Violence à l’origine – Martin Michaud

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Kennes Éditions – – 456 pages

Coup d’œil Édition – juin 2016 –

Goélette Édition – août 2019 – 400 pages

Quatrième de couverture :
Responsable de la section des crimes majeurs en l’absence de son supérieur, le sergent-détective Victor Lessard se voit confier la mission d’enquêter sur la mort d’un haut gradé du SPVM dont on a retrouvé la tête dans un conteneur à déchets. Formé du jeune Loïc Blouin-Dubois, de l’inimitable Jacinthe Taillon et de Nadja Fernandez, avec qui Victor partage sa vie, le groupe d’enquête qu’il dirige doit faire vite, car l’assassin a laissé un message qui annonce de nouvelles victimes. Confronté à un tueur particulièrement retors, qui peint de lugubres graffitis sur le lieu de ses meurtres et évoque un curieux personnage surnommé le « père Noël », pressé d’obtenir des résultats rapides par sa hiérarchie sans pour autant recevoir l’appui nécessaire, Victor Lessard s’entête envers et contre tout à ­résoudre « l’affaire du Graffiteur », dédale inextricable d’une noirceur absolue qui ravivera les meurtrissures de son âme, ébranlera ses convictions les plus profondes et le mènera au bord du gouffre.

Auteur : « Le maitre du polar québecois ». Né en 1970, établi à Montréal depuis plus de vingt ans, Martin Michaud a longuement pratiqué le métier d’avocat d’affaires avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Reconnu par la critique comme le chef de file des écrivains de romans policiers québécois, il a obtenu un succès sans cesse grandissant avec ses sept thrillers, qui lui ont valu la reconnaissance du public et de nombreux prix littéraires. Il scénarise en outre d’après son oeuvre une série télé intitulée Victor Lessard qui connaît un succès retentissant au Québec.

Mon avis : (lu en novembre 2019)
« Violence à ‘origine » est le quatrième volet des enquêtes de Victor Lessard,
J’ai retrouvé avec plaisir le sergent détective Victor Lessard, un policier au profil atypique ainsi que son équipe avec Jacinthe Taillon, sa fidèle coéquipière haute en couleur et au langage fleuri (en québécois), Loïc et Nadja.
Le livre s’ouvre avec les chapitres 48 et 49, au début, j’ai cru qu’il y avait une erreur dans mon livre numérique mais après vérification sur une version papier de la bibliothèque, j’ai compris que c’était normal et que l’auteur nous plongeait au cœur de l’enquête avant des flashbacks et différents points de vue…
La tête d’un commandant de police est découvert dans un conteneur à ordures, un vieil homme recherche désespérément sa fille Myriam, âgée de 20 ans, disparue depuis plusieurs mois, un petit garçon est enlevé puis séquestré par un homme qui se fait passer pour le Père Noël…
En l’absence de son supérieur, Victor Lessart est responsable de la section des crimes majeurs par intérim. Il enquête sur la mort violente du policier haut gradé du SPVM, puis sur une succession de meurtres tous plus horribles les uns que les autres, et sur chaque scène de crimes, un graffiti du meurtrier annonce son prochain crime.
Une construction originale d’une intrigue complexe et truffée de fausses pistes.
Je ne suis pas fan des thrillers sanglants, mais cette série québécoise fait partie des exceptions, les expressions québécoises et les traits d’humour des personnages atténuent efficacement le côté sombre de cette histoire.

Extrait : (début du livre)
La neige tombait dru depuis le milieu de l’après-midi. Marchant sur le trottoir enneigé de la rue Rachel, Maxime Rousseau rentrait chez lui. Il n’avait que deux cents mètres à franchir entre la porte de l’école et celle de la maison. Pour lui faire comprendre qu’il ne fallait jamais parler aux étrangers, sa maman lui avait raconté plusieurs fois une histoire effrayante : celle d’un petit garçon qui avait aperçu le visage du diable en montant dans la voiture d’un inconnu. Pourtant, lorsque l’homme en costume rouge et à la longue barbe blanche l’interpella, l’expression du garçon s’illumina. Le père Noël ! Il saisit la main qui lui était tendue sans se douter un seul instant qu’il venait d’apercevoir le visage du diable. Happées par la bourrasque, les deux silhouettes disparurent au bout du trottoir. On était le 18 décembre 1981. Maxime avait six ans. Sa maman ne le revit jamais.

CHAPITRE 48
Sous terre

Pistolet au poing, Victor Lessard braqua sa lampe de poche dans l’obscurité et se mit à avancer avec prudence dans la canalisation. Devant lui, le faisceau lumineux lécha la paroi de béton couverte de sédiments, puis éclaira l’eau boueuse qui coulait dans le conduit. Une odeur nauséabonde le prit aux narines ; il mordit en grimaçant dans le quartier de citron qu’il tenait coincé entre ses dents. C’était la première fois qu’il descendait dans les égouts et il redoutait d’y croiser des rats.
La voix bourrue de Jacinthe Taillon crépita dans son oreillette.
– Pis ? Vois-tu quelque chose ?
Il entendit le tonnerre gronder en arrière-fond et ne put s’empêcher d’y voir un mauvais présage. Le ciel s’était couvert et un orage se préparait.
Victor recracha le morceau de citron avant de répondre :
– Pas pour l’instant.
Là-haut, Jacinthe supervisait l’opération en attendant l’arrivée des renforts ainsi que des cols bleus chargés de l’entretien des égouts.
– Eille, Lessard… fais attention de pas salir tes runnings neufs. Si y avait juste une crotte dans le désert, tu trouverais le moyen de piler dedans.
Le rire crispé de sa coéquipière vrilla dans son oreillette. Pour détendre l’atmosphère, elle faisait allusion à la paire de Converse de cuir rouge qu’il avait reçue en cadeau pour son anniversaire, dix jours plus tôt. Victor n’eut pas besoin de regarder ses chaussures : l’eau souillée lui montait aux chevilles.
Dès le moment où il avait armé son pistolet, son pouls s’était accéléré, une boule avait grossi dans le creux de son estomac. Il éprouvait le même sentiment chaque fois qu’il dégainait son arme. Et il en connaissait la raison. La peur. Une peur qui, combinée à l’adrénaline giclant dans ses veines, risquait de devenir un cocktail explosif. Il éclaira le haut de la paroi : des concrétions calcaires avaient formé des stalactites. Au fur et à mesure qu’il avançait, la même vision défilait dans le halo de lumière : outre le liquide brunâtre qui s’écoulait dans le cylindre de béton, Victor ne voyait que du vide. Il s’arrêta, prit une grande goulée d’air et bloqua sa respiration. Il savait que l’on finit toujours par extraire quelque chose du vide. Et que lorsqu’on ferme les paupières et que les images se mettent à défiler, des ombres peuvent surgir des ténèbres, se matérialiser. Il réalisait surtout que si on leur ouvrait la porte, ces illusions devenaient des gouffres capables de nous avaler.

Déjà lu du même auteur :

Il ne faut pas parler dans l'ascenseur Il ne faut pas parler dans l’ascenseur

La-chorale-du-diable La chorale du diable 41XmwAq16zL Je me souviens

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