Malamute – Jean-Paul Didierlaurent

Lu en partenariat avec Masse Critique Babelio

 Au Diable Vauvert – mars 2021 – 368 pages

Quatrième de couverture :
Le vieux Germain vit seul dans une ferme au cœur des Vosges. Sa fille lui impose de passer l’hiver avec Basile, lointain neveu qui vient faire sa saison de conducteur d’engin de damage dans la station voisine. Une jeune femme froide et distante qui conduit les engins des neiges mieux que tous ses collègues masculins, habite la ferme voisine, où ses parents élevaient une meute de chiens de traîneaux quarante ans auparavant. Mais bientôt, le village est isolé par une terrible tempête de neige qui, de jours en semaines puis en mois, semble ne pas vouloir s’achever. Alors l’ombre des Malamutes ressurgit dans la petite communauté coupée du monde… JPDL revient avec un grand roman situé dans un village de montagne au cœur d’une forêt omniprésente qui réunit tous les éléments du succès du Liseur du 6h27 : tendresse et humour, réalisme magique et incroyable inventivité, personnages hauts en couleur et machines broyeuses, jeunesse et relations intergénérationnelles, noirceur et rédemption…. Dépeignant la nature et des gens d’aujourd’hui dans une maîtrise narrative impeccable, Malamute est un conte moderne plein de mystère et de poésie qui enchante au moins autant que le Liseur du 6h27.

Auteur : Jean-Paul Didierlaurent vit dans les Vosges. Nouvelliste lauréat de nombreux concours de nouvelles, deux fois lauréat du Prix Hemingway, son premier roman, Le Liseur du 6h27, connaît un immense succès au Diable vauvert puis chez Folio (360.000 ex vendus). Il reçoit les prix du Roman d’Entreprise et du Travail, Michel Tournier, du Festival du Premier Roman de Chambéry, du CEZAM Inter CE, du Livre Pourpre, Complètement livres, ainsi que de nombreux prix de lecteurs en médiathèques, est traduit dans 34 pays et est en cours d’adaptation au cinéma. Jean-Paul Didierlaurent a depuis publié au Diable vauvert un recueil de nouvelles, Macadam, et les romans Le Reste de leur vie et La fissure, tous réédités chez Folio.

Mon avis : (lu en juin 2021)
Le livre commence en avril 1976, avec l’extrait du journal de Pavlina Radovic, avec son mari Dragan, depuis la Slovaquie, ils viennent d’arriver dans la station vosgienne de Voljoux pour s’installer dans une vieille ferme. Ils ont comme projet d’organiser des promenades à traineau tiré par leurs chiens Malamute.
En 2015, à Voljoux, Germain, octogénaire, vit seul dans sa ferme depuis le décès de sa femme. Françoise, sa fille qui vit en région parisienne, s’inquiète pour lui. Elle aimerait bien qu’il accepte d’aller en maison de retraite mais c’est hors de question pour Germain qui aime trop son indépendance et ses arbres de la forêt… Finalement, c’est Basile,
un petit-neveu de Germain, saisonnier comme dameur de piste à Voljoux qui va venir s’installer à la ferme pour surveiller le vieil homme. Il y a également Emmanuelle, voisine de Germain, la jeune femme est également la nouvelle collègue de Basile…
C’est au bout d’une centaine de pages que le lecteur va comprendre le lien entre 1976 et 2015… Et cette histoire étrange, angoissante va s’intensifier avec une terrible tempête de neige qui va isoler le village du reste du monde…
Je n’en raconte pas plus et malgré la tension présente à tout instant dans ce roman, j’ai bien aimé cette lecture et les personnages de Germain, d’Emmanuelle et de Basile. L’intrigue ne m’a pas complètement surprise, j’avais découvert certaines choses avant que le récit ne le dévoilent.
Merci Masse Critique Babelio et les éditions Au Diable Vauvert pour cette belle lecture.

Extrait : (début du livre)
Journal de Pavlina Radovic (traduit du slovaque) Avril 1976

Deux jours, nous avons mis deux jours pour franchir les mille trois cents kilomètres qui nous séparaient de notre nouveau domicile. Dragan avait espéré boucler le parcours en moins de vingt-quatre heures, le temps qu’il lui avait fallu les fois précédentes pour atteindre sa destination. C’était sans compter la remorque et les chiens. Pendant ces deux jours de route, les bêtes n’ont pas cessé d’aboyer et de grogner d’excitation, les babines écumantes de rage, comme pressées d’en découdre avec un ennemi invisible. Nous avons traversé plusieurs pays, franchi des fleuves larges comme deux autoroutes, longé des villes immenses, des champs infinis, des collines couvertes de vignobles, des plaines verdoyantes parsemées de villages au nom imprononçable. À mi-parcours, l’un des pneus de la remorque a éclaté et nous avons failli verser dans le fossé. Je frissonne encore à l’idée que notre aventure aurait pu s’achever au milieu de nulle part dans un bas-côté rempli d’eau croupissante, coincés entre le rêve vers lequel nous roulions et la vie que nous venions de laisser dans notre dos. L’idée d’échouer si près du but, de devoir rebrousser chemin pour retourner au pays me faisait horreur. Retrouver cette vie étroite dans laquelle je me trouvais confinée, à barboter tel un poisson dans une mare devenue trop petite, m’aurait été insupportable. Avant de changer la roue, Dragan a dû calmer les chiens qui hurlaient à la mort. Plus loin, le voyant de surchauffe moteur nous a contraints à un nouvel arrêt sur la première aire venue pour remettre du liquide de refroidissement. Les passages en douane nous ont beaucoup ralentis. Un temps précieux perdu pour des douaniers méticuleux, qui ont épluché un à un les carnets de vaccination des quatre malamutes et contrôlé leurs tatouages. Et à chaque fois l’obligation pour moi d’apaiser Dragan, de le raisonner, de lui dire que tout cela n’était rien, que l’arrivée à la maison, notre maison, n’en serait que plus belle. De la ferme, je ne connaissais que les rares photos qu’il m’en avait montrées. Plus que les clichés, c’est son enthousiasme contagieux qui m’a convertie à son projet.
 

Déjà lu du même auteur :

96496883 Le liseur du 6h27 105625583 Macadam

Petit Bac 2021
(5) Animal

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