Et mes yeux se sont fermés – Patrick Bard

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Syros – aout 2016 – 208 pages

PJK – septembre 2018 – 208 pages

Quatrième  de couverture :
L’histoire d’une adolescente française revenue de Syrie.
A priori, Maëlle n’est pas différente des autres filles de seize ans. Cette année-là, elle passe de plus en plus de temps sur Facebook, abandonne le sport, modifie sa façon de s’habiller, quitte son petit ami… Sans hésitation ni compromis, elle prend un virage à 180 degrés. C’est pour, croit-elle, sauver le monde, qu’elle rejoint l’organisation Daech. Un an plus tard, Maëlle revient pourtant de Syrie.

Auteur : Patrick Bard est romancier, écrivain-voyageur et photojournaliste. Les frontières et la question des femmes sont au centre de son travail. Son premier roman, La frontière, a reçu le prix Michel Lebrun (2002), le prix Brigada 21 (Espagne, 2005) et le Prix Ancres Noires 2006. Il est l’auteur de six romans : Orphelins de sang, sur le trafic d’enfants en Amérique latine, a été récompensé par le Prix Sang d’encre des lycéens 2010 et le Prix Lion noir 2011. En 2015, il a publié Poussières d’exil, couronné par le prix 1001 feuilles noires, et Mon neveu Jeanne, un essai documentaire sur la question du genre. Et mes yeux se sont fermés, paru en 2016, est son premier roman pour les adolescents, dans lequel il raconte l’embrigadement d’une jeune fille partie faire le djihad en Syrie, puis son retour en France.

Mon avis : (lu en juillet 2020)
L’auteur s’est inspiré d’une histoire vraie pour écrire ce livre instructif et très documenté.
Maëlle, 16 ans, est une lycéenne française qui poursuit une scolarité normale. Jeune fille sensible, intelligente, douée pour les études, elle est pourtant révoltée par l’injustice du monde, par la dégradation de l’environnement, par le sort des enfants dans les pays en guerre… Elle a envie d’aider. Mais influencée par Internet et les réseaux sociaux, elle découvre un monde inconnu pour elle et y plonge les yeux fermés, sans discernement et se retrouve quelques mois plus tard… en Syrie ! Et son entourage n’avait rien vu venir…
L’embrigadement de Maëlle, son départ en Syrie et son retour sont racontés par elle-même et par plusieurs personnes de son entourage: Céline, sa mère, Hugo, son premier petit ami, Jeanne, sa sœur, Souad, une camarade de classe, son professeur de français, Redouane, son « mari », Amina, une amie embrigadée en même temps que Maëlle, Aïcha, celle qui aide Maëlle, qui se fait appeler Ayat, dans le lourd et long travail de désembrigadement.
Ce livre est édité dans une collection jeunesse et il est plutôt délicat d’aborder cette thématique sans un accompagnement parental. Une lecture qui fait réfléchir, à partager avec ses jeunes !

Extrait : (début du livre)
Parfois je me demande si je ne suis pas morte. Mais non, je suis vivante, et le bébé qui bouge dans mon ventre est là pour me le rappeler. Je suis vivante, et Redouane est mort. Par la fenêtre, j’aperçois le jardin de notre pavillon, avec ses géraniums, sa pelouse tondue bien ras, son parterre de rosiers fanés. Notre maison ressemble à s’y méprendre à celle de nos voisins de droite et à celle de nos voisins de gauche. Heureusement qu’il y a des numéros sur les portes pour s’y retrouver.
Je contemple cette chambre irréelle. La zone plus claire sur les murs, à l’emplacement des posters de Beyoncé qu’une adolescente que je ne reconnais plus a arrachés.
J’ai envie de sortir. Je n’ai pas le droit. Pas encore. Sauf pour pointer. Matin, midi et soir.
Je longe l’avenue des Tilleuls, je passe devant le marchand de motoculteurs, le gymnase, le magasin de bricolage, la boulangerie, le Café des sports. La gendarmerie, enfin, où je signe ma feuille de présence, matin, midi et soir, soir et matin et midi.
Après ça, je refais le chemin en sens inverse et je rentre. 
L’idée que j’ai été manipulée, c’est ça le plus dur à avaler. Des fois, j’ai envie d’aller sur Facebook, de parler avec mes sœurs pour me rassurer. On faisait ça tout le temps, elles m’entouraient vraiment beaucoup. Mais Maman a coupé ma connexion Internet et je n’ai même plus droit au portable. Confisqué. Je ne me suis jamais sentie aussi seule. Elle ne comprend pas que Maëlle ne reviendra jamais, que je demeurerai Ayat, que c’est pour toujours, à présent.

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