne Juul

Titre original : Box, 2021

Quatrième de couverture :
Gröna Lund, parc d’attraction incontournable de Stockholm. Entre manèges à l’arrêt et obscurité angoissante, une boîte transpercée d’épées contenant un corps de femme est retrouvée. Pour la nouvelle enquêtrice Mina Dahbiri, l’affaire dépasse les compétences de la police. Vincent Walder, expert en mentalisme et en communication non verbale, accepte de lui prêter main-forte.
S’agit-il d’un tour de magie qui a mal tourné ou d’un tueur machiavélique ? En complément de leurs talents, une visite dans les archives policières devrait aider le duo à trouver des réponses…

Auteurs : Née en 1974 à Fjällbacka, Camilla Läckberg est la reine incontestée du polar scandinave. Elle a rencontré un grand succès international grâce à son héroïne Erica Falck ; ses livres se sont vendus à plus de vingt-six millions d’exemplaires dans le monde. Elle est également l’une des fondatrices d’Invest in Her, une société d’investissement qui s’engage auprès de femmes entrepreneuses.
Henrik Fexeus est un mentaliste, auteur et présentateur suédois. Né en 1971, Henrik a étudié la philosophie pour finalement se spécialiser dans la psychologie. Louant ses livres et interventions publiques, plusieurs prix lui sont décernés et il est reconnu dans le monde entier pour ses recherches sur la communication non verbale. Il se lance dans la fiction en 2017 avec «Le Perdu», premier tome d’une trilogie pour jeunes adultes salué par la critique.

Mon avis : (lu en juillet 2022)
Voici le premier tome d’une nouvelle trilogie de Camilla Läckberg associée avec le mentaliste suédois à succès Henrik Fexeus. Les deux héros de cette série sont la détective Mina Dahbiri et l’expert en magie Vincent Walder.
Tout commence avec une scène de crime assez spectaculaire : le corps nu d’une femme transpercé d’épées dans une boîte à magie… Cela semble être un tour de magie qui aurait raté… L’enquêtrice Mina Dahbiri, nouvellement arrivée dans la brigade criminelle de Stockholm, décide de faire appel à Vincent Walder, grand mentaliste médiatiquement connu, pour l’assister sur cette étrange enquête.
Le duo Mina et Vincent est très sympathique, le mentaliste est claustrophobe et il a aussi des TOC et la policière est phobique et hypocondriaque. L’un et l’autre arrivent à surmonter leurs failles pour mener à bien leur travail respectif.
La construction du livre qui alterne des événements passés et présents tient en haleine le lecteur du début à la fin du roman policier.
L’intrigue est originale, bien menée et les personnages sont attachants, je me réjouis de les retrouver dans de futurs enquêtes.

Extrait : (début du livre)
Tuva tambourine nerveusement des doigts sur le comptoir. Elle aurait dû débaucher depuis un bon moment déjà, mais elle est toujours là, sur son lieu de travail, un café dans le quartier de Hornstull. Un client vient de s’installer à la table du coin. Il la fixe, irrité. Elle lui retourne un regard assassin. Elle mémorise son visage et se dit que ce client-là n’aura pas droit à un cœur sur la mousse de son cappuccino. Un doigt dressé, plutôt.

Être en retard la met de mauvais poil. Elle ramène machinalement une mèche blonde derrière son oreille. Elle aurait dû récupérer Linus depuis une demi-heure déjà. Elle est immunisée contre les remarques acerbes du personnel de la crèche, elle y a eu droit si souvent que ça ne lui fait plus ni chaud ni froid. Mais son petit garçon de deux ans doit être triste. Et Tuva n’est pas du genre à vouloir chagriner un enfant. Surtout pas Linus. Elle n’arrête pas de dire qu’elle serait prête à mourir pour lui. Mais ce n’est pas si simple. Dieu seul sait tous les efforts qu’elle fait. Elle ouvre la penderie, retire son tablier et le balance sur la montagne de linge sale. Elle ne peut pas partir avant l’arrivée de son remplaçant. Qu’est-ce qu’il fabrique, bon sang ?
Martin, le père de Linus, avait brillé par son absence le jour de la naissance de son fils, deux semaines avant terme. Tuva ne lui en avait pas voulu, elle était partie à la maternité en ambulance. Elle avait en revanche trouvé bizarre qu’il ne vienne pas la voir pendant les quelques jours qu’elle avait passés là-bas. L’accouchement avait été difficile. Elle ne se souvenait que vaguement des médecins qui les examinaient sans arrêt, elle et son bébé, en lui disant que tout irait bien. Exactement comme Martin dans les brefs SMS qu’il lui envoyait. Il allait venir, disait-il, il avait juste un ou deux trucs à régler. Si son séjour à la maternité se perdait dans le brouillard, le souvenir de son arrivée avec Linus dans l’appartement vide était autrement vif. Pendant qu’elle en bavait pour mettre au monde leur fils, Martin avait rassemblé ses affaires et s’était tiré. C’était ça qu’il avait à “régler”. Elle n’avait plus jamais eu la moindre nouvelle de cet enfoiré. Tant mieux, probablement. Elle l’aurait tué s’il s’était remanifesté.

Déjà lu du même auteur :

la_princesse_des_glaces La Princesse des glaces  le_pr_dicateur Le Prédicateur

le_tailleur_de_pierre Le Tailleur de pierre l_oiseau_de_mauvais_augure L’Oiseau de mauvais augure

l_enfant_allemand L’Enfant allemand cyanure Cyanure la_sir_ne La Sirène

9782330018962  Le gardien de phare  la faiseuse d'ange La faiseuse d’anges

le dompteur des lions Le dompteur de lions  La_sorciere La sorcière

81I8cUUwywL La cage dorée

Petit bac 2022(5) Objet

voisinsvoisines2021_new50
Suède

pave-20222
Challenge Pavé de l’été

Sous protection – Viveca Sten

71CdOHXBb5S Albin Michel – juin 2021 – 528 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : I fel sällskap, 2018

Quatrième de couverture :
Andreis Kova est un homme puissant. Enfant réfugié de la guerre de Bosnie, il est devenu baron de la drogue à Stockholm. À défaut de pouvoir le faire tomber pour trafics de stupéfiants, la justice tente de le coincer pour fraude fiscale. Mais Kova peut s’offrir les meilleurs avocats : il sait qu’il s’en sortira, une fois de plus.
Une femme fait pourtant le pari contraire : la procureure Nora Linde. Pour l’atteindre, elle compte sur la jeune épouse du trafiquant, Mina, en fuite après avoir été battue par son mari. C’est un témoin clé qui pourrait faire basculer le procès.
Placée sous protection avec son bébé dans une villa de l’archipel, Mina devient l’enjeu d’une guerre sans merci. Andreis Kova ne reculera devant rien pour les récupérer, elle et son fils. L’inspecteur Thomas Andreasson saura-t-il protéger Nora Linde de sa brutalité sans bornes ?

Auteure : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture.
Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans plus de 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les 5 premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en janvier 2022)
C’est la neuvième enquête où l’on retrouve Nora et Thomas. Contrairement aux enquêtes précédentes, il n’y a pas de cadavre ou de disparition au début cette histoire, mais une femme battue… Mina n’est pas n’importe qui, c’est l’épouse de Andreis Kova, un homme puissant d’origine bosniaque, trafiquant de drogue dont la justice s’intéresse à lui. Nora en tant que procureure chargée des affaires financières est également sur son dossier, elle tenterait bien de l’inculper pour fraude fiscale. Et si Mina pouvait porter plainte contre son mari pour violence conjugale ? Nora et Thomas doivent alors protéger Mina.
Très rapidement dans ma lecture, j’ai eu l’impression de déjà connaître cette histoire, en effet j’avais déjà vu cette épisode dans la série Meurtres à Sandhamn… Je ne me souvenais de pas de toute l’histoire mais cela gâche un peu le suspens… Cette enquête est plutôt sombre et angoissante avec l’homme très violent qu’est Andreis Kova.

Extrait : (début du livre)
Mina Kovač examina le plan de travail. Il avait beau briller, elle passa encore quelques coups de torchon, pour être sûre. Elle avait récuré tous les sols et passé l’aspirateur de fond en comble, en utilisant tous les embouts pour accéder aux moindres recoins et qu’il ne reste plus un grain de poussière. La salle de bain sentait le citron.

Le petit avait dormi tard, Dieu merci, ce qui lui avait permis de faire le ménage bien tranquillement. Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre. Dino ne ramenait jamais Andreis avant dix-neuf heures, mais elle voulait en avoir le cœur net.
Le repas devait être prêt quand il ouvrait la porte. Elle avait préparé l’essentiel, deux beaux biftecks et de grosses pommes de terre au four. De la sauce béarnaise, une salade verte.
Son menu préféré.
Ces derniers temps, Andreis avait été plus imprévisible qu’à l’ordinaire. Elle s’efforçait de ne pas l’énerver, parfois elle ne savait même pas pourquoi il se fâchait. Elle restait en retrait, essayant de prendre le moins de place possible. Quand Lukas se réveillait, elle le prenait dans ses bras pour que ses cris ne dérangent pas son père.
Il y avait beaucoup de réunions et de coups de téléphone tard le soir, parfois Andreis filait en pleine nuit avec Dino, sans donner d’explication.
Elle n’osait pas demander ce qui se passait.
Mina gagna le séjour et se pencha sur le vieux berceau que son père avait descendu du grenier et rafraîchi. Lukas ronronnait sur le dos comme elle avait dû le faire elle-même jadis. Ses mains incroyablement petites reposaient sur le drap, les doigts écartés, avec leurs ongles translucides. Son nouveau doudou, un lapin en peluche bleu clair, attendait dans un coin.
Elle aurait aimé avoir le temps de prendre son fils, de poser ses lèvres sur sa tête duveteuse et de s’installer à l’aise dans le fauteuil pour le nourrir. Mais il valait mieux le laisser dormir, pour avoir le temps de s’occuper des toilettes des invités avant le retour d’Andreis.
Un bruit à la porte d’entrée fit sursauter Mina. Déjà ? Il n’était que dix-huit heures. Elle se dépêcha d’aller ouvrir. Soulagement : c’était son père.
« Qu’est-ce que tu fais là ?
– J’avais une course dans le coin. Je peux entrer ? »
Mina hésita.
« Il est à la maison ? »
Elle n’avait pas besoin de s’expliquer, pas avec lui. Mais elle avait honte que ce soit si évident.
« Il sera là d’ici une heure, répondit-elle sans le regarder dans les yeux.
– Je voulais juste voir Lukas, ça fait longtemps. Je ne reste que quelques minutes, je serai reparti avant le retour d’Andreis. »

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Suède

 

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81ff9zlGX-L Dans l’ombre du Paradis  Au nom de la vérité

 

Au nom de la vérité – Viveca Sten

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Albin Michel – juin 2020 – 496 pages

Livre de Poche – avril 2021 – 608 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : I sanningens namn, 2015

Quatrième de couverture :
La Saint-Jean approche. A Lökholmen, une petite île en face de Sandhamn, une soixantaine d’enfants est rassemblée pour un camp de voile. Faute de surveillance, certains jeux dégénèrent en harcèlement. Et lorsqu’un enfant disparaît, la panique s’empare du camp.
Accident ? Kidnapping ? Ou… un jeu qui aurait mal tourné ?
Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Thomas Andreasson et ses collègues explorent toutes les pistes. Pendant ce temps, Nora Linde fait face au plus grand défi de sa carrière de juriste : un procès contre un PDG ayant escroqué plusieurs millions à son entreprise. Et dont le fils, Benjamin, n’est autre que l’enfant porté disparu….

Auteure : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture.
Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans plus de 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les 5 premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en juillet 2021)
Deux histoires se mêlent dans ce roman policier rythmé, aux multiples rebondissements.
D’un côté l’histoire de Benjamin, 11 ans, parti pour un stage de voile d’une semaine sur l’île de Sandhamm. Il n’est pas trop enthousiaste et pour faire plaisir à son père, il accepte d’y aller. Mais là-bas, il est harcelé par plusieurs garçons sans que l’encadrement s’en aperçoive et voilà qu’un beau jour Benjamin disparaît… Est-ce un accident, une fugue, un enlèvement… Thomas Andreasson est appelé pour enquêter…
D’autre part, Nora est stressée par son futur mariage et par un procès où elle joue sa carrière et un futur poste de procureur. Il s’agit d’une escroquerie entre deux associés qui a fini par ruiner l’entreprise. Alors qu’elle pensait avoir toutes les cartes en main pour prouver l’escroquerie, son principal témoin change au dernier moment le contenu de son témoignage… Le lecteur finira par découvrir le lien entre ses deux histoires.
J’ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver l’île de Sandhamm et nos deux héros Nora et Thomas.

Extrait : (début du livre)
Les enfants dormaient. Le soleil ne s’était pas encore levé sur la prairie devant les baraques rouges, les coques des voiliers remontés sur la rampe en bois étaient encore luisantes de rosée.
Chaque bâtiment abritait deux chambrées de huit. Huit filles et huit garçons, certains encore fluets, aux joues rondes, d’autres avec le premier duvet ou les seins en bourgeon de la puberté.
Il avait attendu un moment caché derrière un tronc. Il rabattit son bonnet et regarda alentour. Le jour se levait vite, les oiseaux gazouillaient de plus en plus fort.
Il s’approcha.
La fenêtre de la baraque la plus proche était entrebâillée. Dedans, on devinait des silhouettes endormies, cheveux ébouriffés et visages bronzés. Les fronts humides de chaleur, les bras pendant hors des lits.
Il observa soigneusement la porte. Elle ne semblait pas fermée à clé, on n’apercevait pas de verrou dans l’interstice entre battant et chambranle.
Il tourna la tête et embrassa la zone du regard. À quelques centaines de mètres de là logeaient les moniteurs, mais la vue était bouchée par des pins. Ils avaient veillé tard, les lumières s’étaient éteintes à minuit passé.
Un léger clapotis rompit le silence. Une sterne venait de plonger vers un banc de poissons. Quelques éclaboussures à peine visibles, puis la surface lisse de l’eau se referma.
Ce serait l’affaire d’un instant, il savait exactement comment il allait s’y prendre.

 

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Suède 

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Pavé de l’été

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81ff9zlGX-L Dans l’ombre du Paradis

 

Millenium, tome 6 : La fille qui devait mourir – David Lagercrantz

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traduit du suédois par Esther Sermage

Titre original : Hon som måste dö, 2019

Quatrième de couverture :
À Stockholm, un SDF est retrouvé mort dans un parc du centre-ville – certains de ses doigts et orteils amputés. Dans les semaines précédant sa mort, on l’avait entendu divaguer au sujet de Johannes Forsell, le ministre de la Défense suédois. S’agissait-il des délires d’un déséquilibré ou y avait-il un véritable lien entre ces deux hommes ? Michael Blomqvist a besoin de l’aide de Lisbeth Salander. Mais cette dernière se trouve à Moscou, où elle a l’intention de régler ses comptes avec sa sœur Camilla.
La fille qui devait mourir – le grand finale de David Lagercrantz dans la série Millénium – est un cocktail redoutable de scandales politiques, jeux de pouvoir à l’échelle internationale, technologies génétiques, expéditions en Himalaya et incitations à la haine sur Internet qui trouvent leurs origines dans des usines à trolls en Russie.

Auteur : David Lagercrantz, né en 1962, est journaliste et auteur de plusieurs livres. C’est avec Indécence manifeste (2009) qu’il affirme véritablement sa notoriété sur la scène littéraire suédoise. Sont déjà parus en France : Moi, Zlatan Ibrahimović (2011), Millénium 4, Ce qui ne me tue pas (2015) et Millénium 5, La fille qui rendait coup pour coup (2017). 

Mon avis : (lu en juillet 2020)
Tout commence avec l’assassinat d’un sans abri sans identité connue et qui portait sur lui le numéro de téléphone de Blomkvist. Fredrika Nyman, la médecin légiste, contacte donc le fameux journaliste peu motivé pour travailler sur son reportage lié au krach boursier. Il est également inquiet pour Lisbeth Salander, qui a quitté son appartement de Stockholm et ne donne aucun signe de vie… Cette dernière a décidé de neutraliser sa sœur Camilla, son ennemie mortelle mais qui a quelques soutiens au sein de la mafia russe… De son côté, Lisbeth est paralysée par les souvenirs de son enfance, de son père, Alexander Zalachenko, cela ne l’aide vraiment pas pour réussir sa mission.
Un dernier tome palpitant où le lecteur découvre des Fake news fabriquées par des usines de trolls russes, des oligarques liés aux assassinats d’homosexuels en Tchétchénie, le récit d’une expédition dramatique sur l’Everest… Un dernier tome
où les communications sont cryptées, les caméras de surveillance contrôlées à distance…
L’attachement qui existe entre Mikael et Lisbeth est toujours présents et même si elle semble absente, Lisbeth suit Mikael et le protège par ordinateur interposé et lui s’inquiète pour elle lorsque son silence est trop long…
Un dernier tome où Lisbeth va affronter ses démons et Mikael va encore s’efforcer de dénoncer des scandales politiques…
Difficile pour ma part de quitter ces deux personnages devenus familiers au cours de toutes ses années…

Extrait : (début du livre)
CET ÉTÉ-LÀ, UN NOUVEAU MENDIANT était apparu dans le quartier. Personne ne connaissait son nom, et puis tout le monde s’en fichait pas mal. Cela dit, un jeune couple qui passait devant lui tous les matins l’appelait le “nain fou”, ce qui était assez injuste, en tout cas pour moitié. Car il n’était pas de petite taille au sens médical du terme. Il mesurait un mètre cinquante-quatre et avait une corpulence proportionnée. En revanche, il souffrait de réels troubles mentaux. De temps en temps, il bondissait sur les gens, les attrapait et leur tenait des discours incohérents.
Il passait le plus clair de son temps à Mariatorget, sur un morceau de carton près de la statue de Thor. Ainsi assis au pied de la fontaine, tête haute, dos droit, il arrivait qu’il provoque l’admiration, évoquant un chef de tribu tombé dans la déchéance. En matière de capital social, cette vague association était d’ailleurs tout ce qui lui restait et justifiait qu’on lui jette encore parfois une pièce ou un billet. Les gens devinaient en lui une grandeur passée – et ils n’avaient pas tort. Car il fut un temps où l’on s’inclinait devant lui.
Mais il avait tout perdu depuis longtemps, et la tache noire sur sa joue n’améliorait pas les choses. On l’eût dit marqué par la mort, ni plus ni moins.
Détail insolite : il portait un anorak bleu en duvet de la marque Marmot Parka, un objet en principe coûteux. Le vêtement avait beau être couvert de crasse et de restes de nourriture, son allure décidément arctique dénotait dans l’été stockholmois. Une chaleur étouffante régnait sur la ville. En constatant les coulées de sueur sur les joues de l’homme, les passants regardaient son anorak, embarrassés, comme si la simple vue de cette grosse doudoune leur rendait la température ambiante encore plus insupportable. Il ne l’enlevait jamais.

Déjà lu du même auteur :

millenium4_ac Millenium 4 – Ce qui ne me tue pas

Millenium 5 – La fille qui rendait coup pour coup

Les trois premiers tomes par Stieg Larsson :

Millenium_1 Millénium 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

mill_nium2 Millénium 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette
mill_nium3 Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d’air

Déjà écouté :

CD_LARSSON_MILLENIUM_1 Millénium 1 millenium2_audio Millénium 2  millenium3_audio Millenium 3

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Suède


(8) Crime et Justice

Dans l’ombre du paradis – Viveca Sten

81ff9zlGX-L Albin Michel – mai 2019 – 432 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : I maktens skugga, 2014

Quatrième de couverture :
Nora Linde, désormais en poste à l’Agence de Lutte contre la Criminalité Financière,  profite de ses vacances à Sandhamn avec son compagnon Jonas et leur fille de quatre ans Julia. Mais l’idylle estivale est vite troublée par l’arrivée de Carsten Larsson, un requin de la finance engagé dans des affaires troubles en Russie. Larsson a acheté la belle et grande plage au sud de l’île, et la villa de luxe qu’il y a fait bâtir éveille les rancœurs des insulaires. Le soir de la pendaison de crémaillère, une partie de la villa prend feu et on découvre un cadavre dans les décombres. Nora Linde n’a d’autre choix que de solliciter son meilleur ami et collaborateur,  Thomas Andreasson, pourtant en plein doute après vingt ans de métier. Incapable de lui refuser son aide, Thomas s’attaque à une nouvelle affaire…

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture. Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans une douzaine de langues à travers 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en juillet 2019)
J’ai toujours plaisir à retrouver l’île de Sandhamn, et le duo formé par Nora Linde et l’inspecteur Thomas Andreasson. Pour « cet épisode », contrairement à d’habitude, j’ai vu sa version télévisée début avril sur Arte avant de me plonger dans le livre…
Carsten Jonsson, homme d’affaires suédois vivant à l’étranger, vient de construire une magnifique maison au bord de l’eau, sans respecter les règles ancestrales de l’île de Sandhamn et ses voisins. Riche et sans scrupule, il organise une grosse fête bien arrosée pour la pendaison de crémaillère et il invite plus de 150 personnes, ceux qui comptent sur Sandham. Dans la nuit suivant la fête, une dépendance de la villa part en fumée et l’on découvre sur les lieux du sinistre un corps carbonisé… Thomas Andreasson et Aram sont appelés pour l’enquête. Nora qui a participé à la fête avec Jonas, son compagnon, va être d’une grande aide pour faire avancer l’enquête. Mais après vingt ans de métier, Thomas est en plein doute qu’en à son avenir dans la police.
L’arrogance de Carsten Jonsson n’est pas du goût de tout le monde, certains voisins souhaiteraient vraiment qu’il quitte l’Île avec sa famille… Sans compter les affaires, Carsten Jonsson n’a-t-il pas été imprudent de faire appel à des Russes ?
L’enquête bien construite va permettre au lecteur de découvrir les différents protagonistes et d’avancer vers sa résolution. L’ambiance insulaire est toujours très plaisante, je suis devenue une inconditionnelle de cette série !

Extrait : (début du livre)
Maria Svedin attendait dans le spacieux vestibule, tandis que Celia Jonsson aidait Oliver à enfiler la veste de l’uniforme bleu marine de l’école. Maria dansait d’un pied sur l’autre, inquiète. Fallait-il aller chercher le cartable d’Oliver, resté dans sa chambre ? Difficile de savoir ce que voulait Celia.
Celia vint à bout du dernier bouton luisant de la veste d’Oliver et chassa une mèche sombre de son visage avant de se redresser.
« Maria, dit-elle avec son fort accent. Tu conduiras Oliver à l’école ? J’ai autre chose à faire aujourd’hui. Tu peux prendre la voiture de Carsten, il est allé à pied au bureau. »
Cette demande surprit Maria. D’habitude, Celia déposait toujours son fils à l’école le matin, mais on voyait qu’elle était tendue, des poches sombres cernaient ses yeux et sa bouche était crispée.
Hier soir, Maria avait entendu des éclats de voix. L’appartement avait beau être vaste et sa chambre à l’opposé de celles de la famille, elle n’avait pas pu éviter d’entendre leur colère à travers les cloisons. La dispute semblait porter sur le projet de Carsten d’avoir une maison de vacances en Suède.
« Maria ? » fit à nouveau Celia.
La jeune fille hocha la tête et se dirigea vers l’entrée de l’appartement. L’ascenseur montait jusqu’à l’étage de la famille. Elle appuya plusieurs fois sur le bouton pour montrer à Celia qu’elle s’activait.
Elle aurait préféré être dispensée de conduire Oliver, pas encore très à l’aise avec la conduite à gauche dans Londres. Et les ronds-points la rendaient nerveuse.
Celia ne remarqua pas ses hésitations. Ou ne s’en soucia pas.
« Si tu vas chercher la voiture au garage, je descends avec Oliver d’ici quelques minutes, continua-t-elle. Je veux chercher ses nouveaux gants. »
On dit : « Je vais chercher », pas : « Je veux chercher », pensa Maria, sans rien faire pour la corriger.
Elle enfila son blouson et se tourna vers l’entrée.

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La cage dorée – Camilla Läckberg

81I8cUUwywL Actes Sud – avril 2019 – 343 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : En bur av guld, 2019

Quatrième de couverture :
Un mari parfait, une fille adorable et un appartement de luxe dans l’un des quartiers les plus chics de Stockholm, Faye semble tout avoir. Mais de sombres souvenirs de son enfance à Fjällbacka la hantent et elle se sent chaque jour un peu plus prisonnière d’une cage dorée. La femme forte et ambitieuse qu’elle était autrefois a tout abandonné pour Jack. Lorsqu’il la trahit, son univers s’effondre. Du jour au lendemain, elle se retrouve sans rien. D’abord complètement anéantie, elle décide de rendre coup pour coup et se met à échafauder une vengeance impitoyable. Retraçant le destin poignant d’une femme trompée et exploitée qui prend sa vie en main, La Cage dorée est un cocktail palpitant de trahison, de rédemption et de vengeance.

Auteur : Camilla Läckberg est l’une des auteures les plus lues au monde. Les dix livres de la série Fjällbacka se sont vendus à plus de vingt-trois millions d’exemplaires dans soixante pays. C’est également une femme d’affaires et l’une des fondatrices de la société d’investissement Invest in Her qui lutte contre les écarts de salaires entre hommes et femmes et s’engage auprès de femmes entrepreneuses. Avec La Cage dorée, Camilla Läckberg franchit un nouveau palier dans sa carrière d’écrivaine en menant en scène une protagoniste inoubliable et en délivrant un message ouvertement féministe.

Mon avis : (lu en juin 2019)
J’ai été déçue par cette lecture car j’avais l’impression d’avoir déjà lu cette histoire ou d’autres très proches…
Faye vit avec Jack, un mari parfait et son adorable petite fille à Stockholm dans l’un des quartiers les plus chics. Jeune femme intelligente et ambitieuse, elle s’est sacrifiée pour Jack, elle a abandonné ses études pour travailler et permettre à son mari de créer son entreprise, elle s’y ait également investie. Puis, à la naissance de leur fille, elle s’est totalement consacrée à élever son enfant et à tenir son foyer. Faye commence à se sentir à l’étroit dans sa « cage dorée », totalement dépendante de son mari…  Et voilà, que Faye découvre que Jack la trompe et Jack demande alors le divorce et abandonne son épouse sans aucune ressource. Après une profonde dépression, Faye réagit et reprend sa vie en main, bien décidée à  se venger… 
Cette lecture n’a pas été désagréable, mais je n’ai pas été surprise par cette intrigue caricaturale et le personnage de Faye ne m’a pas touché… Je regrette Erica Falk et Fjällbacka. 

Extrait : (début du livre)
Julienne dormait enfin. Ses cheveux étalés sur l’oreiller rose. La respiration calme. Faye lui caressa la joue doucement pour ne pas la réveiller.
Jack devait rentrer ce soir de son voyage d’affaires à Londres. Ou Hambourg ? Faye ne se souvenait plus. Il rentrerait fatigué et stressé, mais elle veillerait à ce qu’il se détende comme il faut.
Elle referma précautionneusement la porte de la chambre de Julienne, se glissa dans l’entrée pour vérifier si la porte était verrouillée. Dans la cuisine, elle passa la main sur la surface du plan de travail. Trois mètres de marbre veiné de vert. Carrare, bien sûr. Malheureusement très peu pratique : la surface poreuse du marbre absorbait tout comme une éponge, et présentait déjà quelques vilaines taches. Mais pour Jack, il n’avait pas été question de choisir plus fonctionnel. La cuisine de l’appartement de Narvavägen avait coûté presque un million, et on n’avait mégoté sur rien.
Faye attrapa une bouteille d’amarone et posa un verre sur le plan de travail. Bruit du verre sur le marbre, glouglou du vin – un concentré de ses soirées à la maison, quand Jack n’était pas là. Elle versa le vin précautionneusement, pour qu’il n’y ait pas de nouvelles taches à la surface blanche du marbre, et ferma les yeux en portant le verre à sa bouche.
Elle baissa la lumière et gagna l’entrée, où trônaient les portraits en noir et blanc de Jack, Julienne et elle. Pris par Kate Gabor, la photographe officieuse de la cour, qui, chaque année, faisait de fabuleuses images des enfants de la famille royale jouant dans les feuilles mortes en habits blancs amidonnés. Jack et elle avaient choisi des photos estivales. Ils étaient gais et détendus, au bord de l’eau. Julienne entre eux, ses cheveux blonds au vent. Vêtements blancs, bien sûr. Elle une simple robe en coton Armani, Jack chemise et pantalon retroussé Hugo Boss, Julienne une robe en dentelle de la collection enfants de Stella McCartney. Ils s’étaient disputés juste avant de prendre ces photos. Elle ne se rappelait pas à quel sujet, juste que c’était sa faute. Mais rien de leur mésentente ne transparaissait sur le portrait.
Faye monta l’escalier. Hésita devant la porte du bureau de Jack, puis l’ouvrit. La pièce était située dans une tour, avec vue panoramique. Un agencement unique pour un bien unique, comme l’avait dit l’agent immobilier en leur faisant visiter l’appartement, cinq ans plus tôt. Elle avait alors Julienne dans le ventre et la tête pleine d’espoirs lumineux pour l’avenir.

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