Dans la forêt – Jean Hegland

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib – juillet 2019 – 10h02 – Lu par Maia Baran

Gallmeister – janvier 2017 – 304 pages

Gallmeister poche – juin 2018 – 308 pages

traduit de l’américain par Josette Chicheportiche

Titre original : Into the Forest, 1996

Quatrième de couverture :
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire, Dans la forêt, roman sensuel et puissant, met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.

Auteur : Jean Hegland est née en 1956 dans l’État de Washington. Après avoir accumulé les petits boulots, elle devient professeur en Californie. À vingt-cinq ans, elle se plonge dans l’écriture, influencée par ses auteurs favoris, William Shakespeare, Alice Munro et Marilynne Robinson. Son premier roman Dans la forêt paraît en 1996 et rencontre un succès éblouissant. Elle vit aujourd’hui au coeur des forêts de Californie du Nord et partage son temps entre l’apiculture et l’écriture.

Lecteur : D’origine russo-polonaise, Maia Baran vit en Belgique. Elle partage son métier entre le théâtre et des doublages francophones de films.

Mon avis : (écouté en août 2019)
C’est un récit d’anticipation dans un futur proche.
Nell et Eva sont deux jeunes femmes de dix-sept et dix-huit ans, elles sont sœurs et vivent seules dans une maison isolée dans la forêt. Les ressources se sont peu à peu épuisées, plus de téléphone, d’internet, d’électricité, de gaz, d’essence, d’eau courante…
Nell, la narratrice, à travers son journal, nous raconte son quotidien. Au début, elle espère un retour à la normale mais peu à peu, Nell et Eva prennent leur vie en main et se préparent à la survie. Elles s’organisent avec tout ce qu’elles trouvent dans la maison familiale, conserves, outils du père, livres de la mère…
Les deux sœurs sont très différentes, Eva rêve de devenir danseuse et va être obligée de danser sans musique, Nell est l’intellectuelle, elle lit beaucoup pour savoir et apprendre et rêve d’intégrer une université prestigieuse. Mais les circonstances les obligent à rester bloquées au milieu de la forêt…
C’est un roman écrit il y a plus de vingt ans, et seulement traduit en français en 2017, qui est toujours d’actualité, il aborde les problématiques réalistes comme la fin des énergies fossiles, et celle d’une société de consommation, dépendante de l’électricité, de l’informatique…

Le lecteur est plongé dans ce huis clos et découvre peu à peu, au fil du journal de Nell ce qui se passe, les raisons de cet isolement et comment les deux sœurs vont s’organiser, grandir et faire confiance à cette forêt et à ces richesses insoupçonnées…
La lecture de ce roman est hypnotisante, le temps s’est arrêté et malgré tout, la vie est plus forte, elle oblige Nell et Eva à créer un nouvel avenir.
Ce livre m’a fait penser au livre québécois Le Poids de la neige – Christian Guay-Poliquin 

Merci Pauline et Audiolib pour cette belle découverte.

Extrait : (début du livre)
C’EST étrange, d’écrire ces premiers mots, comme si je me penchais par-dessus le silence moisi d’un puits, et que je voyais mon visage apparaître à la surface de l’eau – tout petit et se présentant sous un angle si inhabituel que je suis surprise de constater qu’il s’agit de mon reflet. Après tout ce temps, un stylo a quelque chose de raide et d’encombrant dans ma main. Et je dois avouer que ce cahier, avec ces pages blanches pareilles à une immense étendue vierge, m’apparaît presque plus comme une menace que comme un cadeau – car que pourrais-je y relater dont le souvenir ne sera pas douloureux ?
   Tu pourrais écrire sur maintenant, a dit Eva, sur l’époque actuelle. J’étais tellement persuadée ce matin que le cahier me servirait à étudier que j’ai dû faire un effort pour ne pas me moquer de sa suggestion. Mais je me rends compte à présent qu’elle a peut-être raison. Tous les sujets auxquels je pense – de l’économie à la météorologie, de l’anatomie à la géographie et à l’histoire – semblent tourner en rond et me ramener inévitablement à maintenant, à ici et aujourd’hui.
   Aujourd’hui, c’est Noël. Je ne peux pas l’éviter. Nous avons barré les jours sur le calendrier bien trop consciencieusement pour confondre les dates, même si nous aurions aimé nous tromper. Aujourd’hui, c’est le jour de Noël, et le jour de Noël est une nouvelle journée à passer, une nouvelle journée à endurer afin qu’un jour, bientôt, cette époque soit derrière nous.
   À Noël prochain, tout ceci sera terminé, et ma sœur et moi aurons retrouvé les vies que nous sommes censées vivre. L’électricité sera rétablie, les téléphones fonctionneront. Des avions survoleront à nouveau notre clairière. En ville, il y aura à manger dans les magasins et de l’essence dans les stations-service. Bien avant Noël prochain, nous nous serons permis tout ce qui nous manque maintenant et dont nous avons terriblement envie – du savon et du shampoing, du papier toilette et du lait, des fruits et de la viande. Mon ordinateur marchera, le lecteur CD d’Eva tournera. Nous écouterons la radio, lirons le journal, consulterons Internet. Les banques et les écoles et les bibliothèques auront rouvert, et Eva et moi aurons quitté cette maison où nous vivons en ce moment comme des orphelines qui ont fait naufrage. Ma sœur dansera avec le corps de ballet de San Francisco, j’aurai fini mon premier semestre à Harvard, et ce jour humide et sombre que le calendrier persiste à appeler Noël sera passé depuis très, très longtemps.

petit bac 2019(6) Végétal

Une réflexion sur “Dans la forêt – Jean Hegland

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