Ma chère sœur – Alf Kjetil Walgermo

Lu en partenariat avec Masse Critique Babelio

81WxckjmHlL Bayard Jeunesse – avril 2018 – 192 pages

Quatrième de couverture :
« Si un jour on se retrouve, de l’autre côté, je ne veux pas qu’il y ait de choses à régler entre nous. »
Eli Anne a 16 ans et vient de perdre sa sœur, Amalie, d’un an sa cadette. Folle de chagrin, elle se rend régulièrement sur sa page Facebook, qu’elle refuse de supprimer. Un jour, elle se met à lui écrire. En parcourant les statuts et les photos postées par Amalie, Eli Anne revient sur sa relation avec sa sœur. Leur enfance, leur complicité, leurs désaccords, leurs rêves d’adolescentes. Et surtout, leur passion commune pour la musique : Eli Anne joue du piano, Amalie, fan de Patti Smith, chantait dans un groupe.
Au fil des messages, Eli Anne ouvre son cœur et avoue à sa sœur ce qu’elle n’a jamais osé lui dire…

Auteur : Alf Kjetil Walgermo est un auteur norvégien, journaliste et critique littéraire.

Mon avis : (lu en mai 2018)
Voilà un livre sur un sujet difficile, le deuil d’une sœur. Amalie, 15 ans, vient de mourir et Eli Anne, sa sœur âgée d’un an de plus, est désespérée de chagrin. Chaque jour Eli Anne va sur la page Facebook de sa sœur et lui écrit. Elle lui dit ce qu’elle a sur le cœur, elle évoque leurs souvenirs communs, elle parle du présent, du passé. Elle parle des amis, des parents, de la famille, du lycée… Elle lui avoue même des secrets qu’elle n’avait jamais partagé avec elle de son vivant…
Le livre se lit très rapidement, peut-être trop rapidement pour que je réussisse à vraiment m’attacher à Eli Anne et Amalie. L’histoire est émouvante mais elle manque de profondeur.
J’ai également un reproche à faire sur la forme du livre : l’absence de numéro de page, c’est vrai que l’on peut s’y retrouver avec les dates de chaque message, mais ce n’est quand même pas difficile de créer une pagination !

Extrait : (début du livre)
Eli Anne Storfjord >> Amalie Storfjord
5 octobre
Ma chère sœur,

Aujourd’hui, tu aurais eu 15 ans. Papa dit qu’on va s’en sortir. Que la vie vaut toujours la peine d’être vécue. Mais je n’ai même pas pu te dire au revoir. Ni te prendre dans mes bras une dernière fois. Je pensais qu’avec le temps, ce serait plus facile. Que les bons souvenirs atténueraient le chagrin. Mais c’est le contraire. Tu me manques de plus en plus. Je ressens ton absence toujours plus fort. Je n’ai pas réussi à t’écrire avant, mais aujourd’hui les parents ont dit qu’ils voulaient supprimer ton profil. J’ai décidé de t’écrire chaque jour jusqu’à ce que ça arrive. C’est mon seul moyen de te joindre.

Eli Anne Storfjord >> Amalie Storfjord
6 octobre
Ma chère sœur,

Quand je fais défiler ta page, j’ai presque l’impression que tu es en vie. Il y a tellement de gens qui t’ont écrit. Qui ont posté des photos, des poèmes et des mots en souvenir de toi. Après ta mort, presque tous tes amis ont écrit sur ton mur. Je regarde tous les jours s’il y a quelque chose de nouveau. Beaucoup ont dit que ton sourire leur manquait. Que tu étais la meilleure. Que tu les avais marqués. Mais maintenant plusieurs jours s’écoulent entre les messages. Tu es la seule qui puisse lire ce que j’écris. Je me suis connectée à ton compte pour changer les paramètres. Si un jour on se retrouve, de l’autre côté, je ne veux pas qu’il y ait des choses à régler entre nous.

Eli Anne Storfjord >> Amalie Storfjord
7 octobre
Ma chère sœur,

On a grandi dans cette maison. Le matin, on se préparait ensemble dans la salle de bains, on prenait ensemble le petit-déjeuner dans la cuisine, et on allait ensemble à l’école à vélo. Je savais que, quoi qu’il arrive, j’aurais toujours une amie. On ne pourra plus jamais s’asseoir sur le muret pour regarder les garçons pendant la récré. Plus jamais on ne restera dans nos lits à discuter jusqu’à ce que la lumière du jour se faufile derrière les rideaux. Plus jamais je ne sourirai en te voyant t’endormir avant moi, étendue sur le dos, les mains jointes sur la couette. Tu étais belle, on aurait dit que tu priais dans ton sommeil. Je t’entendais respirer. Ton souffle était si tranquille.

Eli Anne Storfjord >> Amalie Storfjord
8 octobre
Ma chère sœur,

Dans la classe, personne ne me demande pourquoi j’ai arrêté l’école de musique. Ils savent que tu es morte, et que je ne veux pas faire seule les allers-retours à Trondheim. Ils savent que je n’en ai pas la force. Pendant la récré, j’ai du mal à parler aux autres et, quand je souris, je sens que c’est faux. Mon sourire n’arrive pas jusqu’à mon regard. Hier, j’ai pris le bus mais je ne suis pas descendue à l’arrêt devant le lycée. J’ai préféré passer par les grands escaliers. Compter les marches, pour voir s’il y en avait toujours le même nombre. En ce moment, j’ai du mal à me concentrer. Mes pensées m’échappent. Pendant les cours, je n’entends pas ce que disent les profs. Je regarde la lampe verte accrochée au mur de la classe, elle me fait penser à une gerbe de fleurs.

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