La Martinière – septembre 2018 – 352 pages
traduit de l’anglais par Ombeline Marchon
« Ce roman a été traduit depuis l’édition anglaise du livre à la demande de l’auteur qui a revu et changé des éléments de son histoire, et considère donc le texte anglais comme la version définitive de son roman »
Titre original : Rof, 2012
Quatrième de couverture :
Mais que se passe-t-il encore à Siglufjördur ? L’inspecteur Ari Thór n’est pas venu à bout des secrets de ce village en apparence si tranquille. Lui qui avait fini par se faire à la rudesse du climat et aux hivers trop longs se sent de nouveau pris à la gorge par un terrible sentiment de claustrophobie. La ville est mise sous quarantaine car on suspecte une épidémie de fièvre hémorragique (sótt, en islandais). Les premières victimes succombent tandis qu’un crime vieux de cinquante ans remonte à la surface… Le huis clos se referme sur les habitants de Siglufjördur.
Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavik en 1976. Ses grands-parents sont originaires de Siglufjördur, la ville où se déroule Snjór. Grand lecteur d’Agatha Christie dès son plus jeune âge – et plus tard de P.D. James ou Peter May –, il entreprend la traduction, à 17 ans, de quatorze de ses romans en islandais. Avocat et professeur de droit à l’Université de Reykjavik, il est aussi écrivain et le cofondateur du Festival international de romans policiers « Iceland Noir ».
Mon avis : (lu en janvier 2019)
Chronologiquement, c’est la troisième enquête de l’inspecteur Ari Thor et le quatrième livre traduit en français (la cinquième enquête est paru en France juste après la première enquête… voir le détail à la fin de cet article).
Tout commence alors que Siglufjördur est en quarantaine à cause d’un cas suspect de fièvre hémorragique (Sótt). La vie du village s’est arrêtée, les magasins et restaurants sont fermés, la population s’est cloîtrée chez elle.
Plusieurs intrigues s’offrent au lecteur en parallèle, quelqu’un s’est introduit chez un couple avec enfant, un homme a été renversé par une voiture, il s’avère qu’il a un passé de toxicomane et qu’est le fils d’un ancien homme politique…
Ari Thor s’intéresse également à une histoire vieille de cinquante ans : un suicide qui a eu lieu dans une ferme dans un fjord isolé. Il y a plusieurs ombres à cette histoire et à partir de photos, de témoignages, Ari Thor va tenter de découvrir des secrets du passé.
Sans possibilité de sortir de la ville, Ari Thor se trouve en Isrún , une journaliste de Reykjavík, une alliée précieuse.
J’ai bien aimé ce huis clos, riche en péripéties, en personnages complexes et qui me permet de découvrir un nouveau visage de l’Islande. Le personnage d’Isrún m’a beaucoup plu et j’espère le retrouver dans une future enquête…
L’intrigue est efficace et prenante. J’attends la suite…
Extrait : (début du livre)
Ils avaient passé la soirée à paresser sur le canapé, comme d’habitude.
Ils vivaient dans un petit appartement au rez-de-chaussée d’une bâtisse mitoyenne à deux autres maisons vieillottes, datant des années 1930, rue Ljósvallagata, à l’extrême ouest de Reykjavík. Róbert se redressa, se frotta les yeux et contempla le petit jardin par la fenêtre. La nuit tombait. En mars, la météo n’en faisait qu’à sa tête – pour l’instant, il pleuvait. Le dessin régulier des gouttes sur la vitre avait quelque chose d’apaisant.
Les études, ça allait. Il attaquait à vingt-huit ans sa première année en école d’ingénieurs. Il avait toujours adoré les chiffres. Ses parents, tous deux comptables, habitaient Árbaer, plus près du centre-ville. Ils ne s’étaient jamais bien entendus, et il avait fini par rompre complètement toute relation avec eux : son style de vie semblait incompatible avec leur idée de la réussite. Ils avaient fait de leur mieux pour l’orienter vers la comptabilité lui aussi, mais en vain – il avait choisi une autre voie.
Il n’avait même pas jugé nécessaire d’aviser ses parents qu’il était enfin entré à l’université. Il tentait de se concentrer sur ses études, même si en ce moment ses pensées s’échappaient du côté des Westfjords. Il partageait là-bas un petit bateau avec des amis et attendait les beaux jours avec impatience. Il était si facile de tout oublier en mer, les bonheurs comme les soucis. Le bercement des flots apaisait son stress et le calme parfait des eaux libérait son esprit. Dès la fin du mois, il prendrait la route vers l’ouest pour préparer le bateau. Pour ses amis, ce voyage au milieu des fjords s’apparentait à une immense beuverie. Pas pour Róbert. Voilà deux ans qu’il était sobre – il était devenu vital pour lui de mettre un terme à la période d’abus qui avait commencé ce fameux jour, il y a huit ans.
C’était une belle journée. Pas un souffle de vent par cette chaleur d’été, et le public était venu en nombre. Ils s’orientaient vers une victoire sur l’équipe adverse, moins convaincante. Róbert pourrait bientôt s’entraîner avec l’équipe nationale junior, et, pourquoi pas, intégrer à l’essai une équipe norvégienne de haut niveau quelques mois plus tard. Selon son agent, certains clubs anglais s’intéressaient de près à lui. Son père n’était pas peu fier. Malgré un niveau correct, il n’avait jamais lui-même accédé au statut de footballeur professionnel. Mais les temps avaient changé, de nouvelles chances s’ouvraient désormais.
Il ne restait plus que cinq minutes à jouer au moment où Róbert prit la passe. Il traversa la ligne de défense et arriva devant la cage. Une fois de plus, le gardien de but n’en menait pas large. Ils allaient remporter le match cinq à zéro.
Le tacle le prit par surprise. Sa jambe se brisa en trois endroits. Il entendit le craquement de l’os et sentit une douleur intense l’envahir. Tétanisé, il constata qu’il avait une fracture ouverte.
Déjà lu du même auteur :
Ordre de publication original de la série Dark Iceland :
Fölsk nóta (2009)*
Snjóblinda (Snowblind) – 2010, publié en français sous le titre Snjór en 2016
Myrknætti (Blackout) – 2011, publié en français sous le titre Nátt en 2018
Rof (Rupture) – 2012, publié en français sous le titre Sótt en 2018
Andköf (Whiteout) – 2013
Náttblinda (Nightblind) – 2014, publié en français sous le titre Mörk en 2017
* C’est le premier roman mettant en vedette Ari Thór Arason, en tant que jeune étudiant en théologie à la recherche de son père disparu. Il ne se passe pas à Siglufjördur.
Il n’a pas été traduit en anglais.