Thierry Magnier – avril 2017 – 385 pages
traduit du suédois par Agneta Ségol
Titre original : På andra sidan Fågelsången, 2015
Quatrième de couverture :
Une maison isolée pleine de charme, ce sera le refuge idéal pour Elina et son père meurtris par la mort accidentelle de Vanessa. Mais la maison est aussi mystérieuse, on la dit maudite. Au fil des saisons, Elina apprivoisera le lieu, et nous racontera une année capitale de son existence. Mais qui est ce garçon brun qui semble si bien connaître la maison et s’y installe avec eux ? Et ce renard qui rôde autour de la maison a-t-il joué un rôle dans l’accident où Vanessa a trouvé la mort… Avec son écriture faussement simple, Stefan Casta parle de l’absurdité de la vie avec gravité, poésie et douceur.
Auteur : Stefan Casta écrit des livres pour la jeunesse et pour les adultes. Il a été producteur à la radio et à la télévision ainsi que journaliste. Il a reçu le prestigieux prix August en 1999 ainsi que le prix Astrid Lindgren en 2002 pour l’ensemble de son oeuvre. Née en Suède, Agneta Ségol vit depuis de nombreuses années en Normandie. Longtemps enseignante en Français langue étrangère, elle se consacre maintenant à la traduction de romans.
Mon avis : (lu en janvier 2019)
Voilà un roman « ados » que j’ai pris un peu par hasard à la Bibliothèque.
Cela commence par un accident de voiture qui n’a comme seul témoin, un renard. Il est décrit au ralenti de l’intérieur de la voiture par Elina, la narratrice. Son père, Jurgen, est le conducteur et elle et Vanessa, sa belle-mère, sont à ses côtés.
La première phrase du livre est : « Quelqu’un meurt », ce quelqu’un c’est Vanessa, une belle-mère avec qui Elina a une relation bien plus forte qu’avec sa mère biologique.
Au fil des quatre saisons, le lecteur suit le deuil et la reconstruction de Jurgen et Elina.
Jurgen se lance dans de nombreux projets farfelus pour gagner sa vie, jusqu’à que par hasard, la découverte d’une vieille maison isolée, en pleine nature, leurs redonne un sens à la vie. Et peu à peu, la nouvelle maison devient un personnage, à propre parler, de cette histoire. Elle se transforme comme la nature autour d’elle.
Le souvenir de la morte est très présent, ainsi, souvent, Elina sent sa présence et la voit à ses côtés.
J’ai mis un peu de temps à entrer dans cette histoire qui mêle le réel et l’imaginaire, où la nature est très présente. Il y a de la poésie, du mystère et beaucoup d’humanité. Le côté suédois transparaît essentiellement, dans la présence importante de la nature et dans « l’exotisme » des menus avalés par nos personnages… comme par exemple, un petit-déjeuner composé d’une tartine fromage-poisson !
Extrait : (début du livre)
Quelqu’un meurt. C’est comme ça que cette histoire commence. Quelqu’un meurt et quelqu’un gagne à un jeu de grattage. Ça va changer beaucoup de choses. Tout, en fait.
C’est un vendredi.
Le 21 juin. Une date que je n’oublierai jamais. Pas parce que c’est la Saint-Jean, mais à cause de ce qui arrive.
C’est donc l’été.
Enfin… l’été si on veut. Le temps est tellement pourri qu’il faut une bonne dose d’optimisme pour déceler le moindre signe de son arrivée. En somme, il faut être comme Jörgen qui, lui, en voit partout. Des signes, je veux dire.
Jörgen c’est mon père. Un fait qu’il a souvent tendance à oublier. En ce moment il est au volant. Il fait de grands discours en conduisant. Personne ne l’écoute. On a déjà tout entendu. Ce qui ne l’empêche pas de débiter imperturbablement son monologue enthousiaste et interminable. De temps en temps, il souligne ses propos par de grands gestes emphatiques qui l’obligent à lâcher le volant. Les voitures autour de nous klaxonnent et nous font des appels de phares mais Jörgen s’en fiche royalement. Rien ne peut arrêter le flot de paroles qui se déverse de sa bouche. Il parle comme s’il se trouvait en face d’un public. Et le public c’est nous, Vanessa et moi.