Arrête avec tes mensonges – Philippe Besson

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Audiolib – juin 2017 – 4h45 – Lu par Antoine Leiris

Julliard – janvier 2017 – 198 pages

Quatrième de couverture :
Quand j’étais enfant, ma mère ne cessait de me répéter : « Arrête avec tes mensonges. » J’inventais si bien les histoires, paraît-il, qu’elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J’ai fini par en faire un métier, je suis devenu romancier.
Aujourd’hui, voilà que j’obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre.
Autant prévenir d’emblée : pas de règlement de comptes, pas de violence, pas de névrose familiale.
Mais un amour, quand même.
Un amour immense et tenu secret.
Qui a fini par me rattraper.

Auteur : Né en Charente, Philippe Besson a fait des études de droit et est diplômé de l’École supérieure de commerce de Rouen. C’est en 2001 qu’il publie son premier roman, En l’absence des hommes, qui reçoit le prix Emmanuel-Roblès. Dès lors, la plupart de ses livres est saluée par l’obtention d’un prix littéraire, une nomination, ou fait l’objet d’une adaptation cinématographique, comme Son frère, réalisé par Patrice Chéreau. Il est également, à la télévision, la radio et la presse écrite, un critique littéraire subtil et talentueux.

Lecteur : Ancien chroniqueur culturel à France Info et France Bleu, Antoine Leiris est journaliste. Il est l’auteur d’un premier livre très remarqué, Vous n’aurez pas ma haine, Grand Prix du livre audio France Culture – Lire dans le Noir en 2017, lu par André Dussollier.

Mon avis : (écouté en juin 2017 et réécouté partiellement en février 2018)
Barbezieux en Charente, c’est la rencontre improbable entre deux garçons dans un lycée de province. Thomas est fils de paysan destiné à reprendre la ferme familiale, Philippe, l’auteur du livre, est fils d’instituteur, il aime les livres et après son Bac, il poursuivra ses études à Bordeaux. Cet hiver 1984, ils tombent amoureux l’un de l’autre, une histoire clandestine et secrète, c’est la condition obligatoire pour pouvoir vivre cette passion réciproque. Même s’ils se côtoient au lycée, rien ne doit paraître sur leur complicité, sur leur élan amoureux… Thomas ne veut pas et ne peut pas avouer ce qu’il est, il craint trop les conséquences d’un tel aveux.
Dans ce roman l’auteur se dévoile enfin en racontant ce premier grand amour qui est certainement à l’origine de sa vocation d’écrivain et qui a inspiré son oeuvre. Il ose enfin raconter cette histoire autobiographique longtemps gardée secrète.
Un roman juste et poignant. Une lecture émouvante et sincère.
La lecture faite par Antoine Leiris est juste et très agréable.
L’entretien « bonus » avec Philippe Besson est également très intéressante.

Extrait : (début du livre)
Un jour, je peux dire quand exactement, je connais la date, avec précision, un jour je me trouve dans le hall d’un hôtel, dans une ville de province, un hall qui fait office de bar également, je suis assis dans un fauteuil, je discute avec une journaliste, entre nous une table basse, ronde, la journaliste m’interroge au sujet de mon roman, Se résoudre aux adieux, qui vient de sortir, elle me pose des questions sur la séparation, sur écrire des lettres, sur l’exil qui répare ou non, je réponds, je sais les réponses à ces questions-là, je réponds sans faire attention presque, les mots viennent facilement, machinalement, si bien que mon regard se promène sur les gens qui traversent le hall, les allées et venues, les arrivées et les départs, j’invente des vies à ces gens qui s’en vont, qui s’en viennent, je tâche d’imaginer d’où ils arrivent, où ils repartent, j’ai toujours aimé faire ça, inventer des vies à des inconnus à peine croisés, m’intéresser à des silhouettes, c’est presque une manie, il me semble que ça a commencé dès l’enfance, oui c’était là dans le plus jeune âge, maintenant je me souviens, cela inquiétait ma mère, elle disait : arrête avec tes mensonges, elle disait mensonges à la place d’histoires, ça m’est resté, donc des années après je continue, je forme des hypothèses tout en répondant aux questions, en parlant de la douleur des femmes quittées, ce sont deux choses que je sais dissocier, que je peux faire au même moment, quand j’aperçois un homme de dos, traînant derrière lui une valise à roulettes, un homme jeune se préparant à sortir de l’hôtel, la jeunesse elle émane de son allure, de sa tenue, et je suis aussitôt écrasé par cette image, parce que c’est une image impossible,une image qui ne peut pas exister, je pourrais me tromper bien sûr, après tout je ne vois pas le visage, je suis dans l’incapacité de le voir là où je suis assis, mais c’est comme si j’étais certain de ce visage, comme si je savais à quoi l’homme ressemble, et je le redis : c’est impossible, littéralement impossible, et pourtant je lance un prénom, Thomas, je le crie plutôt, Thomas, et la journaliste en face de moi en est effrayée, elle était penchée sur son carnet, occupée à griffonner des notes, à recopier mes paroles, et voilà qu’elle relève la tête, ses épaules se contractent, comme si j’avais crié sur elle, je devrais m’en excuser mais je ne le fais pas, happé par l’image en mouvement, et attendant que le prénom crié produise son effet, mais l’homme ne se retourne pas, il poursuit son chemin, je devrais en déduire que je me suis trompé, cette fois pour de bon, que tout n’a été que mirage, que le va-et-vient a provoqué ce mirage, cette illusion, mais non, je me lève, d’un bond, je pars à la poursuite du fuyant, je ne suis pas mû par le besoin de vérifier, car à cet instant-là je suis encore convaincu d’avoir raison, d’avoir raison contre la raison, contre l’évidence, je rattrape l’homme sur le trottoir, je pose ma main sur son épaule, il se retourne et.

Déjà lu du même auteur :

 La Trahison de Thomas Spencer

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