Vík – Ragnar Jónasson

71ZaB+yo38L La Martinière – octobre 2019 – 304 pages

traduit de la version anglaise, d’après l’islandais, par Ombeline Marchon

« Ce roman a été traduit depuis l’édition anglaise du livre à la demande de l’auteur qui a revu et changé des éléments de son histoire, et considère donc le texte anglais comme la version définitive de son roman »

Titre original : Andköf, 2013

Quatrième de couverture :
Des années ont passé avant qu’Ásta ne se décide à remettre les pieds à Kálfshamarsvík, à l’extrême nord de l’Islande. Là-bas, c’est comme si le temps avait tout figé : le phare, la maison qui surplombe la baie (vík, en islandais), ses rares habitants. Et le retour de la jeune femme n’est pas perçu d’un bon œil.
Quand, quelques jours avant Noël, le corps d’Ásta est retrouvé au pied de la falaise, l’inspecteur Ari Thór est dépêché sur les lieux. Dans cette contrée perdue, l’étau se resserre inévitablement sur une poignée de suspects. Mais la vérité est peut-être à chercher ailleurs, dans un passé aux résonances morbides, refoulé depuis près de vingt-cinq ans…

Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavik en 1976. Ses grands-parents sont originaires de Siglufjördur, la ville où se déroule Snjór. Grand lecteur d’Agatha Christie dès son plus jeune âge – et plus tard de P.D. James ou Peter May –, il entreprend la traduction, à 17 ans, de quatorze de ses romans en islandais. Avocat et professeur de droit à l’Université de Reykjavik, il est aussi écrivain et le cofondateur du Festival international de romans policiers « Iceland Noir ».

Mon avis : (lu en juillet 2020)
Après vingt années passées à Reykjavík, et à l’approche des fêtes de fin d’année, Ásta décide de partir quelques jours dans la région du nord, revoir la maison de son enfance et profiter du calme et de la nature. A la pointe nord-ouest de l’Islande, à Kálfshamarsvik, un ancien village de pêcheurs situé au pied d’une falaise surplombant une large baie, C’est là qu’Ásta a grandi avec sa famille mais également l’endroit où sa mère et sa jeune sœur sont brutalement décédées.
Elle y retrouve déjà présent vingt ans plus tôt lors de la mort de sa mère et de sa sœur, Thóra, la gouvernante et son frère Óskar âgés de presque soixante-dix ans et deux amis d’enfance, Reynir, personnage public et propriétaire des lieux et Arnór qui s’occupe du phare et des chevaux de Reynir et vit dans la ferme voisine. Deux jours après son arrivée, le corps de la jeune femme est retrouvé au pied d’une des falaises.
Ari Thór va faire équipe avec son ancien chef Tómas pour élucider cette mort dont les circonstances rappellent tellement celles survenues plus de vingt ans plus tôt… Pourquoi Ásta est-elle revenue après tant d’années ?
En cette saison, la neige est là, il fait un froid polaire, cette enquête est donc un huis-clos dans une ambiance glaciale, avec seulement quatre suspects présents, des taiseux qui ne sont pas près de dévoiler tous leurs secrets…

Extrait : (début du livre)
Prologue

La petite fille leva les mains devant elle, puis tout se passa très vite : la gravité l’emporta et elle tomba. Elle n’eut même pas le temps de pousser un cri.
Pour l’accueillir, la mer et les rochers.
Elle était trop jeune pour sentir la mort approcher.
La pointe, la plage, le phare, le paysage – c’était son terrain de jeu.
Jusqu’à ce qu’elle heurte la pierre.

C’est une image qu’Ásta Káradóttir n’oublierait jamais, même si elle n’était qu’une enfant à l’époque – ou peut-être pour cette raison précise.
Elle se trouvait dans sa chambre, au grenier, quand c’est arrivé. Porte et fenêtres closes, la pièce sentait le renfermé. Assise sur son lit dont les ressorts grinçaient quand elle se retournait la nuit, elle regardait par la fenêtre. Il était possible, et même probable, que des détails empruntés à d’autres moments de son enfance se soient mêlés au souvenir qu’elle gardait de cette journée bien particulière. Dans tous les cas, jamais elle n’oublierait le terrible événement auquel elle avait assisté.
Elle n’en avait jamais parlé à personne.
Et voilà qu’elle revenait, après des années d’exil.

En ce mois de décembre, la fine couche de neige qui recouvrait le paysage témoignait de l’approche de Noël. Les températures restaient cependant clémentes. Elle avait fait le trajet en voiture depuis le Sud sous la bruine. Le chauffage, activé pour désembuer le pare-brise, avait transformé la voiture en fournaise.
Ásta n’avait pas eu de problème à quitter le centre de Reykjavík : elle avait suivi l’Ártúnsbrekka. Elle n’était pas fâchée de partir d’une ville dont on pouvait dire, comme d’un mauvais amant, que c’était toujours mieux que rien, mais à peine. Elle n’allait pas changer radicalement de vie, non, juste dire adieu à son existence monotone et à son triste soixante-quatre mètres carrés en sous-sol, où elle étouffait. Parfois elle ouvrait les rideaux pour faire entrer un peu de lumière, mais alors les passants de cette rue très fréquentée pouvaient la regarder de haut et espionner ses allées et venues. Elle faisait une croix sur son intimité…

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Phare et falaise de Kálfshamarsvík

Déjà lu du même auteur :

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Ordre de publication original de la série Dark Iceland :
Fölsk nóta (2009)*

Snjóblinda (Snowblind) – 2010, publié en français sous le titre Snjór en 2016
Myrknætti (Blackout) – 2011, publié en français sous le titre Nátt en 2018
Rof (Rupture) – 2012, publié en français sous le titre Sótt en 2018
Andköf (Whiteout) – 2013, publié en français sous le titre Vík en 2019
Náttblinda (Nightblind) – 2014, publié en français sous le titre Mörk en 2017

* C’est le premier roman mettant en vedette Ari Thór Arason, en tant que jeune étudiant en théologie à la recherche de son père disparu. Il ne se passe pas à Siglufjördur.
Il n’a pas été traduit en anglais.

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Islande

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