Couleurs de l’incendie – Pierre Lemaitre

81CwwZlg2xL Albin Michel – janvier 2018 – 544 pages

Quatrième de couverture :
Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d’un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l’adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d’intelligence, d’énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d’autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui va ravager l’Europe.

Auteur : De Travail soigné à Sacrifices, ses cinq romans noirs couronnés par de nombreux prix ont valu à Pierre Lemaitre un succès critique et public exceptionnel. Avec Au revoir là-haut, Prix Goncourt 2013, puis Trois jours et une vie, il continue une œuvre littéraire qui confirme un grand écrivain. Il maîtrise l’art de construire des intrigues tenues par d’invisibles fils et des retournements spectaculaires. 

Mon avis : (lu en janvier 2018)
Couleurs de l’incendie est le deuxième tome de la trilogie qui a commencé avec Au revoir là-haut. Ce n’est pas vraiment une suite mais plutôt un spin-off (un roman dérivé). Le personnage principal est Madeleine Péricourt. L’histoire commence en février 1927 alors que les obsèques de Marcel Péricourt sont sur le point d’être célébrées. Dès les premières pages, Paul, le fils de Madeleine âgé de sept ans, va être l’acteur principal d’un événement spectaculaire… Madeleine va se retrouver seule à la tête des affaires de son père, mais étant une femme, elle n’a même pas le droit de signer un chèque. Elle est doit faire confiance aux banquiers proche de son père. Malheureusement, ceux-ci vont profiter de sa naïveté et rapidement elle sera trahie et perdra toute sa fortune. Lorsqu’elle va comprendre comment et par qui elle a été bernée, elle n’aura plus qu’une idée, se venger…
J’ai adoré lire ce roman d’aventure. Le contexte historique est évoqué avec le krach boursier, la montée du fascisme, les débuts de l’aviation, l’évasion fiscale, la situation de la femme dans les années 30…
Il y a une galerie de personnages des plus originaux et variés comme Joubert, le fondé de pouvoir et directeur de la banque, Léonce, l’employée de maison proche de Madeleine,  oncle Charles, le frère de Monsieur Péricourt, Vlady, la nurse polonaise de Paul, Solange, la diva italienne…
L’intrigue se construit comme un suspens avec des histoires parallèles et des rebondissements qui surprennent le lecteur, difficile de lâcher le roman…
Un troisième épisode est prévu pour achever cette trilogie, j’en suis ravie !

Mardi dernier, j’ai eu la chance de participer à une rencontre avec Pierre Lemaitre, je prépare un petit compte-rendu pour bientôt…

Extrait : (début du livre)
Si les obsèques de Marcel Péricourt furent perturbées et s’achevèrent même de façon franchement chaotique, du moins commencèrent-elles à l’heure. Dès le début de la matinée, le boulevard de Courcelles était fermé à la circulation. Rassemblée dans la cour, la musique de la garde républicaine bruissait des essais feutrés des instruments, tandis que les automobiles déversaient sur le trottoir ambassadeurs, parlementaires, généraux, délégations étrangères qui se saluaient gravement. Des académiciens passaient sous le grand dais noir à crépines d’argent portant le chiffre du défunt qui couvrait le large perron et suivaient les discrètes consignes du maître de cérémonie chargé d’ordonner toute cette foule dans l’attente de la levée du corps. On reconnaissait beaucoup de visages. Des funérailles de cette importance, c’était comme un mariage ducal ou la présentation d’une collection de Lucien Lelong, le lieu où il fallait se montrer quand on avait un certain rang.
Bien que très ébranlée par la mort de son père, Madeleine était partout, efficace et retenue, donnant des instructions discrètes, attentive aux moindres détails. Et d’autant plus soucieuse que le président de la République avait fait savoir qu’il viendrait en personne se recueillir devant la dépouille de « son ami Péricourt ». À partir de là, tout était devenu difficile, le protocole républicain était exigeant comme dans une monarchie. La maison Péricourt, envahie de fonctionnaires de la sécurité et de responsables de l’étiquette, n’avait plus connu un instant de repos. Sans foule des ministres, des courtisans, des conseillers. Le chef de l’État était une sorte de navire de pêche suivi en permanence de nuées d’oiseaux qui se nourrissaient de son mouvement.
À l’heure prévue, Madeleine était en haut du perron, les mains gantées de noir sagement croisées devant elle.
La voiture arriva, la foule se tut, le président descendit, salua, monta les marches et pressa Madeleine un instant contre lui, sans un mot, les grands chagrins sont muets. Puis il fit un geste élégant et fataliste pour lui céder le passage vers la chapelle ardente.

Déjà lu du même auteur : 

 robe_de_mari__ Robe de marié  Alex_cd Alex  9782226249678g Au revoir là-haut

114535989 Trois jours et une vie 

Petit bac 2018Couleur (2)

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