La pluie attendra – Carole Duplessy-Rousée

MasseCritiquesept2022

71FFx0w60WL Éditions du 123 – février 2022 – 362 pages

Quatrième de couverture :
Sur la côte bretonne, deux familles frappées par une malédiction : malheur à celui qui se rapprochera du clan ennemi. Alors qu’un drame vient de toucher les deux patriarches, Florence, l’une des filles de la lignée Auray, fait son retour aux Pierres-Noires pour enquêter. Entre secrets familiaux et légendes celtiques, elle fera la lumière sur un passé trouble…
Florence Auray vit au Conquet et mène une existence simple et heureuse, partageant son temps entre ses activités de pigiste pour les journaux locaux et la photographie, une passion nourrie par les somptueux paysages côtiers de l’Iroise et l’île d’Ouessant où elle aime aller se ressourcer.
À quelques kilomètres dans les terres, ses deux sœurs travaillent à la ferme familiale et supportent la lourde charge d’un père handicapé, veuf, et d’une grand-mère vieillissante. Florence vient parfois leur prêter main forte, pas assez, cependant, au goût de Margot, sa sœur aînée. Une dispute éclate entre elles quand Florence évoque le flirt caché de Sissi, la cadette, avec Arnaud Kerhuel, leur plus proche voisin. La grand-mère Sidonie s’en mêle. Jamais une Auray n’épousera un Kerhuel ! L’accident qui a tué Louis, le père d’Arnaud, et cloué Charles Auray dans un fauteuil n’a-t-il pas servi de leçon ? Faut-il que la malédiction frappe encore les deux familles ? Une malédiction… Laquelle ? Intriguée, Florence fouille, interroge, se heurtant au silence de son entourage et aux menaces de Célestin, l’aîné des enfants Kerhuel. Mais, qu’importe le prix à payer, elle est prête à tout pour connaître la vérité…

Auteure : Géographe de formation, Carole Duplessy est professeur de lycée à Rouen. Présidente de la Société des auteurs de Normandie et du jury du Prix des romancières, elle a publié une quinzaine de romans, comédies féminines et sagas grand public. Au fil des années, elle a réussi à fidéliser toujours plus de lecteurs et connaît un succès croissant. Livre après livre, elle explore des univers différents avec beaucoup de justesse, donnant vie à des personnages qui nous emportent dans le tourbillon de la vie.

Mon avis : (lu en octobre 2022)
C’est l’histoire de deux familles voisines, les Auray et les Kerhuel. Les anciens de la famille racontent qu’une malédiction existe entre les deux familles… Comme suite à la terrible tempête qui a tué Louis Kerhuel et qui a rendu Charles Auray mutique dans un fauteuil roulant…
Après ce drame, Florence, l’une des filles de la famille Auray, revient plus souvent aux Pierres-Noires et veut comprendre ses histoires de querelles et de malédiction, auxquelles elle ne croit pas. Elle décide de s’intéresser au passé, en particulier à l’époque où sa mère a rencontré son père. Celle-ci est décédée en mettant au monde sa jeune sœur Sissi, Florence n’avait alors que six ans et Margot, l’aînée, 10 ans.
J’ai choisi de recevoir ce livre essentiellement parce que l’intrigue se passait en Bretagne, sur le côte du Finistère. Et je n’ai pas été déçue par les nombreuses descriptions des splendides paysages côtiers du Finistère et de l’île d’Ouessant que Florence arpente et photographie souvent pour son plaisir ou pour son travail de pigiste pour les journaux locaux. Le personnage de Florence est très attachant, elle est déterminée avec du caractère, elle ne lâchera rien avant de connaître la vérité.

Merci Babelio et les éditions du 123 pour ce roman palpitant, avec de nombreux rebondissements parfois inattendus autour des secrets de famille. 

Extrait : (début du livre)
Florence Auray contemplait ses pieds, se demandant pourquoi elle était là. « Parce que c’est ton devoir ! murmura une petite voix dans sa tête. Parce que tu connais cet homme depuis toujours et que tu veux partager le chagrin de sa famille. Parce que sa mort est indissociable des souffrances endurées par ton propre père. Elles sont issues du même drame. Un drame qui a changé ta vie pour toujours… »
Dans la chambre aux volets fermés et éclairée par quelques bougies, l’atmosphère était pesante. Florence releva la tête et appuya son dos au mur, espérant se détendre. Elle jeta un œil sur le côté. Margot et Sissi, ses sœurs, étaient immobiles, figées comme des statues. Ni l’une ni l’autre ne paraissaient trouver le temps long. Elles entouraient leur père Charles, recroquevillé dans son fauteuil roulant, et leur grand-mère Sidonie, assise sur une chaise parce qu’elle ne tenait pas longtemps debout. Près du lit, Anne Kerhuel, la femme du défunt, avait les mains jointes et marmonnait des prières.
À ses côtés, Arnaud, son fils cadet, essuyait de temps en temps une larme sur sa joue. Plus loin, Célestin, l’aîné, se tenait droit, impassible, presque sans expression. D’ailleurs, avait-il jamais manifesté un sentiment ? pensa Florence qui ne se souvenait pas de lui autrement que les mâchoires serrées. Il ne lui avait jamais adressé la parole. Elle ne savait même pas si elle l’avait déjà vu rire ou au moins sourire. Il avait toujours eu ce masque imperméable aux émotions qui ne donnait aucune envie de l’aborder, de lui parler. Gosse, il était déjà comme ça, et Florence ne l’avait jamais apprécié. Il avait bien des copains, des gars du village avec lesquels il traînait, mais elle n’avait jamais noué de lien avec eux. Sans doute était-elle trop jeune pour faire partie de la bande. Ils devaient être cinq ou six ans plus vieux qu’elle. Une éternité, lorsqu’on est adolescent…
Une bourrasque fit craquer la charpente, et Florence en profita pour bouger un peu. La tempête allait-elle souffler de nouveau ? La météo avait annoncé quelques coups de vent. Rien de comparable avec le déchaînement des éléments qui avaient ravagé la pointe bretonne un mois plus tôt et expliquait pourquoi ils se retrouvaient autour de la dépouille de Louis Kerhuel reposant dans des draps d’un blanc immaculé.

Petit bac 2022
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