Max – Sarah Cohen-Scali

Max_gallimard Max_poche

Gallimard jeunesse – mai 2012 – 480 pages

Gallimard jeunesse – avril 2015 – 480 pages

Quatrième de couverture :
« 19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l’on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l’enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d’autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d’aimer. Heil Hitler ! »
Max est le prototype parfait du programme « Lebensborn » initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l’Allemagne puis l’Europe occupée par le Reich.

Auteur : Sarah Cohen-Scali est née en 1958. Après des études de lettres, de philosophie et d’art dramatique, elle s’est finalement consacrée à la littérature, sa grande passion. Elle a écrit une quarantaine de romans et nouvelles, son domaine de prédilection étant le roman noir. Sarah vit à Paris avec sa famille.

Mon avis : (lu en septembre 2018)
Début septembre, j’ai été retenue par Babelio pour la rencontre avec Sarah Cohen-Scali pour son nouveau livre « Orphelins 88 ». En attendant la réception du livre, c’était la bonne occasion  de lire « Max » le premier livre de l’auteur sur la même thématique. 
1936, en Bavière, le roman commence dans dans le premier foyer du programme « Lebensborn » organisé par Himmler. Il s’agit de sélectionner des femmes aryennes qui seront accouplées à des officiers SS pour donner naissance à des bébés parfaitement aryens afin de créer une jeunesse parfaite.
Le narrateur, Max, est un bébé prêt à naître, déjà empreint de l’idéologie nazi depuis le ventre de sa mère, il veut absolument à voir le jour le 20 avril, date anniversaire du Führer. Il sera le premier à naître de ce terrifiant programme eugénique, il passera l’ épreuve de sélection. Max est le prénom que lui a donné secrètement sa mère, dont il sera rapidement séparé. Il est rebaptisé Konrad et grandit, sans maman, sans tendresse, éduqué dans la doctrine nazie. Il devient rapidement la mascotte du foyer et échappe à l’adoption. Max nous raconte tout ce qui se passe dans le foyer, ce qu’il voit, ce qu’il comprend par lui-même… Dès l’âge de quatre ans, il est utilisé pour kidnapper des enfants polonais ayant les caractéristiques aryennes… Max est de plus en plus un petit « robot » nazi, sans cœur et sans scrupule. C’est sa rencontre avec Lukas, un jeune polonais, qui va le faire évoluer. Pour la première fois de sa vie, il ressent un sentiment envers quelqu’un, Max voudrait que Lukas devienne son ami… Le lecteur va suivre le duo évoluer jusqu’en 1945…

Évidement, c’est un roman, mais tout ce qui est arrivé dans le traitement des futurs mères, des bébés, des enfants est historiquement vrai. Sarah Cohen-Scali a fait un immense travail de documentation autour des Lebensborn et programmes nazis autour de la jeunesse. C’est incroyable, terrifiant, et immensément dérangeant. 
Roman coup de poing et inoubliable !
Cependant, je suis très surprise que ce livre ait été édité dans une collection jeunesse… A ne pas lire avant 14 ans !

Extrait : (début du livre)
Je ne sais pas encore comment je vais m’appeler. Dehors, ils hésitent entre Max et Heinrich. Max, comme Max Sollmann, le directeur administratif du foyer qui va bientôt m’accueillir. Ou Heinrich, en hommage à Heinrich Himmler qui, le premier, a eu l’idée de ma conception et celle de mes camarades à venir.
Personnellement, j’aurais une préférence pour Heinrich. J’ai beaucoup de respect pour Herr Sollmann, mais il faut toujours viser haut dans la hiérarchie. Herr Himmler est plus important que Herr Sollmann. Il n’est ni plus ni moins que le bras droit du Führer.
Peu importe de toute façon, on ne me demandera pas mon avis.
Nous sommes le 19 avril 1936. Bientôt minuit.
J’aurais dû naître hier déjà, mais je n’ai pas voulu. La date ne me convenait pas. Alors je suis resté en place. Immobile. Figé. Oh ! Ça fait souffrir ma mère, bien sûr, mais c’est une femme courageuse et elle supporte ce retard sans se plaindre. D’ailleurs, je suis certain qu’elle m’approuve.
Mon vœu, le premier de ma vie à venir, est de voir le jour le 20 avril. Parce que c’est la date anniversaire de notre Führer. Si je nais le 20 avril, je serai béni des dieux germaniques et l’on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde.
À l’heure où je vous parle, je suis donc dans le ventre de ma mère et ma naissance est imminente. Plus que quelques minutes à tenir. Mais en attendant, vous n’avez pas idée du trac qui me noue les tripes ! Je suis si inquiet ! Bien que je n’aie aucune raison d’en douter, je crains que le duvet de mon petit crâne de bébé, et plus tard lorsqu’ils pousseront, mes cheveux, ne soient pas assez blonds. Or il faut absolument qu’ils soient blonds ! Un blond platine. Le plus clair possible, sans la moindre nuance de châtain qui pourrait les ternir. Mes yeux, je les veux bleus. Un bleu transparent, comme une eau pure qu’on ne pourrait contempler sans avoir l’impression de s’y noyer. Je veux être grand et fort…

Petit bac 2018Mot Unique (7)