Le chœur des femmes – Martin Winckler

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Folio – édition Spéciale – novembre 2020 – 688 pages

Folio – mars 2017 – 688 pages

Folio – février 2011 – 688 pages

France Loisir – janvier 2010

POL – août 2009 – 602 pages

Quatrième de couverture :
Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de  » Médecine de La Femme « , dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit? Qu’il va m’enseigner mon métier? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre.

Auteur :  Né à Alger, en 1955, sous le nom de Marc Zaffran, Martin Winckler part en 1962 d’Algérie pour la France avec ses parents. Il passe son enfance à lire durant des journées entières et à écouter la radio. Dès 13 ans, enfant solitaire, il se met à écrire des nouvelles fantastiques inspirées de ses lectures. Après le bac, il part un an en Amérique où il comprend que devenir écrivain n’est ni scandaleux ni extravagant. De retour en France, il s’inscrit à la Faculté de médecine de Tours et devient un fervent lecteur de Georges Pérec. En 1983, après la mort de sa mère, il écrit ‘Les Cahiers Marcoeurs’ et se joint à la rédaction de la revue médicale ‘Prescrire’. Dès 1984, il publie ses premières nouvelles sous le pseudonyme de Martin Winckler dans la revue ‘Nouvelles Nouvelles’. En 1989, son premier roman ‘La vacation’ est publié et est lauréat du Festival du Premier Roman de Chambéry en 1990. En 1993, Martin Winckler cesse d’exercer la médecine et se consacre totalement à la traduction et à l’écriture.

Mon avis : (relu en juillet 2021)
Après avoir lu l’adaptation en BD de ce livre en juin dernier, je voulais relire cet été l’original… Finalement, je me suis plongée dans « Le Chœur des Femmes » plus tôt que prévu et je l’ai dévoré en moins de deux jours… Cela faisait longtemps que j’avais un livre que je ne voulais plus lâcher, et qui m’avait fait décrocher de la télé ou de mon ordinateur…
Nous découvrons de l’intérieur la consultation de gynécologie du docteur Franz Karma, à travers le regard de Jean Atwood interne de cinquième année qui se destine à la chirurgie gynécologique et qui doit y faire, un peu contre son gré, un stage de 6 mois. Au début l’interne est déboussolé par les méthodes du docteur Karma mais peu à peu Jean va se « décoincer » et grâce aux patientes comprendre qu’un médecin est avant tout un soignant au service des patients. Le lecteur assiste aux rendez-vous où des femmes racontent leur vie, parle de contraception, de sexualité… Mais ce n’est pas tout car Jean et le docteur Karma ont leurs propres petits secrets qui seront peu à peu révélés, tenant ainsi le lecteur en haleine…
Avec ce roman, Martin Winckler est plein de tendresse pour les femmes, il dénonce le machisme de certains dans le milieu médical et qui ignorent la parole des femmes. Il nous indique aussi des méthodes de consultations ou de soins utilisées avec succès à l’étranger et que les médecins français par solidarité de corps se refusent d’utiliser au détriment du patient.
Ce petit service «Médecine de la Femme» est un havre de paix et d’humanité où chacun est à l’écoute et au service des patients.
Cette relecture a été aussi forte que lors de ma première lecture.

Extrait : (début du livre)
Qu’est-ce qu’on m’avait raconté, déjà ?

J’ai du mal à m’en souvenir parce que ça m’avait semblé incroyable, alors, et ça me semble risible aujourd’hui…
Ah, oui.
Que j’allais souffrir. Parce qu’il voulait toujours avoir le dernier mot. Que si je lui tenais tête, il m’écraserait. Que si au contraire je faisais mine de m’intéresser à ce qu’il raconte, il allait m’assommer, tant il s’écoutait parler. Que tout plein de femmes – infirmières, externes, internes – étaient passées dans son lit, un jour ou l’autre. Que beaucoup de patientes – les plus baisables, évidemment ! – y passaient elles aussi… et qu’il n’avait rien contre les garçons ! Qu’avec – ou peut-être grâce à – ma belle gueule, il essaierait sûrement de me coller dans son lit. Et que si par bonheur je ne l’intéressais pas, il me ferait une vie impossible. Bref : qu’il était insupportable.
Et aussi :
Qu’il n’arrêtait pas de donner des leçons à tout le monde. Qu’il disait du mal des confrères. Qu’il professait des idées insensées. Qu’il pratiquait des gestes dangereux et totalement irréfléchis. Qu’il prenait des risques et en faisait prendre aux malades. Qu’il était très copain avec Sachs, un autre généraliste agité du bocal qui pompait l’air des gynécos au CHU, et qui avait bossé à l’unité 77 avec lui pendant des années avant de partir se geler les miches au Québec (bon débarras !). Qu’ils avaient écrit ensemble un bouquin sur la relation médecin-malade, et qu’il en avait pondu ensuite un autre sur la contraception dont les canards féminins avaient vaguement parlé – évidemment, ces journalistes, dès qu’on les caresse dans le sens du poil… Bref : qu’il ne se prenait pas pour de la merde, mais qu’il emmerdait le monde.
Et enfin : qu’il était secret et bavard, direct et sournois, agressif et mielleux. En un mot : imprévisible. Et versatile, en plus. Et que, dans les couloirs du CHU, on le surnommait Barbe-Bleue. Parce qu’en plus de jouer encore les séducteurs à la cinquantaine passée, il arborait une barbe pas toujours bien taillée et il était toujours prêt à bouffer ceux qui lui parlaient.
Tout ça m’avait fait rire jaune car, à vrai dire, je m’en foutais. Ce n’était pas mon problème. Mon problème, c’est que le doyen m’avait imposé de passer les six derniers mois de ma cinquième année d’internat – mon « allée d’honneur », avait-il ajouté avec un grand sourire censé me réconforter – dans la section de ce type, sous sa responsabilité, et ça me mettait hors de moi. Je n’avais rien à cirer du Dr Franz Karma, de ses nanas et de ses états d’âme. Rien du tout.

Déjà lu du même auteur :

la_maladie_de_sachs_p La maladie de Sachs  le_choeur_des_femmes Le Chœur des femmes

les_trois_m_decins_p Les Trois médecins  en_souvenir_d_Andr_ En souvenir d’André

61TlDvTtXJL Il fallait que je vous le dise – Aude Mermilliod

81UnGM3A4ML Le Chœur des femmes – Aude Mermilliod

Petit Bac 2021
(6) Être humain

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Pavé de l’été

2 réflexions sur “Le chœur des femmes – Martin Winckler

  1. Un titre qui semble faire l’unanimité ! Toujours pas lu, pour ma part, mais je ne le voyais pas aussi prenant et ce que tu dis sur cet aspect-là du roman, avec les « petits secrets » des deux principaux protagonistes, pourrait m’inciter à franchir le pas (jusque-là, je voyais surtout le côté documentaire du livre).

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  2. J’ai beaucoup aimé la BD il faudrait que je lise l’original … il est dans ma PAL liseuse alors vue que tu en dis malgré le nombre de page ça devrait entre vite lu car passionnant.

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