Valse russe – Nicolas Delesalle

71AHD4vpJnL._SL1500_ JC Lattès – août 2023 – 208 pages

Quatrième de couverture :
Derrière la fenêtre de son compartiment, un Français d’origine russe regarde les forêts d’Ukraine défiler. Autour de son cou, une croix orthodoxe que lui a offerte sa
mère. Dans un pays mis à feu et à sang par les fils de ses ancêtres, c’est sa mère russe qu’il porte contre sa poitrine. C’était déjà sa mère, et professeure de russe, qui l’accompagnait lors de son premier voyage scolaire à Kiev en pleine guerre froide. Ou, en tant qu’interprète, pour son premier reportage dans la Russie des années 2000. Aurait-il pu l’imaginer alors interrogée par le KGB à dix-sept ans à Sébastopol ?
À quelques centaines de kilomètres de ce train qui l’emmène aujourd’hui vers Kiev, un vieil Ukrainien marche sur un lac gelé. Lui aussi porte une croix orthodoxe autour du cou. Ils ne se connaissent pas encore, mais bientôt ils vont partager un secret.
Une valse à trois temps, pour approcher le mystère des origines, entre fierté, désenchantement et renoncement. Une quête littéraire, intime et universelle. Un regard unique.

Auteur : Journaliste et écrivain, Nicolas Delesalle est actuellement grand reporter à Paris Match, après l’avoir été à Télérama. Il a dirigé l’ouvrage Télérama 60 ans et est l’auteur d’Un parfum d’herbe coupée, Le goût du large, Mille soleils, N’habite plus à l’adresse indiquée

Mon avis : (lu en mars 2024)
Cette valse russe est une valse à trois temps car dans ce livre, trois histoires s’alternent.
Le premier récit est le témoignage de Nicolas Delesalle, grand reporter à Paris-Match durant la guerre en Ukraine. Il est arrivé à Kiev une semaine avant l’attaque russe du 24 février 2022. Le jour de l’invasion, il était dans le Donbass à la frontière avec la Russie, persuadé d’être au première loge… Il sera dans un train durant l’exode des premiers jours, des femmes et enfants ukrainiens de l’est vers l’ouest…
La deuxième récit est un retour dans les années 80, Nicolas est adolescent, il participe à un voyage scolaire en URSS avec sa classe et sa professeur de russe, qui est également sa mère. C’est une professeur assez fantasque, elle est convaincue que les Russes et les Français sont faits pour être amis. Ses grands-parents étaient des Russes blancs, obligés de fuir le pays après la Révolution de 1917. Malgré ses ancêtres slaves, Nicolas n’a jamais retenu ses leçons de Russe et ne parle pas la langue. A l’époque, il est fier de ses origines russes de par sa mère.
Lors de ses débuts de reporter en Russie, il partira avec sa mère comme traductrice. En 2022, lors d’un reportage auprès des personnes dont les habitations venaient de recevoir des bombes russes, il appellera sa mère pour qu’elle puisse donner, depuis la France, à travers le téléphone, un peu de réconfort à une femme sous le choc.
Le troisième récit raconte la rencontre entre Sacha, un vieil Ukrainien, vivant au bord d’un lac, à la frontière russe et Vania, un jeune russe recruté en prison par la milice Wagner. Dès les premiers coups de canons, Sacha est parti s’engager.  Après quelques mois sur le front, Sacha est chargé de surveiller Vania, qui a été fait prisonnier lors de son premier combat. Sacha et Vania ont en commun le jeu des échecs.
Ces trois temps de la valse, plonge le lecteur dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l’Ukraine, dans le réalisme de la guerre, décrite au plus près des hommes, des femmes et des enfants et avec beaucoup d’humanité. C’est également pour l’auteur un réflexion sur la quête de son identité.
Une lecture enrichissante et nécessaire.

Extrait : (début du livre)
L’hiver défile derrière la fenêtre du compartiment, avec ses forêts blanches et ses chemins de boue gelée qui ne mènent nulle part. Le train cahote sur les rails tordus par le froid. Je suis de nouveau en route pour l’Ukraine. Voilà un an, j’atterrissais à Kiev par un vol régulier, une semaine avant que le premier missile russe ne soit tiré sur la ville. Peu d’Ukrainiens croyaient à la guerre. Dans la capitale, les jeunes nous riaient au nez. Depuis, l’aéroport est abandonné au silence et à la poussière, certains de ces jeunes sont morts au front et tous les autres s’efforcent de continuer à vivre sous l’orage d’acier.

Je suis assis sur ma couchette. Je regarde ce paysage que j’ai déjà tant de fois contemplé depuis le début du conflit. Depuis le début de ma vie. Autour de mon cou se balance le dernier cadeau d’anniversaire de ma mère, une croix orthodoxe en or ciselée sur le modèle de celle de son propre père. Sur un coup de tête dont elle est coutumière, ma mère l’a fait fondre à partir de son alliance, qu’elle croyait avoir jetée après son divorce, et de ma médaille de baptême catholique dont j’avais oublié l’existence. Je suis athée et guère sensible au charme ostentatoire des chaînes en or, mais depuis ce jour, je porte cette croix orthodoxe russe. C’est un talisman, mes racines, mon histoire. Dans un pays mis à feu et à sang par les fils de mes ancêtres, c’est ma mère russe que je porte contre ma poitrine.
À quelques centaines de kilomètres de ce train qui m’emmène vers Kiev, un homme marche sur un lac gelé. Lui aussi porte une croix orthodoxe autour du cou. Il ne me connaît pas encore. Il est ukrainien, il s’appelle Sacha et, bientôt, il va partager son secret avec moi.

Déjà lu du même auteur :

un parfum d'herbe coupée Un parfum d’herbe coupée le gout du large Le goût du large

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Mission Tigre – Mick Herron

Masse Critique Babelio

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81PLD-DLSBL._SL1500_ Actes Sud – mars 2024 – 352 pages

traduit de l’anglais par Laure Manceau

Titre original : Real Tigers, 2016

Quatrième de couverture :
“La Maison des tocards” est la branche du mi5 où atterrissent les agents secrets en disgrâce qui ont tellement foiré qu’on ne peut plus leur confier de vraies missions de renseignement. Ces espions ratés, ces rebuts de la profession dénommés “tocards”, sont condamnés à passer le reste de leur “carrière” à végéter dans ce trou sous les ordres toujours aussi saugrenus de Jackson Lamb, enchaînant les missions sans intérêt, bouffant de la paperasse tout en rêvant de pouvoir un jour sortir du placard et retourner au cœur de l’action.

Auteur : Mick Herron est romancier. Il vit à Oxford et travaille à Londres. Il est notamment l’auteur de la série d’espionnage Slough House, dont « La Maison des tocards », « Les Lions sont morts » (qui a reçu le CWA Gold Dagger Award du meilleur roman) et « Mission Tigre» ont paru dans la collection Actes Noirs.

Mon avis : (lu en avril 2024)
Ce roman d’espionnage est le troisième volume, dernier traduit en français, de la série anglaise « Jackson Lamb », qui en compte huit en anglais. Cette série raconte les aventures d’une équipe d’espions du MI5 qui ont été mis à l’écart par les services centraux suite à une mission ratée ou un comportement déviant.
Ils ont été exilés dans un vieil immeuble miteux de Londres, surnommé « le Placard ». Ils espèrent tous un jour réintégrer les bureaux de Regent’s Park. En attendant, ils sont cantonnés à des basses tâches de renseignements et de paperasses au bureau.
Le patron du Placard est Jackson Lamb, un affreux bonhomme, crasseux, pétomane qui tyrannise gentiment son équipe mais est également un professionnel brillant. 
Mission Tigre commence avec l’enlèvement de Catherine Standish, ancienne alcoolique, qui est la caution logistique du Placard. Toute l’équipe se met au travail pour chercher Catherine, puis pour comprendre qui a commandité son enlèvement et pourquoi…
L’intrigue est passionnante et pleine de surprises, cela renouvelle totalement les codes du roman d’espionnage : pas de clichés à la James Bond mais au contraire une lutte interne entre les services de renseignements anglais avec l’intrusion des politiques… Ce n’est pas toujours facile à comprendre. Nos placardisés deviennent des héros malgré eux sans oublier l’humour anglais dans de nombreuses situations périlleuses.
Je n’ai pas lu les deux romans précédents « La Maison des tocards » et « Les Lions sont morts », ce qui est parfois gênant pour tout comprendre puisqu’il est souvent fait allusion aux aventures précédentes de nos tocards. Je n’ai pas été trop gênée car j’avais vu il y a quelques mois la série « Slow Horse » tirée de ces romans…
Cependant, je n’ai pas compris le lien entre le chapitre d’introduction et le reste du roman. Mais ce n’est pas essentiel pour apprécier cette lecture !
Merci Babelio et les éditions Actes Sud pour cette lecture trépidante.

Extrait : (début du livre)
Comme souvent en cas de corruption, l’histoire commença avec des mecs en costume.
Matin de semaine aux abords de la City, humide, sombre, brumeux, pas encore cinq heures. Dans les tours voisines, vingt étages pour les plus hautes, quelques fenêtres allumées créaient des motifs aléatoires dans le quadrillage de verre et d’acier ; certaines de ces lumières signifiaient que les banquiers lève-tôt étaient à leur bureau pour devancer les marchés, mais la plupart indiquaient que les autres travailleurs de la City avaient pris leur poste, ceux qui enfilaient leur combinaison dès le petit matin pour passer l’aspirateur, faire la poussière, vider les poubelles. Paul Lowell était solidaire de ces derniers. Soit on nettoyait derrière les autres, soit on ne le faisait pas – voilà à quoi se résumait purement et simplement la hiérarchie sociale.
Il risqua un œil en contrebas. Dix-huit mètres, ce n’était pas rien, vu à la verticale. Il s’accroupit, sentit ses genoux craquer et ses cuisses tendre le tissu bas de gamme de manière inconfortable. Ce costume était trop petit. Lowell l’avait cru suffisamment extensible, mais en l’occurrence il se sentait tout comprimé et absolument pas investi des pouvoirs qu’il aurait dû lui conférer.
Ou alors il avait pris du poids.
Il se trouvait sur une plateforme, ce qui n’était probablement pas le terme correct en architecture, au-dessus d’un passage voûté à travers lequel passait London Wall, la quatre-voies reliant St. Martin’s Le Grand à Moorgate. Au-dessus de lui se dressait une autre tour, dont la jumelle s’élevait à un angle légèrement décalé, abritant les principales banques d’investissement mondiales ainsi que l’une des plus célèbres franchises de pizza. À une centaine de mètres, sur une butte herbeuse en bordure de la route à laquelle il avait donné son nom, se tenait un morceau du Mur romain qui avait jadis encerclé la ville, toujours debout des siècles après que ses bâtisseurs y avaient abandonné leurs fantômes. Tout un symbole, songea Lowell. Certaines choses perduraient, survivaient au changement, et préserver ce qu’il en restait valait le coup de se battre. Les raisons de sa présence ici, autrement dit.
D’un coup d’épaules, il se débarrassa de son sac à dos, le coinça entre ses genoux et le vida de son contenu. Dans une heure environ, la circulation s’intensifierait, en direction de la City ou de l’est, une part importante passerait sous l’arche sur laquelle il était perché et tous ces gens en voiture, taxi, bus et vélo n’auraient d’autre choix que d’être témoins. Dans leur sillage débarqueraient les inévitables équipes de reportage dont les caméras transmettraient son message à tout le pays.

Deux femmes et un jardin – Anne Guglielmetti

 

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Folio – avril 2023 – 160 pages

Interférence – mars 2021 – 80 pages

Quatrième de couverture :
« Je voulais garder l’image que j’avais d’elle : libre, fantasque, ne recevant d’ordre de personne et acceptant d’en payer le prix. »
Après des années à faire des ménages à Paris, Mariette hérite d’une vieille bâtisse en Normandie. Charmée par les lieux, elle y emménage et s’épanouit dans son jardin en friche, à l’écart du monde. Mais l’arrivée de Louise interrompt sa retraite : cette adolescente, en vacances dans la région, cherche un refuge à l’ennui et à la lourdeur familiale. Peu à peu, toutes deux nouent une complicité émerveillée autour du jardin sauvage. Le lien inattendu créé cet été-là bouleversera à jamais l’existence des deux femmes.

Auteure : Anne Guglielmetti, née en , est une écrivaine et une traductrice française. 

Mon avis : (lu en janvier 2024)
J’ai eu un vrai coup de cœur pour ce court roman.
C’est l’histoire simple d’une rencontre entre Mariette, une femme discrète d’un certain âge, et Louise, une adolescente solitaire. Après des années de ménages à Paris, Mariette décide de s’installer dans la petite maison dont elle vient déshériter dans l’Orne, en Normandie. Louise a 14 ans, elle vient avec son père et sa belle-mère dans ce coin perdu durant les vacances scolaires. Elle s’y ennuie car il n’y a pas d’internet !
C’est en novembre que Mariette découvre sa maison. Après un périple en train, puis en bus et enfin 3 à 4 kilomètres à pieds, Mariette rencontre pour la première fois Louise qui est à vélo et qui lui indiquera son chemin.
Durant les premiers mois, Mariette fait un grand ménage dans son nouveau domicile, explore le grenier. Elle aime regarder le jardin en friche depuis la fenêtre.
Louise viendra traîner autour de chez Mariette aux vacances suivantes et lui prêtera un vélo.
Au printemps, Mariette décide de s’attaquer au jardin et spontanément, avec gants et sécateurs, Louise vient l’aider… Peu à peu une relation d’amitié se noue entre les deux femmes. Elles n’échangent pas beaucoup de mots mais après la journée de travail, elles contemplent ensemble ce jardin qui se transforme au fil des saisons… Beaucoup de poésie et de délicatesse dans ce court roman.

Extrait :
Elle arriva par le train de Paris qui faisait halte en gare de l’Aigle à 12h30 précises. C’était un jeudi de novembre et il pleuvait. Le ciel était uniformément gris et immobile, la pluie fine et continue, l’humidité plus pénétrante que le froid n’était vif.
Les deux ou trois autres voyageurs descendus en même temps qu’elle disparurent aussitôt, ils savaient où ils allaient. Elle aussi savait où elle devait aller, en tout cas le nom de sa destination lui était à présent familier. Elle l’avait tant de fois lu et relu sur ce qu’elle appelait « les papiers ». Et puis le nom de ce hameau n’était pas si difficile à mémoriser.
Elle n’y était revenue que pour se convaincre de sa réalité, et de la réalité d’un acte notarié qui faisait d’elle la propriétaire « d’une bicoque – le mot était du clerc, prononcé avec un sourire condescendant -, sise dans un hameau perdu de la campagne normande… A vous de voir ce que le hasard à concocté ! », avait ajouté cet homme pour qui, apparemment, tout ce qui n’était pas la capitale méritait le qualificatif de « perdu » et auquel sa cliente ne pouvait inspirer que ce ton condescendant.
Elle n’y avait prêté aucune attention. La condescendance, elle connaissait : nuance éphémère dans une indifférence épaisse ou pâle variante d’un apitoiement agacée, elle n’avait jamais entendu que ce ton de voix durant toute son existence, quand une voix daignait s’adresser à elle. Habituée, oui, et par habitude peut-être cuirassée, la moindre inflexion d’intérêt véritable ou de gentillesse l’aurait, au contraire, sans doute prodigieusement embarrassée. Le hasard, en revanche, incarné par quelques feuilles timbrées tenues à deux mains ou, mieux encore, par une grande clé à l’ancienne qui avait pesé dans sa paume et pendait maintenant à son cou au bout d’un ruban, toute chaude de sa propre chaleur emmagasinée sous un pull-over, ce hasard là, qui l’avait dénichée, elle, Mariette Copiel, dans les méandres d’une généalogie dont elle n’aurait jamais imaginé l’existence, l’avait pendant des semaines sidérée.

 

Rencontre blogueuses au Festival Rue des Livres

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Samedi 16 mars, j’étais à Rennes pour le Festival Rue des Livres et surtout la traditionnelle rencontre des blogueurs de l’ouest…
Je retrouve à la gare de Rennes Gambadou et nous prenons le bus pour les Cadets de Bretagne.

En attendant l’arrivée de tous, nous assistons à une première conférence : « Coups de cœurs Rue des livres » avec la présentation et lecture de textes de Gilles Cervera (Les Mourettes) et Louise Sebillet (Hurler contre le vent, Prix du roman non publié 2023).
Géraldine vient nous rejoindre pour la conférence suivante « Les racines de Sophie Tal Men ». 

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Midi, nous retrouvons Antigone, Sylire, Philisine et nous partons ensemble déjeuner et papoter tranquillement, sans oublier Hilde qui nous rejoindra directement à la crêperie.

Retour au Salon avec un petit tour à l’exposition « Voyage au cœur des solitudes » de Lomig puis nous assistons ensemble à la conférence « Immigration, entre récit intime et mémoire collective » très intéressante avec Dorothée Myriam Kellou (Nancy-Kabylie) et Mahir Guven (Rien de personnel).

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Je poursuis avec la conférence « Nos racines paysannes » avec Sylvain Levey (La Fête à venir), Yannick Bigouin (Ce que je leur dois) et Anne Lecourt (Paysannes)

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Nous terminons la journée avec la conférence « Transmettre. Le pouvoir des mots » avec Marc Alexandre Oho Bambe (Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé) et Maggyd Cherfi (La vie de ma mère !)

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Pour terminer, voici mes achats, trois tomes de la série Une Bretagne par les contours, carnet de voyage sur le GR34 (blog de l’auteur), le premier roman de Louise Sebillet (Hurler contre le vent) et
le marque-page du Festival Rue des livres.

Merci à Gambadou pour l’organisation, à Géraldine pour le retour à la gare en voiture.
Merci à toutes pour cette journée bien sympathique et riche en échanges.

Heureux qui comme Explore…. 10 contes – Antoane, Cécile Peltier

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Quatrième de couverture :
Heureux qui comme Explore a fait un beau voyage et puis est retourné, plein d’usage et raison, transmettre l’héritage de ses explorations…
Le héros de cette histoire est un bateau vraiment pas comme les autres. Un jour, loin des sirènes de la compétition, il part à la rencontre d’équipages en quête de solutions pour la planète : réduire les déchets plastiques dans l’océan, plonger pour la science, révéler la biodiversité ou encore étudier les “low-tech” sur les côtes du monde entier…
Plongez dans ces 10 contes pédagogiques et divertissants, qui se lisent à tout âge. Ils parlent de femmes et d’hommes bien réels, engagés vers un futur durable, pour que le monde tourne rond.
Le Fonds Explore a été créé par Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum, et Sophie Jourdain Vercelletto en 2013 à Concarneau. Il soutient et diffuse des solutions pour engager notre société dans un nouveau modèle, plus respectueux de la nature, en mer comme sur terre. Ce livre retrace la quête de ces passionnés et leurs épopées.

Mon avis : (lu en mars 2024)
Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum, et Sophie Jourdain Vercelletto créent, en 2013, Le Fonds Explore à Concarneau. Il a pour but de soutenir et de diffuser des solutions pour devenir plus respectueux de la nature en mer et sur la terre. Ce livre de 10 contes est là pour raconter et rendre-compte au grand public les explorations et les expériences vécues depuis dix années.
Le premier conte évoque la surpêche et la disparition de certaines espèces de poissons si on ne laisse pas au poisson le temps de se reproduire…
Dans les deuxième et troisième contes, c’est la naissance du bateau We Explore, un catamaran construit avec des matériaux biodégradables, la fibre de lin et la course de Roland Jourdain qui va le mener sur le podium de la Route du Rhum en 2022.
Le quatrième conte nous invite à expérimenter le low-tech avec le Nomade des mers et ainsi prendre le temps de regarder l’océan autrement.
Avec le conte suivant nous partons explorer sous la mer… à la rencontre de la goélette Why et de sa station sous-marine Under the Pole dans les mers turquoises de la Polynésie.
Puis nous découvrons l’histoire d’un enfant curieux qui devenu adulte organisa la formidable épopée du bateau Captain Darwin : cinq années autour du monde sur les traces de l’illustre Charles Darwin pour retrouver les espèces observées des siècles auparavant et voir comment elles avaient évolué dans leur environnement.
Puis, c’est le plaidoyer de la méduse, la leçon du sac plastique avec le catamaran laboratoire Plastic Odyssey… Sans oublier pour épilogue, un album photos des explorations et des expériences évoquées dans les 10 contes.
Il y a de la poésie, parfois un peu de surnaturel et beaucoup d’informations et de matières à réflexions sur notre monde qui ne tourne pas toujours bien rond, dans chacun de ses contes.
Merci Babelio et les éditions Locus Solus pour cette jolie découverte qui invite à expérimenter et qui donne des pistes d’espoir pour changer notre façon d’appréhender un futur plus durable !

Pour en savoir plus : Site de We Explore

Extrait :

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Trop humain – Anne Delaflotte Mehdevi

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81YMk4GZo1L._SL1500_ Buchet Chastel – janvier 2024 – 320 pages

Quatrième de couverture :
Le village de Tharcy somnole depuis des lustres. Suzie n’a plus d’âge et tient l’unique café, autrefois hôtel restaurant – Le Bal. Ces derniers temps, cependant, de jeunes néo-ruraux viennent s’installer en communautés dans les fermes alentour. Et monsieur Peck, un ingénieur à la retraite, a quitté Paris pour acheter le presbytère. Il est accompagné d’un incroyable Assistant de Vie Électronique, Tchap, qui va semer le trouble dans tous les esprits.

Autrice : Anne Delaflotte Mehdevi est née en 1967 à Auxerre. Elle grandit près de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Elle suit des études en droit international et diplomatique et pratique le piano et le chant lyrique. De 1993 à 2011, elle vit à Prague où elle apprend et exerce le métier de relieur, parallèlement à son travail d’écrivain. Elle vit aujourd’hui à Manosque. Ses romans ont été traduits en allemand, italien, néerlandais, slovaque…

Mon avis : (lu en janvier 2024)
Au centre du village de Tharcy, il y a une institution, le Café du Bal, le café de Suzie, la vieille femme le tient seule depuis toujours… Malgré son âge avancé, elle sert encore au bar et prépare chaque jour douze repas pour midi. C’est chez elle que se côtoient tout le village, les natifs comme les néoruraux venus s’installer dans les fermes des alentours. Parmi eux, il y a Monsieur Peck, un ingénieur à la retraite, qui a acheté l’ancien presbytère, il est accompagné d’un Assistant de Vie Électronique (AVE) connecté, de son invention, nommé Tchap.
L’arrivée de l’AVE au Café du Bal suscite des interrogations, des moqueries ou de la défiance… Perplexe lors des premières rencontres, Suzie apprécie de plus en plus la présence du robot, il est très poli, il sait se mettre en retrait, il lui propose de faire quelques pas de danse. Lors de longues soirées, Suzie va finir par se confier et lui raconter son histoire familiale et celle du village. Tchap va alors corréler le témoignage de Suzie avec les données informatiques auxquelles il a accès.
J’ai beaucoup aimé ce roman pour la description de ce village où les anciens et les nouveaux arrivants se jaugent… L’arrivée de Tchap invite à la réflexion sur l’Intelligence Artificielle dans notre monde.

Malgré son grand âge, Suzie fait preuve d’ouverture en étant prête à apprendre à connaître Tchap et tous ses mystères électroniques. On oublie souvent que Tchap n’est qu’un robot… Malgré tout, il aura réussi à fissurer la carapace que Suzie, si sensible et attachante, s’était construite autour d’elle pour survivre à un drame survenu dans son enfance…

Merci Babelio et les éditions Buchet Chastel pour cette lecture coup de cœur !

Extrait : (début du livre)
Suzie étend sa lessive dans le jardin qui donne sur la ruelle derrière, distraite par le manège que mènent une pie et un geai perchés sur le sapin bleu. Sur leur branche, là-haut, le geai a beau se grossir, la pie avance. Un peu inquiète, Suzie va s’en mêler, quand elle distingue la voix de monsieur Peck qui vient de tourner au coin, il vient vers elle.
C’est l’heure de sa promenade, l’homme est ponctuel.
Mais avec qui cause-t-il ? Il se promène seul d’habitude. Cela ne peut tout de même pas être avec cet AVE, cet assistant de vie électronique dont la livraison était prévue la veille, la conversation est si fluide, si naturelle… Suzie s’approche de l’endroit où, le mur ayant perdu sa pierre faîtière, elle peut voir. Elle voit. Cette perfection n’est pas humaine. C’est donc que c’est bien lui le fameux Tchap.
Au moment où l’ancêtre pose ses yeux sur lui, Tchap capte le regard de la vieille dame et focalisesur elle ses yeux pers. La surprise de découvrir à quoi ressemble l’humanoïde, doublée de celle d’être découverte par lui, comme une gamine, le doigt dans le pot de confiture, la fait reculer du mur. Suzie, assise sur le banc de pierre, la serviette mouillée qu’elle se proposait d’étendre tout à l’heure oubliée sur les genoux, reste là, en mode pause, incapable de donner du sens ni à la conversation qu’elle vient d’entendre – ils parlent « robot » – ni à ce qu’elle éprouve au juste. Une sensation de froid sur les cuisses l’arrache à sa perplexité. C’est malin ! Je vais avoir l’air fin avec ma robe mouillée ! j’ai encore des clients au comptoir. Puis elle hausse les épaules. Oh, et puis, quoi, le temps que ça sèche, j’aurai juste un peu froid, pour le reste, sur le noir de ma robe, l’auréole ne se verra pas.

Le lendemain, monsieur Peck et Tchap font ensemble leur entrée au Café du Bal, le café de Suzie, que la vieille femme tient toujours, sans aide, ni humaine ni robotique, seule. Encore barbouillée de la veille, elle fait un peu la tête, d’autant que Tchap a l’air de la reconnaître. Qu’est-ce que cela peut bien lui faire que ce robot l’ait repérée, cachée derrière son mur ? Eh bien, cela lui fait quelque chose. De perturbant. Être prise en défaut par une de ces créatures dont l’époque vous bassine la tête, dont on voudrait d’instinct qu’elle compte pour rien, est très vexant.

Déjà lu du même auteur :

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Rencontre avec Barbara Kingsolver

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Mardi 7 février au soir, j’assistais à la Librairie Millepages (Vincennes) à une rencontre
la prestigieuse Barbara Kingsolver qui nous offre avec son dernier roman publié aux éditions Albin Michel, On m’appelle Demon Copperhead, Prix Pulitzer

En partenariat avec le festival America et avec Dominique Chevallier (interprète)

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En nous présentant son nouveau livre, Barbara Kingsolver nous parle de chez elle, les Appalaches, une région pauvre et oubliée de tous. Une belle rencontre, riche en échanges et en émotions.

Présentation :
Né à même le sol d’un mobil-home au fin fond des Appalaches d’une jeune toxicomane et d’un père trop tôt disparu, Demon Copperhead est le digne héritier d’un célèbre personnage de Charles Dickens. De services sociaux défaillants en familles d’accueil véreuses, de tribunaux pour mineurs au cercle infernal de l’addiction, le garçon va être confronté aux pires épreuves et au mépris de la société à l’égard des plus démunis. Pourtant, à chacune des étapes de sa tragique épopée, c’est son instinct de survie qui triomphe. Demon saura-t-il devenir le héros de sa propre existence ?
Comment ne pas être attendri, secoué, bouleversé par la gouaille, lucide et désespérée, de ce David Copperfield des temps modernes ? S’il raconte sans fard une Amérique ravagée par les inégalités, l’ignorance, et les opioïdes – dont les premières victimes sont les enfants –, le roman de Barbara Kingsolver lui redonne toute son humanité. L’auteur de L’Arbre aux haricots et des Yeux dans les arbres signe là un de ses romans les plus forts, couronné par le prestigieux prix Pulitzer et le Women’s prize for fiction.

Auteur : Barbara Kingsolver est une écrivaine américaine. Sous forme d’essais, de nouvelles ou encore de poèmes, ses écrits reflètent son intérêt pour la justice sociale et la biodiversité.
Lorsqu’elle est âgée de sept ans, ses parents l’emmènent au Congo où son père officie en tant que médecin.
Barbara Kingsolver décide de quitter le Kentucky, qui ne lui offrait pas l’avenir qu’elle souhaitait, pour l’Indiana où elle devient diplômée en Biologie. Après avoir poursuivi ses études en écologie et biologie à l’Université d’Arizona, elle y devient écrivain scientifique. Souffrant d’insomnie, elle se met a écrire « L’ arbre aux haricots » et commence ainsi sa carrière de romancière. Dans ses romans, elle traite avec un certain humour des thèmes pourtant sérieux de la défense de la nature, des réfugiés, du sens de l’indépendance ou de la sensualité qui s’affirme à chaque époque de la vie.
Elle partage son temps entre sa ferme des Appalaches et l’Arizona.

Rencontre avec Martin Suter

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Mercredi 24 janvier au soir, j’assistais à la Librairie Millepages (Vincennes) à une rencontre
avec le grand écrivain zurichois Martin Suter venu nous parler de son dernier roman, « Melody ».
Un auteur que je n’ai jamais lu. Une soirée très sympathique et intéressante.

Présentation :
La différence est si mince entre poésie et vérité.
Homme d’influence, M. Stotz, au crépuscule de ses jours, vit retranché dans sa demeure bourgeoise.
Son jeune secrétaire personnel, récemment arrivé à son service, Tom Elmer, l’écoute raconter l’étrange histoire d’amour qui a marqué sa vie à tout jamais. Celle de sa relation, quarante ans plus tôt, avec la mystérieuse Melody.
Peu à peu assailli de doutes, Tom se lance alors dans une enquête à la recherche de la vérité sur le destin de cette femme envoûtante.
Melody est un roman vertigineux qui questionne chacun sur son propre rapport à la réalité et à la fiction. La vérité n’est jamais telle qu’on la raconte.

Auteur : Martin Suter est né à Zurich en 1948. Il est écrivain, journaliste, scénariste et auteur de textes de chansons. Son importante œuvre romanesque est traduite dans de nombreux pays.

Passer à l’ouest – Julien Solé

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Quatrième de couverture :
Est-ce le vaudou breton ?
Le climat qui change Brest en Californie ?
Le parler local et les insultes du cru ?
Les clichés à la dent dure
(et au taux d’alcool élevé) ?
On ne sait ce qui a décidé Julien Solé et sa famille à un jour quitter le 9-3 pour le Finistère. Mais ce transfert hautement diplomatique vers l’Ouest leur a ouvert des perspectives insoupçonnées. Sans parler des phénomènes croisés sur place, et du dragon des monts d’Arrée…

Auteur : Né en 1971, Julien Solé s’oriente jeune vers la bande dessinée. Il réalise des illustrations (aussi sous le nom Julien/CDM), des dessins animés, des fresques, des pochettes de disques, des créations visuelles pour une compagnie de théâtre ou de cirque et travaille aussi sur des planches de BD. Il s’approche de la rédaction du mensuel Fluide Glacial, magazine pour lequel il signera l’un de ses succès : les aventures de « Cosmik Roger ». Dessinateur obsessionnel de requins, il en tire un volume pour « La petite bédéthèque des savoirs » (2016). Au rayon documentaire, il illustre L’argent fou de la Françafrique, Benalla et moi (2020). Il poursuit Sœur Marie-Thérèse avec son créateur Maëster (2019) et réunit ses chroniques illustrées Zéropédia avec Fabcaro pour Sciences&Vie Junior (2018, 2022).

Mon avis : (lu en janvier 2024)
En 2016, Julien Solé, sa compagne et ses enfants ont décidé de quitter la région parisienne (Sevran, dans le 9-3), direction l’ouest et Brest. Évidement, ses amis évoquent ce bout du monde avec les clichés habituels, la pluie… Bien décidé à découvrir sa nouvelle terre d’accueil, l’auteur utilise l’humour, l’autodérision et tous les clichés autour de Brest et des Bretons pour nous raconter son expatriation.
Les premières histoires (une vingtaine de pages) ont été initialement publiées la revue brestoise de BD Casier[s].
Avec sa petite famille, Julien Solé se met en scène pour analyser et décrypter les coutumes des lieux. Il est question d’alcool, du climat avec de la grisaille, de la pluie et du vent, du téléphérique de Brest régulièrement en panne, de légendes bretonnes, des expressions locales, de la langue bretonne…
L’auteur nous montre également les bons côtés et les charmes de la Bretagne.

Le dessin est en noir et blanc, mais, pour moi, la densité des détails nuit à la lisibilité de l’ensemble.
J’ai moyennement aimé cette BD, je l’ai lu assez facilement malgré son côté un peu brouillon. On ne visite pas tant que cela la ville de Brest… J’ai trouvé les histoires assez inégales avec souvent un manque de fluidités et je n’ai pas toujours les références pour comprendre le comique de certaine situation.

Merci Babelio et Locus Solus pour cette découverte et cet encouragement à découvrir par moi-même la ville de Brest !

Extrait : (début de la BD)
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