Les fous de Bassan – Anne Hébert

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Points – mars 1998 – 248 pages

Points – mars 1984 – 248 pages

Seuil – novembre 1982 – 248 pages

Seuil – décembre 1982 – 248 pages

Prix Femina 1982

Quatrième de couverture :
Le vent, la pluie, la rumeur de la mer et la pesanteur du passé font de Griffin Creek, petit village du Québec, un lieu étrange et presque hors du monde. Un soir de l’été 1936, deux adolescentes vives et lumineuses, enviées ou désirées pour leur beauté par toute la petite communauté protestante du village, disparaissent près du rivage. À travers la voix ou les lettres de différents personnages, on assiste à la tragédie qui commence à se jouer, bouleversant ce village figé dans la tradition et le respect des Commandements.

Auteur : Anne Hébert est née à Sainte-Catherine-de-Fossambault, près de Québec, où elle a fait ses études. Après un premier recueil de poésie, elle a publié en 1958 Les Chambres de bois, roman qui fut aussitôt chaleureusement accueilli par la critique et qui lui valut le prix France-Canada. Elle montre dans son oeuvre qu’elle reste tout entière habitée pas l’Amérique de son enfance. Son roman Kamouraska, prix des Libraires 1971, a été traduit en plusieurs langues et est considéré par beaucoup comme l’un des plus importants de la littérature de langue française du XXè siècle. Suivront entre autre, Les Fous de Bassan (prix Femina en 1982) et L’Enfant chargé de songes (prix du Gouverneur général en 1992). Elle a récemment publié Clara, Mademoiselle et le lieutenant anglais et Est-ce que je te dérange ?

Mon avis : (lu en novembre 2019)
1936, dans un petit village fictif québécois, Griffin Creek, deux cousines adolescentes, Olivia et Nora, disparaissent. Cinq narrateurs à des moments différents vont nous raconter les évènements. Cela commence avec le Livre du Révérend Nicolas Jones, le pasteur de la communauté écrit en 1982. Puis ce sont les lettres de Stevens Brown, le mauvais garçon du village, écrites à un ami américain pendant l’été 1936. Nous poursuivons avec le journal de Nora, l’une des victimes âgée de 15 ans, datant de la même époque. Ensuite, très peu de temps après la disparition, il y a les témoignages de Perceval, l’idiot du village mais également le frère de Stevens, et de quelques autres. Non daté, ce sont les écrits d’Olivia, l’autre victime, âgée de 17 ans…
Ils vont à tour de rôle raconter à haute voix les événements qui ont changé le cours du destin de Griffin Creek donnant au lecteur indice après indice dans ce huis clos…
L’écriture est poétique, les phrases sont courtes évoquant parfaitement l’ambiance du village avec la nature, la mer, le vent, les tempêtes et ses marées toujours présentes.
Un roman marquant à la fois original, beau et à la fois noir, très violent.

Ce livre a été adapté au cinéma en 1987, film réalisé par Yves Simoneau avec Charlotte Valandrey, Steve Banner, Laure Marsac.

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Extrait : (début du livre)
La barre étale de la mer, blanche, à perte de vue, sur le ciel gris, la masse noire des arbres, en ligne parallèle derrière nous.
Au loin une rumeur de fête, du côté du nouveau village. En étirant le cou on pourrait voir leurs bicoques peinturlurées en rouge, vert, jaune, bleu, comme si c’était un plaisir de barbouiller des maisons et d’afficher des couleurs voyantes. Ces gens-là sont des parvenus. Inutile de tourner la tête dans leur direction. Je sais qu’ils sont là.
Leur fanfare se mêle au vent. M’atteint par rafales. Me perce le tympan. M’emplit les yeux de lueurs fauves stridentes. Ils ont racheté nos terres à mesure qu’elles tombaient en déshérence. Des papistes. Voici qu’aujourd’hui, à grand renfort de cuivre et de majorettes, ils osent célébrer le bicentenaire du pays, comme si c’étaient eux les fondateurs, les bâtisseurs, les premiers dans la forêt, les premiers sur la mer, les premiers ouvrant la terre vierge sous le soc.
Il a suffi d’un seul été pour que se disperse le peuple élu de Griffin Creek. Quelques survivants persistent encore, traînent leurs pieds de l’église à la maison, de la maison aux bâtiments. De robustes générations de loyalistes prolifiques devaient aboutir, finir et se dissoudre dans le néant avec quelques vieux rejetons sans postérité. Nos maisons se délabrent sur pied et moi, Nicolas Jones, pasteur sans troupeau, je m’étiole dans ce presbytère aux colonnes grises vermoulues.

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Grand champion – Les trois accords
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(7) Animal

4 réflexions sur “Les fous de Bassan – Anne Hébert

  1. J’ai lu ce livre l’été dernier et en ai gardé les mêmes impressions de lecture: un livre empreint de poésie malgré la violence qui sous-tend toutes les parties du livre. J’avais aussi beaucoup aimé les différentes voix. Je connais peu la littérature du Québec donc je suivrai ce challenge avec curiosité!

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