La femme qui fuit – Anaïs Barbeau-Lavalette

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Éditions Marchand de feuilles – septembre 2015 – 378 pages

Livre de Poche – mars 2017 – 448 pages

Quatrième de couverture :
Elle s’appelait Suzanne Meloche. Était aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent le Refus global en 1948. Fonda une famille avec le peintre Marcel Barbeau. Abandonna très tôt ses deux enfants.
Afin de remonter le cours de la vie de sa grand-mère, qu’elle n’a pas connue, l’auteur a engagé une détective privée et écrit à partir des indices dégagés. À travers ce portrait de femme explosive, restée en marge de l’histoire, Anaïs Barbeau-Lavalette livre une réflexion sur la liberté, la filiation et la création d’une intensité rare et un texte en forme d’adresse, directe et sans fard, à celle qui blessa sa mère à jamais.
Anaïs Barbeau-Lavalette n’a pas connu la mère de sa mère. De sa vie, elle ne savait que très peu de choses. Cette femme s’appelait Suzanne. En 1948, elle est aux côtés de Borduas, Gauvreau et Riopelle quand ils signent le Refus Global. Avec Barbeau, elle fonde une famille. Mais très tôt, elle abandonne ses deux enfants. Pour toujours. Afin de remonter le cours de la vie de cette femme à la fois révoltée et révoltante, l’auteur a engagé une détective privée. Les petites et grandes découvertes n’allaient pas tarder.

Auteur : Anaïs Barbeau-Lavalette est une comédienne et réalisatrice québécoise. Elle est la fille de la cinéaste Manon Barbeau et du directeur photo Philippe Lavalette. 
Elle est détentrice d’un baccalauréat de l’Université de Montréal en Études Internationales et diplômé de l’Institut national de l’image et du son (INIS) en 2002.
Elle s’est fait connaître principalement par son film Le Ring sorti en salle en 2007, et par son rôle d’Isabelle dans l’émission jeunesse Le club des cents watts diffusée à Télé-Québec à la fin des années 1980.

Mon avis : (lu en août 2018)
Ce roman est en réalité une histoire vraie. L’histoire de la grand-mère de l’auteur. Elle s’appelait Suzanne Meloche, elle épousera le peintre Marcel Barbeau dont elle aura deux enfants. Pendant quelques années, ce sera une vie de bohème mais la simple vie de mère au foyer ennuie Suzanne. Elle veut être libre de penser, d’agir, de vivre intensément. Elle abandonne ses deux enfants et quitte Montréal pour Londres puis New-York. Suzanne est une artiste passionnée de liberté, poète, peintre, militante, amoureuse… Elle refuse les attaches…
Anaïs Barbeau-Lavalette n’a pas connu sa grand-mère. Cette dernière n’a jamais voulu renouer avec ses deux enfants. La mère d’Anaïs en a souffert.
Ce livre est intéressant historiquement sur le destin de cette femme originale et avant-gardiste. Mais Suzanne Meloche est aussi très égoïste de ne pas prendre en compte le sort de ses enfants. Pour cela, cette histoire est également émouvante et cruelle. J’ai mis du temps à lire ce livre, ayant peu d’empathie pour cette femme libre…

Extrait : (début du livre)
La première fois que tu m’as vue, j’avais une heure. Toi, un âge qui te donnait du courage.
Cinquante ans, peut-être.
C’était à l’hôpital Sainte-Justine. Ma mère venait de me mettre au monde. Je sais que j’étais déjà gourmande. Que  je buvais son lait comme je fais l’amour aujourd’hui. Comme si c’était la dernière fois.
Ma mère venait d’accoucher de moi. Sa fille, son premier enfant.
Je t’imagine qui entres. Le visage rond, comme le nôtre, tes yeux d’Indienne baignés de khôl.
Tu entres sans t’excuser d’être là. Le pas sûr. Même si ça fait vingt-sept ans que tu n’as pas vu ma mère.
Même s’il y a vingt-sept ans, tu t’es sauvée. La laissant là, en équilibre sur ses trois ans, le souvenir de tes jupes accroché au bout de ses doigts.
Tu t’avances d’un pas posé. Ma mère a les joues rouges. Elle est la plus belle du monde.
Comment as-tu pu t’en passer ?
Comment as-tu fait pour ne pas mourir à l’idée de rater ses comptines, ses menteries de petite fille, ses dents qui branlent, ses fautes d’orthographe, ses lacets attachés toute seule, puis ses vertiges amoureux, ses ongles vernis, puis rongés, ses premiers rhums and coke ?
Où est-ce que tu t’es cachée pour ne pas y penser ?
Là, il y a elle, il y a toi, et entre vous deux : moi. Tu ne peux plus lui faire mal parce que je suis là.
Est-ce que c’est elle qui me tend à toi, ou toi qui étires tes bras vides vers moi ?
Je me retrouve près de ton visage. Je bouche le trou béant de tes bras. Je plonge mon regard de naissante dans le tien.
Qui es-tu ?

Tu t’en vas. Encore.

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Petit bac 2018Déplacement (7)

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