La séquence exacte des gestes – Fabio Geda

510Sq2I3rjL Gaïa – avril 2011 – 274 pages

traduit de l’italien par Augusta Nechtschein

Titre original : L’esatta sequenza dei gesti, 2008

Quatrième de couverture :
Marta et Corrado n’ont pas été gâtés par la vie. Presque encore des enfants, ils portent le fardeau des inconséquences de leurs parents. A douze et seize ans, ils se rencontrent dans un foyer d’accueil. Qui pourra leur redonner espoir, leur rouvrir l’horizon? Qui sinon ceux qui les entourent, les éducateurs ? Fabio Geda signe un hommage juste et émouvant aux travailleurs sociaux.

Auteur : Fabio Geda est né en 1974 et vit à Turin. Il est éducateur spécialisé dans un centre pour mineurs émigrés. Déjà traduits en français : Pendant le reste du voyage, j’ai tiré sur les Indiens, son premier roman (2009), et Dans la mer il y a des crocodiles, l’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari (2011). 

Mon avis : (lu en octobre 2020)
Un roman pris au hasard à la Bibliothèque qui raconte le travail des éducateurs. 
Une histoire simple, banale, juste et réaliste qui, dans le quotidien, donne la parole à un éducateur, une assistante sociale et des enfants sans parents…

Ascanio travaille dans un foyer qui accueille des adolescents difficiles à Turin. Avec ses collègues, ils tentent de redonner aux jeunes en ruptures dont ils ont la charge, un cadre, des horaires, de l’affection et une vie de famille. Leur vocation et l’implication des éducateurs laissent peu de place à une vie privée. Ascanio se livre dans un blog où il exprime ses doutes vis à vis de son travail, ses joies, sa lassitude… Il est secrètement amoureux de sa collègue Elisa et hésite à se déclarer…
Léa est assistante sociale, elle a des difficultés à séparer vie professionnelle et personnelle. Elle veut faire ce qu’il y a de mieux pour les enfants dont elle s’occupe quitte à oublier sa propre famille…
Marta est une petite fille de douze ans, elle s’occupe de ses petits frères et sœur, sa mère étant alcoolique, et le père trop souvent absent. Jusqu’au jour du drame : Anna, sa petite sœur se noie accidentellement, le père les quitte, et la mère perd la garde de ses enfants.
Corrado est l’un des jeunes du foyer, il a seize ans et son obsession est de trouver de l’argent pour organiser une grande fête à la sortie de prison de sa mère.
Marta et Corrado vont se rencontrer dans ce foyer d’accueil dont s’occupe Ascanio et Elisa.
Fabio Geda, lui-même éducateur, dépeint avec beaucoup de réalisme son quotidien et la passion pour son travail, à travers un récit à plusieurs voix, il laisse Marta, Ascanio, Lea et Corrado raconter cette histoire sincère, touchante et pleine d’humanité.
Une très belle découverte.

Extrait : (début du livre)
Mariano se balance paresseusement dans le vieux fauteuil à bascule de son grand-père. Il regarde, au-delà des champs cultivés de la coopérative, les toits du village qu’il habite, ce même village qui l’a vu naître et où il s’est marié. Il observe la campagne qui s’estompe dans le ciel nocturne, un ciel si proche qu’il pourrait rester empêtré dans les branches hautes et fines des cerisiers. Puis il abaisse son regard vers la première rangée de blé, la cour encombrée de matériaux et de gravats. Il fixe, dépité, le seau d’aliment en miettes pour les poules – maïs, soja, fibres – resté là depuis l’après-midi, et quand son regard se pose sur le sol, glissant dans la poussière jusqu’au hangar comme un serpent, Mariano remarque près de son pied, à quelques centimètres de sa semelle boueuse, un écrou.
Un écrou ?
Il se penche pour le ramasser et le serre entre deux doigts. Il relève ses lunettes et l’observe à la lumière de l’ampoule à économie d’énergie qui pend à un fil au milieu du hangar. Mariano a la quarantaine à peine passée, la peau sèche d’un marathonien, une légère myopie et une vieille cicatrice sur le cou qui date du jour où, lorsqu’il était enfant, sa soeur lui avait renversé dessus l’eau de cuisson bouillante des pâtes. Pendant son temps libre, il chine, récupère des petits jouets, les répare puis les offre : des poupées de chiffon pour Anna et Marta, des locomotives en bois pour Gianluca et Vincenzo. Il ne lit que Goscinny et Uderzo, et quand il part avec son fusil à la chasse au sanglier, car il faut bien en abattre une centaine par an, il apaise sa nausée et son sentiment de culpabilité en s’imaginant dans la peau d’Obélix, un Obélix plus introverti et avec pas mal de kilos en moins.

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Italie

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