Sur l’autre rive – Emmanuel Grand

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Albin Michel – mars 2021 – 528 pages

Livre de Poche – avril 2022 – 512 pages (à paraître)

Quatrième de couverture :
Saint-Nazaire, ses chantiers navals, une forêt de silos et de grues, les marais et l’océan à perte de vue, un pont entre deux rives.
Pour Franck Rivière, 21 ans, jeune espoir du football local, des rêves plein la tête, c’est aussi la fin du voyage : une chute de 68 mètres et son corps glacé repêché au petit matin.
Tandis que le capitaine Marc Ferré doute de ce suicide, Julia, la sœur de Franck, brillante avocate « montée » à Paris, se heurte aux vérités d’une ville qui cache mal sa misère, ses magouilles et son pouvoir secret : que le bizness paie peut-être plus que le ballon rond, que Saint-Nazaire ne l’a jamais quittée, et qu’on n’enterre pas aussi facilement un amour d’adolescence.
Roman d’atmosphère, peinture sociale saisissante d’une région déchirée, Sur l’autre rive est un récit aussi noir que sensible où se déploient la puissance romanesque et le style percutant d’Emmanuel Grand, l’auteur de Terminus Belz et des Salauds devront payer.

Auteur : Emmanuel Grand, a passé son enfance en Vendée et vit aujourd’hui en région parisienne. Il est l’auteur de trois polars très remarqués : Terminus Belz (prix PolarLens, Tenebris et prix du polar SNCF), Les salauds devront payer (prix Interpol’Art 2016) et Kisanga qui a reçu le Prix Landerneau Polar 2018. 

Mon avis : (lu en mars 2022)
Ce roman policier se déroule dans la région de Saint-Nazaire. Franck Rivière, 21 ans, est un espoir du football local. Il est retrouvé au petit matin, sur la rive de la Loire après une chute de 68 mètres depuis le pont de Saint-Nazaire. Un suicide ? Tout l’indique, mais le capitaine Marc Ferré a comme une intuition que ce n’est pas un suicide… Sa sœur, Julia, brillante avocate partie faire carrière à Paris, revient au pays avertie de la mort de son frère. Elle est également convaincue que Franck n’a pas mis fin à ses jours et va également chercher à comprendre.
La construction du livre est assez spéciale puisque l’on commence par le drame et le début de l’enquête, puis l’auteur renvoie le lecteur un an avant, puis retour au présent, puis nouveau flashback un mois auparavant avant la conclusion.
L’intrigue est bien construite, les personnages sont attachants et les deux rives du pont sont parfaitement décrites. Il est question d’appât du gain, de petites magouilles et d’amours contrariés…
J’y ai trouvé quelques longueurs, en particulier le fait que Marc et Julia étaient camarades de lycée, n’apporte rien de plus à ce roman noir.

J’ai beaucoup aimé la description de la traversée du pont en voiture du point de vue du capitaine Marc Ferré, étant sujet au vertige. Les sensations y sont !

Extrait : (début du livre)
Agrippé à la rambarde, Franck embrassait la ville entière d’un seul coup d’œil. En contrebas, il apercevait les alvéoles des chantiers tandis qu’au loin, de longues traînées phosphorescentes couraient jusqu’au bout de la rade. Un peu plus à droite, au milieu d’une forêt d’étincelles dans la nuit noire, il devinait la soucoupe et la route bleue qui filait vers la côte. Qu’elle était belle, cette cité laborieuse, hérissée de silos, d’entrepôts, de grues, de quatre-voies éclairées comme en plein jour. Tous ces points lumineux, ces maisons éclairées, ces voitures, ces lampadaires de rue, réduits comme des têtes d’épingle, agglutinés en grappes ou disséminés au hasard, abritant chacun un échantillon de vie nocturne, une famille, un quartier, quelques cœurs battants ou endormis. Telle une sentinelle dans les ténèbres, sa ville ne dormait jamais que d’un œil, toujours vigilante dans sa lutte contre l’océan, toujours alerte dans ce combat au corps à corps qui la recouvrait en permanence d’une mince pellicule de bave grasse et salée, un combat qui semblait encore plus terrible de nuit quand les lumières de la ville étaient prises entre les mâchoires sombres de l’immensité.
D’où il se trouvait, toute la baie semblait à portée de main, depuis les darses jusqu’au bout de la plage et au marais de Brière qu’on devinait à l’ouest perdu dans l’ombre. Il lui aurait presque suffi d’allonger le bras pour ramasser une pleine poignée de lucioles. Il y aurait trouvé des gamins recroquevillés comme des bigorneaux, des vieillards aux yeux ouverts, des travailleurs exténués, des poivrots hagards, des amoureux emmêlés… Toute cette vie sommeillante, si proche et si lointaine, insaisissable du fait de cette obscurité qui s’interposait. Le gouffre sous ses pieds. Le vent glacé sifflant entre les lames d’acier.
Franck était au bout de ses forces, frappé de convulsions qui refluaient depuis ses jambes jusqu’à la racine de ses cheveux. Il grelottait des épaules et avait des fourmis dans les bras. Le peu d’énergie qui lui restait était concentré dans ses deux mains, livides tant elles étaient serrées. Son souffle était court et son pouls battait à toute allure. La brise mouillait le coin de ses yeux. Il ne réalisait pas ce qui était en train d’arriver. Trop d’images défilaient dans sa tête.

Déjà lu du même auteur :

9782367622897-001-X Les salauds devront payer

Petit bac 2022
(3) Lieu

Rencontre avec Stephen Markley et Michael Christie

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Rencontre entre Stephen Markley et Michael Christie, autour de leurs livres Ohio et Lorsque le dernier arbre, publiés aux éditions Albin Michel. Deux immenses talents de la littérature nord-américaine, le premier ayant été récompensé par le Grand Prix de la Littérature Américaine et le second par le Prix Millepages.
Une double rencontre très sympathique qui m’a donné l’occasion de découvrir deux romans nord-américains, grâce à la traduction de Dominique Chevallier.

Pour visionner la rencontre à la Librairie Millepages de Vincennes du 29 mars 2022

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