Ginny Moon – Benjamin Ludwig

81yWH8t-h3L HarperCollins – mai 2017 – 432 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Caroline Valaud

Titre original : Ginny Moon, 2017

Quatrième de couverture :
Pour la première fois de sa vie, Ginny  Moon a trouvé sa Maison-pour-Toujours – un foyer avec une famille aimante qui saura la protéger et l’entourer. Le foyer dont n’importe quel enfant adopté pourrait rêver. Alors pourquoi cette adolescente de 14  ans cherche-t-elle à tout prix à se faire kidnapper par sa mère biologique, incapable de s’occuper d’elle ? Pourquoi Ginny veut-elle absolument retourner dans cet appartement où elle a failli mourir ?
C’est une adolescente comme les autres – elle joue de la flûte, s’entraîne pour le tournoi de basket de l’école et étudie les poèmes de Robert Frost –, à un détail près  : elle est autiste. Et certaines choses sont très importantes pour elle  : commencer sa journée avec précisément neuf grains de raisin, chanter sur Michael Jackson (son idole), manger de la pizza au bacon et à l’ananas et, surtout, retrouver sa mère biologique pour pouvoir s’occuper de sa Poupée, qui court un grand danger.
Avec les moyens limités et pourtant redoutables d’une enfant enfermée dans son monde intérieur, Ginny va tout mettre en œuvre pour la sauver.

Auteur : Titulaire d’un double master d’anglais et d’écriture, Benjamin Ludwig est enseignant. Il vit dans le New  Hampshire avec son épouse et sa fille, une jeune femme autiste qu’il a adoptée quand elle était adolescente. Ginny  Moon est son premier roman  : il lui a été inspiré en partie par ses échanges avec les parents d’autres enfants particuliers, lors des jeux Olympiques spéciaux de basket organisés par l’école de sa fille.

Mon avis : (lu en juillet 2018)
J’ai découvert ce livre grâce au Café Lectures de la Bibliothèque.
Ginny n’est pas une adolescente comme les autres, elle est autiste. A l’âge de 9 ans, elle a été retirée à sa mère biologique, à cause des mauvais traitements dont elle était victime. Aujourd’hui, Ginny a 14 ans, et elle vit avec Maura et Brian, ses parents adoptifs ou « Parents-pour-toujours » comme elle aime les appeler. Malgré tout l’amour et la stabilité que ceux-ci lui donnent, Ginny n’arrive pas à être heureuse. Elle ne cesse pas tenter de contacter sa mère biologique car sa Poupée lui manque. Lorsque la police est venue la chercher, Ginny a du abandonner sa Poupée dans une valise… 
Ginny est la narratrice, le lecteur découvre donc toutes ses pensées, ses angoisses, ses peurs, alors que dans la vraie vie, elle a beaucoup de difficultés à communiquer avec ses proches. La lecture n’est pas toujours fluide, car Ginny a sa façon de penser propre à elle et passe souvent du coq à l’âne.
Avec beaucoup de sensibilité et de tendresse, l’auteur a su rendre le personnage de Ginny très attachant et à faire un roman plein de vie, avec des touches d’humour.

Extrait : (début du livre)
Le bébé électronique en plastique n’arrête pas de pleurer.
Mes Parents-pour-toujours disent que c’est pareil qu’un vrai bébé même si je pense le contraire. Il est jamais content. Même quand je le berce. Même quand je change sa couche et que je lui donne son biberon. Si je dis chut, chut, chut et que je lui donne mon doigt à suçoter, il a l’air bête et c’est tout, et il hurle, hurle, hurle.
Je le serre encore contre moi et je dis, tout doux, tout doux. Ensuite, j’essaie tous les trucs que Gloria faisait quand je piquais mes crises. Je pose ma main derrière sa tête et je me balance sur la pointe des pieds.
Ma voix monte et descend, comme si je chantais une chanson.
Je dis :
— Là, là.
Et :
— Je suis vraiment désolée.
Mais il ne s’arrête toujours pas.
Je le pose sur mon lit et il crie plus fort, alors je commence à chercher ma Poupée. La vraie. Même si je sais qu’elle n’est pas là. Je l’ai laissée dans l’appartement de Gloria, mais comme les bébés qui pleurent me rendent vraiment, vraiment angoissée, il faut que je cherche. C’est une sorte de règle dans mon cerveau. Je cherche dans mes tiroirs, dans mon placard, dans tous les endroits où une Poupée pourrait être.
Même dans la valise. Elle est grande et noire et elle ressemble à une boîte. Je la tire de sous le lit, je fais glisser la fermeture Eclair qui est tout autour. Mais ma Poupée n’est pas dedans.
Je respire fort. Il faut que ça s’arrête. Si je mets le bébé électronique en plastique dans la valise avec assez de couvertures et de peluches et que je le cache sous le lit, peut-être que je n’entendrai plus rien, comme si je mettais le bruit tout au fond de mon cerveau.
Parce que le cerveau est dans la tête. C’est un endroit très, très sombre, où personne ne peut rien voir à part moi.
Alors je pose le bébé électronique en plastique dans la valise et je commence à attraper des couvertures. Je les empile sur son visage et je mets aussi un oreiller et des peluches. Je pense que dans quelques minutes, il ne fera plus de bruit.
Parce que pour pleurer, il faut pouvoir respirer.

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