Pour que le jour de votre mort soit le plus beau de votre vie – Lionel Abbo

61KDVS9ozGL Plon – avril 2019 – 220 pages

Quatrième de couverture :
De Paris à Hollywood, suivez la folle et chaotique aventure d’Adolphe Goldstein, devenu croque-mort par opportunisme. Jubilatoire !
 » Je m’appelle Adolphe Goldstein. Je ne suis pas un simple croque-mort. Je propose à mes clients de choisir le moment et la façon dont ils quitteront ce monde. Une personne décède toutes les cinquante-quatre secondes en France. Mon commerce a de l’avenir. Death planner, c’est mon job.  »
Jusqu’à présent, le trépas demeurait un sujet tabou, s’accommodant mal de la liberté du commerce. Mais demain, organiser sa fin sera considéré comme un acte aussi anodin que préparer son mariage.
Pourquoi craindre cet instant inéluctable et le subir alors que l’on peut décider du moindre détail ? Choisir sa mort comme on a choisi sa vie.
Porté par cette mission qu’il juge d’utilité publique, jusqu’où ira Adolphe pour convaincre le monde ?

Auteur : Lionel Abbo crée et développe des émissions pour les chaînes de télévision et les plateformes. Il est aujourd’hui à la tête des activités digitales d’une grande société de production internationale. Il connaît bien les habitudes, le fonctionnement et les tabous de ce monde : la mort fait partie des derniers sujets dont le divertissement ne s’est pas encore emparé.

Mon avis : (lu en décembre 2019)
J’ai emprunté ce livre à la Bibliothèque, attirée par le titre qui n’en finit pas et qui interroge… Le sujet est à la fois sérieux et tabou : la mort, et son commerce. L’histoire est pleine d’humour et de dérision.
Adolphe Goldstein est un trentenaire, journaliste et juif qui décide de ce reconvertir et de créer son entreprise de pompes funèbres « Death Planner ». Un commerce dans un secteur qui ne risque pas de connaître la crise puisque « Tout le monde ne se marie pas mais tout le monde meurt ». Il a décidé de proposer des obsèques personnalisées et originales ! En effet, « Il n’y a rien de pire que de mourir d’ennui à un enterrement ».

Au début, le livre se veut léger et superficiel puis l’auteur pousse le lecteur à s’interroger sur notre rapport avec la vie et la mort, et même si l’humour est très présent tout au long de l’histoire, de nombreuses questions sociales et sociétales sont abordées jusqu’à un dénouement plutôt inattendu…

Extrait : (début du livre)
Je m’appelle Adolphe Goldstein. Fils unique de parents juifs ashkénazes cachés par une famille corse durant la Seconde Guerre mondiale, j’ai été conçu, nommé et élevé comme le symbole de la survie d’un peuple à la haine d’un homme. Adolphe n’est plus le prénom d’un nazi. C’est celui d’un Juif. Adolphe pour dire revanche. Résistance. Victoire.
J’ai trente-neuf ans. Aussi loin que je me souvienne, j’ai porté le fardeau de ce choix chaque jour de ma courte existence. Incompréhension. Insultes. Moqueries. Ma peine, ma haine m’ont aidé à creuser le sillon que d’autres fouleront aux pieds après moi. Sans que je ne le devine, mon prénom portait une promesse. Adolphe pour dire adieu. De cette promesse, j’ai fait mon métier.
Le capitalisme est ainsi fait qu’il ne résiste pas longtemps à l’apparition de nouveaux marchés et à l’appât du gain.
Mon commerce a de l’avenir : mon créneau, c’est la mort.
Une personne décède toutes les cinquante-quatre secondes en France. Cancer. Maladie cardio-vasculaire. Noyade, chute, accident du travail, asphyxie, obésité, violence, suicide. Un eldorado.
Jusqu’à présent, le trépas demeurait un sujet tabou ne s’accommodant pas de la liberté du commerce. Mais demain, organiser sa fin sera considéré comme un acte aussi anodin que préparer son mariage ou la bar-mitsvah de son fils. C’est la loi de l’offre et de la demande : tout le monde ne se marie pas, mais tout le monde meurt.

Je vis dans une société où l’on pourra bientôt remplacer un organe défaillant aussi mécaniquement que la pièce endommagée d’une voiture. Où l’on pourra reprogrammer le corps humain de façon à lui épargner maladies et vieillissement, par exemple en désactivant les cellules-souches cancéreuses. L’éternité nous est promise.
Aujourd’hui déjà, les hommes peuvent espérer vivre jusqu’à soixante-dix-neuf ans, les femmes jusqu’à quatre-vingt-cinq. Mais dans quel état ?
Bientôt, des robots travailleront pour nous pendant que nous nous adonnerons à toutes sortes de loisirs. La plupart des gens, ivres de liberté et de caprices, se contenteront de vivre l’instant présent. Sans plus rien attendre de l’avenir. On s’ennuiera comme jamais. On inventera de nouvelles façons de s’amuser. On jouera avec son destin.
On choisira le jour de la naissance de son enfant, la couleur de ses cheveux, son quotient intellectuel, ses capacités physiques. Le marché s’emparera de ces découvertes et commercialisera ces possibilités. Les plus pauvres seront plus faibles. Les plus riches plus forts. Pourtant tout le monde a droit à une disparition honorable. Même vous. Même moi.
Si je vous confie mon histoire, c’est pour ne pas disparaître sans laisser de trace. J’aimerais rester gravé dans vos mémoires, souiller vos âmes, ouvrir une brèche dans votre morale. En posant une simple question : comment souhaitez-vous mourir ?
Je ne suis pas un simple croque-mort. Je propose à mes clients de choisir le moment et la façon dont ils vont quitter ce monde. Pourquoi craindre cet instant inéluctable, pourquoi le subir alors que l’on peut décider du moindre détail de son départ ? Choisir sa mort comme on a choisi sa vie.
Death Planner, c’est mon job.

Petit bac 2020a(1) Crime et justice