Agatha Raisin, tome 10 : Panique au manoir – M.C. Beaton

71noJFQhAiL Albin Michel – mars 2018 – 288 pages

traduit de l’anglais par Françoise du Sorbier

Titre original : Agatha Raisin and the Fairies of Fryfam, 2000

Quatrième de couverture :
Meurtrie d’avoir été abandonnée par James, l’amour de sa vie, Agatha Raisin s’en remet aux présages d’une diseuse de bonne aventure : elle trouvera l’amour, le vrai, dans le Norfolk. Qu’à cela ne tienne, Agatha quitte Carsely et s’installe dans un charmant cottage de Fryfam où  elle attend le prince charmant en écrivant son premier roman policier : Panique au manoir. Un titre prédestiné car, après une série d’étranges phénomènes, le châtelain du village est assassiné et les soupçons se portent tout naturellement sur Agatha, dont le conte de fées vire au cauchemar…

Auteur : Née en 1936 à Glasgow, M.C. Beaton a été successivement libraire, critique de théâtre, journaliste et éditrice, avant de devenir un des auteurs de best-sellers les plus lus de Grande-Bretagne. Sa série Agatha Raisin a été adaptée à la télévision et a été diffusée en France en 2017.

Mon avis : (lu en juillet 2019)
Parce que dans le tome 9, une voyante qui lui avait prédit de rencontrer le grand amour dans le Norfolk, Agatha décide d’aller faire un séjour à Fryfam pour tenter d’oublier James. Pour s’occuper, Agatha décide de se lancer dans l’écriture d’un roman policier mais elle est témoin de drôles de phénomènes comme des objets qui disparaissent ou des lumières qui dansent dans le ciel… Évidemment, Agatha va plutôt mener son enquête et bien sûr, s’attirer de multiples ennuis…
L’enquête est prenante et l’intrigue plutôt bien menée !

Extrait : (début du livre)
Agatha Raisin vendait sa maison et quittait Carsely pour de bon.
Ou plutôt, tel avait été son projet.
Elle avait déjà loué un cottage dans un village du Norfolk : Fryfam. Elle l’avait choisi à l’aveugle, ne connaissant ni le village, ni le Norfolk. Mais c’est là qu’une voyante lui avait prédit que son destin s’accomplirait. Son voisin immédiat, le grand amour de sa vie, James Lacey, avait déserté Carsely sans lui dire au revoir, aussi avait-elle décidé de s’installer là-bas et choisi un village en piquant une aiguille au hasard sur la carte. Un coup de téléphone au poste de police de la ville lui avait permis d’obtenir les coordonnées d’un agent immobilier, elle avait trouvé un cottage à louer, et il ne lui restait plus qu’à vendre le sien et à quitter les lieux.
Mais les acheteurs potentiels ne lui plaisaient pas. Soit les femmes étaient trop jolies – et Agatha ne voulait pas qu’une séduisante créature habite à côté de chez James –, soit elles étaient revêches et désagréables, et elle ne tenait pas à infliger leur présence aux villageois.
Elle devait emménager dans sa maison du Norfolk au début du mois d’octobre, et la fin septembre approchait. Les feuilles aux couleurs bigarrées de l’automne tourbillonnaient sur les petites routes des Cotswolds. C’était un été indien aux journées moelleuses et ensoleillées et aux soirées brumeuses. Jamais Carsely n’avait été aussi beau. Mais Agatha était bien décidée à se débarrasser de son obsession pour James Lacey. Fryfam était sans doute très beau également.
Elle s’efforçait de consolider sa détermination chancelante quand elle entendit sonner. Elle découvrit un petit couple rondouillard sur le pas de sa porte. « Bonjour », lança allègrement la femme. « Nous sommes Mr et Mrs Baxter-Semper. Nous souhaiterions visiter la maison.
– Il fallait prendre rendez-vous avec l’agent immobilier, grommela Agatha.
– Mais on a vu l’écriteau À VENDRE en passant.
– Entrez. Vous pouvez faire le tour de la maison. Vous me trouverez dans la cuisine si vous avez des questions à me poser. »
Agatha but une tasse de café noir debout et alluma une cigarette. Par la fenêtre, elle apercevait ses chats, Hodge et Boswell, en train de jouer dans le jardin. Ce que ça devait être chouette d’être un chat, se dit-elle amèrement. Pas d’amours malheureuses, pas de responsabilités, pas de factures à payer, et rien d’autre à faire que se prélasser au soleil et attendre qu’on vous donne à manger.
Le couple circulait à l’étage. Un bruit de tiroirs qu’on ouvrait et fermait lui parvint aux oreilles. Elle alla se poster en bas de l’escalier et cria : « Vous êtes censés regarder la maison, pas fouiller dans mes culottes. » Un silence scandalisé lui répondit. Puis le couple redescendit.

Déjà lu du même auteur :

Série Agatha Raisin

111279972  tome 1 : La quiche fatale  112115556 tome 2 : Remède de cheval

511YgPvGkHL tome 4 : Randonnée mortelle 

117060981 tome 3 : Pas de pot pour la jardinière 

Agatha_5 tome 5 : Pour le meilleur et pour le pire

51Pj39OW2mL tome 6 : Vacances tous risques : Bons baisers de Chypre

91fUANd3KcL tome 7 : A la claire fontaine  A1pFloaMoOL tome 8 : Coiffeur pour dames

91rBp5anMML tome 9 : Sale temps pour les sorcières

Série Hamish MacBeth 

81OT4JnMMqL tome 1 : Qui prend la mouche 81UeE6xHi-L tome 2 : Qui va à la chasse

voisinsvoisines2019_2Écosse

 

Publicité

La soif – Jo Nesbø

Lu en partenariat avec Folio

61KaYeZzuVL 810rsQXmfvL

Folio – août 2019 – 736 pages

Gallimard – octobre 2017 – 624 pages

traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier

Titre original : Tørst, 2017

Quatrième de couverture :
Une jeune femme est assassinée après un rendez-vous pris sur un site de rencontres. Les violentes marques de morsures dans son cou laissent les enquêteurs sans voix.
Deux jours plus tard, le corps d’une autre utilisatrice de ce site est découvert, mutilé de la même façon. Pour le chef de la police, un seul homme peut identifier ce tueur. Mais Harry Hole, libéré de ses démons et heureux avec son épouse, s’est promis de ne plus mettre les siens en danger. Malgré tout, un détail de cette affaire l’intrigue, comme un écho d’une enquête classée depuis longtemps. Le destin le place face à un dilemme : mener une vie paisible et tirer un trait définitif sur son passé, ou arrêter enfin le seul criminel qui lui a échappé et qui continue de le hanter…

Auteur : Ancien footballeur, musicien et économiste, Jo Nesbo est né à Oslo en 1960.Il a été propulsé en France sur la scène littéraire avec L’homme chauve-souris, sacré en 1998 meilleur roman policier nordique de l’année. Sa série Harry Hole, traduite en près de cinquante langues et vendue à plus de quarante millions d’exemplaires dans le monde, a fait de lui un auteur incontournable.

Mon avis : (lu en octobre 2019)
En préparant ce billet, je me suis aperçue que c’était seulement mon deuxième Harry Hole lu, le premier datant de 2010… Cet épisode est le numéro 11 de la série.
Chronologiquement cet épisode se situe trois ans après la fin du précédent tome, « Police ». Harry Hole a quitté le terrain pour l’École supérieure de police où il est devenu maître de conférences.
Oslo, des femmes à la recherche de l’âme sœur surfent sur des applications de rencontres sans se douter qu’elles sont en danger… En effet, la police retrouve plusieurs femmes violemment assassinées après avoir eu un rendez-vous sur un site de rencontres. Le tueur semble être un adepte de vampirisme. L’inspectrice Katrine Bratt est en charge de l’enquête avec son équipe. Mais les premiers résultats tardent et le directeur de la police qui compte beaucoup sur la résolution de cette enquête pour ses ambitions politiques s’impatiente. Face à la complexité de ce cas hors norme, l’inspectrice Katherine Bratt rappelle Harry Hole, son ex-mentor pour prendre la tête d’une équipe parallèle. Ces meurtres vont lui rappeler ses vieux démons et une enquête non résolue.
L’intrigue est très rythmée, captivante, ancrée dans la société actuelle avec ses technologies et très souvent inquiétante…
Harry Hole est un personnage attachant, il est intuitif, réfléchi, franc mais il a aussi ses failles, ancien alcoolique… De nombreux autres personnages participent à l’enquête ou sont en marge de celle-ci. L’auteur en fait des portraits intéressants et précis. Il tisse entre eux des liens divers (d’amitié, de trahison, de pouvoir). Cela donne de l’épaisseur et ajoute de la complexité crédible à l’intrigue.

Merci Folio pour ces retrouvailles réussies avec Harry Hole, j’ai de nombreuses lectures en perspective si je veux rattraper mon retard !

Extrait : (début du livre)
Il fixait le néant blanc.
Comme il le faisait depuis trois ans.
Personne ne le voyait et il ne voyait personne. À part chaque fois que la porte s’ouvrait et aspirait suffisamment de vapeur pour lui permettre de distinguer un homme nu, l’espace d’une seconde, avant qu’elle se rabatte et que tout se nimbe de brouillard.
Les bains allaient bientôt fermer. Il était seul.
Il resserra le peignoir en éponge autour de sa taille, se leva de la banquette, sortit, passa devant le bassin vide, gagna les vestiaires.
Pas d’eau coulant dans les douches, pas de conversations en turc, pas de pieds nus sur les carreaux du sol. Il se contempla dans le miroir, passa un doigt le long de la cicatrice de sa dernière opération, qui était encore visible. Il avait mis du temps à s’habituer à son nouveau visage. Son doigt poursuivit sur le cou, la poitrine, s’arrêta à la naissance du tatouage.
Il ouvrit le cadenas de son casier, enfila son pantalon, passa sa veste par-dessus son peignoir encore humide, laça ses chaussures. Il s’assura une dernière fois qu’il était seul avant de rejoindre le casier dont le cadenas à chiffres avait une tache de peinture bleue. Il composa 0999 à l’aide des molettes, décrocha le cadenas et ouvrit le casier. Il admira une seconde l’imposant revolver qui se trouvait à l’intérieur avant d’en saisir la crosse rouge et de l’enfoncer dans la poche de sa veste. Puis il prit l’enveloppe et la décacheta. Une clef. Une adresse et des renseignements plus détaillés.
Le casier contenait encore un objet.
Peint en noir, fait de fer.
Il le leva d’une main à la lumière, examina la ferronnerie avec fascination.
Il allait devoir le laver, le récurer, mais il sentait déjà son exaltation à l’idée d’en faire usage.
Trois ans. Trois ans dans le néant blanc, dans un désert de jours vides de contenu.
Il était temps. Il était temps de boire la vie.
Temps de revenir.
Harry se réveilla en sursaut. Il fixa la pénombre de la chambre à coucher. C’était lui, de nouveau, il était de retour, il était là.
« Tu as fait un cauchemar, chéri ? »
La voix qui chuchotait à ses côtés était chaude et calme. Il se tourna vers elle. Ses yeux bruns scrutaient les siens. Et le fantôme pâlit, puis disparut.
« Je suis là, dit Rakel.
— Et je suis là, moi aussi, répondit-il.
— Qui c’était, cette fois ?
— Personne, mentit-il en posant la main sur sa joue. Dors. »
Harry ferma les yeux. Il attendit d’être sûr qu’elle dorme pour les rouvrir. Il explora le visage de Rakel. Il l’avait vu dans une forêt cette fois-ci. Paysage marécageux, enveloppé d’un brouillard blanc qui soufflait autour d’eux. Il levait la main, braquait quelque chose sur Harry. Harry avait juste eu le temps d’entrevoir le visage de démon tatoué sur sa poitrine nue avant que le brouillard ne se densifie et qu’il ne disparaisse. De nouveau.
« Et je suis là, moi aussi », répéta Harry Hole en chuchotant.

Déjà lu du même auteur :

l_homme_chauve_souris L’homme chauve-souris

voisinsvoisines2019_2Norvège

C’est lundi, que lisez-vous ? [89]

cestlundi
C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Camille

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne cette semaine ?

sauvage_audio 9782081449961

Sauvage – Jamey Bradbury
Les Mange-Mange – Zemanel

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Police – Hugo Boris (partenariat Audiolib)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Le milieu du monde – Andreas Steinhöfel
Les roses de la nuit – Arnaldur Indridason (Masse Critique Babelio)
A crier dans les ruines – Alexandra Koszelyk

Bonnes lectures et bonne semaine !

Les Mange-Mange – Zemanel

Lu en partenariat avec Flammarion Jeunesse

9782081449961
Flammarion Jeunesse – Père Castor – octobre 2019 – 32 pages

Illustré par Madeleine Brunelet

Quatrième de couverture :
Un conte de Zemanel, d’après la tradition tchadienne.

Auteur : Comédien puis metteur en scène et auteur, Zemanel met en scène des ouvrages de Flammarion jeunesse, dont ses propres histoires, comme Dans le ventre du moustiqueLa sieste de MoussaLe petit hérisson partageur, Un travail de fourmis, ainsi que l’album Les Quatre Géants.

Illustratrice : Madeleine Brunelet a illustré de nombreux ouvrages, dont plusieurs Classiques chez Père Castor – Flammarion jeunesse comme La petite Poule Rouge et Aladin ou la lampe merveilleuse. Elle est également l’illustratrice de plusieurs Imagiers du Père Castor et auteure-illustratrice de la série « Les P’timounes ».

Mon avis : (lu en octobre 2019)
J’ai été élevée aux histoires du Père Castor et j’ai moi-même lu ces histoires à mes enfants lorsqu’ils étaient petits… Depuis 1931, ces histoires existent et encore aujourd’hui de nouveaux auteurs perpétuent cette tradition. Cela me ravie !
Cette histoire est inspirée d’un conte du Tchad,  qui met en scène un couple de paysans et leurs trois enfants, une famille unie, courageuse et pleine d’amour, ils habitent une case faite de terre et de paille et possèdent une vache maigre et cultivent un pauvre champ.
Les deux aînés, Azif et Assia sont deux enfants obéissants contrairement au petit dernier, Lunes qui n’en fait qu’à sa tête et dit trop souvent « non » à tout. 
Mais l’année a été très mauvaise et la famille perd sa récolte et sa maigre vache, un soir, ils sont ensemble tous les cinq dans leur petite case, on gratte à la porte…
Les Mange-Mange sont là. Ils sont trois démons qui viennent terroriser les gens lorsqu’il y a du mauvais temps. Ils s’invitent chez les gens et exigent de manger. Si on ne répond pas favorablement à leurs exigences, les Mange-Mange n’hésitent pas à dévorer sur le champ leur hôte et sa famille ! 
Que va faire le père pour protéger sa famille ? En particulier pour faire comprendre à Lunes qu’il faut obéir à ses parents…
Destiné aux jeunes enfants, voilà un très beau conte, très joliment illustrée qui offre à réfléchir sur la désobéissance et qui fait découvrir la vie d’une famille en Afrique.

Merci à Brigitte et à Flammarion Jeunesse pour ce retour à l’enfance.

Extrait : (début de l’album)
f1f2
 f3f4

Sauvage – Jamey Bradbury

Lu en partenariat avec Babelio

69549818_10156678553315678_4881170713462964224_n

sauvage_audio 51D5slYdt2L

Lizzie – août 2019 – 11h17 – Lu par Karl-Line Heller

Editions Gallmeister – mars 2019 – 313 pages

traduit de l’américain par Jacques Mailhos

Titre original : The Wild Inside, 2018

Quatrième de couverture :
A dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : « ne jamais perdre la maison de vue », « ne jamais rentrer avec les mains sales » et surtout « ne jamais faire saigner un humain ». Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.

Auteur : Jamey Bradbury est originaire du Midwest et vit depuis quinze ans en Alaska. Elle a été réceptionniste, actrice, secouriste et bénévole à la Croix- Rouge. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’engagement auprès des services sociaux qui soutiennent les peuples natifs de l’Alaska. Sauvage est son premier roman.

Lecteur : Formée au conservatoire d’arts dramatiques d’Orléans, Karl-Line Heller a participé à plusieurs courts-métrages, publicités, téléfilms et pièces de théâtre. Très active en studio, elle double de nombreux personnages de séries (Esprits criminels, Black Mirror…), de dessin animés et de jeux vidéo et s’est lancée dans la direction artistique.

Mon avis : (écouté en octobre 2019)
J’ai accepté de recevoir ce livre audio, en premier lieu pour la toute beauté de la couverture du livre et ensuite pour la destination.

Cette histoire se déroule en Alaska. L’héroïne, Tracy âgée de 17 ans, vit depuis toujours entourée d’arbres et de chiens, avec Scott, son petit frère et Bill, son père qui a été l’un des plus célèbres mushers de la région. Tracy est également très adroite pour conduire un traîneau tiré par un attelage de chiens, elle rêve de pouvoir participer à la grande course annuelle de l’Iditarod. Elle est aussi très douée pour la chasse et les pièges, très souvent elle ressent le besoin de courir et de partir chasser en forêt…
Suite à un accident de voiture, sa mère est morte depuis deux années. Mais lorsque  Tracy était toute petite, elle lui a appris à suivre les règles suivantes : « ne jamais perdre la maison de vue », « ne jamais rentrer avec les mains sales » et la plus importante, « ne jamais faire saigner un humain ». Tracy a également hérité de sa mère un don particulier qui lui permet de rester en contact avec ses souvenirs avec elle.
Un jour en forêt, Tracy est agressée et lorsqu’elle reprend ses esprits, elle est seule, des larges taches de sang sur ses vêtements et elle tient son couteau à la main. Elle est persuadée d’avoir tué un homme. Elle ne dit rien à son père et devient mal à l’aise lorsqu’un homme blessé se présente dans la cour de leur maison en demandant de l’aide… Quelques temps plus tard, Tracy trouve en forêt un sac avec quelques affaires, dont un livre annoté et une belle somme d’argent. Puis, ayant besoin d’argent, son père loue une chambre à Jesse, un mystérieux jeune homme plein de contradictions qui intrigue beaucoup Tracy.
Un roman original et intense, entre conte initiatique et thriller psychologique dans des paysages grandioses et  sauvages. Une pointe de fantastique s’invite également à mi-roman. En écoutant cette histoire, j’ai souvent pensé aux héroïnes des livres My Absolute darling et Dans la forêt… Tracy est un personnage vraiment fascinant et attachant. 

Extrait : (début du livre)
J’AI toujours su lire dans les pensées des chiens. Mon père dit que c’est dû à la manière dont je suis venue au monde, née sur le seuil de la porte ouverte du chenil, avec vingt-deux paires d’yeux canins qui me regardaient et les aboiements et hurlements de nos chiens qui furent les premiers sons que j’aie entendus.
Le village n’avait pas de dispensaire, dans le temps, alors l’aide-soignante municipale venait chez nous une fois par mois. Quand Maman est arrivée à la moitié de sa grossesse, l’aide-soignante lui a dit de rester au lit et de ne pas se fatiguer. Maman a suivi ce conseil diligemment jusqu’à la nuit de ma naissance. Un premier mars, si froid que les pointes de ses cheveux avaient gelé. Elle est sortie, a traversé la cour des chiens, est allée jusqu’à la porte du chenil. Là, une douleur l’a saisie. Elle s’est accroupie, serrant son ventre, et a hurlé pour appeler mon père à l’aide. J’ai glissé toute seule, d’un coup. Je suis venue au monde avant qu’elle s’en rende compte, presque sans aucune aide de sa part. Elle disait que c’était le seul côté facile que j’avais jamais eu.
Qu’est-ce que tu allais faire dans le chenil ? lui ai-je un jour demandé.
Elle a haussé les épaules. A dit, J’imagine que les chiens me manquaient.
Je suis sortie grosse et lourde et toujours affamée. Maman m’a dit qu’y a des femmes qu’ont du mal à faire prendre le sein à leur bébé, et j’ai vu ça chez certains chiots, j’en ai vu qui se détournent de ce que l’instinct leur dit de faire et qui refusent de téter, alors faut traire la mère et nourrir le petit au biberon. Mais moi non. Je me suis accrochée dès que j’ai pu, et je n’ai plus voulu lâcher prise. Maman n’avait jamais vu un bébé comme moi, elle disait que j’étais vorace. Elle me donnait le sein jusqu’à ce qu’elle croie être tarie, et puis ensuite elle continuait.
Il y a des photos dans l’album de famille, nous quatre travaillant tous ensemble dans la cour ou réunis autour d’un traîneau à chiens avant le départ d’une course. Scott et moi tous les deux avec les cheveux noirs de Maman, les yeux bruns de Papa. J’ai appris à l’école que le sang a une mémoire. Il porte les informations qui font ce que vous êtes. C’est comme ça que mon frère et moi on s’est retrouvés avec tant de trucs en commun, on portait en nous les choses dont le sang de nos parents se souvenait. Partager ce qu’il y a dans le sang, y a pas moyen d’être plus proche d’une autre personne.

petit bac 2019(7) Adjectif

C’est lundi, que lisez-vous ? [88]

cestlundi
C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Camille

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne cette semaine ?

71XWBwljfuL 61C11NImInL

L’Odyssée d’Hakim tome 2 : De la Turquie à la Grèce – Fabien Toulmé
Première dame – Caroline Lunoir

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

La soif – Jo Nesbø (partenariat Folio)
Les Mange-mange – Zemanel et Madeleine Brunelet (partenariat Flammarion jeunesse)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Le milieu du monde – Andreas Steinhöfel
Police – Hugo Boris (partenariat Audiolib)
A crier dans les ruines – Alexandra Koszelyk
Les Mange-mange – Zemanel et Madeleine Brunelet (partenariat Flammarion jeunesse)
Les roses de la nuit – Arnaldur Indridason (Masse Critique Babelio)

Bonnes lectures et bonne semaine !

Première dame – Caroline Lunoir

61C11NImInL

Actes Sud – janvier 2019 – 183 pages

Quatrième de couverture :
Un beau dimanche d’avril, c’est dans l’euphorie et la fierté qu’est accueillie l’annonce de Paul : il sera candidat aux primaires de son parti en vue de l’élection présidentielle. Épouse dévouée, mère exemplaire, Marie inaugure pour l’occasion un journal, avide de tenir la chronique des deux années à venir qui s’annoncent pleines de suspense, de promesses et d’accomplissements. Leurs quatre enfants, jeunes adultes, se réjouissent du sens que ce projet paternel donne à une vie d’engagement et le soutiennent avec chaleur. Personne ne semble mesurer les conséquences d’une telle mise en lumière, ni ne pressent le souffle des scandales qui s’apprêtent à ébranler la cellule conjugale et le cocon familial… Que faut-il d’abnégation, de cynisme, d’amour ou d’ambition pour accompagner un homme jusqu’aux portes du palais ? Analyse intime d’une femme qui ne vivait que pour ses proches et qui se découvre un pouvoir ambigu, critique sociale d’un milieu privilégié coupé de la réalité, satire dénonçant les compromissions de la classe politique avec les experts en communication, ce roman enlevé mêle l’ironie d’une fausse résignation à un féminisme ambivalent.

Auteur : Caroline Lunoir est née en 1981. Elle a grandi à Castres puis à Toulouse. La Faute de goût est son premier roman, écrit à Boston en 2009. Avocate pénaliste, elle vit et travaille à Paris.

Mon avis : (lu en septembre 2019)
Paul annonce à son épouse Marie puis à ses quatre enfants Violaine, Clothilde, Solenn et Victor qu’il va se présenter aux primaires de son parti pour l’élection présidentielle.. Toute la famille est naturellement fière, excitée et confiante.
Pour garder une trace historique de ces presque deux ans de campagne électorale, Marie décide de tenir un journal secret, pour y noter ses impressions, ses sentiments du moment. Évidemment ces deux années ne seront pas un fleuve tranquille… C’est ce journal que, nous lecteurs, avons le privilège de découvrir ainsi que les coulisses du pouvoir et les jeux politiques…
L’auteur s’est inspirée d’événements réels de la dernière campagne présidentielle et d’autres faits politiques, en mélangeant les acteurs pour brouiller les pistes, rendant les péripéties du candidat vraiment crédibles.
C’est plutôt amusant à lire, l’intrigue est construite sous forme de suspens pour tenir le lecteur en haleine jusqu’à la fin…

Extrait : (début du livre)
Lundi 24 avril
Paul m’a annoncé hier qu’il serait candidat à la primaire du parti pour l’élection présidentielle.
Je le savais déjà. Des nuits passées à le sentir se retourner, compter ses soutiens, préparer des phrases, se rappeler les propos des uns, les piques des autres. Des nuits de sueur, d’excitation et d’insomnie. Des nuits à caler son angoisse dans l’étau de mes bras. Des heures à l’emmailloter de ma tendresse pour qu’il s’apaise.
Je savais qu’il ne pourrait pas renoncer. Chaque fois qu’il s’est frotté à une ambition, il a relevé le défi, de peur de refuser un combat, de ne pas être celui qu’il veut. Et il était revenu surexcité de son déjeuner avec Marc T., jeudi dernier.
Il a posé ses mains sur mes épaules. Alors j’ai su. Je suis restée silencieuse pour le laisser goûter ce moment comme il l’avait imaginé.
— Trésor, je… j’ai décidé d’y aller. Je me présente à la primaire…
Son souffle, ses mains sur mon cou, la chaleur de son exaltation.
— Si, bien sûr, tu me soutiens.
J’ai posé mes mains sur les siennes et il m’a serrée dans ses bras. Sans un mot. Nous étions heureux, soudés, confiants, prêts à monter ensemble au front. Notre étreinte de lutteurs.
Plus tard, alors qu’il répondait à ses messages, j’ai posé ma tête sur son oreiller, ajusté ses lunettes qui tombent toujours sur son nez et je lui ai demandé :
— Quand est-ce que tu vas le dire aux enfants ? Il a souri.
— Je pensais ce week-end, à C., quand ils viendront pour le pont du 1er Mai.
Son téléphone a encore vibré. J’ai éteint ma lampe de chevet et essayé d’imaginer la tête que vous feriez.
Mardi 25 avril
J’ai compté : il nous reste un an, onze mois et vingt-six jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, soit sept cent vingt-six jours de campagne.
Le compte à rebours est lancé : J – 726 ! Paul sera encore un peu moins à nous et un peu plus aux autres. Mais il a l’air si sûr, si heureux.
J’aimerais tenir le journal du fil tendu de notre vie jusqu’à cette cible. Je me suis dit qu’un jour, quelqu’un, le biographe de Paul ou les enfants, voudrait savoir comment j’ai vécu tout ça. J’ai également pensé que plus tard, peut-être, à l’heure du repos et de notre vieillesse, je voudrais me contempler dans le miroir de ces années, retrouver la femme que j’étais, me piquer à l’émotion de ces moments.
J’ai trouvé ce cahier dans la bibliothèque. Un de ces articles de papeterie avec une belle couverture de cuir que l’on caresse avec plaisir lorsqu’il vous est offert à l’occasion d’une inauguration, que l’on destine à de multiples projets mais qui finalement, souvent, reste vierge. À moi de jouer !

L’Odyssée d’Hakim tome 2 : De la Turquie à la Grèce – Fabien Toulmé

71XWBwljfuL Delcourt – juin 2019 – 264 pages

Quatrième de couverture :
En exil loin de son pays natal, Hakim trouve un peu d’espoir dans la naissance d’un fils. Mais de petits boulots en difficultés, la complexité du monde le rattrape une nouvelle fois et sépare sa famille. Livré à lui-même avec son enfant, Hakim va tenter de survivre, malgré les obstacles et la précarité, jusqu’à envisager le pire : monter sur un canot de fortune pour trouver un salut…

Auteur : Fabien Toulmé voit le jour en 1980 à Orléans. Passionné de bande dessinée, il décide de suivre de longues et pénibles études d’ingénieur Civil et d’urbanisme afin d’acquérir les bases essentielles de la construction d’une BD. En 2001, il part pour plusieurs mois sous les tropiques (Bénin, Guyane, Brésil, Guadeloupe). Enfin, lassé par l’eau bleue cocotiers, il revient s’installer en France en 2009 à Aix-en-Provence. Depuis il publie castrations et BD dans divers magazines (Lanfeust Mag, Psikopat, Spirou…) ou dans ouvrages collectifs (Alimentation générale, Editions Vide Cocagne, Vivre dessous, Editions Monolosanctis, Les autres gens…). Avec Ce n’est pas toi que j’attendais, il réalise son premier album.

Mon avis : (lu en août 2019)
Ce deuxième tome est toujours aussi intéressant, poignant et plein d’humanité.
En 2011, lorsque la guerre éclate en Syrie, Hakim, jardinier, est forcé de quitter ses parents et son pays pour le Liban puis la Jordanie et la Turquie. Pendant cet exil, il va rencontrer Najmeh, qui devient sa femme. L’espoir renaît avec la joie de devenir parents avec la naissance d’un petit garçon, Hadi. Dans le tome 2, les parents de Najmeh obtiennent des papiers pour partir en France pour eux et leur fille Najmeh, encore mineure. Doit-elle partir avec eux ou rester avec Hakim et Hadi ? Le plus sage est que Najmeh parte et Hakim va tout tenter auprès du consulat pour obtenir à son tour un visa pour lui et son jeune fils. Après d’interminables procédures administratives et alors que la situation politique en Turquie se durcit, Hakim décide de traverser la Méditerranée comme un clandestin… 
Comme un documentaire, le lecteur suit les démarches et les difficultés d’Hakim au quotidien. Son isolement avec son fils, mais aussi la solidarité d’amis ou de voisins, et sa folle aventure de vouloir prendre la mer pour un voyage particulièrement périlleux…
Avec cette série témoignage, Fabien Toulmé voulait faire changer notre regard sur le drame des migrants, c’est déjà réussi et bien sûr, j’attends avec impatience la parution du dernier tome.
A lire et à faire lire !

Extrait : (début de la BD)

toulmeLodysseedhakim2-5 toulmeLodysseedhakim2-6 toulmeLodysseedhakim2-7toulmeLodysseedhakim2-8 toulmeLodysseedhakim2-9 toulmeLodysseedhakim2-10

Déjà lu du même auteur :

9782756035505_1_75 Ce n’est pas toi que j’attendais

81qDioikdmL L’Odyssée d’Hakim tome 1 : De la Syrie à la Turquie

petit bac 2019(7) Lieu

C’est lundi, que lisez-vous ? [87]

cestlundi
C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Camille

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne cette semaine ?

71Uaq7bWeCL un-petit-gout-de-noisette-tome-2-sans-titre 9791035401030-001-T

Open Bar, 1ère tournée – Fabcaro
Un petit goût de noisette 2 – Vanyda
Né d’aucune femme – Franck Bouysse

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

La soif – Jo Nesbø (partenariat Folio)
Sauvage – Jamey Bradbury (Masse Critique Babelio)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Le milieu du monde – Andreas Steinhöfel
Police – Hugo Boris (partenariat Audiolib)
A crier dans les ruines – Alexandra Koszelyk
Les Mange-mange – Zemanel et Madeleine Brunelet (partenariat Flammarion jeunesse)
Les roses de la nuit – Arnaldur Indridason (Masse Critique Babelio)

Bonnes lectures et bonne semaine !