C’est lundi, que lisez-vous ? [183]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Millina

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Madeleine, résistante tome 1 : La Rose dégoupillée – Madeleine Riffaud, Morvan, Bertail
Dix âmes, pas plus – Ragnar Jónasson
Vivian Maier à la surface d’un miroir – Paulina Spucches

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Les mille et une vies des urgences – Dominique Mermoux, Baptiste Beaulieu (BD)
Agatha Raisin, tome 15 : Bal fatal – M.C. Beaton

Que lirai-je les semaines prochaines ?
Seul le silence – Fabrice Colin, Richard Guérineau, RJ Ellory (BD)
Le droit du sol – Étienne Davodeau (BD)
La cosmologie du futur – Alessandro Pignocchi (BD)
Jours de sable – Aimée de Jongh (BD)
Cultivons-nous : Bien manger avec les paysans d’aujourd’hui – Édouard Bergeon (Masse Critique)
Les pantoufles – Luc-Michel Fouassier (partenariat Folio)

Bonnes lectures, bonne semaine !

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Vivian Maier à la surface d’un miroir – Paulina Spucches

61lAnB0MttL Steinkis – novembre 2021 – 151 pages

Quatrième de couverture :
Plongez dans l’œil même du photographe !
New York, 1953. Joanna et Lawrence Ward engagent une nouvelle nourrice pour leur fille Gwen.
Très secrète, un peu étrange et parfois sévère, Vivian Maier trouve pourtant les faveurs de la petite fille qui la suit dans ses pérégrinations urbaines et l’observe capturer le monde qui l’entoure à travers l’objectif de son Rolleiflex.
À mi-chemin entre fiction et biographie, Paulina Spucches nous entraîne de Brooklyn au Champsaur, imaginant le contexte que pourrait renfermer chaque cliché de Vivian Maier, génie de la photographie de rue.

Auteur : Autrice et illustratrice Franco-Argentine, Paulina Spucches publie un premier roman graphique dédié à la figure de Vivian Maier, photographe découverte après sa mort.

Mon avis : (lu en février 2022)
J’ai vraiment découvert Vivian Maier assez récemment en voyant le film documentaire « À la recherche de Vivian Maier ». J’avais déjà entendu parler de cette « photographe de rues » autodidacte découverte après sa mort mais je ne m’y étais pas spécialement intéressée.
Dans cette BD, l’autrice est partie d’une vingtaine de  photographies noir et blanc réalisées par Vivian Maier, pour raconter sa vie de 1952 à 1960, Paulina les a dessinée dans un style très coloré et elle a imaginé les circonstances de la photo. Sa démarche est très originale.
Vivian Maier est un vrai mystère puisqu’elle est toujours restée dans l’ombre, très secrète. Nourrice, elle emmenait les enfants en promenade tout en exerçant son art de la photographie. De son vivant, elle n’a jamais montré ou exposé ses clichés. Des dizaines de milliers de photographies ont été retrouvées après sa mort, dont une majorité de négatifs non développés et parmi eux, de très nombreux autoportraits de l’artiste.
Cette bande dessinée est un hommage à l’œuvre de Vivian Maier à la portée de tous et cela donne envie au lecteur de mieux la découvrir.
Je vous encourage à aller voir le site des photographies originales de Vivian Maier et à la fin de ce billet, je me suis amusée à mettre en parallèle la quatrième de couverture de la BD et quelques uns des clichés de Vivian Maier correspondant.

Dix âmes, pas plus – Ragnar Jónasson

91uYpniw9AL La Martinière – janvier 2022 – 352 pages

traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Þorpið, 2019

Quatrième de couverture :
Recherche professeur au bout du monde. Voici une petite annonce qui découragerait toute personne saine d’esprit. Pas Una. La jeune femme quitte Reykjavík pour Skálar, l’un des villages les plus reculés d’Islande, qui ne compte que dix habitants. Malgré l’hostilité des villageois. Malgré l’isolement vertigineux.
Là-bas, Una entend des voix et le son fantomatique d’une berceuse. Et bientôt, une mort brutale survient. Quels secrets cache ce village ? Jusqu’où iront ses habitants pour les protéger ?

Auteur : Ragnar Jónasson est né à Reykjavík en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. La Dernière Tempête clôt la trilogie  » La Dame de Reykjavík « , mettant en scène l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir à plusieurs âges de sa vie, en remontant le temps. Ce dernier volet se déroule 25 ans avant La Dame de Reykjavík et 10 ans avant L’Île au secret. Les œuvres de Ragnar sont traduites dans une trentaine de pays.

Mon avis : (lu en février 2022)
« Recherche enseignant au bout du monde », sur un coup de tête Una décide de répondre à cette petite annonce peu commune. Sa vie à Reykjavík ne lui convient plus, elle imagine que cette aventure pourrait lui faire le plus grand bien… Ce bout du monde c’est Skálar, un village situé à l’extrémité nord-est de l’Islande, sur la pénincule de Langanes, à huit heures de route de Reykjavík. Un hameau de dix âmes pas plus et parmi eux, deux jeunes élèves : Eda et Kolbrun. Una va loger chez Salka, qui élève seule sa fille Eda.
L’accueil à Skálar est assez froid, les gens sont le plus souvent gentils mais gardent leur distance vis à vis de la nouvelle arrivée. Dès les premières heures, Una ressent un malaise, chacun de ses gestes sont épiés, ses nuits sont hantées par le fantôme d’une petite fille… En plus des conditions météorologiques rudes et hostiles, l’atmosphère du village est oppressante, secrète car toute la petite communauté reste unie et fermée aux étrangers.
Dans cette histoire, il faut attendre près de la moitié du livre avant qu’un évènement dramatique arrive et Una va se mette à poser des questions, trop de questions ?
Ce huis clos est inégal, j’ai aimé les descriptions de la nature, de l’atmosphère de ce long hiver islandais. Mais l’intrigue n’est pas aussi palpitante que d’habitude, et j’ai été un peu perdu par les passages en italique qui relate des évènements du passé. La description du village et de chacun des habitants manque de profondeur. Je suis un peu déçue.

Extrait : (début du livre)
Una se réveilla en sursaut.
Elle ouvrit les yeux. Plongée dans l’obscurité, elle ne voyait rien. Incapable de se rappeler où elle se trouvait, elle avait la sensation d’être perdue, allongée sur un lit inconnu. Son corps se raidit dans un soudain accès de panique. Elle frissonna, puis comprit qu’elle avait jeté sa couette par terre dans son sommeil. Il faisait un froid glacial dans la chambre. Elle se redressa doucement. Prise d’un léger vertige, elle se ressaisit rapidement et se souvint tout à coup d’où elle était.
Le village de Skálar, sur la péninsule de Langanes. Seule, abandonnée dans son petit appartement sous les combles.
Et elle savait ce qui l’avait réveillée. Enfin, elle croyait savoir… Avec ses sens encore engourdis, difficile de distinguer le rêve de la réalité. Elle avait entendu du bruit, un étrange son. Tandis que sa conscience s’éclaircissait, la peau de ses bras se couvrit de chair de poule.
Une fillette, oui, c’était ça, à présent cela lui revenait très nettement : une petite fille qui chantait une berceuse.
N’y tenant plus, elle s’extirpa du lit, tâtonna dans les ténèbres à la recherche de l’interrupteur du plafonnier.Complètement aveugle, elle pesta de ne pas avoir de lampe de chevet. Pourtant, elle hésitait encore à allumer ; l’obscurité avait quelque chose de sécurisant.
La voix de la petite fille résonna de nouveau dans sa tête, fredonnant cette berceuse qui ne lui laissait qu’un souvenir flou. Il devait s’agir d’un rêve, bien sûr, mais cela lui avait semblé si réel.
Un grand fracas déchira le silence. Retenant un cri, elle perdit l’équilibre. Bon sang, que se passait-il ? Envahie d’une vive douleur, elle comprit qu’elle avait marché sur le verre de vin rouge abandonné par terre la veille au soir. Elle passa la main sous son pied ; un tesson s’était fiché dans sa peau, et un filet de sang chaud s’échappait de la plaie. Elle tira prudemment sur le bout de verre en serrant les dents.

Déjà lu du même auteur :

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Vík 61SOhjLqcBL Sigló 61vr1ntPaLL La dernière tempête

Petit bac 2022
(1) Chiffre

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Islande

Madeleine, résistante tome 1 : La Rose dégoupillée – Madeleine Riffaud, Morvan, Bertail

81P88zn5TIS Dupuis – août 2021 – 128 pages

Quatrième de couverture :
La petite Madeleine Riffaud, née en 1924, vit heureuse avec son grand-père et ses parents instituteurs. Du moins jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale ne sépare la famille, envoyant Madeleine, atteinte de tuberculose, dans un sanatorium. Sans doute le pire endroit possible pour que l’adolescente têtue réalise un projet fou et nécessaire : entrer dans la Résistance. Madeleine y parviendra pourtant, sous le nom de code « Rainer », devenant une actrice et un témoin privilégié de son temps. Un destin exceptionnel qu’elle raconte aujourd’hui dans une première trilogie qui l’est tout autant, nourrie des milliers de détails d’une mémoire qui n’a rien oublié…

Auteurs : Madeleine Riffaud est née en 1924 dans le Santerre, cette fille d’instituteurs grandit en Picardie. Elle est encore mineure quand elle s’engage dans la Résistance à Paris en 1942 sous le nom de code Rainer, « ce nom d’homme, de poète et d’Allemand », en hommage à Rainer Maria Rilke et participe à plusieurs « coups de main » contre l’occupant nazi. C’est un « formidable coup de pied au cul » administré par un officier allemand alors que des soldats voulaient l’embrasser qui l’a poussée à s’engager. Elle avait alors 18 ans.
Né en 1969, Jean-David Morvan est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrira en 2001 la série Zorn et Dirna. En 1994, il publie Nomad avec Sylvain Savoia. La série Sillage, commencée en 1998 avec Buchet au dessin, remporte un succès immédiat. Il est également l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya.
En 2013, il donne une suite à la série Nomad avec un second cycle qu’il intitule Nomad 2.0 avec, cette fois-ci, Julien Carette au dessin. L’année suivante, il scénarise : Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin de Jung-Gi Kim) et l’album de la collection « Ils ont fait l’Histoire » consacré à Jaurès.
Dominique Bertail naît à Tours en 1972. Il y vit jusqu’à son entrée au lycée, puis il fait un petit tour par Caen, où il passe son baccalauréat. S’ensuivent deux années aux Beaux-Arts de Rennes, puis trois autres à l’atelier de bande dessinée des Beaux-Arts d’Angoulême (1992 à 1995). C’est là qu’il rencontre Thierry Smolderen avec lequel il publie « L’enfer des Pelgram » (1998 et 2000) et cofonde le site coconino-world.com (avec Josepe et Navailles). « L’Homme-Tableau » (2000) et « L’Homme-Nuit » (2002). En 2004 paraît « Shandy, un Anglais dans l’empire » (2004 et 2006), avec le scénariste Matz. En 2008, il retrouve Thierry Smolderen et, ensemble, ils signent la série « Ghost money » (2008-2016). Quand il ne travaille pas à un album, Dominique réalise des illustrations, pour « Je bouquine' » par exemple, il collabore régulièrement à « Fluide glacial » et travaille sur des story-boards pour la télévision, l’animation, le cinéma et la publicité. Depuis 1998, il vit et travaille à Paris, où il est représenté par la galerie Arludik.

Mon avis : (lu en février 2022)
Témoigner, encore, toujours, auprès du plus large public possible, voilà ce qui a convaincu Madeleine Riffaud d’accepter le projet de bande dessinée proposé par Jean-David Morvan. Cette bande dessinée est le 1er tome d’un trilogie.
Fille d’instituteurs, Madeleine passe une enfance heureuse dans la Somme, une campagne encore marqués par la Grande Guerre. En 1939, tout bascule pour la jeune fille. Elle part sur les routes de l’Exode avec son grand-père, elle est ensuite humiliée par un officier allemand quand l’armistice est signé. L’adolescente se jure alors de combattre par tous les moyens cet occupant détesté. Mais, à dix-sept ans, elle ne sait que faire pour entrer en résistance… La tuberculose et un séjour dans un sanatorium perché dans la montagne et quelques rencontres vont lui permettre de concrétiser son projet.
Madeleine a une volonté, une détermination très impressionnantes. Elle résiste contre l’occupant mais aussi contre les préjugés et le machisme.
Le trait clair et expressif du dessin, teinté de tons de bleu magnifie cette bande dessinée témoignant du parcours de cette femme incroyablement courageuse que je ne connaissais pas.
Le lecteur découvre également des poèmes de Madeleine Riffaud insérés en fin de chaque partie.
A découvrir et à faire lire !

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2022
(2) Prénom

Déjà lu du même auteur David Morvan :

91sYNAhtwWL Irena – tome 1 : Le ghetto  91dLnOPDZ-L Irena – tome 2 : Les justes

51RBT9XNMpL  Irena – tome 3 : Varso-Vie

81zW7nPj1WL Irena – tome 4 : Je suis fier de toi 81mxFi0ucQL Irena, tome 5 : La vie, après

C’est lundi, que lisez-vous ? [182]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Millina

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Kermesse au paradis – Birgit Weyhe
Le Grand Monde – Pierre Lemaitre
Mine, Une vie de chat – Anne-Caroline Pandolfo, Terkel Risbjerg
Un pays de neige et de cendres – Petra Rautiainen

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Dix âmes, pas plus – Ragnar Jónasson
Vivian Maier à la surface d’un miroir – Paulina Spucches (BD)

Que lirai-je les semaines prochaines ?
Seul le silence – Fabrice Colin, Richard Guérineau, RJ Ellory (BD)
Le droit du sol – Étienne Davodeau (BD)
La cosmologie du futur – Alessandro Pignocchi (BD)

Bonnes lectures, bonne semaine !

Un pays de neige et de cendres – Petra Rautiainen

Lu en partenariat avec Masse Critique Babelio

913hqAasxpL Seuil – mars 2022 – 320 pages

traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.

Titre original : Tuhkaan piirretty maa, 2020

Quatrième de couverture :
En 1944, au milieu des étendues sauvages de la Laponie, un jeune soldat finlandais, Olavi Heiskanen, officie comme traducteur dans un camp de prisonniers dirigé par les Allemands. La cruauté fait partie du quotidien, détenus et gardiens luttent pour préserver leur humanité.
Enontekiö, 1947. La journaliste Inkeri Lindqvist s’installe dans la ville pour écrire sur la reconstruction de la Laponie. Mais elle cherche avant tout, et en toute discrétion, à élucider le mystère qui entoure la disparition de son mari durant la guerre.
Alors qu’Olavi et Inkeri cohabitent, la journaliste découvre peu à peu ce que tout un peuple sami a subi dans l’indifférence la plus totale. Et dans la nuit polaire, l’Histoire s’apprête à révéler, sous le soleil de minuit, ses plus sombres secrets.

Auteur : Petra Rautiainen est née en 1988 en Finlande. Elle s’intéresse à la représentation du peuple sami dans les médias. Un pays de neige et de cendres, son premier roman, est un best-seller et a été traduit dans douze langues.

Mon avis : (lu en février 2022)
Avec ce roman, le lecteur découvre la Laponie et son peuple autochtone, les Samis, durant la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l’après-guerre. La Laponie représente une zone qui couvre le nord de la Suède, de la Norvège et de la Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie.
« Un pays de neige et de cendres » est composé en alternance de deux parties qui reflètent deux époques. Il y a en premier le journal intime de Väinö Remes, un soldat finlandais, écrit entre février à septembre 1944 racontant son quotidien de traducteur et de gardien dans un camp de prisonniers à Inari.
La deuxième partie se passe de 1947 à 1950 avec la journaliste Inkeri Lindqvist venue s’installer à Enontekiö pour, officiellement, écrire sur la reconstruction de la Laponie. En réalité, elle enquête discrètement, à comprendre comment son mari a disparu durant la guerre.
Avec l’aide d’un vieux Sami, Piera et de sa petite fille, Bigga, Inkeri va découvrir ce pays qu’elle ne connaissait pas. En donnant des cours d’art et de photographie aux enfants du village, elle va peu à peu comprendre ce que tout un peuple a subi durant la guerre dans l’indifférence la plus totale. Dans la même maison, il y a également Olavi, ancien soldat qui est resté à Enontekiö après la guerre, silencieux
Ce roman se lit comme un roman policier puisque le suspens est présent à savoir si Inkeri aboutira dans son enquête. Le lecteur en sait plus qu’Inkeri grâce au point de vue du journal intime de Väinö. Historiquement, le roman, très bien documenté est passionnant.
Le ciel, le soleil de minuit, la nuit polaire et la nature de Laponie sont également fascinants à découvrir dans cet ouvrage.

Merci Babelio et les éditions du Seuil pour cette belle découverte.

Extrait : (début du livre)
INARI
Février 1944
Je suis arrivé hier à Inari : au centre pénitentiaire suivant, après celui de Hyljelahti. Ce camp ne figure pas sur les cartes finlandaises. Il est situé à une vingtaine de kilomètres à l’est nord-est du centre-bourg. Le lac est proche. La voie qui mène ici n’a de route que le nom, et deux grands arbres obstruent la
vue dans cette direction. À leur niveau, des panneaux signalent qu’il est interdit de passer sous peine de mort. Ils sont écrits en allemand et en same d’Inari. En same parce que, si quelqu’un passait par là, ce serait probablement un nomade traversant la toundra. À supposer qu’ils sachent lire, ces gens-là.
Hänninen est venu à ma rencontre. Je me suis présenté : « Väinö Remes, autorité militaire, interprète. » Sans rien dire, il m’a examiné de la tête aux pieds. Je dois avoir l’air jeune. Nous avons roulé sur un sentier pédestre dans une voiture allemande. Arrivés devant le portail, nous sommes sortis du véhicule. Le gardien n’a pas réagi tout de suite ; mais en voyant l’officier, il a changé d’expression, le boche. J’ai lu la peur dans ses yeux. Il avait une tête de mort sur le col. Hänninen lui a dit quelque chose et lui a proposé une cigarette. Le garde n’y a pas touché. Je ne sais pas s’il comprenait le finnois. Hänninen m’a expliqué ce que je savais déjà. Comme partout ailleurs, les prisonniers sont répartis entre différentes tentes. Dans celle de gauche, il y a des Ukrainiens ; dans la suivante, d’autres Soviétiques ; ensuite, des Serbes. J’ai vu
une quatrième tente. Mais il n’en a pas parlé. Je ne sais pas à quoi elle sert.
Il n’y a pas de Juifs. Les Juifs – avérés ou soupçonnés – sont expédiés au camp pénitentiaire de Hyljelahti. D’ailleurs, les détenus sont relativement peu nombreux ici, mais ils affluent à un rythme continu. Hänninen m’a parlé de tout un navire de prisonniers arrivé l’autre nuit depuis Dantzig ; dans le lot, il y avait des Polonais et des Roumains. Dès le matin, ils sont partis construire une route vers le nord. À part ça, dans les environs, il y a deux ou trois autres camps, dont un est réservé aux Allemands coupables de trahison à la patrie ou à la race. Les traîtres à la race, ce sont les pires. Tous les dimanches, ils sont emmenés à la prison communale d’Inari pour être exécutés.

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Petit bac 2022
(2) Couleur

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Finlande

Mine, Une vie de chat – Anne-Caroline Pandolfo, Terkel Risbjerg

41JdDAQNZiL Éditions Sarbacane – novembre 2012

Quatrième de couverture :
Le jour où grand Léon, doux géant un peu gauche, trouve une jolie jeune fille aux yeux de chat dans son lit, Mine, il se demande bien comment elle a pu arriver là. Il se demande bien aussi où est passée la petite chatte noire au regard brillant qu’il a recueillie et qui lui tient si joliment compagnie ? Une galerie de personnages hauts en couleurs accompagnent notre féline héroïne, tout le long de ce conte étrange et fantastique : Gaspar, l’ami de Léon, Pauvre Pierre, le « père » de Mine, le pianiste virtuose Morel, qui ne parle jamais mais qui joue comme un Dieu.

Auteurs : Après des études aux Arts Décoratifs de Strasbourg, Anne-Caroline Pandolfo partage son travail entre l’illustration et l’écriture. Elle travaille pour la chaîne ARTE puis comme illustratrice de presse et de publicité. Une rencontre avec des producteurs (Method films, Futurikon) la conduit à réaliser deux séries de dessins animés pour enfants et jeunes adolescents (réalisatrice, auteure, scénariste et création des univers graphiques de « Flatmania », France 3, et de « Popsecret », M6). Elle a publié 2 livres Ma Famille, Mes Amis, en collaboration avec Isabelle Simler. En solo elle publie Les Artistes, un album pour enfants aux éditions L’Édune (2012). Avec Terkel Risbjerg, elle signe sa première bande dessinée, Mine.
Né à Copenhague en 1974, Terkel Risbjerg a étudié la philosophie et le cinéma à l’Université de Copenhague. À la fin de ses études, il s’installe à Paris, où il travaille dans l’animation. Parallèlement, il travaille aussi comme décorateur et storyboarder. Il a conçu les effets spéciaux, des vaisseaux spatiaux et des décors de nombreuses séries animées. Il vit et travaille aujourd’hui à Strasbourg. Mine marque son retour vers la forme d’expression qui lui tient le plus au cœur, la bande dessinée.

Mon avis : (lu en janvier 2022)
J’ai pris cette BD vraiment par hasard à la Bibliothèque et après lecture je suis mitigée…
Léon est un garçon costaud, gentil et un peu gauche. Il est très seul même si son ami Gaspard veille sur lui. Mais sa vie va changer le jour où Léon croise la route d’une chatte noire au regard envoûtant. Cette chatte adopte Léon, s’installe dans son petit appartement sous les toits et le suit toute la journée.  Mais un matin, Léon retrouve dans son lit, à ses côtés une fragile et belle jeune femme. Il n’en croit pas ses yeux et il pense être en train de rêver…
Dans cette histoire gravite quelques personnages hauts en couleur dont certains m’ont touchés, mais comme je ne suis pas fan d’histoire fantastique, j’ai trouvé quelques longueurs et la conclusion arrive brutalement sans répondre à toutes mes interrogations… J’ai terminé cette BD perdue…
Mais côté graphique, j’aime beaucoup ce dessin noir et blanc épuré et le découpage varié des planches.

Extrait :

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Petit bac 2022
(2) Animal

 

Le Grand Monde – Pierre Lemaitre

81XOtLVFFML Calmann-Lévy – janvier 2022 – 592 pages

Quatrième de couverture :
La famille Pelletier
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible.
Et quelques meurtres.
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.

Auteur : Né à Paris, Pierre Lemaitre a enseigné aux adultes, notamment les littératures française et américaine, l’analyse littéraire et la culture générale. Il est aujourd’hui écrivain et scénariste. Ses romans ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux.
Après Les Enfants du désastre, sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, Pierre Lemaitre propose avec ce nouveau roman, Le Grand Monde, une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses, poursuivant ainsi l’édification d’une œuvre littéraire consacrée au vingtième siècle.

Mon avis : (lu en janvier 2022)
Après sa trilogie Les Enfants du désastre qui exploraient la période de l’entre-deux-guerres, Pierre Lemaitre poursuit par une tétralogie sur la période des Trente Glorieuses dont le tome 1 est Le Grand Monde se passe de mars à octobre 1948. Cette saga familiale met en scène la famille Pelletier. Les parents Angèle et Louis vivent à Beyrouth, il fait prospérer son entreprise de savonnerie Pelletier et fils qu’ils possèdent depuis les années 20. Leurs quatre enfants sont Jean, François, Étienne et Hélène.
Le rêve du père de transmettre son affaire à l’un de ses enfants s’est soldé par un échec. Jean, son fils aîné, a fait une tentative pendant quelques mois mais il n’y a pas trouvé sa place. Jean, alias « Bouboule », est mal dans sa peau, son mariage avec Geneviève n’est pas une réussite, c’est une vraie peste, pas très intelligente, qui n’arrête pas d’humilier son époux. Tous les deux partiront à Paris rejoindre François, le second fils et élève brillant, parti à Paris pour faire Normale Supérieur, enfin, c’est ce qu’il fait croire à son père… Étienne quittera Beyrouth pour Saïgon, rejoindre son amoureux Raymond, engagé dans la Légion étrangère en Indochine, et dont il n’a plus de nouvelles. Enfin Hélène, la petite dernière, qui a hâte de quitter Beyrouth pour rejoindre ses frères à Paris et tenter sa chance aux Beaux-Arts…
A travers cette saga familiale, le lecteur est plongé dans l’après-guerre, euphorie de la Libération est retombée, tout va mal, le chômage, les restrictions…
A Saïgon, Étienne travaille à l’Agence des monnaies, il découvre le mécanisme de la corruption autour du trafic des piastres dans un système quasi officiel. Il va cependant découvrir un scandale d’État…
Pierre Lemaitre est très doué pour raconter des histoires et pour tenir en haleine ses lecteurs.
C’est tour à tour divertissant, émouvant, jubilatoire et dramatique. C’est vivant, c’est haletant, c’est surprenant, sans oublier quelques clins d’œil à ces lecteurs les plus fidèles !
Un coup de cœur que j’ai dévoré en quelques jours.
Et je me réjouie de savoir que je pourrai retrouver dans un an cette famille qui a encore beaucoup à nous dévoiler…

Extrait : (début du livre)
Au fil des années, la procession familiale qui empruntait l’avenue des Français avait connu bien des variantes, mais jamais encore elle n’avait pris l’allure d’un cortège funèbre. Au détail près qu’elle était bien vivante, il semblait, cette année, qu’on emmenait Mme Pelletier à sa dernière demeure. Son mari, lui, comme à son habitude, marchait en tête d’un pas d’autant plus solennel que son épouse se traînait loin derrière et ne cessait de s’arrêter pour adresser à son fils Étienne le regard d’une agonisante qui supplie qu’on l’achève. Derrière eux, Jean dit Bouboule, en digne aîné, avançait d’un pas raide, sa petite épouse Geneviève trottinant à son bras. François fermait la marche en compagnie d’Hélène.

À l’avant du cortège, M. Pelletier saluait en souriant les marchands ambulants de pastèques et de concombres, adressait un signe de la main aux cireurs de chaussures, on aurait juré un homme marchant vers son couronnement, ce qui n’était pas loin de la réalité.
Le « pèlerinage Pelletier » se déroulait le premier dimanche de mars, quel que soit le temps. Les enfants l’avaient toujours connu. On pouvait échapper au mariage d’un voisin, au réveillon du jour de l’an, à l’agneau pascal, il était impensable de manquer l’anniversaire de la savonnerie. Cette année, M. Pelletier avait même payé les billets aller-retour depuis Paris pour être certain de la présence de François, de Jean et de son épouse.

Le rituel comprenait :
Acte I, la lente déambulation jusqu’à la fabrique, principalement destinée aux voisins et aux connaissances.
Acte II, la visite des locaux que tout le monde connaissait par cœur.
Acte III, le retour avenue des Français avec un arrêt au Café des Colonnes pour prendre l’apéritif.
Acte IV, le repas de famille.
— Comme ça, disait François, on s’emmerde quatre fois au lieu d’une.
Reconnaissons qu’au retour de la fabrique il était assez pénible, au café, d’entendre M. Pelletier rappeler à l’usage de tous ceux qui l’écoutaient parce qu’il payait la tournée les principales étapes de la saga familiale, histoire édifiante qui conduisait du premier Pelletier recensé (dont la présence auprès du maréchal Ney était, paraît-il, attestée) jusqu’à lui-même et à la « Maison Pelletier et Fils » qui, à ses yeux, constituait l’accomplissement de la dynastie.

Petit bac 2022
(2) Lieu

 

Déjà lu du même auteur : 

 robe_de_mari__ Robe de marié  Alex_cd Alex  9782226249678g Au revoir là-haut

114535989 Trois jours et une vie 81CwwZlg2xL Couleurs de l’incendie

918gAiQcIOL Miroir de nos peines

Kermesse au paradis – Birgit Weyhe

61OrpnhsNqL Cambourakis – octobre 2013 – 280 pages

Traduit de l’allemand par Elisabeth Willenz

Titre original : Im Himmel ist Jahrmarkt, 2013

Quatrième de couverture :
Lorsque sa fille revient de l’école et lui demande de l’aider à dresser son arbre généalogique, Birgit Weyhe s’aperçoit qu’elle ne sait que bien peu de choses au sujet de sa famille. De Munich à Berlin, l’auteur entreprend alors de reconstituer le parcours de ses grands-parents à travers l’Allemagne tourmentée du XXe siècle. Une chronique familiale tantôt intimiste, tantôt épique, où destins personnels et événements historiques s’entremêlent.

Auteur : Née à Munich en 1969, Birgit Weyhe a passé son enfance en Afrique de l’Est, puis a suivi à Hambourg des études de littérature, d’histoire, d’illustration et de graphisme. Son premier album, Ich Weiss, a paru en 2008, suivi par La Ronde et Kermesse au Paradis. Pour Madgermanes, elle obtient le Max und Moritz Preis de la meilleure bande dessinée, le prix le plus prestigieux du monde germanophone. 

Mon avis : (lu en janvier 2022)
J’ai pris cette bande dessinée, par hasard à la Bibliothèque pour les vacances.
Pour répondre à un devoir d’une de ses filles sur son arbre généalogique, Birgit Weyhe commence à s’interroger sur l’histoire de sa famille. En retraçant le destin de ses grands-parents, elle revient sur les évènements historiques du XXème siècles et sur les personnalités pleines de surprises de ses aïeuls. A l’aide de photos de famille, de ses souvenirs d’enfance, elle reconstitue l’histoire familiale avec ses secrets de famille… Ce travail de généalogie passionnant m’a donné envie d’en faire de même, et de consigner par écrit l’histoire de mes ancêtres aujourd’hui disparus pour la transmettre à mes enfants…

Extrait :

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Petit bac 2022
(2) Art
( Paradis, dernier étage d’un théâtre)

 

 

C’est lundi, que lisez-vous ? [181]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Millina

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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Les Strates – Pénélope Bagieu
Ouagadougou pressé – Roukiata Ouedraogo
Iznogoud : Moi, calife… – Tabary, Jul, Vassilian, Andrieu, Elric

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

Sous protection – Viveca Sten
Un pays de neige et de cendres – Petra Rautiainen (Masse Critique)

Que lirai-je les semaines prochaines ?
Kermesse au paradis – Birgit Weyhe (BD)
Seul le silence – Fabrice Colin, Richard Guérineau, RJ Ellory (BD)
Le droit du sol – Étienne Davodeau (BD)
La cosmologie du futur – Alessandro Pignocchi (BD)

Bonnes lectures, bonne semaine !

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