In Waves – AJ Dungo

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Quatrième de couverture :
Alors que Kristen n’était pas montée sur une planche de surf depuis des années, ça a été une évidence. Sa passion était contagieuse. Nous l’avons tous suivie. Mais parfois, son corps lui rappelait ses limites. Récit autobiographique bouleversant, In Waves est une grande histoire d’amour, la traversée d’un deuil et une ode à la culture surf.

Auteur : Aj Dungo est illustrateur et vit à Los Angeles. Il a étudié à l’Artcenter College of Design. Lorsqu’il ne dessine pas, on peut le trouver dans l’eau ou assis dans un parking, à zyeuter un trottoir fraîchement peint.

Mon avis : (lu en janvier 2020)
Dans cette magnifique BD, AJ Dungo raconte avec beaucoup de pudeur, en bichromie bleue, la magnifique histoire qu’il a vécu avec Kristen maintenant décédée.
Et en parallèle, en bichromie marron, il nous conte l’histoire de leur passion commune, le surf et de ses pères fondateurs Duke Khanamamoku et Tom Blake.
Duke Kahanmoku, surnommé Hydro-Man, est le père du surf moderne et Tom Blake, le perfectionnera et le démocratisera.
Des premières rencontres pleines d’émotions et de légèreté jusqu’au combat contre la maladie, AJ Dungo partage avec justesse et pudeur sa relation et les instants de surf partagés avec Kristen.
C’est un bel hommage à sa bien aimée et un hymne au surf et à la liberté. Les couleurs et le dessin sont superbes. C’est beau, c’est émouvant…

Extrait :

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Love Story à l’iranienne – Jane Deuxard et Deloupy

817EDeGA9jL Delcourt – janvier 2016 – 144 pages

Prix France Info de la BD d’Actualité et de Reportage 2017

Quatrième de couverture :
Les jeunes Iraniens rêvent-ils encore d’en finir avec le régime ? Comment se rencontrer dans cette société qui ne le permet jamais ? Comment flirter ? Comment choisir sa femme ou son mari ? Malgré la tradition, malgré le régime. Des journalistes ont interviewé clandestinement de jeunes Iraniens pour donner un éclairage politique et social. Comment échapper à la police pour vivre sa love story ?

Auteurs : Jane Deuxard (pseudonyme) se rend clandestinement en Iran pour poursuivre son travail sans contrôle gouvernemental. De manière à permettre aux Iraniens interrogés de s’exprimer librement. Depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en 2009 et les manifestations qui ont suivi, les journalistes étrangers ont pour la plupart dû quitter le pays. Jane Deuxard s’est donnée pour mission de contribuer à donner une voix aux Iraniens, par le recueil de témoignages.
Deloupy est né en 1968 à Saint-Étienne. Il est diplômé des Beaux-Arts d’Angoulême, section bande dessinée. Il travaille comme illustrateur indépendant pour la publicité tout en publiant, depuis 2002, pour l’édition jeunesse. Il a illustré de nombreux ouvrages pour les enfants aux éditions Magnard, Bayard, J’ai lu jeunesse, Koutchoulou, Lito. L’Introuvable (avec Alep) paraît en 2006 puis Sans commentaire en octobre 2007. Vient ensuite Faussaires T1, la suite de L’Introuvable, début 2008, et enfin Faussaires T2 en 2010. Avec des frites ?, BD autobiographique a été publiée en 2009. Il est au dessin sur le très remarqué Love Story à l’Iranienne.

Mon avis : (lu en décembre 2019)
Voilà une BD prise un peu par hasard à la Bibliothèque, pour répondre au Challenge Petit Bac 2019, et qui s’est révélée très intéressante.

Journaliste clandestine, Jane Deuxard a obtenu la confiance et le témoignage de nombreux jeunes gens autour de l’amour en Iran.
Gila est fiancé à Mila depuis 8 ans, ils vont pouvoir s’unir avec l’accord de la famille de la jeune femme. Vahid est un étudiant rebelle, il raconte le mouvement vert de 2009, signe d’espoir mais qui a été réprimé.  Zeinab a des relations sexuelles avec son petit ami et passe son temps à acheter des tests de grossesse. Elle n’envie pas les Occidentales, elle trouve très bien de pouvoir rester à la maison pendant que son mari travaille pour l’entretenir. Ashem et Nima projettent eux de se marier, mais ils ont eu si peu l’occasion de se fréquenter qu’ils s’aperçoivent qu’ils n’ont pas du tout la même une conception de la vie… Jamileh s’offre le luxe d’aller respirer en Europe, elle obtient des visas sans difficulté car les consulats savent qu’elle a trop à perdre si elle ne revenait pas en Iran. Pour Soban, ce n’est pas lui qui choisira la femme de sa vie, mais la tradition.

A travers ces témoignages souvent édifiants, Love story à l’iranienne dresse un panorama complet et contrasté sur l’ingérence d’un régime dans ce qu’un homme et une femme ont de plus intime. Mariages arrangés ou forcés, test de virginité, entre traditions et conservatismes, tout est bon pour contrôler et imposer la loi d’État. Même s’il y a de la douleur et de la résignation dans ces récits, il y a également quelques touches d’espoir…

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2020a(1) Amour

Ne te perds pas en chemin – Margaret Mizushima

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

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Belfond – janvier 2020 – 352 pages

France Loisirs – octobre 2017 – 336 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Chloé Royer

Titre original : Stalking Ground, 2016

Quatrième de couverture :
Agent de police dans l’unité cynophile de Denver, Mattie Cobb est appelée en urgence dans sa ville natale de Timber Creek : Adrienne Howard, la petite amie du shérif adjoint, a disparu. La jeune femme travaille dans le luxueux spa local, mais aussi dans les ranchs alentour, où elle prodigue des soins aux chevaux de course.
Accompagnée de son fidèle berger allemand, Robo, Mattie peut compter sur l’aide de Cole Walker, un ami vétérinaire fraîchement divorcé. Mais l’enquête est plus périlleuse qu’elle n’y paraît et, en plongeant dans le passé d’Adrienne, Mattie réalise bientôt que ce sont ses propres démons qu’elle va devoir affronter.
Les épaisses forêts enneigées du Colorado n’ont pas fini de livrer leurs secrets. Et le danger guette ceux qui s’aventurent trop près de la vérité…

Auteure : Autrefois orthophoniste, Margaret Mizushima a poursuivi son exploration des mots sous un angle plus artistique grâce à l’écriture. Passionnée de nature et d’animaux, elle vit dans le Colorado entourée de chats et de chiens et vient souvent en aide à son mari, à la tête d’un cabinet vétérinaire. Après Les Sentiers de l’oubli (2019), Ne te perds pas en chemin est son deuxième roman publié en France.

Mon avis : (lu en janvier 2020)
L’originalité de ce roman policier c’est que l’héroïne Mattie Cobb est lieutenant de police dans une unité cynophile. Elle enquête donc avec l’aide de Robo, son fidèle berger allemand. Tout en suivant l’enquête de Mattie Cobb, le lecteur de découvre les dessous de ce métier et la complicité qui unit le chien policier et son maître.
L’intrigue se situe à Timber Creek, une petite ville du Colorado. Adrienne Howard, la compagne de Brody, shérif adjoint de la ville a disparu. Ce dernier va faire parti des premiers suspects et va devoir s’éloigner de l’enquête…
Une intrigue assez classique, assez simple, l’auteure s’est plus attachée à développer la psychologie de ses personnages principaux et secondaires, Mattie Cobb et Robo, Brody, mais aussi Cole Walker, un ami vétérinaire, qui élève seul ses deux filles… Les forêts enneigées du Colorado et la nature font également parties de l’histoire.
C’est la deuxième enquête de cette série, et si l’occasion se présente, je n’hésiterai pas à lire la première « Les Sentiers de l’oubli » publié en mars 2019.

J’ai passé un bon moment en compagnie de Mattie et Robo.

Merci Claire et les éditions Belfond pour cette découverte très plaisante.

Extrait : (début du livre)
Une goutte de sueur perla sur le front du lieutenant Mattie Lu Cobb, derrière la visière de son casque. Elle inclina légèrement la tête en arrière pour l’empêcher de couler dans son œil, et constata qu’il n’y avait pas un nuage à l’horizon. Il faisait très chaud à Denver pour un mois d’octobre – beaucoup plus chaud qu’à Timber Creek, où les forêts et les prairies absorbaient en partie les ardeurs du soleil. Ici, en ville, les rayons qui se réverbéraient sur le bitume transformaient les rues en véritables étuves.
Elle dirigeait une équipe chargée d’arrêter les cambrioleurs d’une bijouterie de Cherry Creek Mall qui avaient été repérés dans ce parc industriel du sud de Denver. D’après
les rapports qu’elle avait lus, ils étaient au moins deux, peut-être trois, et armés. Ils avaient abandonné leur véhicule, une Dodge Intrepid, sur le parking avant de disparaître dans le dédale des entrepôts. Mattie comptait sur le flair de son chien de détection, Robo, pour les retrouver.
Ses trois coéquipiers, qu’elle avait rencontrés le jour même, se déployèrent en éventail derrière elle. Armés de fusils d’assaut M-16, ils avaient pour noms de code Red, Blue et Green. Mattie, quant à elle, disposait d’un Glock 17. Elle leur fit signe de s’approcher.
« Il y a quatre rangées de trois bâtiments chacune, disposées en rectangle. On n’a qu’à les appeler rangée 1, 2, 3 et 4, en partant de la gauche. Ensuite, on numérote les bâtiments en commençant par la rangée un : bâtiment 1, 2, 3… »
Elle désigna les bâtiments un par un en comptant jusqu’à douze.
« Pour le moment, on se contente de suivre Robo. Des questions ? »
Elle attendit un instant, puis alluma l’émetteur radio accroché sur son épaule et s’adressa au sergent qui les supervisait.
« Brigade canine au rapport. On est prêts.
— Bien reçu, brigade canine. Allez-y. »
Mattie joua des épaules pour disperser la tension accumulée dans ses muscles. Sous son gilet en Kevlar, elle suait à grosses gouttes.
Concentre-toi. Ne te laisse pas distraire. Et surtout, observe ton chien.
Robo, un berger allemand de quarante kilos en gilet pare-balles et harnais de recherche bleu, se tenait debout à côté d’elle.
« On va travailler ? » lui lança-t‑elle d’une voix aiguë afin de stimuler son instinct de chasseur.
Il se dressa sur les pattes arrière, surexcité. Elle détacha la laisse de son harnais et la fixa à la ceinture qu’elle portait à la taille : elle savait que son chien lui obéirait, mais aussi
qu’il préférait être libre de ses mouvements pour mieux traquer sa proie. L’instinct de Robo était parfois la seule chose qui préservait Mattie d’une mort certaine, et elle se
le rappelait chaque jour qu’ils passaient ensemble.
Elle leva la main pour lancer les opérations.
« Allez, Robo. Au travail. »
Le chien sur les talons, elle ouvrit la portière passager de la Dodge et désigna le siège.

C’est lundi, que lisez-vous ? [100]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Camille

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Trois éclats blancs – Bruno Le Floc’h
Elmet – Fiona Mozley
Les couloirs aériens – Étienne Davodeau, Christophe Hermenier, Joub

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Ne te perds pas en chemin – Margaret Mizushima (partenariat Belfond)
Miroir de nos peines – Pierre Lemaitre (Prix Audilib)

Que lirai-je les semaines prochaines ?

Le travail m’a tué – Grégory Mardon, Hubert Prolongeau, Arnaud Delalande
Penss et les plis du monde – Jérémie Moreau
Marlene – Hanni Münzer (Masse Critique Babelio)
Dans le même bateau Zelba

Bonnes lectures et bonne semaine et meilleurs vœux pour 2020 !

Les couloirs aériens – Étienne Davodeau, Christophe Hermenier, Joub

41rpva1HpBL Futuropolis – octobre 2019 – 112 pages

Quatrième de couverture :
Cinquante ans. Ça y est. Il a cinquante ans. Il se souvient bien. À vingt ans, enflammés par leur fougue juvénile, Yvan et ses copains regardaient les quinquagénaires comme des mecs finis, presque au bout de la route. C’est maintenant son tour. Il y est. Et en quelques mois il a perdu sa mère, son père, et son boulot. Sa femme, Florence, travaille beaucoup, prend souvent l’avion et vit dans les décalages horaires. Les enfants ont quitté le nid, normal. Alors, forcément, Yvan est un peu paumé. Il s’est réfugié dans le Jura, chez ses amis de toujours Thierry et Sandra. Avec ses fringues, ses bouquins, des babioles. Toute une vie, ou presque, dans quelques cartons… Cinquante ans. Allez, ça n’est peut-être pas le bout de la route, mais c’est un virage un peu casse-gueule.

Auteurs : Étienne Davodeau né en 1965. Il vit en Anjou. En 1985, après des études d’arts plastiques à Rennes, il publie la trilogie Les Amis de Saltiel puis Le Constat. Viennent ensuite Quelques Jours avec un menteur, Le Réflexe de survie, et trois polars : La Gloire d’Albert, Anticyclone et Ceux qui t’aiment.
2001 : il réalise Rural !, véritable reportage, où il confirme son choix d’inscrire le monde réel au cœur de son travail. En 2003, avec David Prudhomme au dessin, il adapte en bande dessinée l’unique et méconnu roman de Georges Brassens, La Tour des miracles. Après avoir publié Chute de vélo, qui obtient le Prix des libraires spécialisés 2005, il revient au reportage-documentaire avec Les Mauvaises Gens, qui reçoit le Grand Prix 2006 de la Critique, le Prix France Info, puis à Angoulême le Prix du Scénario et le Prix du Public. En 2006, il publie, avec Kris, Un homme est mort. Le premier livre de Lulu femme nue a obtenu, en 2009, un Essentiel au Salon International d’Angoulême, le Prix Ouest-France/Quai des bulles, le Prix Bédélys au Québec et le Prix Saint-Michel en Belgique. Le second livre de Lulu a été publié en 2010.
Joub : De son vrai nom Marc Le Grand,est né en 1967 et vit en Bretagne. Il rencontre Étienne Davodeau pendant les années fac, à Rennes. Ils y fondent ensemble un premier studio Psurde où ils partagent leur passion pour le 9e art. Joub a créé sa propre agence de publicité et a publié près de quinze de bandes dessinées, dont trois coécrits avec Étienne Davodeau. Joub fait parti de la direction artistique du festival de la bande dessinée de Saint-Malo « Quai des Bulles ».
Christophe Hermenier : est né en 1965. Il signe ici sa première bande dessinée. Concepteur graphique et photographe, il réside en région parisienne. Ici, il est l’auteur des photos et a participé à l’écriture du scénario. Il est également le coauteur d’un livre de reportage photo paru chez Hoebecke, « le Tour du monde en traction ».

Mon avis : (lu en décembre 2019)
Pour créer cette BD très réaliste, les trois auteurs, amis depuis plus de 30 ans,  se sont largement inspirés de leur vécu et de leur histoire. L’amitié est au cœur de cette BD.
Yvan, photographe, 50 ans, vient de perdre ses parents, il est au chômage, sa femme n’est jamais là car elle fait de nombreux déplacements pour son travail et ses enfants, devenus autonomes, ont quitté la maison. Il est accueilli par des amis qui lui prêtent un chalet dans le Jura, il arrive avec dans ses bagages, de nombreux cartons, ses propres affaires, celles laissées par ses enfants, celles venant de ces parents… 
Yvan ne pense pas être en dépression, mais la solitude le pèse, perdu dans l’immensité de l’hiver jurassien… A cinquante ans, c’est le moment de faire un bilan…
Il a déjà beaucoup de souvenirs derrière soi, mais ce n’est pas encore la fin de la vie ! Il a encore du temps pour aspirer à la sérénité.
L’originalité de cette BD, plusieurs doubles-pages de photos prises par Christophe Hermenier, elles mettent en scène des objets du quotidien : un vieux cendrier, une montre ancienne, un couteau à la lame émoussée… Ce sont des souvenirs de la maison des parents du héros…
Cette BD est émouvante, profonde mais sans oublier de nous faire sourire aussi !

Extrait : (début de la BD)

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Déjà lu du même auteur :

lulu_femme_nue_tome1  Lulu Femme Nue : 1er livre lulu_femme_nue_tome2 Lulu Femme Nue : 2ème livre
rural Rural ! Chronique d’une collision politique
chute_de_velo Chute de vélo  un_homme_est_mort Un homme est mort
les_mauvaises_gens Les Mauvaises gens Quelques_Jours_Avec_Un_Menteur 
Quelques jours avec un menteur

les_ignorants Les ignorants 93767685 Le chien qui louche 

116346808 Le Réflexe de survie 51kdlYcRPgL La gloire d’Albert

cd4371b931af1875182e99e4c49fb512 Anticyclone 116631554 Ceux qui t’aiment

Petit bac 2020a(2) Pluriel

Prix Audiolib : les cinq premiers livres audios sont arrivés !

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Quelques jours après après avoir découvert la liste de présélection, je viens de recevoir
les trois premiers livres audio sélectionnés pour le Prix Audiolib 2020

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Dans la forêt – Jean Hegland (10h02)
Né d’aucune femme – Franck Bouysse
(9h09)
Ici n’est plus ici – Tommy Orange
(8h44)
Miroir de nos peines – Pierre Lemaitre
(14h01)
L’homme qui savait la langue des serpents – Andrus Kiviräkh
(13h57)

C’est parti !

 

Elmet – Fiona Mozley

Lu en partenariat avec les éditions Joëlle Losfeld et Babelio

81zpzhMsQqL Joëlle Losfeld – janvier 2020 – 240 pages

traduit de l’anglais par Laetitia Devaux

Titre original : Elmet, 2017

Quatrième de couverture :
John Smythe est venu s’installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans la région d’origine de leur mère, le Yorkshire rural. Ils y mènent une vie ascétique mais profondément ancrée dans la matérialité poétique de la nature, dans une petite maison construite de leurs mains entre la lisière de la forêt et les rails du train Londres-Édimbourg. Dans les paysages tour à tour désolés et enchanteurs du Yorkshire, terre gothique par excellence des sœurs Brontë et des poèmes de Ted Hughes, ils vivent en marge des lois en chassant pour se nourrir et en recevant les leçons d’une voisine pour toute éducation. Menacé d’expulsion par Mr Price, un gros propriétaire terrien de la région qui essaye de le faire chanter pour qu’il passe à son service, John organise une résistance populaire. Il fédère peu à peu autour de lui les travailleurs journaliers et peu qualifiés qui sont au service de Price et de ses pairs. L’assassinat du fils de Mr Price déclenche alors un crescendo de violence ; les soupçons se portent immédiatement sur John qui en subit les conséquences sous les yeux de ses propres enfants… Ce conte sinistre et délicat culmine en une scène finale d’une intense brutalité qui contraste avec la beauté et le lyrisme discret de la prose de l’ensemble du roman.

Auteur : Fiona Mozley est romancière et médiéviste.
Elle a grandi à York et a étudié l’histoire à Cambridge. Elle prépare à l’Université de York une thèse de doctorat en études médiévales sur le Moyen Âge tardif tout en travaillant à mi-temps dans la librairie « The Little Apple Bookshop » à York.
« Elmet » (2017), son premier roman, a obtenu le prix Somerset-Maugham 2018, et été sélectionné pour le prestigieux Man Booker Prize en 2017.

Mon avis : (lu en janvier 2020)
Elmet était « le dernier royaume celtique indépendant en Angleterre », l’auteure nomme ainsi, le lieu où se passe cette histoire, dans une région déshéritée du Nord de l’Angleterre, le Yorkshire, où la nature est sauvage presque primitive.
Daniel, sa sœur Cathy et leur père sont une famille unie qui vit en marge de la société. Ils ont construit eux-même leur maison, cultivent leur potager, chassent et cueillent pour se nourrir. Les enfants ne vont pas à l’école, mais Vivien, une voisine, leurs font la classe. Le père, une force de la nature, gagne sa vie en participant à des combats de boxe.
Dans la fratrie, Cathy est la dure, habitée par la colère, elle a besoin de vivre dehors, de se dépenser. Au contraire, Danny est le sensible, il aime s’occuper de la maison, faire la cuisine, vivre à l’intérieur. Danny est le narrateur de cette histoire.
Ensemble, en famille, leur vie est plutôt heureuse jusqu’au jour où Mr Price, un riche propriétaire terrien, les menace d’expulsion…
Ainsi, cette histoire qui commence comme un conte bucolique va peu à peu s’assombrir, devenir un combat social et se conclure dans une extrême violence, laissant le lecteur à bout de souffle.
Fiona Mozley décrit merveilleusement la nature, avec beaucoup de précision et de poésie. C’est une région qu’elle connaît bien et qu’elle sait bien partager.
Lors de la rencontre à laquelle j’ai eu la chance de participer, elle nous a expliqué qu’elle a sciemment laissé certains aspects sans réponse, car elle souhaite que le lecteur puisse imaginer lui-même certaines parties de l’histoire…

Extrait : (début du livre)
Je ne projette pas d’ombre. La fumée dans mon dos étouffe la lumière du jour. Je compte les traverses, et les chiffres défilent. Je compte les rivets et les boulons. Je marche vers le nord. Mes deux premiers pas sont lents et traînants. Je ne suis pas sûr d’avoir pris la bonne direction, mais je dois m’en tenir à mon choix : j’ai franchi le tourniquet, et la barrière s’est refermée.
Je sens encore l’odeur des braises. Contour charbonneux d’une épave qui ondule. J’entends à nouveau les voix de ces hommes et de la fille. La rage. La peur. La détermination. Puis ces vibrations destructrices dans les bois. La langue des flammes. Leurs crachats secs et brûlants. Ma soeur à la peau maculée de sang, et cette terre vouée
à la destruction.
Je longe la voie ferrée. Quand j’entends une locomotive au loin, je me jette derrière les aubépines. Pas de trains de passagers, juste de marchandises. Des wagons en acier maculés d’emblèmes inattendus : l’héraldique d’une jeunesse qui a bien vieilli. De la rouille, des gravillons, des décennies de brouillard sale.
La pluie tombe puis s’arrête. Les herbes folles sont trempées. La semelle de mes chaussures crisse dessus. Si mes muscles me font mal, je les ignore. Je cours. Je marche. Je reprends ma course. Je traîne des pieds. Je me repose un peu. Je bois dans des trous remplis d’eau de pluie. Je me redresse. Je repars.
Je doute sans cesse. Si elle est partie vers le sud en atteignant la voie ferrée, c’est fichu, je ne la retrouverai jamais. J’aurai beau marcher, trotter, courir, m’allonger au milieu des voies pour me faire couper en deux par un train, ça ne changera rien. Si elle est partie vers le sud, je l’ai perdue.
J’ai choisi le nord, alors je continuerai par là.
Je brise tous les liens. Je progresse en bordure des champs. J’escalade des barbelés, des barrières. Je franchis des zones industrielles et des jardins privés. Je ne m’occupe pas des limites des comtés, des quartiers, des paroisses. Je traverse des prés, des pâturages et des parcs.
Les rails m’aiguillent au milieu des collines. Les trains glissent dans les vallons assombris par les sommets. Je passe une nuit étendu dans la lande à observer le vent, les corbeaux, les véhicules au loin ; absorbé par les souvenirs de cette même terre, plus au sud ; avant,
bien avant ; puis par les souvenirs d’une maison, d’une famille, de ses hauts et ses bas, des revers de fortune, des commencements et des fins, des causes et des conséquences.
Le lendemain matin, je reprends ma route. Les vestiges d’Elmet gisent à mes pieds.

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Angleterre

Petit bac 2020a(1) Lieu

Trois éclats blancs – Bruno Le Floc’h

51W1JWNX4SL Delcourt – octobre 2004 – 95 pages

Quatrième de couverture :
1911. Un port de pêche au bord de l’océan. Il fait très beau quand arrive l’ingénieur chargé de diriger la construction d’un phare en mer. L’inexpérimenté jeune homme est enthousiaste, enorgueilli de son savoir et de son statut. Il ne doute pas que l’édification de son premier ouvrage ira bon train. Mais il se heurte à l’indifférence farouche des autochtones, et subit les éléments dont il ignore tout des rythmes et de la puissance dévastatrice. Les travaux s’éternisent. Sa détermination se délite au gré des mauvaises saisons d’ennui et de solitude, alors qu’au large, les coups de boutoir de la mer et du vent sapent l’ébauche du phare…

Auteur : L’univers de Bruno Le Floc’h (1957 – 2012) porte les traces d’influences très variées : découvrant la bande dessinée avec la génération Pilote, mais sensible à des personnalités telles que Gotlib ou Brétécher, il est aussi inspiré par le personnage de Corto Maltese d’Hugo Pratt. Ses origines – Bruno Le Floch est né à Pont L’Abbé en 1957 – ajouteront à ces premières sources d’inspiration le goût pour la peinture et l’illustration bretonne du début du XXe siècle avec des artistes comme Mathurin Méheut ou Henri Rivère.

Mon avis : (lu en décembre 2019)
Les « trois éclats blancs » sont les signaux lumineux envoyés par le phare d’Ar-Men, ce monument mythique situé au large de l’île de Sein.
Cette histoire s’inspire de la construction de ce phare,
à l’ouest de la Pointe du Raz entre 1867 et 1881. L’histoire situe cette construction à la veille de la première guerre mondiale, dans un village de bord de mer typiquement breton. C’est l’histoire de la rencontre entre un ingénieur venu de Paris avec les plans du phare et les maçons et les marins bretons qui vont le construire.
Le lieu choisi pour édifier le monument est difficile d’accès puisqu’il n’émerge que lors des plus basses marées. Les tempêtes sont fréquentes et elles rendent difficiles l’avancement du chantier…
Le dessin a un effet ancien, les couleurs vives et contrastées me plaisent beaucoup.

Extrait :

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(2) Couleur

Déjà lu autour du phare d’Ar-Men :

ar-men Ar-Men – Emmanuel Lepage

81qhPPJgnnL Sang de Sein – Patrick Weber et Nicoby