Les victorieuses – Laetitia Colombani

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib – novembre 2019 – 5h28 – Lu par l’autrice

Grasset – mai 2019 – 224 pages

Quatrième de couverture :
Brillante avocate, Solène tente de se reconstruire après un burn-out. Acceptant une mission bénévole d’écrivain public, elle est envoyée au Palais de la Femme, vaste foyer au coeur de Paris. Les résidentes s’appellent Binta, Sumeya, Cvetana, Salma ou la Renée et viennent du monde entier. Lorsqu’elles voient arriver Solène, elles se montrent méfiantes. Solène vacille mais s’acharne, bien décidée à trouver sa place auprès de ces femmes aux destins tourmentés.
Un siècle plus tôt, Blanche Peyron oeuvre en faveur des démunis. Elle a voué sa vie à l’Armée du Salut et rêve d’offrir un refuge à toutes les exclues de la société. Le chemin est ardu, mais Blanche ne renonce jamais.
Laetitia Colombani donne vie à ces Victorieuses anonymes, à Blanche l’oubliée, et  toutes celles qui refusent de se résigner. Un hymne à la solidarité prodigieusement romanesque, porté par la lecture délicate de l’autrice elle-même.

Auteur : Laetitia Colombani est romancière, cinéaste et comédienne. Son premier roman, La Tresse, s’est vendu à un million d’exemplaires en France et a été traduit en 33 langues. Il est en cours d’adaptation au cinéma par l’autrice. Il a également été décliné en album jeunesse, La Tresse ou le voyage de Lalita.

Mon avis : (écouté en décembre 2019)
C’est grâce au Café Lecture que j’ai eu envie de découvrir ce livre dont la couverture ne me donnait pas du tout envie de m’y plonger…
Dans ce roman, Laetitia Colombani nous raconte une histoire, ou plutôt deux, autour des femmes marginalisées, exclues de la société et du bénévolat.
La première se passe de nos jours, Solène est une jeune avocate qui tente de se reconstruire après un burn out. Son psychiatre l’encourage à sortir de chez elle et à faire une activité tournée vers les autres… Sans grande conviction, elle accepte de tenir une permanence hebdomadaire comme écrivain public au « Palais de la Femme », rue de Charonne à Paris, dans un centre d’accueil pour femmes. Une expérience enrichissante et bouleversante pour Solène, son regard et ses valeurs vont évoluer au côté de ses femmes cabossées de la vie, venues chercher refuge dans cette Maison. Des femmes du bout du monde comme d’à côté, venue de la rue, victimes de leur mari, des coutumes de leur pays, de maltraitances… Solène est venue donner du temps, elle va recevoir beaucoup plus de toutes ses femmes qui n’ont rien.
Dans la seconde, Laetitia Colombani nous raconte la naissance de l’Armée du Salut en France et en particulier, rend hommage à Blanche Peyron qui créa le « Palais de la Femme » à Paris.
1925, engagés dans l’Armée du Salut, Blanche Peyron et son mari Albin ont déjà ouvert des refuges pour les sans abris à Paris et en Province. Ils ne ménagent pas leur peine. Combattante, engagés et tenace, Blanche Peyron a consacré sa vie aux autres et particulièrement aux femmes les plus démunies.
Le « Palais de la Femme », au si beau nom, est une vraie Tour de Babel, un lieu vivant, un lieu d’espoir où se côtoie le magnifique et le tragique, le drôle et l’insolite, le lecteur est ému et touché.
Dans cette version audio, il y a en bonus un entretien avec l’auteure, toujours très intéressant. Elle revient sur le succès de son premier roman « La tresse » et raconte la genèse de ce roman.

Merci Pauline et Audiolib pour cette lecture pleine d’humanité.

Extrait : (début du livre)
Tout s’est passé en un éclair. Solène sortait de la salle d’audience avec Arthur Saint-Clair. Elle s’apprêtait à lui dire qu’elle ne comprenait pas la décision du juge à son encontre, ni la sévérité dont il venait de témoigner. Elle n’en a pas eu le temps.
Saint-Clair s’est élancé vers le garde-corps en verre et l’a enjambé.
Il a sauté de la coursive du sixième étage du palais.
Durant quelques instants qui ont duré une éternité, son corps est resté suspendu dans le vide. Puis il est allé s’écraser vingt-cinq mètres plus bas.
La suite, Solène ne s’en souvient pas. Des images lui apparaissent dans le désordre, comme au ralenti. Elle a dû crier, certainement, avant de s’effondrer.
Elle s’est réveillée dans une chambre aux murs blancs.
Le médecin a prononcé ces mots : burn out. Au début, Solène s’est demandé s’il parlait d’elle ou de son client. Et le fil de l’histoire s’est reconstitué.
Elle connaissait depuis longtemps Arthur Saint-Clair, un homme d’affaires influent mis en examen pour fraude fiscale. Elle savait tout de sa vie, les mariages, les divorces, les petites amies, les pensions alimentaires versées à ses ex-femmes et ses enfants, les cadeaux qu’il leur rapportait de ses voyages à l’étranger. Elle avait visité sa villa à Sainte-Maxime, ses somptueux bureaux, son superbe appartement du VIIe arrondissement de Paris. Elle avait reçu ses confidences et ses secrets. Solène avait passé des mois à préparer l’audience, ne laissant rien au hasard, sacrifiant ses soirées, ses vacances, ses jours fériés. Elle était une excellente avocate, travailleuse, perfectionniste, consciencieuse. Ses qualités étaient unanimement appréciées dans le cabinet réputé où elle exerçait. L’aléa judiciaire existe, tout le monde le sait. Pourtant, Solène ne s’attendait pas à une telle sentence. Pour son client, le juge a retenu la prison ferme, des millions d’euros de dommages et intérêts.

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