Écorces vives – Alexandre Lénot

Lu en partenariat avec Masse Critique Babelio

71lSP+fZ-uL Actes Sud – octobre 2018 – 208 pages

Quatrième de couverture :
C’est une région de montagnes et de forêts, dans un massif qu’on dit Central mais que les routes nationales semblent éviter. Un homme venu de loin incendie la ferme dans laquelle il espérait un jour voir jouer ses enfants, puis il disparaît dans les bois. La rumeur trouble bientôt l’hiver : un rôdeur hante les lieux et mettrait en péril l’ordre ancien du pays. Les gens du coin passent de la circonspection à la franche hostilité, à l’exception d’une jeune femme nouvellement arrivée, qui le recueille. Mais personne n’est le bienvenu s’il n’est pas né ici. Écorces vives est construit sur une tension souterraine, un entrelacs de préjugés définitifs et de rancœurs séculaires. De ce roman noir – qui est aussi fable sociale, western rural, hommage aux âmes mélancoliques et révoltées – sourd une menace : il faut se méfier de la terre qui dort…

Auteur : Alexandre Lenot est né en 1976 Il vit à Paris et écrit également pour le cinéma, la radio et la télévision. Ecorces vives est son premier roman.

Mon avis : (lu en novembre 2018)
En choisissant de recevoir ce livre édité dans la collection actes noirs, je pensais découvrir un roman policier… L’histoire se situe dans le nord du Cantal, dans une nature sauvage, loin de tout. A travers un récit à plusieurs voix, le lecteur découvre des personnages cabossés : Éli brisé par le décès accidentel de sa compagne et venu incendier la ferme où ils voulaient s’installer pour fonder une famille. Louise a quitté la ville et est venue se réfugier dans la ferme isolée d’un vieux couple d’Américains, Andrew et Fiona. Laurentin est un ancien gendarme qui est venu finir sa carrière dans ce lieu tranquille et calme. Lison est une jeune veuve.
J’ai peiné à lire cette histoire où il se passe pas grand chose, l’ambiance de nature hostile est prenante et étouffante, il y a trop de non dits, de sous entendu… et je me suis ennuyée et lorsque je suis enfin arrivée au bout des 203 pages, la conclusion m’a laissé dans le flou… La rencontre est ratée !

Extrait : (début du livre)
Éli
Il aurait voulu avoir de la dynamite. Il n’avait que de l’alcool, dans lequel il tentait de se noyer tout entier. Il avait pris un bus, puis un train, puis un autre train, puis un car, puis il avait volé un vélo qui avait déraillé puis il avait marché. Il s’était éloigné sans même y penser, mû par le simple refus de l’immobilité. Il avait balancé son téléphone par la fenêtre, quelque part après Moulins. L’appareil venait de lui apprendre l’extinction, totale et définitive, du léopard d’Égypte. Il était venu dans le Nord du Cantal, sur ces terres que tout le monde s’évertuait à fuir depuis au moins trois ou quatre générations, et il était aussi seul qu’il avait souhaité l’être, enfoui au bout de la vallée, pris entre des massifs noirs qui ne laissaient pas passer grand-chose.
Seul avec ses épaules voûtées, sa barbe blanchissante, à l’heure de poser sa hache, de s’asseoir enfin. Seul accroupi dans la terre humide et les odeurs d’humus. Seul avec tout ce qu’il portait : la mémoire de ses combats, les douleurs de ses défaites, les cicatrices de leurs rêves. Ses rêves et les siens, à elle qui ne viendrait plus ici. Il avait le sentiment d’être le dernier de sa tribu, le dernier de son espèce, et que plus personne ne viendrait raviver ses feux. Siskiyou partie, personne ne lui dessinerait plus la carte du ciel-qui-tombe, personne ne lui chanterait plus l’or du matin et la pluie du soir, personne ne lui tiendrait plus les mains quand elles tremblent. Personne ne songerait à soigner sa voix brisée. Personne ne lui ferait de parade digne d’un soleil ou d’une comète. Personne ne descendrait jamais de lui, et personne ne l’appellerait vieux père au crépuscule de sa vie. Personne ne lui embrasserait les yeux au soir du grand sommeil et personne n’égrènerait ses poussières à sa mort.

 

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