Lu en partenariat avec les Editions de la Martinière
La Martinière – janvier 2018 – 352 pages
Quatrième de couverture :
Sélectionné pour les prix du polar de Cognac, prix Landerneau, prix du Meilleur Polar des lecteurs de Points et prix du Goéland Masqué, Christophe Molmy confirme son talent avec ce nouveau roman magistral.
Coline a toujours rêvé d’intégrer la PJ. Mais elle n’a ni l’allure ni l’audace qu’on prête aux grands flics parisiens. Et puis… c’est une femme. Elle végète dans son commissariat de banlieue, jusqu’au jour où le suicide d’une jeune femme la met sur la piste d’un tueur en série.
De son côté, Philippe, vieux routier du 36 quai des Orfèvres, se débat avec une prise d’otage et des braqueurs manouches qu’il rêve de saisir en flagrant délit. Se peut-il que ces affaires soient liées ? Et jusqu’où chacun ira-t-il pour sauver sa peau. Ou risquer la sienne ?
Dans les rues de Paris se croisent flics, avocats, voyous et victimes. Au milieu de tout ce monde, le chien noir veille. Celui qui patiente, tapis en chacun de nous. Le maître de nos pulsions. Et qui n’attend qu’un bruit infime, un geste, pour se réveiller et nous emporter dans sa furie.
Auteur : Christophe Molmy est chef de la BRI de Paris (Brigade de recherche et d’intervention, dite aussi Brigade antigang), service spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme. Quelque part entre le bien et le mal est son deuxième roman.
Mon avis : (lu en février 2018)
Dans le deuxième polar de Christophe Molmy, nous retrouvons deux personnages de son premier roman policier : Philippe Lelouedec du 36, quai des Orfèvres et Renan Pessac devenu commissaire en banlieue, à Villejuif.
Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier roman policier pour apprécier le second.
L’équipe de Philippe Lelouedec surveille et traque deux frères manouches qui préparent l’attaque d’un DAB (distributeur automatique de billets).
Le quotidien de Renan Pessac est bien plus calme dans son commissariat de banlieue. Mais un jour, Céline, l’une de ses enquêtrices, remarque des similitudes entre différents cas de suicides. Toutes les suicidées sont de jeunes femmes blondes, vivant seules, chacune d’elles a été retrouvée pendue habillée d’une robe et coiffée d’une tresse.
Le lecteur va suivre les deux enquêtes en parallèle dans une intrigue réussie et efficace. L’auteur, lui-même policier, n’hésite pas à utiliser des termes spécifiques au métier (avec renvoi à une note explicative pour ne pas perdre le lecteur), et à décrire précisément les rôles et le travail de chacun. C’est donc à la fois intéressant de découvrir les dessous d’une enquête et de suivre l’enquête en direct.
Comme bon roman policier, il y a du suspens, des fausses pistes, des rebondissements… Les différents personnages sont également bien dessinés, aussi bien côté policier que du côté bandits.
Merci les Editions de la Martinière pour ce polar page turner réussi.
Extrait : (début du livre)
Le vol, c’est un métier comme un autre. Franck Schmidt en vivait depuis qu’il était enfant. Depuis que son père lui avait expliqué qu’en dehors des siens prendre ce qu’il désirait n’était pas du vol mais un mode de vie. Celui de gens qui avaient refusé le choix facile d’un appartement de banlieue et d’un petit boulot. Celui de ses oncles, ses cousins. De presque toutes les personnes qui l’avaient vu grandir. Ce métier, il l’abordait avec la rigueur et le sérieux d’un professionnel, exigeant et attentionné envers ses partenaires, habile et prudent sur le terrain, joueur et taiseux avec les flics. Il avait vite compris que, pour durer, le secret était de se gaver sans être trop regardant, ramasser tout ce qui était possible sans devenir trop gourmand. L’intérêt majeur de cette vie était la liberté. Ce qu’il devait préserver avant tout. La liberté, et le frisson qui le parcourait à chaque fois.
Lorsque Stéphane, son jeune frère, lui avait proposé de s’attaquer à des distributeurs de billets, il avait eu faim rien que d’y songer. Comme s’il tenait déjà un calibre à la main. Comme à chaque fois qu’il s’imaginait monter sur un braquage, avec ce sentiment de surpuissance qui le grisait, cette impression de dominer son destin.
Juché sur son scooter volé, il surveillait la rue tandis que Stéphane reculait pour prendre suffisamment d’élan. Avant que son cadet ne rabatte la visière de son casque de moto, il aperçut ses yeux soudain durcis par le stress et l’adrénaline ; aussi précis qu’une visée laser braquée sur la façade de la banque. Il aimait cet état presque second, celui où se mêlaient la peur et l’envie de tout faire voler devant soi, cette sensation de pouvoir tout écraser.
Il connaissait bien le quartier. Depuis Stalingrad, l’avenue Jean Jaurès filait tout droit vers Pantin. À quelques encablures de leur fief, dans les quartiers nord de Montreuil. Là où, avec Stéphane, ils avaient passé leur jeunesse à semer les flics sur des motos, puis au volant de voitures volées, à l’âge où d’autres perdaient leur temps à l’école. Ils connaissaient chaque sens interdit, chaque impasse. Autant de moyens de disparaître en cas de course-poursuite, du moins si une patrouille avait le temps de se pointer avant qu’ils ne s’envolent. Attentionnés, les flics prenaient toujours le soin de les prévenir de leur arrivée en mettant leur deux-tons.
Cela faisait maintenant cinq bonnes minutes que l’employé s’était enfermé dans le local de maintenance. Juste assez pour lancer la procédure de temporisation ; l’ouverture retardée des coffres relais qui abritaient l’argent destiné à alimenter le distributeur. Franck démarra pour s’assurer que son TMax n’allait pas le planter au moment de s’enfuir, fit un signe de tête à son frère. Stéphane allait se lancer d’une seconde à l’autre. Il n’hésiterait pas. Quand ils étaient gosses, Franck l’avait vu foncer sur un barrage de pandores au volant d’une voiture empruntée pour rentrer au camp en sortant de boîte. La berline diesel n’avait rien sous le capot. Compte tenu de leur âge ils ne risquaient pas grand-chose, pas même les foudres de leur daron. Et pourtant, Stéphane avait accéléré, en se marrant. Les gendarmes avaient trouvé ça moins drôle, rafalant l’arrière de la voiture et les traquant le reste de la nuit. Stéphane voulait s’amuser. Foncer et mordre le destin à pleines dents pour le faire lâcher prise. À près de trente-cinq ans, Franck avait renoncé à prendre des risques inutiles ; la dernière fois qu’ils s’étaient attaqués à un DAB, ils avaient pris plus de soixante-dix mille euros. Assez pour lever le pied un moment.
Ses muscles se tendirent. C’était toujours pareil avant un braquage. Même s’il y pensait depuis plusieurs jours, qu’il s’était levé avec l’idée de se retrouver là, un calibre dans la poche et prêt à tout, il fallait laisser à son corps le temps de s’y préparer. Dans quelques secondes, il aurait peut-être besoin de courir ou de se battre, de charger son frère derrière lui pour s’enfuir dans les rues de Paris. Sans qu’il ne puisse trouver les mots exacts pour le décrire, le temps parut s’étirer. Autour de lui, le monde tournait en ignorant le fracas qui s’annonçait. Il regarda une famille traverser devant lui. Il était presque midi, la mère avait dû aller chercher ses deux enfants à la sortie de l’école. Ils ne devaient pas avoir plus de dix ans, mais même son affection pour les gamins ne réussit pas à le toucher, à se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. À ce moment précis, ils ne représentaient qu’une gêne potentielle. Une complication. Son instinct de survie écrasait tout le reste.
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Je ne connaissais pas du tout, mais pourquoi pas ? Ça fait un moment sûre je n’ai pas lu un bon policier
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