Ce pays qu’on appelle vivre – Ariane Bois

615X8H+K72L Plon – janvier 2023 – 281 pages

Quatrième de couverture :
Jeune caricaturiste de presse juif allemand, Leonard Stein est réfugié sur la Côte d’Azur, lorsque la guerre le rattrape à l’été 40. Arrêté par les gendarmes français, il est envoyé aux Milles, près d’Aix en Provence. Cette ancienne usine de tuiles peuplée d’un millier d’étrangers « indésirables » transformée en un effroyable camp d’internement est aussi paradoxalement un centre de culture et de création, rassemblant intellectuels et artistes de Max Ernst à Hans Bellmer.
En cherchant à s’échapper des Milles par tous les moyens, Leo fait la rencontre de Margot Keller, volontaire d’un réseau de sauvetage marseillais, dont il tombe éperdument amoureux. Alors que leurs efforts conjugués présagent la liberté, l’été 42 s’annonce, meurtrier et cruel. Le jeune couple décide de tenter l’impossible : sauver les enfants juifs de la déportation et rejoindre la résistance…
Dans la lignée du Gardien de nos frères, prix Wizo 2016, Ariane Bois signe un grand roman d’amour et de résistance et dresse le portrait de deux héros au courage prodigieux, pris dans l’enfer du plus grand camp d’internement et de déportation français de la zone sud, encore intact aujourd’hui et longtemps méconnu.

Auteure : Ariane Bois est romancière, grand reporter et critique littéraire. Elle est notamment l’auteure, récompensée par de nombreux prix littéraires, du Gardien de nos frères (2015), Dakota Song (2017), L’Île aux enfants (2019), finaliste du prix Maison de la presse, et L’Amour au temps des éléphants (2021), Éteindre le soleil (2022).

Mon avis : (lu en janvier 2023)
Ce roman a pour cadre historique le camp d’internement et de déportations des Milles situé à proximité d’Aix-en-Provence, il met en scène des personnages de fictions et des personnages réels.
Leonard Stein est un jeune caricaturiste de presse,  juif allemand, il a dû quitter sa famille et son pays après avoir été interné à Dachau. Il a pu se réfugier sur la Côte d’Azur. Mais la Guerre va le rattraper et comme beaucoup d’étrangers réfugiés dans le sud de la France, il est envoyé au camp des Milles. Là-bas, il ne sait pas ce qu’il va se passer pour eux tous. Il cherche donc tous les moyens possible pour sortir. Il va alors rencontrer Margot Keller, une jeune juive française qui vit à Marseille et qui aide les réfugiés. Elle sera pour lui l’espoir de la liberté. Depuis l’extérieur du camp, elle tente de l’aider à d’obtenir un visa pour un pays étranger accueillant. C’est à la fois une course contre la montre et un parcours du combattant… Dans le camp, Leo rencontrera Max Ernst et Franz Hessel parmi les intellectuels et des artistes qui ont fui le nazisme.
Dans ce roman historique pour se souvenir du camp français des Milles, il est question de l’horreur de la guerre mais surtout de solidarité, de courage, d’engagement, de liberté, d’art et de culture. L’usine de tuiles des Milles verra passer 10 000 étrangers, en majorité juifs. Après les avoir accueilli sur le sol français, l’État français n’hésitera pas à les trahir en les livrant aux Allemands avant même que la zone libre soit abolie…  Il y aura heureusement des hommes et des femmes courageux, des Justes, qui feront tout ce qu’ils pourrons pour sauver le maximum d’internés et notamment des enfants en les exfiltrant du camp. Ce roman leurs rend hommage.

Merci Babelio et les éditions Plon pour m’avoir permis de découvrir le nouveau livre d’Ariane Bois avant une rencontre prévue mercredi 18 janvier à laquelle je n’ai malheureusement pas pu assister en raison de la grève du lendemain…

Pour en savoir plus : Site-Mémorial du Camp des Milles

Extrait : (début du livre)
Il reconnaît l’air, toujours le même.
Un refrain patriotique entonné par des centaines de jeunes poitrines masculines, des garçons au garde-à-vous martelant les paroles d’un air martial. Puis arrivent les ordres lancés par la masse d’hommes galvanisés, nettoyez la terre allemande, honte aux ennemis du peuple, ou encore pas de place pour les auteurs dégénérés. Ensuite, dans la foule qui s’ouvre, dansent les drapeaux agités frénétiquement. La manifestation est passée par la porte de Brandebourg, puis a défilé avenue Unter den Linden avant de se grouper là, place de l’Opéra. La cérémonie peut commencer, sous une pluie battante. Les étudiants et les Jeunesses hitlériennes sont pressés d’en découdre, de se battre, même si leurs ennemis pour l’instant sont composés d’encre et de papier, et non de chair et d’os.
Aujourd’hui, à Berlin, comme dans vingt et une villes de la nouvelle Allemagne, on brûle des œuvres jugées antiallemandes. Un bûcher identique à ceux de l’Inquisition, pense le jeune homme, et cela dans son propre pays !
Contre la lutte des classes et le matérialisme, pour la communauté nationale. Je jette dans les flammes les écrits de Marx, récite un officiant.
Et juste après, l’odeur des pages qui s’embrasent, la couverture de l’ouvrage se tordant et, à la lueur des torches, les rictus virils des étudiants qui, un à un, s’avancent et précipitent avec solennité les textes de Freud, de Heine, de Mann, de Kautsky dans le feu.
Tous ces livres que son père, Jakob Stein, aime à la passion et dont il peut réciter des paragraphes ou des pages entiers. Il les vendait, ces auteurs favoris.
Avant, quand l’Allemagne n’avait pas été capturée par un fou qui entendait purger le pays de ses éléments indésirables, et établir un ordre nouveau, celui de la république nationale-socialiste. Lorsque le brasier atteint son paroxysme et que les cris deviennent
clameur, Leo entend des sales Juifs et des dehors hurlés à son endroit. Ils l’ont repéré, se lancent à sa poursuite. Alors, dans ce Berlin qu’il connaît mal, le jeune homme se met à courir, à courir, à perdre le souffle.

Déjà lu du même auteur : 

Petit bac 2023(2) Lieu

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Entre les lignes – Dominique Mermoux, Baptiste Beaulieu

71--1auU0LS Rue de Sèvres – mai 2021 – 169 pages

Quatrième de couverture :
Lorsqu’il découvre dans une vieille malle trois carnets renfermant des lettres d’amour, le père de Baptiste sombre dans une profonde mélancolie. Baptiste, lui, tombe des nues : Moïse, son grand-père, y raconte toute l’histoire de sa vie. Plus incroyable encore, Moïse adresse son récit à une inconnue : Anne-Lise Schmidt. Naviguant entre les grands drames du XXe siècle et des témoignages d’aujourd’hui glanés dans une tentative éperdue de faire passer un message à son père, Baptiste devra percer le lourd secret d’un homme et lever le voile sur un mystère qui va chambouler toute une famille…

Auteurs : Ancien interne à l’hôpital d’Auch, Baptiste Beaulieu est aujourd’hui médecin généraliste et romancier. En novembre 2012, il lance son blog « Alors voilà », qui décrit avec humour, ironie et humanité, mais aussi parfois avec dépit, le quotidien des internes aux urgences. Devant le succès de son blog (6 millions de visiteurs), la plupart des anecdotes des urgences d’Auch paraissent en 2013 dans le récit Alors voilà, les 1001 vies des urgences, adapté en bande dessinée.
Né en 1980 en Haute-Savoie, Dominique Mermoux se lance dans la bande dessinée après des études aux arts décoratifs de Strasbourg, un BTS en communication visuelle et un diplôme en illustration aux Arts décoratifs de Strasbourg. Récompensé à plusieurs reprises par des prix « Jeunes talents » (Angoulême, Lausanne, Sierre), il débute sa carrière dans la presse, puis décide de travailler sur des albums en collaboration avec des scénaristes. Il travaille principalement en tant que dessinateur BD, et continue d’affuter son stylo-bille dans les carnets de croquis qu’il réalise. Les Mille et une vies des Urgences est son premier titre chez Rue de Sèvres.

Mon avis : (lu en août 2022)
Ce roman graphique est l’adaptation en bande dessinée du roman « Toutes les histoires d’amour du monde » de Baptiste Beaulieu, un roman que je n’ai pas lu.
Moïse, le grand-père de Baptiste, le narrateur, était un taiseux, un père froid et distant. Dix ans après son décès, Denis, le fils de Moïse et le père de Baptiste, découvre dans les affaires de son père trois carnets écrits par Moïse et c’est un bouleversement pour lui. Ce sont des centaines de lettres touchantes adressées à une certaine Anne-Lise Schmidt qui racontent la vie de Moïse depuis son enfance… Il est question de la Seconde Guerre Mondiale et de la vie d’après. Ce qui bouleverse Denis, c’est la différence entre la froideur du père qu’il a connu et la tendresse et la sensibilité qui se dégage de ces lettres.
Affaibli par des soucis cardiaques, Denis vient demander de l’aide à Baptiste pour tenter de retrouver la mystérieuse Anne-Lise.
Baptiste part donc sur les traces de son grand-père…
Le lecteur va découvrir en alternance le récit de la vie de Moïse à travers ses lettres et la quête de Baptiste.
Une histoire de famille tendre et palpitante qui permettra à Baptiste de renouer des liens plus étroit avec son père.

Extrait :

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Déjà lu des mêmes auteurs :

914YFGC7khL Les mille et une vies des urgences

Petit bac 2023(1) Bâtiment

Une écharpe dans la neige – Viveca Sten

91T9IQOoY4L Albin Michel – septembre 2022 – 480 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : Offermakaren, 2020

Quatrième de couverture :
Sur un télésiège de la station suédoise d’Åre, dans les montagnes du Jämtland, on découvre un corps gelé. Dans la neige, une écharpe en laine…
Hanna Ahlander, récemment virée de la police de Stockholm (et accessoirement larguée par son petit ami), mène l’enquête avec l’inspecteur Daniel Lindskog. Entre la rebelle hantée par ses échecs et le jeune père débordé par son boulot, le courant passe. Mais parviendront-ils à résoudre cette affaire plus sombre et complexe qu’il n’y paraît ? Que cache ce décor de luxe ?
Un nouveau duo cabossé et attachant, un rythme encore plus effréné, et des paysages à couper le souffle : addictif !

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s’est lancée dans l’écriture.
Sa série mettant en scène l’inspecteur Thomas Andreasson et Nora Linde sur l’île de Sandhamn connaît un immense succès en Suède et est traduite dans plus de 25 pays. L’adaptation télévisée de la série a été un des plus forts taux d’audience en Suède, et les 5 premières saisons diffusées sur Arte ont réuni des millions de téléspectateurs.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Après les neuf enquêtes sur l’île Sandhamn avec l’inspecteur Thomas Andreasson et la juriste Nora Linde, cette nouvelle série de Viveca Sten nous envoie dans le froid polaire de la station de ski d’Åre, dans le comté de Jämtland, qui est d’après Wikipédia, la plus ancienne et la plus importante station de sports d’hiver de Suède. Et nous découvrons de nouveaux enquêteurs : l’inspecteur Daniel Jindskog, jeune papa qui a du mal à concilier sa vie professionnelle et sa vie familiale, et l’enquêtrice Hanna Ahlender, en pleine dépression après avoir été renvoyée de la police de Stockholm et quittée par son compagnon…
Tout commence avec la disparition d’une jeune fille après une veillée de Sainte Lucie, un cadavre est découvert sur un télésiège, il est également question de l’exploitation de femmes étrangères… 
Une intrigue rythmée, des chapitres courts, alternant les points de vue, des indices, des fausses pistes, des rebondissements…
Une lecture plaisante qui donne très envie de retrouver ce nouveau duo pour de prochaines aventures !

Extrait : (début du livre)
Une couche de neige compacte recouvre le parking du personnel. Sebbe Granlund se gare devant le VM6, l’un des plus anciens télésièges de la station où il est saisonnier.
Il fait moins vingt, mais la température ressentie est encore plus basse. Les cimes des arbres sont drapées de givre, le sommet de l’Åreskutan disparaît presque dans la brume glacée. Le violent éclairage électrique dessine un paysage en noir et blanc avec de longues ombres sur la neige.
La saison hivernale vient tout juste de commencer dans la station d’Åre.
Il n’y a que quelques pas jusqu’au VM6 mais la chaleur de la voiture s’évanouit en un clin d’œil. Les narines piquées par l’air glacé, Sebbe ouvre le local technique. Il est neuf heures tout juste passées, les remontées ouvrent à la demie, il faut que tout soit prêt d’ici là. Comme d’habitude, elles fonctionnent depuis début décembre, mais il n’y a pas encore grand monde sur les pistes.
Il presse le bouton rouge pour démarrer la machinerie. Un signal strident déchire le silence, puis le télésiège se met en branle. Ses banquettes de six places se mettent à défiler devant les yeux de Sebbe.
Il sort son téléphone pour jeter un œil à Snapchat pendant que le télésiège tourne. Les banquettes sont recouvertes par la neige tombée pendant la nuit, il aurait dû sortir les brosser, mais le froid le retient à l’intérieur.
Ce n’est pas bien grave pour la première demi-heure : le soleil ne se lève qu’à dix heures moins le quart, d’ici là il n’y aura pas foule.
Tout à coup, Sebbe lâche son portable des yeux. Une ombre a attiré son attention, une forme étrangère sur une des banquettes. Quelqu’un est-il descendu depuis le sommet ?
Il essaie d’y voir plus clair, mais il fait encore nuit noire.
Le siège approche de la plateforme d’embarquement. On dirait en effet qu’une personne est à demi couchée au coin de la banquette, mais sa posture est bizarre, de guingois, affaissée sur elle-même.
La silhouette sombre reste immobile alors qu’elle est presque arrivée.
Sebbe agit d’instinct. Il presse le bouton d’arrêt d’urgence et se précipite dehors. Le siège reste suspendu quelques mètres plus haut. La secousse a fait glisser la personne un peu plus bas.
Sebbe s’immobilise tandis que son cerveau assimile ce qu’il voit.
On dirait un mannequin. Sauf que non. Les traits humains sont là, mais tout signe de vie a disparu. Les cils et sourcils sont couverts de cristaux, le visage est figé dans une grimace gelée. La peau est bleutée, les lèvres rétrécies par le froid.
Le siège se balance, ce qui suffit à faire glisser le corps dans la neige, aux pieds de Sebbe.
Il fixe bouche bée le cadavre gelé.
« Putain, murmure-t-il. Pas toi. »

Petit bac 2023(1) Objet

voisinsvoisines2023
Suède

Déjà lu du même auteur :

la_reine_de_la_baltique La Reine de la Baltique 9782226259776g Du sang sur la Baltique

9782226317148g Les nuits de la Saint-Jean 110752618 Les secrets de l’île
116631134 Au cœur de l’été 51zvmU31TnL Retour sur l’île 

81ff9zlGX-L Dans l’ombre du Paradis  Au nom de la vérité

71CdOHXBb5S Sous protection 

Les dames de Kimoto – Cyril Bonin

61o3sg-fBuL Sarbacane – mars 2022 – 112 pages

Quatrième de couverture :
D’après le roman de Sawako Ariyoshi.
« Le mont Kudo était encore voilé par les brumes matinales de ce début de printemps. La main serrée dans celle de sa grand-mère, Hana franchissait les dernières marches de pierre menant au temple Jison. L’étreinte de la main autour de la sienne lui rappelait que, maintenant qu’elle allait être admise comme bru dans une nouvelle famille, elle cesserait d’appartenir à celle où elle avait vécu les vingt années de son existence. »
À travers le récit des amours, des passions et des drames vécus par trois femmes de générations différentes, Les dames de Kimoto dresse un tableau subtil et saisissant de la condition féminine au Japon depuis la fin du XIXᵉ siècle.

Auteur : Cyril Bonin est diplômé des Beaux-Arts de Macon, puis des Arts décoratifs de Strasbourg. Il se lance dans la bande dessinée chez Casterman en dessinant, de 1999 à 2007, les huit volumes de Fog sur un scénario de Roger Seiter, puis Quintett, série écrite par Frank Giroud. Après le one shot Quand souffle le vent réalisé avec Laurent Galandon, Cyril Bonin se lance en tant qu’auteur complet : La Belle image, La Délicatesse, Amorastasia… The Time Before, Presque maintenant (2018), Stella (2020).

Mon avis : (lu en novembre 2022)
Cette bande dessinée est l’adaptation du roman de Sawako Ariyoshi, auteur japonais que je ne connaissais pas. C’est l’histoire de quatre générations de femmes au Japon de l’ère Meiji (c’est à dire, entre 1868 et 1912). L’auteur s’intéresse essentiellement à Hana et sa fille Fumio, mais on n’oubliera pas Toyono, la grand-mère d’Hana qui représente le passé et Hanako, la petite-fille d’Hana qui sera le futur…  Hana est une épouse et une mère de famille dévouée qui respecte toutes les traditions japonaises contrairement à Fumio plus rebelle, elle a envie d’indépendance, de liberté, de la modernité !
La tradition c’est apprendre l’art de faire des bouquets, le rituel de la cérémonie du thé ou la calligraphie, mais Fumio souhaite autre chose : faire des études à l’université, choisir elle-même son futur mari…
Cette bande dessinée est l’occasion de découvrir la condition de la femme à cette époque, avec ses codes, ses traditions, ses superstitions… Ces femmes sont touchantes, fortes et courageuses.
Le dessin de Cyril Bonin est magnifique, le trait est délicat, précis et les couleurs pastel donne une ambiance pleine de douceur et de nostalgie totalement en adéquation avec le Japon.

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2023(1) Lieu

La nuit des pères – Gaëlle Josse

61ihYKxvGbL Les Éditions Noir Sur Blanc – août 2022 – 192 pages

Quatrième de couverture :
« Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m’as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m’as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j’ai voulu faire mentir ta malédiction. »
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l’oubli.
Après de longues années d’absence, elle appréhende ce retour. C’est l’ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer.
Entre eux trois, pendant quelques jours, l’histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Sur eux, comme le vol des aigles au-dessus des sommets que ce père aimait par-dessus tout, plane l’ombre de la grande Histoire, du poison qu’elle infuse dans le sang par-delà les générations murées dans le silence.
Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu’à son crépuscule.
Avec ce texte à vif, Gaëlle Josse nous livre un roman d’une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.

Auteure : Venue a l’écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie son premier roman, Les heures silencieuses, en 2011, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013. Ces trois titres ont remporté plusieurs récompenses, dont le prix Alain-Fournier et le prix national de l’Audio lecture en 2013 pour Nos vies désaccordées. Le dernier gardien d’Ellis Island a été un grand succès et a obtenu, entre autres récompenses, le prix de Littérature de l’Union européenne. Une longue impatience a reçu le Prix du public du Salon de Genève, le prix Simenon et le prix Exbrayat. Une femme en contre-jour a remporté le prix Terres de Paroles 2020 et le prix Place ronde du livre photographique. Ce matin-là, paru en 2021, a également rencontré une très large audience. Elle signe son retour à la poésie avec son recueil Et recoudre le soleil, paru en 2022. La nuit des pères, son nouveau roman, est paru fin août 2022. La plupart de ses romans sont traduits dans de nombreuses langues et étudiés dans les lycées. Gaëlle Josse est diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique. Après quelques années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille a Paris et vit entre Paris et la région parisienne. Elle est chevalier des Arts et Lettres et Chevalier de la Légion d’Honneur.

Mon avis : (lu en décembre 2022)
Après plus de vingt ans d’absence et à l’appel de son frère Olivier, Isabelle retourne dans la maison familiale où vit toujours son père. Ce dernier, ancien guide de montagne, a bien vieilli et c’est surtout sa mémoire qui devient défaillante.
Dix ans plus tôt, après la mort de leur mère, Olivier est revenu au village pour se rapprocher
Ce retour est l’occasion pour Isabelle d’affronter ses souvenirs et ce père dont la relation a toujours été difficile. Il était souvent absent, parti pour des courses en montagne, muré dans le silence ou alors il piquait des colères incompréhensibles pour l’enfant qu’Isabelle était. Devenue adulte, il est temps pour Isabelle de comprendre le comportement de ce père dont elle attendait tant…
Une histoire de famille bouleversante, parfaitement servie par une écriture poétique, précise, humaine, sensible.
Un très beau roman qui se lit presque d’une traite tellement le lecteur est emporté par les mots et les sentiments.

Extrait : (début du livre)
À l’ombre de ta colère, mon père, je suis née, j’ai vécu et j’ai fui.

Aujourd’hui, me voici de retour. J’arrive et je suis nue. Seule et les mains vides.
Il y a longtemps que je ne suis pas venue. Une éternité. C’est ce qu’on dit lorsqu’on ne sait plus. Répondre avec précision m’obligerait à ouvrir des agendas et des calendriers, à sonder ma mémoire, à laisser surgir trop d’images et me faire bousculer par leur incontrôlable irruption.
Je résiste de toutes mes forces à ce travail d’excavation, à la tentation de feuilleter d’imaginaires éphémérides pour une information qui au fond m’importe peu. Disons de nombreuses années, des Noëls et des étés pour lesquels j’ai dit peut-être, j’ai dit on va voir, et je ne suis pas venue.
Pour l’heure, tu vois, collée à la porte de ce wagon de TGV, j’attends que la décélération prenne fin, que le wagon s’immobilise et que je puisse enfin sortir.
De l’air, je veux de l’air. J’ai l’impression d’avoir passé mille ans dans ce train, chemise collée à ma peau comme un buvard, gorge brûlante et mains gonflées. Ce n’est pas que je sois pressée de te retrouver ni de retrouver tout ce qui m’attend, mais comme toi, j’aime être libre de mes mouvements. Nous avons cela en commun, à défaut d’autre chose, cette envie de liberté, brutale et non négociable. Là, tout de suite, je veux marcher, avancer, ne plus piétiner sur les talons des voyageurs encombrés, agglutinés dans cet espace malcommode, devant les portes, en équilibre instable dans les oscillations de la rame.

J’arrive et déjà le souvenir de ta voix cogne dans ma tête. Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m’as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m’as dit ça, aussi.
De toutes mes forces, j’ai voulu faire mentir ta malédiction.

Alors, non, je ne suis pas pressée. Olivier sera là, dans le hall, à l’heure et même en avance, avec sa voiture garée comme il faut, où il faut. Égal à lui-même. Au téléphone, il ne m’a pas beaucoup laissé le choix. Ça serait bien que tu viennes, depuis le temps. Il faut qu’on parle de papa. Et puis, ça lui fera plaisir.
Voilà ce qu’il m’a dit.

Il avait hésité sur les derniers mots.

Petit bac 2023(1) Moment de la journée

 

Déjà lu du même auteure :

Nos_vies_d_saccord_es Nos vies désaccordées

71+Yjs+mwGL Une femme en contre-jour

Autobiographie d’une courgette – Camille K., Ingrid Chabbert

71Nnp2nOq8L Philéas – avril 2021 – 120 pages

Quatrième de couverture :
Courgette vit seul avec sa mère alcoolique depuis le jour où son père est parti  » faire le tour du monde avec une poule « . Un jour où sa mère s’en prend au ciel, il trouve un revolver et essaie de  » tuer le ciel « . Sa mère tente de lui enlever l’arme, mais le coup part et la tue. Cet accident dramatique place Courgette aux Fontaines, un foyer pour enfants.
Sa vie change radicalement, entre les  » zéduc’  » et les copains… mais surtout Raymond, le  » gentil gendarme  » et Camille, son amoureuse.
Elle ressemble à une poupée de chiffon toute molle et ses yeux sont grands ouverts. Je pense aux films policiers où des tas de femmes se font tuer et après elles ressemblent à des tas de chiffons toutes molles et je me dis « c’est ça, j’ai tué maman » – Courgette, 9 ans.

Auteures : Ingrid Chabbert est autrice d’ouvrages pour la jeunesse et scénariste de BD. Elle publie son premier album jeunesse,  » La fête des deux mamans  » et a depuis écrit dans ce secteur plus de 100 livres.
Depuis 2014, elle ajoute la Bande Dessinée à sa bibliographie : une vingtaine d’albums dont l’adaptation aux éditions Steinkis de  » En attendant Bojangles  » d’après Olivier Bourdeaut,  » Elma, une vie d’ours  » sélectionné pour un Eisner Award en 2020 ou encore  » Écumes « , sélection pour le Prix Artémisia 2018, qui lui apporte d’outre-Atlantique un prestigieux Harvey Award dans la catégorie  » Best European Book  » en 2019.
 » Autobiographie d’une courgette  » est le second livre de Camille K. Diplômée de l’Académie Brassart Delcourt en 2018, elle entame sa carrière avec  » Les Enfants trinquent « , premier récit publié en 2020 aux éditions Albin Michel, nommé dans la sélection Prix Région Centre-Val de Loire 2020 du festival BDBoum de Blois qui récompense un livre pour sa portée citoyenne.

Mon avis : (lu en septembre 2022)
Cette bande dessinée est l’adaptation du roman de Gilles Paris, « Autobiographie d’une courgette ».
Livre que je m’aperçois ne pas avoir lu… j’ai découvert cette histoire grâce au film d’animation « Ma vie de Courgette » sortie en 2015.

Son prénom c’est Icare, mais il se fait appeler Courgette… Il a 9 ans et sa vie n’est pas facile. Son père est partie, il vit seul avec sa Maman qui est alcoolique. Or un jour, Courgette tue par accident sa mère avec un révolver. Il est alors envoyé dans un foyer où il va rencontrer d’autres enfants à la vie cabossée comme lui et se faire pleins d’amis…
Cette histoire touchante est racontée du point de vue de Courgette, lui qui était délaissée par ses parents découvre grâce au foyer des adultes aimants et qui veulent son bien comme la directrice et les éducateurs, des camarades de jeux et même une amoureuse…
Il y a un message d’optimiste et d’espoir dans cette histoire pleine de tendresse et de solidarité.
Les thèmes abordés sérieux et parfois violents, sont contrastés avec le dessin simple, sobre et les couleurs douces.
J’ai beaucoup aimé.

Extrait : (début de la BD)

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Petit bac 2023(1) Végétal

Déjà lu du même auteur :
814MPr8ATwL Soixante printemps en hiver

C’est lundi, que lisez-vous ? [196]

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C’est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé maintenant par Millina

Qu’est-ce que j’ai mis en ligne ces dernières semaines ?

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520 km – Max de Radiguès
Le Café du temps retrouvé – Toshikazu Kawaguchi
Carnets de Campagne – Mathieu Sapin, Morgan Navarro, de Monfreid Dorothée, Louison, Lara
Le Petit Frère – JeanLouis Tripp
Eliza est féministe – Michelle Quach
L’immeuble de la rue Cavendish, tome 1 : Les manigances de Margaux – Caroline Kant
L’Archiviste – Alexandra Koszelyk

Qu’est-ce que je lis en ce moment ?

La nuit des pères – Gaëlle Josse
Une écharpe dans la neige – Viveca Sten
Crushing : Amours et solitudes dans la ville – Sophie Burrows (BD)

Que lirai-je les semaines prochaines ?
L’or d’El Ouafi – Paul Carcenac, Pierre-Roland Saint-Dizier, Christophe Girard (BD)
Lucienne ou les millionnaires de La Rondière – Aurélien Ducoudray, Gilles Aris (BD)
Pico Bogue – tome 14 – Un calme fou – Alexis Dormal et Dominique Roques (BD)
Le lâche – Jarred McGinnis
Ces Petits riens qui changent tout – Felix, Legeard, Janolle

Heureuse Année 2023 et bonnes lectures !

Challenge Petit Bac 2023

Petit bac 2023

Durant le mois de décembre, je me suis ré-inscrite au Challenge Petit BAC pour 2023 organisé par Enna, il s’agit de lire des romans ayant dans leurs titres un mot correspondant aux différentes rubriques du « Petit BAC ». Au moins 1 livre pour chacune des rubriques.
Cette année, il y a de nouvelles rubriques…

Voici ma liste :
avec quelques livres déjà dans ma PAL perso ou empruntés à la Bibliothèque…

Prénom

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(1) SIMONE, tome 1 : Obéir c’est trahir, désobéir c’est servir – Jean-David Morvan, David Evrard
(2) BEATRICE – Joris Mertens

Lieu

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(1) Les dames de KIMOTO – Cyril Bonin
(2) Ce PAYS qu’on appelle vivre – Ariane Bois
Les Reflets du MONDE : En lutte – Fabien Toulmé
(2) Aya de YOPOUGON tome 7 – Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

 

 

Animal

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(1) La longue marche des DINDES – Léonie Bischoff, Kathleen Karr

 

Objet

91T9IQOoY4L 81VyCpF50RL 
(1) Une ÉCHARPE dans la neige – Viveca Sten
(2) Sous les GALETS la plage – Pascal Rabaté

Couleur

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(1) L’OR d’El Ouafi – Paul Carcenac, Pierre-Roland Saint-Dizier, Christophe Girard
(2) Sous un ciel nouveau –
(3) Cadres NOIRS, tome 1 : Avant – Pascal Bertho, Pierre Lemaitre , Giuseppe Lotti

Maladie / Mort :
Maladies, symptômes, mort, façon de mourir (hors assassinat), maladies physiques ou mentales

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(1) Le SYNDROME de l’imposteur – Claire Le Men

Paysage :
éléments de nature que l’on peut voir dans des paysages (minéral, végétal, eau, côte et montagne, champs ou forêt…)

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(1) Division AVENUE – Goldie Goldbloom
(2)
Nous étions le sel de la MER – Roxanne Bouchard

 

 

Moment de la journée :
heures, minutes, jour, nuit, aube, matin, midi, après-midi, soir…

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(1) La NUIT des pères – Gaëlle Josse
(2) Le JOUR où le bonheur est là ! – Beka, Marko, Maéla
(3) Le faux SOIR – Denis Lapière, Daniel Couvreur, Christian Durieux

 

 

Bâtiment :
bâtiments, pièces, parties de bâtiments

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(1) Entre les LIGNES – Dominique Mermoux, Baptiste Beaulieu
(2) Lucky Luke : L’ARCHE de Rantanplan – Achdé et Jul d’après Morris

Végétal :
plantes, fleurs, arbres, fruits, légumes, graines, feuilles… Éléments en rapport avec les végétaux : jardin, semer…

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(1) Autobiographie d’une COURGETTE – Camille K., Ingrid Chabbert
(2) Un petit goût de NOISETTE 3 – Vanyda

 

 

Bonus : Gros Mot

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(1) Le Bal des FOLLES – Arianna Melone, Vero Cazot, Victoria Mas

Récapitulatifs :

 

Challenge Petit Bac 2022 (6 lignes)
Challenge Petit Bac 2021 (8 lignes)
Challenge Petit Bac 2020 (7 lignes)
Challenge Petit Bac 2019 (7 lignes)
Challenge Petit Bac 2018 (7 lignes)

non-participation en 2017
Challenge Petit BAC 2016 (6 lignes)
 Challenge Petit BAC 2015 (7 lignes)
Challenge Petit BAC 2014 (9 lignes) 

Challenge Petit BAC 2013 (9 lignes)
Challenge Petit BAC 2012 (5 lignes)
Challenge Petit BAC 2011 (3 lignes)