Carnets du Nord – février 2019 – 648 pages
Quatrième de couverture :
Petiteannonce.fr : Émile, 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, avec le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme, qui a pour seul bagage un sac à dos, un grand chapeau noir, et aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naît, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile. Une écriture vive et alerte, des dialogues impeccables, des personnages justes et attachants qui nous emportent jusqu’à un dénouement inattendu, chargé d’émotions.
Auteur : Mélissa Da Costa est une romancière française. Après des études d’économie et de gestion à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon (IAE), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat. Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.
Mon avis : (lu en juillet 2019)
Voilà un roman très fort en émotions.
Tout commence avec une petite annonce assez spéciale : « Jeune homme de 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) d’aventure pour partager avec moi ce dernier périple. » Émile vient d’apprendre sa maladie et il ne compte pas passer la fin de sa vie à l’hôpital, sous le regard de ses proches. Il est bien décidé à profiter des derniers mois qui lui reste pour partir en voyage. Il a acheté un camping-car en cachette de sa famille. Son meilleur ami désormais jeune papa ne peut pas l’accompagner, alors cette petite annonce est comme une bouteille à la mer… Et voilà que quelques jours plus tard, à sa grande surprise, Émile reçoit une réponse positive : «Je m’appelle Joanne, j’ai 29 ans. Je suis végétarienne, pas très à cheval sur le ménage et le confort. Je mesure 1m 57 à peine, mais je suis capable de porter un sac à dos de 20 kilos sur plusieurs kilomètres. J’ai une bonne condition physique malgré quelques allergies (piqûres de guêpes, arachides et mollusques). Je ne ronfle pas. Je ne parle pas beaucoup, j’aime la méditation, surtout quand je suis plongée dans la nature. Je suis disponible dès que possible pour partir. »
Émile et Joanne partent donc pour un voyage en camping-car dans les Pyrénées. Et c’est le début d’une aventure humaine. Joanne est silencieuse, discrète et mystérieuse et Émile, comme le lecteur, se pose beaucoup de questions à son sujet. Ils vont peu à peu s’apprivoiser. La nature, le silence, la beauté des paysages et des villages traversés rendent le voyage apaisant. Joanne a l’idée d’acheter un carnet dans lequel Émile pourra raconter, au jour le jour, ce qu’il vit, son voyage, ses angoisses et garder des souvenirs pour lui mais aussi pour ses proches avant que la maladie ne prenne le dessus. Sur leur route, ils vont faire de multiples rencontres ainsi la solidarité, l’empathie, l’humanité et la bienveillance sont vraiment au cœur de cette histoire bouleversante.
Extrait : (début du livre)
Petitesannonces.fr
Sujet : Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade
Auteur : Emile26
Date : 29 juin 01:02
Message :
Jeune homme de 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) d’aventure pour partager avec moi ce dernier périple.
Itinéraire à valider ensemble. Alpes, Hautes-Alpes, Pyrénées ?
Voyage en camping-car avec passages en randonnées (sac à dos et tente à porter). Condition physique convenable à avoir.
Départ : dès que possible. Durée du voyage : 2 ans maximum (selon estimation des médecins). Possibilité d’écourter.
Profil de mon/ma compagnon(ne) de voyage :
Pas de compétences médicales particulières à avoir : je ne reçois aucun soin ou traitement et je dispose de toutes mes capacités physiques.
Bon mental (je risque de subir des pertes de mémoire de plus en plus importantes).
Goût pour la nature.
Ne pas être effrayé(e) par des conditions de vie quelque peu rustres.
L’envie de partager une aventure humaine.
Me contacter uniquement par mail. Nous pourrons échanger par téléphone par la suite.
Émile se frotte le menton. C’est un tic qu’il a depuis gamin, dès qu’il est songeur ou indécis. Il n’est pas certain de son annonce. Il la trouve froide, désincarnée, un peu dingue aussi. Il l’a écrite d’une traite, sans réfléchir. Il est une heure du matin. Il n’a pas dormi depuis une semaine, ou presque pas. Ça n’aide pas pour écrire.
Il relit l’annonce. Il trouve qu’elle laisse un goût bizarre en bouche. Un peu amer. Mais il se dit que c’est bien comme ça, que c’est suffisamment noir pour décourager les âmes sensibles et suffisamment insensé pour décourager les personnes conventionnelles. Seule une personne suffisamment spéciale pourra déceler le ton décalé de cette annonce.
Depuis qu’on lui a annoncé le verdict médical, il voit sa mère pleurer et son père serrer les mâchoires. Il voit sa sœur dépérir, le visage mangé par les cernes. Lui non. Il a pris la nouvelle avec une lucidité totale. Une forme d’Alzheimer précoce, lui a-t-on dit. Une maladie neurodégénérative entraînant une perte progressive et irréversible de la mémoire. La maladie finira par attaquer le tronc cérébral jusqu’à sa destruction. Le tronc cérébral responsable des fonctions vitales : battements du cœur, tension artérielle, respiration… Ça, c’est la bonne nouvelle. La mort le rattrapera rapidement. Dans deux ans au plus tard. C’est parfait. Il n’a pas envie de devenir un poids, de passer le restant de sa vie, des dizaines et des dizaines d’années encore, dans un état de sénilité avancée. Il préfère savoir qu’il mourra bientôt. Deux ans, c’est bien. Il peut encore en profiter un peu.
Ça n’est pas plus mal, finalement, que Laura soit partie, un an plus tôt. Ça aurait beaucoup compliqué les choses. Il se le répète depuis une semaine, depuis le verdict. Laura est partie, il n’a plus de nouvelles depuis un an. Pas un coup de fil. Il ne sait même pas où elle vit. Et c’est tant mieux. Il n’a plus réellement d’attache comme ça. Il peut partir. Il peut entamer ce dernier voyage sereinement. Non pas qu’il n’ait plus personne… Il y a bien ses deux parents, il y a sa sœur Marjorie et son compagnon Bastien, leurs jumeaux. Il y a Renaud, son ami d’enfance, Renaud qui vient de devenir papa et qui cherche une maison pour établir sa famille. Renaud papa et marié…
Vu sur le blog de MHF je note je suis sure qu’il va me plaire … pas sur d’air el temps de le lire avant la fin du challenge pave de l’été !!
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Un sujet surprenant !
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