Le garçon du sous-sol – Katherine Marsh

71vYP+VnC3L Robert Laffont – février 2020 – 450 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Blandine Longre

Titre original : Nowhere boy, 2018

Quatrième de couverture :
Max, 13 ans, a quitté à contrecœur les États-Unis pour suivre sa famille à Bruxelles. Quand il découvre un jeune réfugié syrien, Ahmed, caché dans le sous-sol de sa nouvelle maison, il décide de l’aider sans en parler à ses parents.
L’amitié entre les deux garçons grandit au fil des jours, mais avec les attentats terroristes de 2015, les contrôles policiers sont renforcés et Ahmed risque à tout moment d’ être arrêté et renvoyé en Syrie. Avec l’aide de ses camarades, Max va tout faire pour éviter ce drame.

Auteure : Auteure de plusieurs romans jeunesse à succès, Katherine Marsh a notamment reçu le prestigieux Edgard Award. Après avoir habité plus d’un an à Bruxelles avec son mari et leurs deux enfants, elle s’est installée à Washington.

Mon avis : (lu en août 2020)
Ahmed est un Syrien de 14 ans sa mère et ses sœurs sont mortes sous un bombardement à Alep. Au début de cette histoire, il est avec son père et d’autres migrants sur un canot qui prend l’eau dans une mer très agitée, il fait nuit, le moteur stoppe et le père plonge pour de tirer le canot et une vague le fait disparaître. Ahmed se retrouve tout seul.
Max est un jeune américain de 13 ans, il a quitté les États-Unis avec sa famille, pour vivre à Bruxelles où son père doit travailler. Cela ne lui plaît pas du tout. Il doit apprendre le français, subir le climat pluvieux, écrire avec un stylo plume… Son intégration est difficile ! Aussi quand il découvre qu’Ahmed s’est caché dans le sous-sol de sa maison, il décide de ne rien dire à ses parents et de l’aider.
Peu à peu, les deux garçons vont s’apprivoiser, pour Ahmed, c’est la survie, il aménage sa cachette, se nourrit grâce à ce que Max lui apporte et occupe ses longues heures de solitude en s’occupant des plantes laissées à l’abandon à la cave, il doit rester le plus discret possible… Max prend son rôle très au sérieux et lui qui essuyait échec sur échec reprend confiance en lui et se doit d’aider son nouvel ami.
Une histoire palpitante sur l’amitié et la solidarité à lire par les adultes comme les adolescents. Belle découverte !

Extrait : (début du livre)
Ils avaient attendu exprès une nuit de juillet nuageuse et sans lune. Le risque que les gardes-côtes grecs les repèrent serait ainsi moins grand, avaient affirmé les passeurs.
Mais leur invisibilité posait à présent problème. Le rebord du canot pneumatique, ballotté sur la mer Égée, se trouvait à dix centimètres à peine au-dessus de l’eau, beaucoup plus bas que lorsqu’ils avaient embarqué. Il n’y avait aucune terre en vue. Le capitaine se démenait pour redémarrer le moteur, tandis que les silhouettes de dix-huit hommes, trois femmes et quatre enfants se blottissaient les unes contre les autres. Certains passagers portaient des gilets de sauvetage qui leur allaient mal ; seuls quelques-uns d’entre eux savaient nager.
– Si le moteur ne se remet pas en marche, nous nous noierons, déclara une femme dont la voix fluette, dans son affolement, monta dans les aigus.
Personne ne la contredit.
Ahmed Nasser serra contre lui son gilet de sauvetage, trop petit pour un adolescent de quatorze ans – de surcroît presque aussi grand que son père. Il se rappelait les histoires qu’il avait entendues en Turquie à propos de passeurs vendant des gilets de sauvetage défectueux qui faisaient couler les gens plutôt qu’ils ne les aidaient à flotter.
Une main se posa sur son épaule.
– Ahmed, mon âme, n’aie pas peur.
Le garçon leva les yeux vers son père, dont la large carrure était à l’étroit contre le bord du canot. Une chambre à air noire était passée à son épaule, et il souriait calmement, comme s’il savait que tout irait bien. Mais tout indiquait le contraire à Ahmed – l’odeur des corps sales et transpirants, les regards terrifiés, les vagues clapotantes qui donnaient la nausée.
– Cette dame a raison, murmura le garçon. Le bateau se dégonfle. Le moteur ne va pas redémarrer…
– Chut, fit son père.
Sa voix était autoritaire et pourtant douce, comme s’il cherchait à apaiser un enfant. Mais Ahmed était assez âgé pour savoir quelle impuissance celle-ci dissimulait. Il pensa à sa mère, à ses sœurs, à son grand-père – sa mort serait-elle pire que la leur ? Son père lui avait assuré qu’ils n’avaient pas souffert. Leur supplice avait en tout cas été moins long que ce qu’Ahmed vivait à présent. Ils n’avaient pas eu le temps d’échanger de fausses paroles de réconfort.

Laisser un commentaire