Bakhita – Véronique Olmi

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Audiolib – mars 2018 – 13h11 – Lu par Véronique Olmi

Albin Michel – août 2017 – 464 pages

Quatrième de couverture :
Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion. Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.  Bakhita  est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte. Avec une rare puissance d’évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu’elle soit razziée.

Auteur : Dramaturge, comédienne, nouvelliste et romancière, Véronique Olmi est l’auteure de nombreux succès, dont Bord de mer, Le Premier amour ou Cet été-là. Les Éditions Albin Michel ont publié trois de ses romans, Nous étions faits pour être heureuxLa nuit en vérité, J’aimais mieux quand c’était toi et deux pièces de théâtre, Une séparation et Un autre que moi. 

Mon avis : (écouté et lu en avril 2018)
Quelle histoire poignante que celle de Bakhita, esclave soudanaise devenue religieuse, et qui a été canonisée par le pape Jean-Paul II en 2000.
Bakhita est née au Darfour vers 1869. Elle avait alors un autre prénom dont elle n’a pas gardé le souvenir. A cinq ans, elle est confrontée pour la première fois à la violence lorsque sa sœur aînée est enlevée dans son village. Quelques années plus tard, c’est elle-même qui subit le même sort. Elle a sept ans, alors qu’elle s’est écartée de son village, elle est enlevée par deux hommes qui la vendront à des négriers, elle découvre alors la violence, les coups, les humiliations du monde des esclaves… Les premiers jours, elle espère que son père viendra la sauver, puis elle se raccroche à ses souvenirs de la vie d’avant pour résister et espérer un avenir meilleur. Il lui faudra attendre six années avant d’être acheté par Calisto Legnani, un Italien, consul à Khartoum. Elle arrivera à le convaincre de l’emmener en Italie où une nouvelle vie va s’ouvrir à elle.
L’histoire de Bakhita est une histoire vraie, l’auteur a su nous la raconter avec simplicité et beaucoup de sensibilité. Bakhita est admirable de bonté et d’amour. Dans sa simplicité d’âme, et malgré les horreurs qu’elle a du subir et traverser, elle a toujours gardé espoir et fait le bien autour d’elle. Son histoire a encore une résonance avec ce qui se passe de nos jours, migrants, esclavage moderne…
J’ai écouté ce livre en parti en version audio et en version papier. J’ai eu un peu de mal au départ avec le ton pris par l’auteur dans la version audio et en même temps j’étais captivé par le texte et l’histoire de Bakhita que je ne voulais pas lâcher.
J’ai beaucoup aimé l’entretien avec l’auteur en bonus du livre audio, c’est un complément formidable à la lecture du livre.

 

Extrait : (début du livre)
Elle ne sait pas comment elle s’appelle. Elle ne sait pas en quelle langue sont ses rêves. Elle se souvient de mots en arabe, en turc, en italien, et elle parle quelques dialectes. Plusieurs viennent du Soudan et un autre, de Vénétie. Les gens disent : « un mélange ». Elle parle un mélange et on la comprend mal. On doit tout redire avec d’autres mots. Qu’elle ne connaît pas. Elle lit avec une lenteur passionnée l’italien, et elle signe d’une écriture tremblante, presque enfantine. Elle connaît trois prières en latin. Des chants religieux qu’elle chante d’une voix basse et forte.

On lui a demandé souvent de raconter sa vie, et elle l’a racontée encore et encore, depuis le début. C’est le début qui les intéressait, si terrible. Avec son mélange, elle leur a raconté, et c’est comme ça que sa mémoire est revenue. En disant, dans l’ordre chronologique, ce qui était si lointain et si douloureux. Storia meravigliosa. C’est le titre de la brochure sur sa vie. Un feuilleton dans le journal, et plus tard, un livre. Elle ne l’a jamais lue. Sa vie, à eux racontée. Elle en a été fière et honteuse. Elle a craint les réactions et elle a aimé qu’on l’aime, pour cette histoire, avec ce qu’elle a osé et ce qu’elle a tu, qu’ils n’auraient pas voulu entendre, qu’ils n’auraient pas compris, et qu’elle n’a de toute façon jamais dit à personne. Une histoire merveilleuse. Pour ce récit, sa mémoire est revenue. Mais son nom, elle ne l’a jamais retrouvé. Elle n’a jamais su comment elle s’appelait. Mais le plus important n’est pas là. Car qui elle était, enfant, quand elle portait le nom donné par son père, elle ne l’a pas oublié. Elle garde en elle, comme un hommage à l’enfance, la petite qu’elle fut. Cette enfant qui aurait dû mourir dans l’esclavage a survécu, cette enfant était et reste ce que personne jamais n’a réussi à lui prendre.

Petit bac 2018Mot unique (3)

3 réflexions sur “Bakhita – Véronique Olmi

  1. J’ai abandonné la version audio dont j’ai détesté la lecture mais j’ai eu un coup de coeur pour le texte. Il faudrait que j’écoute l’entretien, tiens!

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