L’arbre à pain – Célestine Hitiura Vaitée

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10/18 – mai 2021 – 402 pages

Au Vent des Iles – juin 2020 – 334 pages

Au vent des iles – avril 2006 – 442 pages

Au Vent des Iles – janvier 2004 – 344 pages

traduit de l’anglais par Henri Theureau

Titre original : Breadfruit, 2002

Quatrième de couverture :
Vivez le quotidien d’une famille tahitienne drôle, attachante et haute en couleurs.
Chronique d’une famille polynésienne des quartiers populaires de Tahiti, L’Arbre à pain nous plonge dans le quotidien de Materena, mère de trois enfants et femme de ménage professionnelle, au franc-parler  » local  » et aux rêves simples. Dans ce premier volet de la trilogie, la succession des récits, authentiques et tendrement drôles, est cousue de fil blanc… celui de la robe de mariée de Materena qui rêve d’une bague au doigt et d’un certificat de mariage encadré au mur. Son tane, Pito, en mâle primaire, entre bière et copains, ne veut rien entendre et résiste. Au risque de se voir réclamer à tout moment de rentrer chez sa mère… Un roman truculent, délicieux de vérité et d’émotion, qui décrit l’art de vivre au fenua et l’amour à la tahitienne dans un style vif et plein d’humour.

Auteur : Célestine Hitiura Vaite, originaire de Tahiti, vit actuellement en Australie. Depuis le succès international de la trilogie – dont la version originale anglaise a été traduite et publiée dans dix-sept pays –, l’auteure pour qui  » les histoires sont universelles ; comme les poèmes  » continue d’œuvrer dans le domaine  » libérateur  » de l’écriture. Enseignante, Célestine travaille particulièrement avec un public jeune du Pacifique (australien, français, polynésien ou aborigène) et a collaboré à plusieurs productions littéraires (pièce de théâtre, livres pour enfants). À la redécouverte de sa langue, elle s’est lancée dans une étude du premier Dictionnaire tahitien-anglais (1851) de John Davies. Elle contribue par ailleurs à l’écriture d’un opéra sur Tupaia, Purea et le capitaine Cook, Star Navigator, en collaboration avec Tim Finn.

Mon avis : (lu en août 2021)
Voilà un livre dépaysant qui nous envoie découvrir le quotidien de la famille de Materena dans un quartier populaire de Papeete à Tahiti. L’auteure est une Tahitienne qui vit en Australie et donc elle a écrit ce livre en anglais, le traducteur a fait un très beau travail en traduisant ce texte en français avec les expressions tahitiennes. En lisant, j’avais vraiment l’impression d’entendre parler local. (Un glossaire avec tout ce vocabulaire autochtone est présent au début du livre)
Materena est mère de trois enfants et femme de ménage professionnelle, elle rêve que Pito, son compagnon, lui propose le mariage… Dans un style vif et plein d’humour, le lecteur découvre l’art de vivre à la tahitienne.
Je compte bien me procurer les deux autres livres de cette trilogie : Frangipanier et Tiare

Extrait : (début du livre)
Materena aime bien les films d’amour.
Quand il y a un film d’amour à la télévision, Materena s’installe sur le canapé, croise les mains, et ne quitte pas l’écran des yeux. Elle ne balaye pas, elle ne repasse pas, elle ne coupe pas les ongles de ses pieds, elle ne range pas ses linges. Elle ne fait rien d’autre : elle regarde son film.
Les films d’amour chavirent le cœur de Materena et il lui arrive même d’imaginer qu’elle est l’héroïne.
Le film d’amour de ce soir raconte l’histoire d’une femme qui aime un homme passionnément mais, malheureusement, elle doit en épouser un autre — c’est ses parents qui ont décidé comme ça. Son futur mari n’est pas affreux, et il n’est pas méchant, mais elle n’éprouve rien pour lui. Quand elle le regarde, c’est comme si elle regarde un arbre — alors que quand elle regarde l’homme qu’elle aime, son cœur fait boum, boum, elle a envie de l’embrasser, elle a envie de le serrer fort contre elle.
La femme, dans le film, rencontre l’homme qu’elle aime une dernière fois — ça se passe la veille de son mariage, un grand mariage — et lui, il s’en va dans un pays lointain, pour ne jamais revenir, parce qu’il ne peut pas supporter de rester dans le quartier. Il pense comme ça que c’est plus facile pour lui de disparaître définitivement.
Les amoureux se retrouvent derrière une haie touffue. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre, ils s’embrassent, et puis l’homme tombe à genoux et déclare : « Je t’aimerai jusqu’à ma mort, jusqu’à ma mort je le jure devant Dieu, tu es le centre de mon univers, tu es ma lumière dans la nuit, tu seras toujours la seule. »
La femme cache son visage dans ses mains gantées et éclate en sanglots. Il y a des violons, et une larme roule au coin de l’œil de Materena. Elle a pitié de la femme. Elle souffre pour elle.
« La pauvre » soupire Materena.
« C’est nul, ce film ! C’est que des conneries ! » Ça, c’est le commentaire de Pito. À son avis à lui, il y a trop de larmes dans ce film, trop de blabla, pas d’action. Et l’acteur, quel māhū  — regarde-le un peu !
« Eh ben, va lire ton Akim dans la cuisine » lui dit Materena en s’essuyant les yeux avec son pāreu.

Petit Bac 2021
(6) Aliment / Boisson