La Fosse aux ours – janvier 2019 – 134 pages
Quatrième de couverture :
Ernesto est astronome dans le modeste observatoire de Quidico, au Chili, en plein territoire mapuche. Il vit seul avec son chat, Le Crabe, et Walter, un vieux télescope peu performant. Lors d’un séjour à Santiago, il rencontre Ema à l’occasion d’une visite au musée de la Mémoire. Très vite, les fantômes de la dictature resurgissent. Ernesto et Ema devront surmonter ce passé douloureux.
Auteur : Antoine Choplin est l’auteur de Radeau, du Héron de Guernica, de Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar et de La Nuit tombée (prix France Télévisions 2012).
Mon avis : (lu en avril 2019)
Ernesto est astronome dans le petit observatoire de Quidico, au sud du Chili, au cœur du territoire mapuche. Il vit seul avec son chat Le Crabe et son vieux télescope qu’il a surnommé « Walter ». Ernesto se rend à Santiago pour se procurer une pièce pour réparer « Walter », et lorsqu’il est à la capitale, il ressent toujours le besoin d’aller au musée de la Mémoire pour passer du temps devant la photo de sa fiancée Paulina disparue sous la dictature. Là-bas, il va croiser Ema… Et si ces deux là pouvaient se projeter vers l’avenir…
Voilà une histoire pleine de poésie, de délicatesse et de nostalgie autour d’une période douloureuse de l’histoire du Chili. Antoine Choplin sait parfaitement exprimer l’essentiel avec peu de mots et laisse au lecteur imaginer les paysages, les ciels…
Extrait : (début du livre)
Depuis le milieu de la matinée, je marchais en boucle autour du Palais de la Moneda.
Je faisais rien d’autre que ça, répéter le même tour, avec application.
J’avançais au plus près des murs, d’un pas tranquille et bien régulier. Le long du parcours, je pouvais sentir sur mon flanc gauche la chaleur renvoyée par la pierre. Parfois même, je laissais traîner la main et je jouais à la toucher avec le gras des doigts. À chaque passage, ralentissais devant la grande porte vernissée par laquelle, moins de quarante ans plus tôt, on avait évacué le corps sans vie d’Allende. Devant l’entrée principale, j’étais obligé de contourner une zone de sécurité occupée par une huitaine d’agents en uniforme. Je rasais les barrières au mieux.
C’était la mi-février, les ombres étaient peau de chagrin, le soleil cognait dur.
Mes pensées vagabondaient et se fichaient dans de drôles d’endroits.
À l’abord d’un nouveau tour, une main ferme s’est posée sur mon épaule. C’était l’un des hommes de garde.
J’ai dû présenter des papiers d’identité, indiquer d’où je venais – j’ai parlé de Quidico et de Canete en le prévenant que ce n’était pas la porte à côté – et surtout expliquer ce que je fabriquais autour de la Moneda, à arpenter depuis plus de deux heures, en plein cagnard.
J’ai écarquillé les yeux.
Rien de spécial, j’ai bredouillé. C’est juste comme ça. Faut pas vous tracasser.
Visiblement, la réponse ne suffisait pas à l’homme. Son visage osseux s’était approché, il me surplombait. C’est sûr, fallait se mettre à sa place. J’ai fait au mieux pour le rassurer.
Déjà lu du même auteur :
Le héron de Guernica
La nuit tombée
Cour Nord
Radeau
Les gouffres
Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar
Un auteur qu j’aime beaucoup exactement pour ce que tu en dis.
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