Les gratitudes – Delphine de Vigand

71WrSQMY2WL JC Lattès – mars 2019 – 192 pages

Quatrième de couverture :
«  Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l’absence, les souvenirs disparus, et ceux qui resurgissent, au détour d’un prénom, d’une image, d’un mot. Je travaille avec les douleurs d’hier et celles d’aujourd’hui. Les confidences.
Et la peur de mourir.
Cela fait partie de mon métier.
Mais ce qui continue de m’étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd’hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c’est la pérennité des douleurs d’enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s’efface pas.  »

Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent  : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé  de la suivre.

Auteur : Delphine de Vigan est notamment l’auteure de No et moi des Heures souterraines, de Rien ne s’oppose à la nuit, de D’après une histoire vraie (Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens 2015 et la version audio, lue par Mariane Épin, a été récompensée par le Prix Audiolib 2016) et des Loyautés. Ses livres sont traduits dans le monde entier.

Mon avis : (lu en mai 2019)
Voilà une très jolie histoire qui met en scène trois personnages, Michka une vieille dame qui perd peu à peu son autonomie, Marie, une jeune femme qui connaît Michka depuis son enfance et Jérôme, jeune orthophoniste. Le sujet est lourd mais Delphine de Vigan sait nous parler de la vieillesse et de la perte d’autonomie avec justesse, délicatesse et réalisme.
Du jour au lendemain, Michka se sent perdue, désorientée. Elle ne peut plus vivre seule et doit songer à trouver une place dans un EPAD. Marie connait Michka depuis son enfance et est très proche d’elle. Elle est troublée par les pertes de mémoires et les mots qui se mélangent chez Michka. Régulièrement, elle va lui rendre visite, lui parler et être présente. Jérôme vient aider Michka à retrouver ses mots qui peu à peu s’en vont…
Une histoire émouvante et tendre qui ne laisse pas indifférent. Pour ma part, un joli coup de cœur. 

Extrait : (début du livre)
Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois par jour vous disiez merci ? Merci pour le sel, pour la porte, pour le renseignement.
Merci pour la monnaie, pour la baguette, pour le paquet de cigarettes.
Des merci de politesse, de convenance sociale, automatiques, mécaniques. Presque vides.
Parfois omis.
Parfois exagérément soulignés : Merci à toi. Merci pour tout. Merci infiniment.
Grand merci.
Des merci de profession : Merci pour votre réponse, votre attention, votre collaboration.
 
Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois dans votre vie vous aviez réellement dit merci ? Un vrai merci. L’expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette.
À qui ?
Au professeur qui vous a guidé vers les livres ? Au jeune homme qui est intervenu le jour où vous avez été agressé dans la rue ? Au médecin qui vous a sauvé la vie ?
À la vie elle-même ?
 
Aujourd’hui, une vieille dame que j’aimais est morte.
Je disais souvent : « Je lui dois énormément. » Ou : « Peut-être que sans elle, je ne serais plus là. »
Je disais : « Elle compte beaucoup pour moi. »
 
Compter, devoir, est-ce ainsi que se mesure la gratitude ?
Mais l’ai-je assez remerciée ? Ai-je suffisamment montré ma reconnaissance ? Ai-je été assez proche, assez présente, assez constante ?
 
Alors je pense aux derniers mois, aux dernières heures. Nos conversations, nos sourires, nos silences.
Me reviennent les instants partagés. D’autres ont disparu. Et s’inventent ceux que j’ai manqués.
J’essaie de retrouver ce jour où j’ai compris que quelque chose avait basculé et que le temps dorénavant nous serait compté.

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