Simone, tome 1 : Obéir c’est trahir, désobéir c’est servir – Jean-David Morvan, David Evrard

81vcOw6rKQL Glénat – mars 2022 – 72 pages

Quatrième de couverture :
Simone Lagrange est arrêtée par la Gestapo le 6 juin 1944. Elle a 13 ans. Lors de ses interrogatoires par Klaus Barbie, elle refuse catégoriquement de répondre à ses questions. Exaspéré par sa résistance, le chef de la Gestapo lyonnaise la fait déporter à Auschwitch-Birkenau.
Lors du procès du Boucher de Lyon, 43 ans plus tard, Simone Lagrange se dressera de nouveau contre Klaus Barbie, pour témoigner sur les atrocités qu’il a commises. La petite Simy est revenue des camps et a tenu promesse faite à ses camarades, qui lui demandaient avant de tomber : « Si tu rentres, n’oublie pas d’en parler. » Simone raconte l’histoire d’une femme dont la volonté n’a d’égale que la résilience, d’une petite fille qui a toujours refusé d’accepter que ses origines l’aient fait naître coupable.

Auteurs : Né en 1969, Jean-David Morvan est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrira en 2001 la série Zorn et Dirna. En 1994, il publie Nomad avec Sylvain Savoia. La série Sillage, commencée en 1998 avec Buchet au dessin, remporte un succès immédiat. Il est également l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya.
En 2013, il donne une suite à la série Nomad avec un second cycle qu’il intitule Nomad 2.0 avec, cette fois-ci, Julien Carette au dessin. L’année suivante, il scénarise : Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin de Jung-Gi Kim) et l’album de la collection « Ils ont fait l’Histoire » consacré à Jaurès.
E411 (David Evrard) est né à Cologne en Allemagne, le 6 juillet 1971. Ses premiers dessins sont édités par l’O.N.E. (Office de la Naissance et de l’Enfance, en Belgique). Ils sont suivis par d’autres pour la revue Bonjour pour lesquelles il créera la BD jeunesse Max et Bouzouki avec Falzar au scénario. Max et Bouzouki ont leur propre mensuel éponyme depuis 2004. À partir de 1995, sur des scénarii de Fauche et Adam, E411 a réalisé de nombreuses BD de communication pour, entre autres le groupe Accor (Alph-art de la communication à Angoulême en 1996), Hewlett Packard, Laroche-Posay, etc. Parallèlement, il participe activement à l’animation du journal Spirou avec « Les Couvertures que vous ne deviez pas voir ». En 2009, les éditions Vents d’Ouest éditent sa série Edwin et les Twins (2 tomes parus, scénario de Falzar). En octobre 2009, Edwin et les Twins reçoit le Grand Prix des Lecteurs du Journal de Mickey. En 2011, les éditions Sandawe éditent Maître Corbaque (scénario de Zidrou), qui a la particularité d´être la première BD mondiale financée par des internautes. Également avec Zidrou, il crée la série Schumi (Prix Escapade 2013), bientôt adaptée en dessin animé sous le nom Will sur France TV (2016). Avec Morvan et Tréfouël, il publie en 2017 le poignant Irena ayant pour toile de fond le ghetto de Varsovie qui s’achève après 5 tomes. Réside en Belgique.

Mon avis : (lu en juillet 2022)
Après la série « Irina », les même auteurs nous raconte ici l’histoire de Simone Lagrange qui en 1972, a reconnu à la télévision  Klaus Barbie, le tortionnaire nazi. Elle avait été arrêtée à Lyon par la Gestapo en 1944, alors qu’elle avait à peine 13 ans et cet homme est celui qui l’a torturée. En 1939, Simone s’appelle alors Simy Kadosche, elle fait partie d’une famille juive française. Elle s’engage dans la Résistance, à Lyon, comme agent de liaison.
Dans ce premier tome, l’histoire se déroule entre 1972 avec les hésitations de Simone à témoigner, et la période de l’Occupation, où Simone et ses amis entrent dans la Résistance, alors que le danger devient plus pressant pour les Juifs. Malgré sa jeunesse, Simone distribue des tracts, fait passer des messages… elle fait preuve d’un grand courage et résistera face à Barbie malgré la torture.
Le dessin « enfantin » aux couleurs pastels contraste avec l’horreur de la guerre. La grande Histoire fait écho avec le quotidien de Simone et sa famille.
Il est prévu 3 tomes pour raconter l’histoire de cette résistante française, déportée à Birkenau qui témoignera lors du procès Barbie
. Et bien sûr, je les attends avec impatience.

Extrait :

91csAMW0BSL

91oYDUrA+UL 914bqjMD+CL

Petit bac 2023(1) Prénom

Déjà lu des mêmes auteurs :

91sYNAhtwWL Irena – tome 1 : Le ghetto  91dLnOPDZ-L Irena – tome 2 : Les justes

51RBT9XNMpL  Irena – tome 3 : Varso-Vie

81zW7nPj1WL Irena – tome 4 : Je suis fier de toi 81mxFi0ucQL Irena, tome 5 : La vie, après

Publicité

Entre les lignes – Dominique Mermoux, Baptiste Beaulieu

71--1auU0LS Rue de Sèvres – mai 2021 – 169 pages

Quatrième de couverture :
Lorsqu’il découvre dans une vieille malle trois carnets renfermant des lettres d’amour, le père de Baptiste sombre dans une profonde mélancolie. Baptiste, lui, tombe des nues : Moïse, son grand-père, y raconte toute l’histoire de sa vie. Plus incroyable encore, Moïse adresse son récit à une inconnue : Anne-Lise Schmidt. Naviguant entre les grands drames du XXe siècle et des témoignages d’aujourd’hui glanés dans une tentative éperdue de faire passer un message à son père, Baptiste devra percer le lourd secret d’un homme et lever le voile sur un mystère qui va chambouler toute une famille…

Auteurs : Ancien interne à l’hôpital d’Auch, Baptiste Beaulieu est aujourd’hui médecin généraliste et romancier. En novembre 2012, il lance son blog « Alors voilà », qui décrit avec humour, ironie et humanité, mais aussi parfois avec dépit, le quotidien des internes aux urgences. Devant le succès de son blog (6 millions de visiteurs), la plupart des anecdotes des urgences d’Auch paraissent en 2013 dans le récit Alors voilà, les 1001 vies des urgences, adapté en bande dessinée.
Né en 1980 en Haute-Savoie, Dominique Mermoux se lance dans la bande dessinée après des études aux arts décoratifs de Strasbourg, un BTS en communication visuelle et un diplôme en illustration aux Arts décoratifs de Strasbourg. Récompensé à plusieurs reprises par des prix « Jeunes talents » (Angoulême, Lausanne, Sierre), il débute sa carrière dans la presse, puis décide de travailler sur des albums en collaboration avec des scénaristes. Il travaille principalement en tant que dessinateur BD, et continue d’affuter son stylo-bille dans les carnets de croquis qu’il réalise. Les Mille et une vies des Urgences est son premier titre chez Rue de Sèvres.

Mon avis : (lu en août 2022)
Ce roman graphique est l’adaptation en bande dessinée du roman « Toutes les histoires d’amour du monde » de Baptiste Beaulieu, un roman que je n’ai pas lu.
Moïse, le grand-père de Baptiste, le narrateur, était un taiseux, un père froid et distant. Dix ans après son décès, Denis, le fils de Moïse et le père de Baptiste, découvre dans les affaires de son père trois carnets écrits par Moïse et c’est un bouleversement pour lui. Ce sont des centaines de lettres touchantes adressées à une certaine Anne-Lise Schmidt qui racontent la vie de Moïse depuis son enfance… Il est question de la Seconde Guerre Mondiale et de la vie d’après. Ce qui bouleverse Denis, c’est la différence entre la froideur du père qu’il a connu et la tendresse et la sensibilité qui se dégage de ces lettres.
Affaibli par des soucis cardiaques, Denis vient demander de l’aide à Baptiste pour tenter de retrouver la mystérieuse Anne-Lise.
Baptiste part donc sur les traces de son grand-père…
Le lecteur va découvrir en alternance le récit de la vie de Moïse à travers ses lettres et la quête de Baptiste.
Une histoire de famille tendre et palpitante qui permettra à Baptiste de renouer des liens plus étroit avec son père.

Extrait :

81LjrvZTNxS 91Nlzd3Uz-S 91-U2a2nVgS 91RJo5G8+KS 91I4H6h8stS

Déjà lu des mêmes auteurs :

914YFGC7khL Les mille et une vies des urgences

Petit bac 2023(1) Bâtiment

Kermesse au paradis – Birgit Weyhe

61OrpnhsNqL Cambourakis – octobre 2013 – 280 pages

Traduit de l’allemand par Elisabeth Willenz

Titre original : Im Himmel ist Jahrmarkt, 2013

Quatrième de couverture :
Lorsque sa fille revient de l’école et lui demande de l’aider à dresser son arbre généalogique, Birgit Weyhe s’aperçoit qu’elle ne sait que bien peu de choses au sujet de sa famille. De Munich à Berlin, l’auteur entreprend alors de reconstituer le parcours de ses grands-parents à travers l’Allemagne tourmentée du XXe siècle. Une chronique familiale tantôt intimiste, tantôt épique, où destins personnels et événements historiques s’entremêlent.

Auteur : Née à Munich en 1969, Birgit Weyhe a passé son enfance en Afrique de l’Est, puis a suivi à Hambourg des études de littérature, d’histoire, d’illustration et de graphisme. Son premier album, Ich Weiss, a paru en 2008, suivi par La Ronde et Kermesse au Paradis. Pour Madgermanes, elle obtient le Max und Moritz Preis de la meilleure bande dessinée, le prix le plus prestigieux du monde germanophone. 

Mon avis : (lu en janvier 2022)
J’ai pris cette bande dessinée, par hasard à la Bibliothèque pour les vacances.
Pour répondre à un devoir d’une de ses filles sur son arbre généalogique, Birgit Weyhe commence à s’interroger sur l’histoire de sa famille. En retraçant le destin de ses grands-parents, elle revient sur les évènements historiques du XXème siècles et sur les personnalités pleines de surprises de ses aïeuls. A l’aide de photos de famille, de ses souvenirs d’enfance, elle reconstitue l’histoire familiale avec ses secrets de famille… Ce travail de généalogie passionnant m’a donné envie d’en faire de même, et de consigner par écrit l’histoire de mes ancêtres aujourd’hui disparus pour la transmettre à mes enfants…

Extrait :

kermesse-1 kermesse-3kermesse-4

Petit bac 2022
(2) Art
( Paradis, dernier étage d’un théâtre)

 

 

Le gratte-ciel : 102 étages de vie – Katharina Greve

61YkDS-nDOL Actes Sud Éditions – octobre 2018 – 56 pages

traduit de l’allemand par Paul Derouet

Titre original : Das Hochhaus. 102 Etagen Leben, 2016

Quatrième de couverture :
Du rez-de-chaussée jusqu’au 102e étage, une radiographie de la vie des habitants d’un gratte-ciel, avec une situation cocasse par étage. Le roman domestique de notre époque.

Auteure : Katharina Greve, née en à Hambourg, est une auteure de bande dessinée et artiste allemande. 

Mon avis : (lu en janvier 2021)
Cette BD est très originale, d’abord, dans sa forme : sa couverture est présentée verticalement dans le format d’un immeuble, mais pour être lu,  il faut incliner l’album, vers la gauche, et entrez dans l’immeuble. Deux étages par page et 102 niveaux à explorer (soit un sous-sol, un rez-de chaussée, 99 étages et un grenier). D’étage en étage, le lecteur découvre les tranches de vie de familles diverses, de situations variées, parfois cocasses, intimes ou touchantes…
Certaines histoires se répondent sur plusieurs étages, d’autres sont uniques mais un lecteur ayant déjà vécu en appartement peut y retrouver des situations déjà vues…
C’est très amusant à lire et à regarder,  il y a de nombreux détails cachés à découvrir dans les appartements et sur les balcons !

Extrait : (version originale en allemand)

gratte-ciel_image2P1130449P1130448

Petit Bac 2021(2) Couleur

Totem – Nicolas Wouters, Mikaël Ross

totem Sarbacane – octobre 2016 – 125 pages

Quatrième de couverture :
C’est dans une forêt sauvage que Louis, 12 ans, vient passer son premier camp scout et essayer de soigner ses bleus à l’âme. Mais son séjour ne sera pas de tout repos, entre les brimades des scouts plus âgés, les tiraillements de ses propres démons et un secret trop lourd à porter. Un récit initiatique qui bat au rythme sensuel, feutré et magique de la forêt, où les compromis de l’âge adulte et les premiers émois amoureux viennent bousculer l’innocence de l’enfance.

Auteurs : Né à Bruxelles en 1984, Nicolas Wouters est titulaire d’un Master d’écriture de scénario, obtenu à l’université de Louvain-La-Neuve. Alors qu’il est encore aux études, il coordonne des projets culturels (Théâtre, Slam, Festivals, …) et assure l’écriture ainsi que la mise en scène de plusieurs pièces de théâtre dans le circuit amateur. En 2009, il quitte son travail dans un centre culturel se consacrer pleinement à sa passion pour le neuvième art. Il intègre l’option Bande dessinée de l’institut Saint Luc à Bruxelles, où il rencontre Mikaël Ross. Une amitié qui débouchera sur un premier livre, « Les pieds dans le béton ». Il vit et travaille actuellement à Zürich.
Né à Munich en 1984, Mikaël Ross mène de front deux carrières à la fois. De 2004 à 2007, il suit une formation de tailleur à l’Opéra de Munich puis s’installe à Berlin où il commence des études de stylisme à l’école des arts de Berlin-Weißensee. Parallèlement, il écrit et dessine des histoires et autoédite Herrengedeck, son premier album de bande dessinée qui raconte l’errance de deux amis dans la nuit berlinoise. Il décide en 2010 d’interrompre ses études de stylisme pour un an afin d’intégrer le département Bande dessinée de l’institut Saint Luc à Bruxelles. Il y rencontre le scénariste Nicolas Wouters avec lequel il initie le projet À ton tour, qui relate la relation de deux personnages dont l’amitié est entachée depuis l’enfance par les rapports de domination que l’un exerce sur l’autre. Il vit et travaille aujourd’hui de nouveau à Berlin.

Mon avis : (lu en mars 2020)
Après Un été d’enfer ! encore une histoire de scout… le hasard des lectures…
Cette histoire est beaucoup plus sombre et assez déconcertante…
Alors que son petit frère est malade et doit subir une opération, Louis est envoyé dans un camp scout. A douze ans, seul et avec ses cauchemars, il se retrouve au milieu de la forêt avec des scouts plus âgés que lui. Pour devenir un vrai scout, Louis doit passer une épreuve afin d’obtenir son « totem ». Avec deux autres novices, ils doivent se cacher en forêt et ne pas être retrouvé par le reste de la troupe…
Un album vraiment étrange, mêlant le réel et l’imaginaire dans une ambiance oppressante. J’ai eu du mal à distinguer le fantastique de la réalité…
Et, pour ma part, ce n’est pas du tout le souvenir que j’ai de mes années de scoutisme…

Extrait :

totem-p36-37-1400xtotem-p50-51-1400xtotem-p58-59-1400x

Petit bac 2020a(4) Objet

Dans le même bateau – Zelba

51vTkxhy2mL Futuropolis – novembre 2019 – 168 pages

Quatrième de couverture :
En novembre 1989, le mur de Berlin tombe. Wiebke Petersen a 16 ans et pratique l’aviron à haut niveau. En 1991, elle intègre la première équipe d’Allemagne réunifiée pour les championnats du monde et va devoir apprendre à connaître ses anciennes adversaires pour former une équipe unie malgré les bouleversements qui secouent encore leur pays. Un récit autobiographique où la petite histoire se mêle à la grande.

Auteur : Née en 1973, Zelba est une illustratrice allemande, née sous le doux nom guttural de Wiebke Petersen.

Mon avis : (lu en février 2020)
Un roman graphique autobiographique passionnant et plein d’humour.
En 1989, Wiebke a 16 ans et elle pratique, avec sa sœur, l’aviron à haut niveau en Allemagne de l’Ouest. Elle est bien occupée par ses séances intensives d’entraînement, ses études au lycée et par sa vie dans sa famille, sans oublier la découverte des garçons…
Au moment de la Chute du Mur de Berlin, elle ne réalise pas que cela va modifier son avenir… En effet, dès 1991, l’Allemagne réunifiée se présentera aux Championnats du monde junior d’aviron avec une seule équipe où seront présentes des athlètes de l’ancienne RFA et de l’ancienne RDA.
Avec beaucoup de pédagogie Zelba nous présente aussi bien son sport que le contexte géopolitique de l’époque, de même elle raconte son quotidien d’Allemagne de l’Ouest et ses rencontres avec les Ossis, ces sportifs est-allemands si proches et pourtant si différents.
Cette BD est passionnante et drôle même si on ne connaît rien à l’aviron, c’est une façon originale de se replonger dans cette époque.

Extrait :

9782754828529_p_4 9782754828529_p_5 9782754828529_p_69782754828529_p_79782754828529_p_8 9782754828529_p_9

 

Marlene – Hanni Münzler

Lu en partenariat avec Masse Critique

82551261_10157032304445678_2796750319378235392_o

61f9SwHNxFL L’Archipel – février 2020 – 464 pages

traduit de l’allemand par Anne-Judith Descombey

Titre original : Marlene, 2016

Quatrième de couverture :
Munich, juillet 1944. L’une des femmes les plus recherchées du IIIe Reich se tient face à la maison bombardée de Deborah et de son frère, qu’elle croit enfouis sous les décombres. Si elle était arrivée la veille, Marlene aurait pu les sauver.
Mais qui est au juste cette femme ? La veuve d’un notable connu pour ses sympathies nazies ? Une actrice en devenir ? Une résistante ?
Marlene va devoir prendre l’une des décisions les plus difficiles de sa vie : épargner la vie de millions de personnes… ou sacrifier l’homme qu’elle aime.
Dans le sillage d’ Au nom de ma mère, ce roman s’attache au destin d’une femme courageuse, confrontée aux soubresauts de l’Histoire.

Auteure : Née en Allemagne en 1965, Hanni Münzer conquiert le public dès 2013 avec son premier roman. Au nom de ma mère (l’Archipel, 2017), s’est vendu à plus de 250 000 exemplaires en Allemagne et a été traduit en douze langues.

Mon avis : (lu en février 2020)
Ce livre est la suite du premier roman d’Hanni Münzer, Au nom de ma mère. Pour ma part, je n’ai pas lu ce roman et je n’ai pas été gênée pour la lecture de Marlene.
Tout commence alors qu’âgée de 97 ans, Marlène décide d’écrire sa biographie pour raconter les événements qui se sont passés en 1944. Elle demande que l’œuvre ne soit publié qu’après sa mort, elle va cependant réunir ses proches autour d’elle pour leur raconter.
Le lecteur se retrouve donc en 1944 à Munich, sous les bombardements. Marlene est une jeune femme allemande, forte et courageuse engagée dans la Résistance contre l’Allemagne nazie. Elle se cache sous une fausse identité et tente de rejoindre Varsovie et la résistance. Évidement, le périple ne va pas être simple et plusieurs fois Marlene va se retrouver dans situations difficiles et même critiques… 
L’auteure décrit avec beaucoup de réalisme l’enfer du camp d’Auschwitz, c’est une partie du livre difficile à lire, mais c’est important pour l’Histoire d’être plongé dans la réalité du quotidien dans ce terrible camp.
J’ai aimé le côté historique de ce roman, mais je mettrais un bémol sur le côté sentimental de l’intrigue qui dilue parfois le message de ce livre.

Merci Masse Critique Babelio et les éditions de L’Archipel pour cette découverte.

Extrait : (début du livre)
Prologue
C’était un merveilleux été enveloppé de parfums et de souvenirs qui se gravèrent à jamais dans sa mémoire.
Elle se tenait dans le champ pendant les foins, le chant des grillons dans les oreilles, la poussière de la terre desséchée sur la langue, dans la lumière irisée du soleil de midi dont elle sentait la brûlure sur la nuque. Le soir, la grand-mère oindrait sa nuque d’une pommade à l’odeur forte qu’elle utilisait pour ses chevaux.
Elle avait seize ans, l’air embaumait les fleurs sauvages, le foin, et une langueur inconnue s’emparait d’elle quand elle échangeait des regards à la dérobée avec le fils de l’intendant. Elle notait chacune de leurs rencontres dans son journal intime. Une sensation neuve s’éveillait en elle et faisait chanter son sang.
C’était le jour de son anniversaire et, bien que son grand-père vît d’un mauvais œil qu’elle passât la journée dehors avec les valets, elle aidait ce jour-là à rentrer les foins. Elle adorait l’activité physique. Quand elle travaillait ainsi, elle se sentait vivante et proche de la nature et des hommes. Ses mains jeunes et vigoureuses savaient refréner les chevaux les plus fougueux. Leurs cals la remplissaient de fierté. Elle plaisantait avec les hommes, des journaliers du pays et des Polonais qui se louaient pour les récoltes en Allemagne. Elle était acceptée de tous non parce qu’elle était la petite-fille du propriétaire, mais parce qu’elle travaillait presque aussi dur qu’eux.
Elle n’entendit pas aussitôt le moteur de la voiture parce que les hommes avaient entonné un chant de récoltes. Ce furent des appels qui attirèrent son attention sur les nouveaux arrivants. La main en visière pour abriter ses yeux du soleil, elle regarda deux silhouettes surgir dans la lumière aveuglante et s’approcher d’eux. Elle connaissait ces deux hommes : c’était le Gauleiter local Mettmann et son fils Herbert. Ce dernier avait le même âge qu’elle et tous deux avaient fréquenté l’école du village.
— Je n’ai pas voulu croire mon fils quand il me l’a raconté, mademoiselle von Dürkheim ! s’échauffa Mettmann avant même de l’avoir rejointe. Mais maintenant, vous voilà avec cette clique de Juifs polonais !
Elle ne comprenait pas son indignation.
— Nous travaillons : quel mal y a-t-il à cela ? répondit-elle.
Elle observait ce gros homme dans son uniforme disgracieux qu’elle connaissait depuis son enfance. Paul Mettmann était l’épicier du village et quand elle était petite, lui et sa femme lui donnaient des bonbons à chacune de ses visites. Autrefois, il aimait plaisanter, il lui pinçait la joue dès qu’il la croisait et il était connu pour ne jamais rater une occasion de faire la fête.

 

parlement-europeen2020_600Allemagne

Petit bac 2020a(2) Prénom

La goûteuse d’Hitler – Rosella Postorino

Lu en partenariat avec Audiolib

9782367629629-001-T 81Bg9Tx45VL

Audiolib – mai 2019 – 9h36 – Lu par Audrey Sourdive

Albin Michel – janvier 2019 – 400 pages

traduit de l’italien par Dominique Vittoz

Titre original : Le assaggiatrici, 2018

Quatrième de couverture :
1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa.
Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire.
Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir.
Couronné en Italie par le prestigieux prix Campiello, ce roman saisissant est inspiré de l’histoire vraie de Margot Wölk. Rosella Postorino signe un texte envoûtant qui, en explorant l’ambiguïté des relations, interroge ce que signifie être et rester humain.

Auteur : Née à Reggio de Calabre en 1978, Rosella Postorino vit à Rome. Elle est éditrice chez Einaudi et journaliste. Ses trois premiers romans, La stanza di sopra, L’estate che perdemmo Dio et Il corpo docile, ont été couronnés par plusieurs prix. Elle écrit également des essais, des pièces de théâtre, et contribue à des anthologies. La goûteuse d’Hitler est son premier roman traduit en français. Il vient d’être récompensé par le prestigieux prix Campiello.

Lecteur : Audrey Sourdive commence le théâtre à 5 ans. Depuis elle interprète de grands rôles classiques comme Elvire ou Lady MacBeth et s’intéresse aussi au théâtre contemporain ainsi qu’au théâtre pour enfants. Également metteur en scène, elle a récemment monté Ninon, une pièce sur le handicap, et le Circuit Ordinaire de Jean-Claude Carrière. Elle est également doubleuse (Millenium, Grey’s Anatomy, Spiderman…).

Mon avis : (écouté en juin 2019)
L’auteur s’est inspirée de l’histoire vraie de Margot Wölk, la dernière goûteuse d’Hitler pour écrire ce roman. C’est seulement en 2012, à l’âge de 95 ans que Margot Wölk a révélé son histoire, elles étaient 15 goûteuses et les 14 autres ont été tuées fin 1944, lors de l’arrivée des troupes soviétiques. Margot Wölk avait pu fuir par un train destination Berlin.
Son mari s’étant engagé dans l’armée, son appartement détruit et sa mère morte dans un bombardement à Berlin, Rosa est venue habiter à  Gross-Partsch, chez ses beaux-parents. Elle est alors réquisitionnée avec neuf autres jeunes femmes pour goûter les repas d’Hitler, ce dernier craignant d’être un jour empoisonné… Elles se retrouvent trois fois par jours pour ces « repas du hasard », puis devant attendre au moins une heure après chaque repas. Petit à petit, des liens vont se nouer entre les différentes goûteuses.
C’est la guerre, et même en Allemagne le ravitaillement pour la population est difficile.  La faim est bien présente et les goûteuses sont partagées entre l’opportunité de pouvoir manger des mets introuvables (fruits, légumes, desserts… Hitler étant végétarien) et la terrible angoisse de risquer d’être malade ou de mourir empoisonnée.
J’ai trouvé ce roman, basé sur des faits historiques, passionnant et captivant. Le rôle des goûteuses est bien décrit, leurs vies quotidiennes pendant la guerre également.
Rosa et ses camarades d’infortune sont très émouvantes et attachantes.
Ce livre qui m’avait été conseillé au Café Lecture de la Bibliothèque est une belle découverte !

Extrait : (début du livre)
Nous sommes entrées une par une. Après plusieurs heures d’attente debout dans le couloir, nous avions besoin de nous asseoir. La pièce était grande avec des murs blancs. Au centre, une longue table en bois déjà dressée pour nous. Ils nous ont fait signe de nous y installer.
Je me suis assise et j’ai croisé les mains sur mon ventre. Devant moi, une assiette en porcelaine blanche. J’avais faim.
Les autres femmes avaient pris place sans bruit. Nous étions dix. Certaines se tenaient droites, l’air compassé, les cheveux tirés en chignon. D’autres regardaient à la ronde. La jeune fille en face de moi mordillait ses peaux mortes et les déchiquetait entre ses incisives. Ses joues tendres étaient marquées de couperose. Elle avait faim.
À onze heures du matin, nous étions déjà affamées. Mais cela ne tenait pas à l’air de la campagne, au voyage en autocar. Ce trou dans l’estomac, c’était de la peur. Depuis des années nous avions faim et peur. Et quand les effluves de nourriture sont montés à nos narines,notre sang s’est mis à cogner à nos tempes, notre bouche à saliver. J’ai regardé la fille couperosée. Il y avait la même envie chez elle et chez moi.
Mes haricots verts étaient agrémentés d’une noix de beurre. Du beurre, je n’en avais pas mangé depuis mon mariage. L’odeur des poivrons grillés me chatouillait le nez, mon assiette débordait, je ne la lâchais pas des yeux. Celle de ma voisine d’en face contenait du riz et des petits pois.
« Mangez », ont-ils dit d’un angle de la salle, c’était à peine plus qu’une invitation et pas tout à fait un ordre. Ils lisaient l’appétit dans nos yeux. Bouches entrouvertes, respirations précipitées. Nous avons hésité. Personne ne nous avait souhaité bon appétit, alors je pouvais peut-être encore me lever et dire merci, les poules ont été généreuses ce matin, un œuf me suffira pour aujourd’hui.
J’ai recompté les convives. On était dix, ce n’était pas la cène.
« Mangez ! » ont-ils répété dans l’angle de la salle, mais j’avais déjà sucé un haricot et senti mon sang affluer à la racine de mes cheveux, à l’extrémité de mes orteils, senti mon cœur ralentir. Devant moi Tu dresses une table face à mes adversaires – ces poivrons sont si onctueux –, Tu dresses une table sur le bois nu, pas même une nappe, de la vaisselle blanche, dix femmes : voilées, nous aurions eu tout de religieuses, un réfectoire de religieuses tenues au vœu de silence.

voisinsvoisines2019_2Italie

petit bac 2019(5) Métier

 

Le voyage de Marcel Grob – Philippe Collin et Sébastien Goethals

9782754822480 Futuropolis – octobre 2018 – 192 pages

Quatrième de couverture :
Le destin tragique de Marcel Grob, jeune Alsacien de 18 ans, enrôlé de force en juin 1944, dans la Waffen SS. Philippe Collin et Sébastien Goethals se basent sur l’histoire vraie d’un de ces « malgré nous » pour raconter comment et dans quelles conditions ces jeunes Alsaciens furent incorporés et durent combattre dans la SS.

Auteurs : Philippe Collin est un producteur de radio, auteur et journaliste, né à Brest le 6 avril 1975. Il effectue des études d’histoire à l’Université de Bretagne occidentale, à Brest. Il est titulaire d’une maîtrise d’histoire contemporaine consacrée à l’épuration des collaborateurs à la Libération.  En 2018, il est l’auteur avec Sébastien Goethals de la bande dessinée « Le voyage de Marcel Grob ». Il raconte l’histoire de Marcel Grob, un malgré-nous, un jeune alsacien de 17 ans qui doit intégrer la Waffen-SS en 1944. La bande dessinée est inspirée d’une histoire vraie, celle du grand oncle de Philippe Collin.
Né en 1970, Sébastien Goethals est un spécialiste du thriller en bande dessinée. De 2000 à 2002, il met en images les trois albums de Tower sur un scénario de l’écrivain bicéphale Ange. En 2004 et 2005, il met son sens de l’action et de l’efficacité graphique au service du premier épisode d’Angeline écrit par la comédienne Adeline Blondieau et le réalisateur Éric Summer. Il prend alors un certain recul par rapport à la bande dessinée. Par ailleurs il a réalisé les couleurs du premier épisode de Spoon & White, polar humoristique signé Yann et Jean Léturgie. Mais l’autre domaine de prédilection de Sébastien est l’animation et notamment la création de personnage. Il a ainsi travaillé sur le long métrage Kong et les séries Lost Continent, Stargate et Les Copains de la forêt. C’est avec grand plaisir qu’on le voit de retour en BD avec Ceci est mon corps.

Mon avis : (lu en février 2019)
Cette BD raconte l’histoire peu connue des « Malgré-nous », à travers le destin tragique de Marcel Grob, jeune Alsacien de 18 ans, enrôlé de force dans la Waffen SS, en juin 1944 .
En octobre 2009, Marcel Grob est un vieil homme de 83 ans qui se retrouve devant un juge qui l’interroge sur sa vie. Plus particulièrement sur le 28 juin 1944, jour où ce jeune Alsacien est intégré dans la 16e division Reichsführer, de la Waffen SS.
Pour le juge qui instruit son affaire, il va falloir convaincre le tribunal qu’il n’a pas été un criminel nazi. Marcel Grob doit se replonger dans ses douloureux souvenirs d’un « Malgré-nous », forcé d’aller combattre en Italie dans l’une des plus sinistres divisions SS.
Il n’est pas facile de différencier les jeunes Alsaciens enrôlés de force et les Volontaires venus combattre de leur plein gré…
Cette BD est l’occasion de découvrir un pan de l’Histoire, de la Seconde Guerre Mondiale et de l’Alsace à cette époque.
A la fin de l’album, il y a un cahier historique intéressant et rappelle l’horreur absolue des massacres systématiques de villages entiers durant tout le conflit aussi bien par les SS que par l’armée allemande.

Extrait :

F00032_02F00032_03F00032_04F00032_05 F00032_06

 

Le Lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux – Martha Hall Kelly

91xyxOmf8EL 61u5LJfe2NL

Charleston éditions – janvier 2018 – 576 pages

Pocket – janvier 2019 – 672 pages

traduit de l’américain par Géraldine d’Amicot

Titre original : Lilac girls, 2016

Quatrième de couverture :
Septembre 1939 : les hordes nazies déferlent sur la Pologne. Commence alors, pour trois femmes que tout oppose, un terrible et rigoureux hiver…
Il y a Caroline, d’abord. L’ancienne actrice américaine vit dans l’opulence, mais la guerre en Europe va bouleverser tout son quotidien… Kasia ensuite, cette jeune Polonaise qui rentre en Résistance, au péril de sa vie et de celles des siens. Herta, enfin, que son ambition dévorante jettera parmi les monstres – au point de s’y conformer.
Toutes trois l’ignorent encore mais elles ont rendez-vous, au plus noir de l’hiver : au camp de Ravensbrück…
Un premier roman remarquable sur le pouvoir méconnu des femmes à changer l’Histoire à travers la quête de l’amour, de la liberté et des deuxièmes chances.

Auteur : Martha Hall Kelly vit à Atlanta, en Géorgie. Son premier roman, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux, a paru en 2018. Comparé à Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay, inspiré de faits réels, ce roman est devenu dès sa parution un best-seller du New York Times.  

Mon avis : (lu en décembre 2018)
C’est grâce au Café Lecture de la Bibliothèque que j’ai découvert ce livre. Martha Hall Kelly s’est inspirée de faits réels pour raconter l’histoire de trois femmes durant la Seconde Guerre mondiale : l’américaine Caroline Ferriday , l’allemande Herta Oberheuser et l’adolescente polonaise Kasia Kuzmerick. Les deux premières ont réellement existé, la dernière est un personnage de fiction inspiré de personnes réelles. 
Caroline Ferriday est une philanthrope américaine qui travaille bénévolement au consulat de France de New-York  avec l’Association des Déportés et Internées Résistantes (ADIR) afin de venir en aide aux orphelins français.
Kasia est une jeune résistante Polonaise envoyée à Ravensbruck, camp de concentration pour femmes, où elle croisera la route de l’ambitieuse médecin allemand Herta Oberheuser qui lui fera subir de cruelles expérimentations médicales.
Cette histoire dénonce la lâcheté et la cruauté de ces années mais montre également le courage et la force de Kasia et Caroline pour que l’Histoire n’oublie jamais.

Extrait : (début du livre)
Caroline
Si j’avais su que j’allais rencontrer l’homme qui me fracasserait comme le pot de terre contre le pot de fer, j’aurais fait la grasse matinée plutôt que de tirer de son lit notre fleuriste, M. Sitwell, pour qu’il me prépare une boutonnière. C’était mon premier gala au consulat et je n’allais pas me gêner.
Je me fondis dans la marée humaine qui remontait la cinquième avenue. Des hommes coiffés de feutre gris me dépassaient. Les journaux du matin, fichés dans leurs mallettes, arboraient les derniers titres anodins de la décennie. Aucun orage ne menaçait à l’est ce jour-là, aucun mauvais présage de ce qui nous attendait. Rien de mauvais ne nous venait de l’Europe, si ce n’est l’odeur d’eau stagnante qui montait de l’East River.
À l’approche de notre immeuble, au coin de la cinquième avenue et de la 49e rue, je sentis le regard de Roger qui me guettait de sa fenêtre à l’étage. Il avait licencié des employés pour bien moins que vingt minutes de retard. Mais je n’allais quand même pas me contenter d’une boutonnière minable, le seul jour de l’année où l’élite new-yorkaise ouvrait son portefeuille et prétendait se soucier de la France.
Je passai le coin et vis les lettres d’or gravées sur la pierre angulaire briller au soleil : LA MAISON FRANÇAISE. Le bâtiment français où se trouvait le consulat de France se dressait à côté de celui de l’Empire britannique. Tous les deux donnaient sur la cinquième avenue et faisaient partie du Rockefeller Center, le nouvel ensemble de granit et de calcaire construit par Rockefeller Junior. De nombreux consulats étrangers y avaient leurs bureaux, ce qui favorisait les échanges diplomatiques internationaux.
— Avancez jusqu’au fond et tournez-vous vers la porte, ordonna Cuddy, notre garçon d’ascenseur.
M. Rockefeller avait lui-même trié tous ses employés sur le volet, selon des critères esthétiques et en fonction de leurs bonnes manières. Cuddy était particulièrement beau même si ses cheveux étaient déjà poivre et sel, comme si son corps se hâtait de vieillir.
Cuddy fixa les chiffres illuminés au-dessus des portes.
— Il y a foule dans vos bureaux aujourd’hui, mademoiselle Ferriday. Pia a dit que deux nouveaux bateaux étaient arrivés.
— Merveilleux.
Cuddy épousseta une poussière invisible sur la manche de sa veste d’uniforme bleu marine.
— Est-ce que vous finirez encore tard ce soir ?
Si nos ascenseurs étaient censés être les plus rapides du monde, ils prenaient quand même une éternité.
— Je partirai à cinq heures ce soir. Nous avons un gala.
J’adorais mon travail. C’était ma grand-mère Woolsey qui avait instauré la tradition du bénévolat dans ma famille en soignant des soldats sur le champ de bataille de Gettysburg. J’étais responsable de l’aide aux familles pour le consulat de France, mais ce n’était pas vraiment du travail à mes yeux, plutôt une passion héréditaire pour tout ce qui était français. Mon père avait beau être à demi irlandais, son cœur battait pour la France. De plus, Mère avait hérité d’un appartement à Paris, où nous passions tous les mois d’août, aussi m’y sentais-je chez moi.
L’ascenseur s’arrêta. La terrible cacophonie qui me parvint, même à travers les portes fermées, me fit trembler.
— Troisième étage, annonça Cuddy. Consulat de France. Attention à…

petit bac 2019(1) Végétal