Le Magicien – Magdalena Parys

Lu en partenariat avec Masse Critique Babelio

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LeMagicien Agullo – janvier 2019 – 499 pages

traduit du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka-Dewez

Titre original : Magik, 2016

Quatrième de couverture :
En 2011, dans un immeuble abandonné de Berlin, on retrouve le cadavre atrocement mutilé de Frank Derbach, employé aux archives de la Stasi.
Au même moment, Gerhard Samuel, photo-reporter, meurt dans d’étranges circonstances à Sofia, où il enquêtait sur la mort d’un de ses amis, disparu en 1980 à la frontière entre la Bulgarie et la Grèce.
Kowalski, le commissaire chargé de l’enquête berlinoise, est rapidement écarté au profit de la police fédérale et des services secrets. Mais Kowalski est un rebelle et il décide de poursuivre ses investigations discrètement, aidé par la belle-fille de Gerhard. Ce qu’ils vont découvrir pourrait mettre en cause un homme politique allemand très en vue…
Opérations secrètes, chantage et vengeance personnelle s’entrelacent dans ce roman à mi-chemin entre « noir » et roman historique, qui entremêle habilement réalité et fiction.

Auteur : Magdalena Parys est née en 1971 à Gdansk. À l’âge de 12 ans, elle émigre avec sa famille en Allemagne. Diplômée de pédagogie et de littérature polonaise à l’université Humboldt, elle vit à Berlin, où elle a fondé la revue littéraire polonaise-allemande Squaws. Le Magicien est son deuxième roman. Il a reçu le Prix de littérature de l’Union européenne en 2015.

Mon avis : (lu en avril 2019)
J’ai choisi ce roman policier à Masse Critique Babelio parce que l’auteure était polonaise et c’était donc une lecture supplémentaire pour mon Challenge Voisins Voisines…
En 2011, Frank Derbach, employé aux archives de la Stasi, est retrouvé sauvagement mutilé dans un immeuble abandonné à Berlin. Le commissaire Kowalski est rapidement et officiellement écarté de cette enquête jugée bien trop sensible. Il fera donc son enquête hors des circuits normaux.
Au même moment, Gérhard Samuel, reporter-photographe, meurt dans une rue de Sofia alors qu’il avait rendez-vous avec son ami Franck. Tout deux enquêtaient sur des disparitions à la frontière bulgare en 1980.
Siedel est un vieil homme, ses deux fils ont été abattus à la frontière bulgare alors qu’ils tentaient de passer à l’Ouest. Depuis, il a récolté de nombreux documents et photographies et constitué des archives, musée à la mémoire des victimes disparues en tentant de fuir les pays du bloc de l’est.
Depuis quelques semaines, Christian Schlangenberger, homme politique allemand bien en vue, est inquiet. Il reçoit anonymement des photos datant des années 80, où on le voit exécuter un opposant politique dans le cadre de l’opération secrète « le Magicien » visant à éliminer les dissidents du régime communiste…
Des faits, des questions et de nombreuses surprises et rebondissements attendent le lecteur.
Cette histoire est l’occasion de découvrir des faits réels au travers de personnages fictifs et d’une enquête policière et d’espionnage autour de la Stasi, la « police politique » de la RDA (République Démocratique Allemande – ex-Allemagne de l’Est).
En effet, à la fin des années soixante-dix, une série de disparitions avait été programmée pour tous ceux qui tentaient de fuir à l’Ouest. Ainsi vingt-sept opposants tchèques, polonais et hongrois ont été supprimés. Chaque opération était soigneusement planifiée et menée à la perfection : un « malheureux accident » par ville et les éventuels témoins étaient systématiquement liquidés…
Ce roman policier est passionnant historiquement, j’ai beaucoup appris sur l’histoire européenne de cette époque de la Guerre Froide. J’ai cependant trouvé l’intrigue un peu longue et confuse dans la forme de narration.

Merci Babelio et les éditions Agullo pour cette découverte polonaise.

 

Extrait : (début du livre)
Gerhard éteignit son portable. C’était la troisième fois que Frank Derbach essayait de le joindre. Il semblait très nerveux et voulait le voir immédiatement. Gerhard lui promit de passer à son hôtel dès qu’il le pourrait, mais il avait d’abord quelques affaires à régler.
— Non, pas ici.
— Pourquoi ?
— Parce que.
— Tu as bu ?
— Non.
Finalement, ils se donnèrent rendez-vous dans un café proche de l’hôtel de Gerhard.
— Mais tu viendras, sans faute ! insista Derbach.
— Oui, bien sûr, confirma Gerhard, agacé par tant d’obstination.
— Je t’attends, dit Frank Derbach en raccrochant.
Le taxi avançait péniblement dans la file de voitures coincées dans l’embouteillage matinal. Gerhard observait les larges artères monotones. La ville de Sofia lui rappelait le Varsovie des années quatre-vingt-dix. On construisait d’abord des hôtels de luxe, puis des banques, des pharmacies… et tout le reste venait après. Tout le reste pouvait attendre.
Il se retrouva bientôt dans les bureaux d’une administration où, assis sur une chaise inconfortable, il dut attendre que l’employée se mette du rouge à lèvres et passe quelques coups de fil avant de daigner enfin le regarder. L’endroit était à la fois une salle d’attente et un espace d’accueil du public.
Malgré l’amabilité apparente de l’employée, Gerhard avait vite compris qu’elle lui fournissait des réponses évasives et sans intérêt. Il décida donc d’exposer sans détour l’objet de ses recherches.
— Un Polonais, un ingénieur de Wrocław, Piotr Boszewski. Disparu en Bulgarie en 1980. Personne ne sait ce qui lui est arrivé. Il est parti en vacances avec sa femme et n’est jamais revenu.
— Vous devriez plutôt chercher du côté des archives polonaises, fit l’employée en haussant les épaules.
— Et moi, je pense qu’il faut chercher ici. J’en suis même certain, insista-t-il.
— Un tas de gens ont disparu, soupira-t-elle. Des Allemands, des Bulgares, des Polonais aussi.
— Je ne m’intéresse qu’à ce seul Polonais.
— Pourquoi croyez-vous qu’il ait disparu chez nous précisément ? demanda-t-elle.Elle essuya ses lunettes et fixa Gerhard de ses yeux fatigués de myope. Ce dernier lui montra une photo.
— Qu’est-ce que c’est ? Qui vous a donné ça ? murmura-t-elle, incrédule.

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